République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 21 octobre 1994 à 17h
53e législature - 1re année - 10e session - 37e séance
I 1908
Mme Mireille Gossauer-Zurcher (S). Comme chacun le sait, Genève a son RER. En effet, depuis le 25 septembre, la ligne de chemin de fer de La Plaine a changé de nom et est devenue le Rhône-Express-Régional, avec à la clef un doublement des fréquences. L'Etat ayant revu à la baisse les subventions des TPG, ces derniers ont été contraints d'abandonner la mise en fonction de nouvelles lignes de rabattement prévues pour alimenter la ligne Genève-La Plaine.
Le canton a pourtant prévu de longue date de renforcer la ligne de chemin de fer, de nouvelles rames conçues sur le modèle du tram de Lausanne ont d'ailleurs été achetées pour permettre une meilleure desserte de cette ligne. Un horaire plus étoffé n'a vraiment de sens que si les TPG réorganisent leurs lignes régionales de manière à amener plus de voyageurs sur le chemin de fer. Alors que les CFF ont introduit le nouvel horaire depuis le 25 septembre grâce à une importante part de l'Etat, les TPG ne leur amèneront des voyageurs qu'au plus tôt - j'avais entendu mai 1996, M. le conseiller d'Etat dit mai 1995 - en mai 1996, je pense. En effet, les nouvelles lignes de rabattement Chancy-Avully, Aire-la-Ville-Bernex n'ont pas été inaugurées en même temps, seules les lignes Satigny-Peissy et La Plaine-Dardagny qui amènent beaucoup moins de monde que les lignes précitées ont été mises en fonction.
Comment promouvoir efficacement cette nouvelle desserte si le concept n'est pas introduit complètement ? Comment demander aux habitants de la Champagne d'utiliser le Rhône-Express si le rabattement des bus sur le chemin de fer n'existe pas encore ? Comment justifier cette demi-mesure ? Ce serait une mauvaise utilisation des deniers publiques si les trains circulaient sans suffisamment de voyageurs. Il sera, dès lors, très facile de constater que les rames sont sous-utilisées, sans oublier que le système de partenariat mis en place entre les CFF et le canton obligera ce dernier à verser près de 2 millions de francs pour couvrir le déficit d'exploitation de la ligne. En ne donnant pas aux TPG les moyens d'amener les futurs usagers du RER à la gare de La Plaine, le canton s'oblige presque à subventionner davantage la ligne CFF.
M. Gérard Ramseyer, conseiller d'Etat. Madame la députée, nous avons les mêmes chagrins ! Nous avons effectivement dû, pour raisons budgétaires, différer deux lignes de campagne.
En bonne politique de gestion, on ne devrait en somme promouvoir que les lignes bénéficiaires. Or quelles sont ces lignes ? Elles ne sont pas tellement nombreuses. Ce sont essentiellement les grandes lignes de ville et en particulier la ligne 12. De sorte que ces deux lignes, que nous n'avons pas pu ouvrir dans les délais convenus, sont de toute façon déficitaires. Mais le chagrin, ce n'est pas cela. Il vient simplement de ce que nous aurions bien voulu pouvoir, dans les délais prévus, alimenter les lignes de rabattement sur le RER. Ce souhait était d'autant plus vif que, comme vous le savez peut-être si vous avez lu la presse et je vous engage à le faire régulièrement, la motrice de cette ligne RER est un modèle unique en Suisse parce qu'elle roule sur un voltage n'existant nulle part ailleurs.
La conclusion, c'est qu'il est, effectivement, anormal d'avoir différé l'ouverture de ces deux lignes, de sorte que le conseil d'administration des TPG s'est penché sur le problème. Et il vient de faire - c'était la semaine dernière - une proposition concrète au gouvernement genevois visant à ouvrir néanmoins ces deux lignes en mai 1995. Le gouvernement doit se prononcer à ce sujet, il n'a pas eu encore l'occasion de le faire. D'autre part, le conseil d'administration des TPG doit ratifier l'idée évoquée par sa direction. Comme vous, Madame la députée, j'ai bon espoir que nous arrivions aux résultats que nous nous étions fixés. Encore une fois, nous ne pouvons pas faire de miracle avec les budgets et ce que nous pourrons peut-être offrir en mai 1995 aura été la conséquence d'autres sacrifices.
Honnêtement, je suis totalement en communion de pensée avec vous. Nous aurions dû pouvoir ouvrir ces lignes, ça n'a pas été fait, les communes concernées ont eu l'amabilité et la gentillesse de dire qu'elles comprenaient la situation, elles seront d'autant plus contentes de savoir que vous et nous travaillons à les satisfaire très bientôt.
Mme Mireille Gossauer-Zurcher (S). J'aimerais juste comprendre, Monsieur le conseiller d'Etat, si le canton devra réellement combler le déficit de la ligne CFF, auquel cas le serpent se mord la queue. On pourrait les financer immédiatement.
M. Gérard Ramseyer, conseiller d'Etat. Le Conseil d'Etat n'a pas compris la question ! (Sourires.) Nous avons une ligne RER. Plus il y aura de lignes de rabattement TPG et plus le résultat de cette ligne sera bon. Ce que je dois dire, c'est qu'un habitant de La Plaine, par exemple, ou de la région française de Chalais, voulant se rendre en ville de Genève, n'a pas besoin de prendre sa voiture, car il peut la parquer à Russin, à La Plaine ou à Satigny. Il n'est pas exact de dire que, si le bus n'existe pas, les gens se déplacent en ville en voiture. On peut parfaitement se rendre en voiture dans une des gares pour ensuite prendre le RER.
Quant à savoir ce que nous devrons payer, vous me posez une colle ! Je ne peux pas vous répondre en l'état. Je sais simplement que nous devrons subventionner et cette ligne CFF et les lignes de bus, mais notre idée est d'ouvrir le plus rapidement possible cette ligne, c'est ce à quoi nous nous sommes employés.
Cette interpellation est close.
La séance est levée à 16 h 45.