République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 17 février 1995 à 17h
53e législature - 2e année - 4e session - 8e séance
I 1925
M. Michel Ducret (R). Une première question concernant le vote et la formulation des recommandations du Conseil d'Etat est à la base de cette interpellation. En recommandant le «non» à l'initiative dite IN 4 et «oui» au contreprojet, le Conseil d'Etat ne craint-il pas le cumul des «non» contradictoires ? Finalement, j'aimerais savoir comment un tel résultat pourrait être interprété. Cela aurait, en effet, pour conséquence - sans vouloir polémiquer sur le «pour» ou le «contre» de ces propositions - de tout bloquer, ce qui me paraît plus grave que de savoir si la population veut ou non conserver la salle de spectacles.
Je profite de cette interpellation pour signaler au Conseil d'Etat en charge du département de l'intérieur que les expéditions de matériel de vote, selon la nouvelle formule, n'ont pas très bien fonctionné. Certains citoyens n'ont pas reçu les deux feuilles de bulletin de vote, la grise fédérale et la jaune cantonale dans leur enveloppe.
L'autre volet de cette interpellation concerne la faisabilité économique du contreprojet. Si, du côté des initiants, on affirme être en mesure de réaliser en droit de superficie le programme prévu par l'initiative, nous ne pouvons guère affirmer que toutes les conséquences financières du maintien d'une salle - actuellement propriété de l'Etat, je le rappelle - nécessitant des adaptations de sécurité importantes ont été évaluées complètement. D'ailleurs, qui payera pour cela, alors qu'on ne sait même pas ce que nous a coûté jusqu'ici le maintien de cette salle ? En effet, l'argent ayant été pris sur les crédits d'entretien, dont on n'a pas le détail, cette information est restée inconnue !
A une première question posée à ce sujet, il aurait été répondu, sous la législature précédente, que l'équilibre financier était assuré par la location de la salle et celle de la buvette, et que les dépenses étaient relativement modestes. Mais, tout de même, si l'équipement doit être mis à jour et complété, conformément aux demandes des milieux culturels intéressés, on s'orientera vers une rénovation lourde et donc coûteuse, et cela, bien entendu, aux frais du contribuable qu'il eût donc été judicieux d'informer correctement ! En effet, si le 12 mars le peuple dit «oui» au contreprojet, rien ni personne ne s'est engagé à une réalisation, et nous n'avons guère de certitude que quelque chose se fera alors.
Conséquence : maintien d'une friche urbaine en plein centre de notre ville joyeusement animée par un parking de quinze places, qui attire plus de trafic que la création d'un véritable parking organisé correctement.
Je n'évoquerai ici que pour mémoire les problèmes liés au financement des bâtiments à construire dans l'un ou l'autre cas, car sur ce point ce sont les conditions du droit de superficie qui seront déterminantes. Par contre, il siérait tout de même de considérer que le prix d'une place de parking varie selon que cet équipement comprend six cents ou trois cent cinquante places. Dans le second cas, elle revient plus cher; il faut le savoir.
Il me semble donc que le Conseil d'Etat, dans ses recommandations, aurait dû donner plus de détails sur les conséquences financières de ce projet, car le peuple est en droit d'en connaître les coûts, avant de voter, la tête dans le sac, sur le maintien ou non de cette salle !
Ces précisions sur les conséquences du choix proposé me paraissent d'ailleurs beaucoup plus importantes pour l'information du citoyen qu'une polémique sur l'intitulé des textes remis aux futurs votants.
Je remercie le Conseil d'Etat, par avance, de bien vouloir nous éclairer mieux sur ces aspects de la problématique soumise à l'appréciation populaire.
M. Claude Haegi, conseiller d'Etat. Les textes préparés par le Conseil d'Etat font toujours l'objet de réactions des différents partis qui considèrent que nous n'avons pas mis l'accent sur ce qu'elles auraient souhaité, en fonction, bien entendu, de leur avis.
