République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 15 décembre 1994 à 17h
53e législature - 2e année - 2e session - 47e séance
IU 64
M. Pierre Vanek (AdG). Mon interpellation urgente s'adresse essentiellement à Mme Brunschwig Graf mais aussi à l'ensemble du Conseil d'Etat. Je viens de prendre connaissance de la lettre du 12 décembre, signée par Mme Jacqueline Perrin, directrice générale de l'enseignement primaire et adressée aux enseignants et enseignantes de l'école primaire. Celle-ci m'a profondément choqué. J'aimerais savoir si la teneur de cette lettre est endossée par Mme Brunschwig Graf.
En effet, on y lit que les moyens prévus par la SPG pour exercer une pression sur le parlement - prolongation de la récréation dans un certain nombre d'écoles, avec information aux parents, garde des enfants - ne s'inscrivent pas dans le respect des obligations professionnelles des enseignants et constitueraient une rupture de la responsabilité d'enseignement qui leur incombe.
Mais, pour moi, cette manière de dire, en quelque sorte, que le droit de grève est illégitime pour les enseignants alors que c'est un droit syndical et démocratique élémentaire est particulièrement scandaleuse.
C'est d'autant plus scandaleux... (Le charivari est à son comble et l'orateur hausse le ton pour se faire entendre.) ...que, précisément, ce mouvement est motivé par la pleine conscience qu'ont les enseignants de l'école primaire des responsabilités qui leur incombent et des conditions qui ne leur permettent pratiquement pas d'assumer ces responsabilités.
Les réductions successives de postes induisent forcément toujours plus de responsabilités pour les enseignants qui ne peuvent plus assumer leurs tâches correctement, ce d'autant que le nombre d'élèves croît d'une manière considérable. Par ailleurs, le troisième paragraphe de cette lettre prétend attirer l'attention des enseignants sur les dangers de ce mouvement pour les élèves. C'est également faire injure à la conscience professionnelle du corps enseignant qui sera peut-être poussé à effectuer des mouvements de grève autrement importants que ces derniers, sans qu'il y ait le moindre danger ou le moindre problème pour les élèves.
S'il y a danger pour les élèves, il vient plutôt des bancs du Conseil d'Etat. (Vive manifestation.) Enfin, un autre paragraphe stipule qu'il est de votre devoir de ne pas impliquer les élèves dans des critiques, des divergences ou des conflits qui ne les concernent pas. Alors là, c'est un peu fort de café ! L'objet de ce mouvement est évidemment quelque chose qui concerne au premier chef les élèves et leur famille. Prétendre qu'ils pourraient être tenus à l'écart de ce débat est parfaitement saugrenu. J'espère donc que cette lettre est un «dérapage» comme on en a déjà vu d'autres et que Mme Brunschwig Graf confirmera cette hypothèse. Si cela n'est pas le cas, je considère que c'est un précédent détestable et qu'il doit être condamné vigoureusement.
La présidente. La réponse à votre interpellation urgente interviendra au point 16 bis.