République et canton de Genève

Grand Conseil

M 930
7. Proposition de motion de Mme et MM. Sylvia Leuenberger, Laurent Rebeaud et Roger Beer concernant la rénovation du Palais Wilson. ( )M930

LE GRAND CONSEIL,

considérant :

- que le Grand Conseil a décidé de poursuivre une politique plus active envers l'utilisation du bois dans la construction des bâtiments publics suite au vote de la motion 771;

- que le Palais Wilson, qui va devenir un centre de promotion de la protection de l'environnement, doit être un exemple de rénovation respectueuse de l'environnement;

invite le Conseil d'Etat

à tout faire, de concert avec la Ville de Genève, pour que la rénovation du Palais Wilson se fasse selon des principes aussi écologiques que possible et dans un respect global de l'environnement (économies d'énergie, choix des matériaux écologiques, etc.).

EXPOSÉ DES MOTIFS

Notre canton a manifesté sa volonté de jouer un rôle de pointe dans le domaine de la protection de l'environnement, notamment sur le plan international.

Cette ambition s'est concrétisée par l'ouverture de l'Académie de l'environnement dans un site correspondant à la vocation de cet institut qui abrite également le siège de la Croix Verte internationale, ainsi que par la candidature de Genève pour accueillir un certain nombre d'unités rattachées au Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) et, à cet effet, notre canton a proposé le bâtiment, à l'époque prestigieux, du Palais Wilson situé dans un cadre superbe. Cette bâtisse doit être rénovée et c'est la Confédération qui se chargera du financement.

Si l'Etat doit agir conjointement avec la Ville de Genève, c'est parce que celle-ci est propriétaire du bâtiment, et l'Etat, pour sa part, s'est engagé financièrement dans cette affaire en garantissant les surcoûts éventuels, ainsi que par les accords passés avec l'Hôtel Président. D'ailleurs, la Ville et l'Etat sont tous les deux membres de la commission de construction.

Aussi, il nous paraît absolument indispensable que la rénovation de ce bâtiment doit être exemplaire sur le plan écologique. Ce chantier devrait être une réalisation pilote en la matière afin que les utilisateurs de ce bâtiments vivent au quotidien ce qu'ils prônent en théorie.

L'une des premières mesures écologiques à prendre serait le recours au bois pour remplacer les planchers qui doivent l'être. Ce choix irait dans le sens de la motion 771, déposée par Mme Vesca Olsommer, députée écologiste, et M. Roger Beer. La motion 771 invitait le Conseil d'Etat à poursuivre une politique plus active et plus ouverte envers l'utilisation du bois indigène dans la construction et l'aménagement des bâtiments publics.

Cette motion fut acceptée par le Grand Conseil et le Conseil d'Etat. Et ce fut notamment dans cette optique que le Conseil d'Etat décida que la charpente de la nouvelle halle de Palexpo, prévue initialement en acier, serait réalisée en bois.

Les planchers du Palais Wilson doivent être remplacés et le recours au bois serait non seulement respectueux du concept original du bâtiment, mais plus écologique qu'une dalle en béton.

Il paraît qu'une étude comparative ait démontré que la solution de reconstruire en bois les planchers du Palais Wilson était parfaitement compatible avec les exigences de résistance du sol propre à l'usage qui serait fait de ce bâtiment. Ceci grâce à la technique nouvelle du bois lamellé collé qui a été mise au point dans notre pays. De même, cette étude aurait démontré que le prix de cette méthode était financièrement concurrentiel avec celui des dalles en béton.

Quant aux autres mesures écologiques de rénovation telles que économies d'énergie (recours à la lumière naturelle, aux énergies renouvelables, achat d'appareils peu gourmands en énergie, etc.), choix de matériaux non polluants, etc., il est évident que les architectes mandatés pour réaliser cette rénovation doivent avoir un cahier des charges très précis à respecter.

Il n'est jamais trop tard pour adapter un projet de rénovation à des exigences écologiques. Ceci, si possible, sans frais supplémentaires.

