République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 17 novembre 1994 à 17h
53e législature - 2e année - 1re session - 41e séance
IU 49
M. Luc Gilly (AdG). Pour une fois, mon interpellation urgente s'adresse à M. Ramseyer et non à M. Vodoz !
Elle concerne la disproportion totale entre la démonstration des forces de la police genevoise et les faits qui l'ont occasionnée. Monsieur Ramseyer, l'ampleur de cette démonstration prouve-t-elle quelque chose et la République de Genève est-elle vraiment en danger ?
Je vous cite deux cas récents d'occupation symbolique et, surtout, non violente.
La première occupation, Monsieur Ramseyer, a eu lieu le mois dernier. Sept personnes se sont enfermées, dont moi-même, au Palais Wilson pour dénoncer l'abattage des arbres en vue du futur parking de la Maison de l'environnement, alors qu'à moins de 80 mètres on trouve un autre parking tout à fait disponible. Après plus de deux heures de négociations pacifistes avec la police, les forces de l'ordre sont intervenues, sans brutalité je vous le concède. Mais quelle disproportion ! La police savait que nous étions sept. Or, il a fallu quatre cars de police pour nous «ramasser», nous emmener au poste de police Castor, à l'autre bout du canton, tout cela pour nous garder à peine plus de cinq minutes dans les bureaux pour un simple contrôle d'identité !
Vous connaissez aussi la deuxième occupation, Monsieur Ramseyer; elle a eu lieu fin octobre. Neuf personnes ont occupé tout à fait pacifiquement le clocher de la cathédrale Saint-Pierre pour réclamer la libération de trois détenus, otages de Mme Carla del Ponte. Ils ont annoncé leur attachement à la non-violence, mais, malgré cela, la police a lancé un assaut à la tronçonneuse. Ils étaient soixante policiers, certains cagoulés, sans parler du service d'intervention !
Ces neuf personnes n'ont opposé aucune résistance au moment de l'arrestation, vous le savez très bien. Alors, pourquoi avoir bouclé tout un quartier ? Pourquoi avoir engagé soixante policiers dans cette intervention, alors que vous aviez toutes les garanties qu'il n'y aurait pas de violence. Dans ces manifestations symboliques, des banderoles ont été accrochées aux bâtiments. Des banderoles représentent-elles un danger pour la population genevoise ?
Monsieur Ramseyer, avez-vous attrapé la «Pasqualite aiguë» pour faire intervenir vos hommes, avec armes et bagages, gaz lacrymogènes et masques à gaz à disposition ? Franchement, ces démonstrations musclées, à la «Rambo», deviennent vraiment ridicules, et risquent d'énerver quelque peu les citoyens ! Est-ce cela que vous recherchez ?
La présidente. La réponse du Conseil d'Etat à l'interpellation urgente de M. Luc Gilly interviendra au point 23 bis, soit à la fin du département de justice, police et transports.