République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 18 novembre 1994 à 17h
53e législature - 2e année - 1re session - 43e séance
IU 46
M. Philippe Joye, conseiller d'Etat. C'est bien volontiers que je réponds à l'interpellation de Mme Bugnon qui a eu la délicatesse de m'informer de son absence ce soir, retenue qu'elle est par ses activités nationales à Berne.
Je lui ai déjà fourni quelques éléments de ma réponse par écrit hier soir. Je la complète et prie ses collègues de noter ces compléments.
Premièrement, quel est l'intérêt de l'utilisation de matériaux recyclés dans les secteurs les plus divers de l'Etat, et, en particulier, ceux de la construction. Cet intérêt est très grand et l'Etat est très favorable à toutes les énergies et matériaux de substitution qui peuvent provenir de recyclage. Ceci est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit de recycler des matériaux difficiles à éliminer à la fin de leur usage.
Mon intérêt personnel pour ces questions date de 1987, où, avec l'appui de la Société pour la protection de l'environnement, qui était représentée par le député René Longet, et avec l'aide financière de la SBS, un groupe d'accompagnement composé de personnes de la SBS, d'IBM, de Migros, de la Société suisse pour la protection de l'environnement, de l'Union suisse des professionnels de l'automobile, a publié une petite plaquette que je tiens à la disposition des députés et qui s'appelle «Stratégie économique de la durabilité».
En ce qui concerne ces problèmes, nous avions mis l'accent sur des cas précis, concrets de recyclage économiquement compétitifs. Tous les groupes, y compris les représentants des milieux de protection des consommateurs et consommatrices sont tombés d'accord pour insister sur l'idée que le recyclage n'a et n'aura de chance que s'il est financièrement et techniquement à peu près compétitif. Vouloir imposer des produits recyclés deux fois plus chers ne tient pas la route sur le plan commercial. Toutes les expériences contraires ont débouché sur des résultats économiquement désastreux pour les producteurs des produits recyclés et pour les clients.
Je reviens au cas de la ligne 13, pour parler de l'utilisation d'un bois exotique. L'utilisation de ce bois est nécessaire pour régler des problèmes de vibration. Ce matériau est deux fois moins cher que celui fabriqué avec des vieux pneus. C'est pour ce seul motif que les TPG ont utilisé ce matériau plutôt que l'autre.
Les entreprises susceptibles de livrer le matériau de substitution provenant de pneus recyclés ont été invitées à adapter leurs prix à celui du bois exotique. Pour l'instant, cela n'a pas encore pu être le cas. Dès que les prix seront comparables, les TPG choisiront ces matériaux de substitution chaque fois que cela sera possible.
Il faut dire que, même si l'excédent de dépense est de 300 000 F seulement pour la fourniture du matériau, cet excédent est énorme, puisque c'est deux fois le prix de base.
On m'a aussi demandé s'il y avait un équivalent dans les bois indigènes. A ma connaissance, il n'y en a pas. Tous les bois utilisés à l'extérieur, au sol, doivent avoir une très grande résistance mécanique ainsi qu'à la putréfaction, ceci est d'autant plus vrai lorsqu'ils sont exposés à de très fortes vibrations. Même le chêne ne convient pas à cause des contraintes relatives à la torsion dans l'axe normal des poutres, soit le grand axe, et des fissures plus nombreuses que pour les bois exotiques.
Au moment où le bois a été choisi, on ne connaissait pas encore le nouveau matériau recyclé. Ce n'est que cet été, quasiment au moment d'adjuger, que nous avons reçu l'offre. Des expériences ont été faites de façon expérimentale sur une ligne en Allemagne.
Je conclurai en disant que, dès que nous le pourrons, nous intégrerons dans les autres soumissions ce produit et d'autres produits issus de la chaîne du recyclage pour leur donner leur chance.
Cependant, la condition reste toujours que l'écart du prix ne soit pas de un à deux, ce qui compromettrait l'équilibre financier du budget de construction, surtout si on répète l'opération sur divers corps de métier, et, d'ici là, nous aurons aussi quelques résultats concrets sur les expériences faites avec ce nouveau matériau en Allemagne. La pratique démontre qu'il n'est pas mauvais d'avoir ce type de renseignement avant de s'engager pour un produit tout nouveau, les maladies de jeunesse ayant pu être décelées et éradiquées.
Cette interpellation urgente est close.