Aussi, nous vous demandons, Mesdames et Messieurs les députés, de bien vouloir accueillir favorablement cette motion afin que la rénovation du Palais Wilson respecte pratiquement ce que sa vocation défendra théoriquement.

Débat

Mme Sylvia Leuenberger (Ve). Que veut exactement cette motion ? Elle demande que, dans le cadre d'une rénovation d'une maison destinée à s'occuper de la protection de l'environnement, celle-ci soit exemplaire sur le plan écologique, sinon c'est : «Faites ce que je dis, pas ce que je fais.». Apparemment, le problème écologique principal réside dans le choix des structures intérieures et du toit. Il y aurait plusieurs solutions. La solution bois, la solution béton, voire une solution mixte. Mais, avant d'entrer dans le sujet, il est utile peut-être de faire un petit historique des décisions.

A l'origine, les planchers du Palais Wilson étaient en bois. L'été dernier, la toiture fut expertisée et reconnue en bon état à 85%. Une étude comparative fut demandée par le Conseil d'Etat pour examiner la solution bois. Celle-ci conclut à sa faisabilité et à son coût inférieur, tout frais compris, à la solution béton. Un plancher en bois sous forme de caissons pouvant supporter de lourdes charges présente beaucoup d'avantages. On maintiendrait donc la toiture ainsi que les boiseries intérieures et les fenêtres du Palais Wilson. On prévoit également 40% de main-d'oeuvre en plus, car il faut beaucoup de corps de métiers, bûcherons, menuisiers, charpentiers, etc., pour réaliser ce travail.

Par contre, si l'option béton était retenue, il faudrait détruire le toit, les boiseries, les cadres des fenêtres, et la consommation énergétique serait beaucoup plus importante. Des solutions mixtes bois-béton pourraient être retenues sans pour cela dépasser les crédits alloués par la Confédération. S'il est clair que la Confédération est le maître d'oeuvre et décide - les crédits ont été votés par le Conseil national - cela n'empêche pas Genève, même si elle est reconnaissante d'avoir obtenu des subventions de la Confédération pour rénover ce bâtiment, de considérer qu'il est de son devoir de manifester son désir de réaliser une conception écologique dans une Maison de l'environnement. Nous devons montrer à la Confédération ses contradictions. Elle nous a déjà imposé pour le Palais Wilson un parking au centre-ville qui va provoquer l'abattage de séquoias, ce qui va à l'encontre de ses ordonnances sur la protection de l'air et du bruit. D'autre part, la Confédération, qui subventionne les forêts suisses sous-exploitées et qui s'asphyxient par manque de demande de bois sur le marché, met les bâtons dans les roues lorsqu'une occasion se présente d'avoir recours au bois.

Enfin, en soutenant une rénovation faisant au maximum recours au bois, nous allons dans le sens d'une motion acceptée par ce Grand Conseil il y a deux ans, signée par les radicaux et les écologistes, prônant l'utilisation du bois dans les constructions publiques. Dernier point concernant toutes les autres mesures écologiques à prendre, notamment l'usage de matériaux non polluants, les économies d'énergie, le recours au maximum à l'éclairage naturel, etc. Il est certain que cela devra être précisé et être une priorité dans le cahier des charges des architectes. Pour toutes ces raisons, je vous prie de bien vouloir accepter cette motion.

M. Roger Beer (R). Je voudrais dire que j'ai été quelque peu étonné des remous que cette motion a provoqués dans différents milieux, notamment au sujet du bois. Je vous invite tous, une fois de plus, à bien lire l'invite au Conseil d'Etat qui ne fait pas état de bois. Il est clair que la base de la motion est effectivement liée au projet d'éliminer le bois dans la Maison de l'environnement. L'invite, telle qu'adressée au Conseil d'Etat, demande à ce que les architectes essaient de respecter les principes écologiques dans la construction, notamment de la Maison de l'environnement. Il serait bon - comme cela est écrit dans l'exposé des motifs - que ce chantier soit une réalisation pilote en la matière et aussi que les utilisateurs de ce bâtiment vivent au quotidien ce qu'ils prônent en théorie.