Vous terminez en disant qu'il est préférable d'entendre mon discours plutôt que de polémiquer sur l'intitulé des questions posées. C'est votre avis, vous imaginez bien qu'il n'est pas partagé par ceux qui, précisément, regrettent le terme «initiative pour l'aménagement du secteur Rôtisserie-Pélisserie», sans dire clairement que dans leur esprit il s'agit de la démolition de l'Alhambra ! Je n'ai pas de commentaires particuliers à faire à ce sujet, et je prends note de votre déclaration concernant le contenu du texte. Pour le reste, il s'agit d'une votation, et chacun porte une responsabilité quant à la diffusion de l'information. Ce soir, visiblement, vous avez saisi une opportunité pour faire passer un message à ce sujet. Sans doute qu'au cours de ces prochains jours vous persisterez dans cette direction et développerez vos arguments comme d'autres développeront les leurs.
S'agissant des problèmes financiers liés à l'exécution du contreprojet, mon collègue, M. Joye, aura l'occasion de vous répondre dans le cadre des affaires de son département. Il est peu vraisemblable que ce soit ce soir.
Avant de terminer, je vous signale que le Tribunal fédéral a déclaré le recours de la Ville de Genève contre l'Etat de Genève irrecevable et que le même Tribunal fédéral a déclaré irrecevable le recours de Dame Spielmann contre l'Etat de Genève.
M. Michel Ducret (R), conseiller d'Etat. Monsieur le conseiller d'Etat, tout de même, vous devriez pouvoir répondre à la question concernant l'interprétation en fonction des résultats du vote ! Vous devez savoir ce qu'il en est, et M. Joye doit avoir une petite idée derrière la tête, s'agissant du destin économique de ce secteur ! Ce choix implique des conséquences importantes, et on ne peut pas laisser cet aspect des choses dans le flou avant les votations.
M. Claude Haegi, conseiller d'Etat. Comment serait interprété un double non ? Il est clair que, si le résultat des votes montre un double non, les deux propositions seront rejetées. Ce sera le statu quo, ce qui me paraissait aller de soi ! Si vous vouliez que je le dise clairement, voilà, c'est fait ! M. Joye ajoutera quelques mots au sujet des conséquences financières.
M. Philippe Joye, conseiller d'Etat. Monsieur Ducret, je n'ai pas les chiffres exacts de l'exploitation actuelle, mais elle se fait avec des moyens extrêmement limités, car le comité travaille pratiquement bénévolement, une seule personne étant engagée pour un salaire de l'ordre de 25 000 F.
Mme Claire Chalut. Par mois ?
M. Philippe Joye, conseiller d'Etat. Non, par semaine ! (Rires.)
La présidente. Madame Chalut, c'est un dialogue entre le député qui interpelle le Conseil d'Etat et ce dernier !
M. Philippe Joye, conseiller d'Etat. Il s'agit d'une salle, comme d'autres, où nous partageons l'exploitation avec divers groupes et avec la Ville. Par exemple, pour la salle Cécilia, nous avons l'intention, et la Ville également, de l'équiper pour en faire une salle de répétition et non une salle de spectacles. C'est dire que les systèmes d'exploitation qui seront choisis pour la salle de l'Alhambra comporteront des budgets extrêmement limités.
M. Michel Ducret (R). (L'orateur est accueilli avec un ahhh de consternation générale.) Je suis désolé ! Je ne suis pas tout à fait d'accord ! En Ville de Genève, j'ai vu des projets d'extension de la salle qui sont loin d'être des petites adaptations ! Or, cette salle est propriété de l'Etat de Genève jusqu'à nouvel avis, et nous pouvons nous demander ce que celui-ci va décider par rapport à ces propositions.
La présidente. Ecoutez, Monsieur le député, le débat ne porte pas sur cette question !
Cette interpellation est close.