République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 23 mars 1995 à 17h
53e législature - 2e année - 5e session - 10e séance
IU 77
Mme Liliane Charrière Urben (S). Mon interpellation s'adresse à Mme Brunschwig Graf, cheffe du département de l'instruction publique, à propos de l'office de la jeunesse.
La presse a très récemment relaté un procès particulièrement odieux, puisque le tribunal devait examiner la conduite d'un père de famille accusé d'abus sexuels sur son propre fils, âgé de trois ans au moment des faits. L'homme a été condamné à sept ans de réclusion, le substitut déclarant qu'il s'agit là d'un condensé de tout ce qui est possible de rencontrer : «Des actes qui inspirent l'horreur, un accusé qui nie, une mère qui charrie son lot de souffrances et crie pour protéger son fils, des intervenants sociaux maladroits.».
C'est sur ces deux derniers points que j'aimerais interpeller le département de l'instruction publique, plus particulièrement, à propos de l'office de la jeunesse. Cet office, qui - je crois - est censé protéger la jeunesse, semble avoir agi dans ce cas - mais est-ce le seul cas ? - avec une inconscience et une légèreté inqualifiables !
Le service de la protection de la jeunesse a été alerté par la mère, puis par la clinique des enfants; le tuteur général a été sollicité pour examiner cette affaire de plus près. Rien ! L'office de la jeunesse n'a - semble-t-il - pas jugé opportun de se déranger, ni d'écouter la mère, certes très jeune, mais consciente, ô combien, des dangers encourus par son fils. Pire, une assistante sociale d'une autre instance, émue de ce qu'elle avait entendu et vu, s'est adressée à la chambre des tutelles avec, pour tout résultat, un blâme de ses supérieurs. Les choses ont changé quand la police s'en est mêlée ! Dès lors, à quoi sert l'office de la jeunesse ?
J'étais déjà intervenue, il y a un an, à propos de la conception très particulière de leur tâche que se font les responsables de cet office, notamment en ce qui concerne la protection des enfants ! Je vous réitère ma question, Madame la présidente du DIP, en espérant que vous pourrez apporter, non seulement à ce Grand Conseil mais à la population tout entière, particulièrement aux parents, quelques éclaircissement, et ce en dehors ou en plus des informations qui sont déjà plus ou moins connues sur la refonte de ce service. Même remanié, si ce service devait conserver le même état d'esprit, il y aurait lieu de s'inquiéter sérieusement sur sa capacité à juger des situations de danger dans lesquelles peuvent se trouver des enfants ou des jeunes !
La présidente. La réponse à votre interpellation urgente aura lieu au point 68 bis.