Le Grand Conseil devrait être conséquent avec lui-même. Il ne sert à rien de prôner la protection de l'environnement, de créer des prix, des départements de l'environnement, et de ne pas encourager les principes écologiques lors de la construction de cette maison. Nous vous proposons cette motion aujourd'hui, car le Conseil national et le Conseil des Etats viennent de voter le crédit pour la rénovation du Palais Wilson. Les choses sont réglées à ce niveau-là, l'argent viendra à Genève. Visiblement, nous avons même réussi à faire moins cher que ce qui était prévu au début, et il faut s'en féliciter.

Le but de la motion n'est pas de renchérir, j'insiste bien, mais d'essayer de rendre le Conseil d'Etat attentif, grâce à un signe du Grand Conseil, au fait que dans ce bâtiment l'on essaie de respecter un tant soit peu l'esprit de la Maison. Du point de vue architectural, il paraît que ce bâtiment est génial, au point qu'il faut à tout prix le conserver. Ainsi, ma foi, si cela coûte cher, ce n'est en tout cas pas la faute des députés.

Il est clair qu'il y a des gens qui n'ont pas aimé le bois. Peu importe, ce n'est pas le projet principal. C'est vrai que le Grand Conseil a déjà donné un signe pour favoriser davantage le bois dans les constructions de l'Etat. Je ne veux pas le répéter. Vous savez que c'est un des éléments sur lequel j'aime bien insister, et vous avouerez quand même que, dans les constructions que l'on voit actuellement, ce n'est pas le bois qui est le plus utilisé.

Le signe reste présent dans mon esprit, mais, dans le cadre de la Maison de l'environnement, cela va beaucoup plus loin : on parle simplement d'utiliser des matériaux non polluants, de favoriser l'achat d'appareils peu gourmands en énergie, de penser aux énergies renouvelables, de penser aux recours à la lumière naturelle, etc. J'imagine que M. Joye, architecte par ailleurs, aura à coeur de favoriser ce genre d'éléments dans la construction. A mon avis, nous devrions renvoyer cette motion au Conseil d'Etat pour ne pas nous perdre dans des débats inutiles en commission, étant donné que tous les crédits sont votés et que ce projet doit démarrer.

M. Bénédict Fontanet (PDC). Je suggérerai simplement que cette proposition de motion, dont le souci est louable, soit transformée en résolution adressée aux autorités fédérales. Ce n'est ni le Conseil d'Etat, ni le canton qui paye, c'est la Confédération, et il apparaîtrait logique que cette motion soit transformée en résolution. C'est ce que nous vous proposons.

M. Philippe Joye, conseiller d'Etat. L'histoire du lobby du bois dans le cadre du Palais Wilson commence déjà en 1993. Le 8 novembre, Monsieur Beer, des études de variantes de dalles à caissons en bois sont élaborées. Cent pages de considérations extrêmement intéressantes sont faites, dont il ressort que, finalement, le bois est plus cher, mais que l'on peut récupérer une partie importante des surcoûts de variantes de dalles à caissons en bois en les imputant sur d'autres postes. C'est un petit peu délicat.

Je me permets de faire un survol rapide de cette question. M. Zimmerli, conseiller aux Etats, est intervenu le 21 novembre auprès de tous les conseillers fédéraux pour encourager l'idée d'une utilisation importante du bois. Il a reçu, le 2 décembre, du chef du Département fédéral des finances une réponse très claire disant qu'il avait pris contact avec des promoteurs de l'industrie du bois pour procéder à des contrôles et qu'il est arrivé à la conclusion, en tant que personne responsable du financement de cet objet, que la variante bois était non seulement plus chère, mais quasiment aussi brutale que la solution béton. Pourquoi ? Parce qu'il est nécessaire, dans les deux cas, de démonter les planchers existants et de les remplacer dans leur quasi-totalité, car le bois demandait une intervention de très haute technicité avec des renforcements métalliques, alors que la solution béton armé était classique.

Je ne vais pas m'étendre dans le détail sur ces considérations parce que je n'étais pas impliqué dans le processus, mais M. Grobet avait défendu avec beaucoup de fougue trois idées importantes. La première était que les lucarnes «Camoletti» soient conservées; la deuxième, que les caissons en bois de dalles soient préférés au béton; la troisième, que l'on conserve toutes les boiseries situées dans les salons se trouvant au rez-de-chaussée. Il a donc délivré, le 2 décembre, une autorisation dans laquelle il a émis des réserves sur deux points, les points 5 et 6, et je tiens à dire que sur le plan des principes, si j'avais été à sa place, j'aurais certainement essayé de conserver les lucarnes «Camoletti», par exemple.

Le 8 décembre, j'ai convenu d'un rendez-vous avec l'administration fédérale des finances - je suis entré en fonction le 6 - et, déjà, le délégué à l'opération, M. Delmonico, me disait qu'il voulait aborder l'ensemble des conditions 5 et 6 de l'autorisation de construire. Le 20 décembre, j'ai reçu de M. Thomas Büchi une récapitulation des avantages du bois, donc j'étais tout à fait au courant des deux points de vue, soit celui des architectes travaillant pour le compte de la Confédération et celui des supporters du bois. Le 20 décembre au soir, j'ai reçu une lettre comminatoire, un jour avant la séance de la commission fédérale, adressée par une très charmante avocate qui a nom de fleur, qui est vierge, qui est l'épouse d'un député local (Rires.) et qui était mandatée par la Confédération pour me dire que si le lendemain, c'est-à-dire le 21 décembre, le canton de Genève ne délivrait pas l'autorisation de construire dans sa totalité, sans les réserves des points 5 et 6, elle ouvrirait une action instantanément après la séance du 21 décembre à 14 h 30 à laquelle j'ai participé.

On m'a rappelé que le conseiller fédéral, M. Stich, s'est prononcé devant le Conseil national pour le remplacement des planchers existants par des dalles en béton armé et j'ai décidé de délivrer l'autorisation complète. J'ai donc satisfait le désir de la Confédération pour des raisons relevant de la pesée des intérêts. Choisir un matériau plutôt qu'un autre, c'est, premièrement, la volonté de soutenir un matériau local. Ce critère, nous le satisfaisons chaque fois que nous le pouvons pour le bois. M. Grobet, conseiller d'Etat, en a donné l'exemple pour le bois dans la halle de Palexpo. Le deuxième critère, c'est l'adéquation du matériau pour sa mise en oeuvre. Je crois honnêtement que, dans le cadre des caissons en bois, nous faisons fausse route. Le troisième, c'est la mise en valeur du lieu par un matériau plutôt que par un autre. Dans le cas particulier, ce caisson en bois n'est visible ni dessus, ni dessous, et pour cause. Le quatrième, c'est la pérennité. Il n'y a pas de problème de pérennité entre les possibilités de choix de matériaux. Le cinquième, c'est la prise en compte des frais consécutifs sur d'autres éléments du bâtiment et, dans ce cas, le choix du bois était nocif pour la définition des coûts. Enfin, le sixième, c'est la question du coût comparatif.

Je crois que nous pouvons dire que nous sommes dans un processus de construction. Déjà le 20 décembre, M. Stich, conseiller fédéral, avait annoncé et pris position auprès des Chambres dans ce dossier extrêmement délicat. Les économies d'énergie dans ce bâtiment, nous y avons pensé. Des discussions sont encore en cours avec la Ville à ce sujet. Quant à la question financière, je vous rappelle que nous ne mettons pas un centime dans ce projet et que nous ne sommes pas propriétaire. Je terminerai en disant que si l'on a des soucis quant au respect de l'environnement dans le projet du Palais Wilson, ce sont des soucis très académiques, parce que ce respect est concrétisé par le fait que l'on a décidé de maintenir à grand prix un objet dans son état original - ce que j'approuve - mais même M. Stich, conseiller fédéral, nous a dit, à M. Haegi et moi-même, lorsque nous sommes allés lui rendre visite le 10 février, que tous ses collaborateurs lui avaient déconseillé de financer ce projet qui paraissait extrêmement coûteux. On peut vraiment dire que les gens qui habiteront dans cette Maison disposeront d'un palace dans lequel les données d'environnement au sens architectural du terme ont été plus que respectées, elles ont été très largement honorées et, par-dessus le marché, par Berne !

M. Roger Beer (R), conseiller d'Etat. Je remercie le conseiller d'Etat, Philippe Joye, pour toutes ses explications. Je dois dire que l'énoncé du timing et le roman du déroulement des travaux m'ont rappelé d'autres débats dans cette enceinte. Avec toutes ces précisions, je dirai que je comprends mieux ce qui s'est passé. Monsieur le conseiller d'Etat, vous me permettrez d'avoir quelques doutes sur l'audace de l'administration fédérale. Je peux aisément imaginer qu'ils ont conseillé à leurs magistrats de ne rien faire et, surtout, de ne pas payer, mais je suis bien content que vous ayez réussi à convaincre le conseiller fédéral «bétonneur» et les autres pour que cette Maison de l'environnement se fasse avec les deniers de la Confédération.

A vous entendre, je comprends bien que les dés sont jetés, que les travaux vont commencer, que la Confédération paie et que l'on doit plier. Dans cette optique, je crois que l'on peut soutenir l'idée de M. Fontanet, à savoir transformer cette motion en résolution, et je pense que le groupe «écolo» (Protestations.) sera d'accord avec nous. Monsieur le conseiller d'Etat, j'espère que cette résolution ira à Berne - ils en feront ce qu'ils voudront - et que vous réussirez à faire preuve d'audace et d'originalité par rapport à la protection de l'environnement.

M. Christian Grobet (AdG). Je ne pensais pas intervenir dans ce débat, mais puisque j'ai été cité par M. Joye, conseiller d'Etat, je me permets de répondre. Je voudrais d'abord préciser, Monsieur Joye, que je ne crois pas avoir défendu avec vigueur, comme vous l'avez dit tout à l'heure, la solution de recourir à des structures en bois. Je me suis borné à fixer des conditions dans l'autorisation sans faire la moindre déclaration publique. Il est vrai qu'il y a un certain nombre de personnes - vous l'avez rappelé tout à l'heure - qui, semble-t-il, sont intervenues à plusieurs niveaux; je n'ai pas fait de déclaration, simplement j'ai été convaincu par la solution bois. Je ne l'ai pas défendue avec vigueur, j'ai seulement été convaincu par les analyses comparatives qui ont été faites. Je dois dire qu'avec l'expérience que j'avais acquise au département des travaux publics j'ai pu constater que le recours au bois est une solution qui, effectivement, doit être soutenue dans un certain nombre de cas.

L'étude comparative a démontré que, non seulement la réalisation des structures horizontales en bois était plus écologique, dans le cas d'espèce, mais également qu'elle était plus rationnelle. La Confédération est arrivée à la conclusion qu'il fallait démolir la plupart des structures horizontales du fait qu'elles n'avaient pas la résistance au sol voulue. On se trouve donc dans une situation où il fallait les reconstituer. Faut-il le faire selon la tradition usuelle, qui manque effectivement totalement d'imagination, c'est-à-dire en béton, ou va-t-on retenir une technologie nouvelle où notre pays est à l'avant-garde, à savoir celle du bois lamellé collé qui a fait ses preuves notamment en Suisse alémanique et sur le grand chantier de Palexpo ? La solution de recourir au bois avait aussi l'avantage d'éviter toute l'humidité, l'amenée d'eau qu'implique la réalisation de sols en béton. Vous avez raison de dire que l'on n'aurait pas remarqué le bois, mais ce n'est pas parce que l'on ne remarque pas un matériau que ça ne vaut pas la peine de l'utiliser.

M. Armand Lombard. Et puis ça gondole pas, c'est pratique...

M. Christian Grobet. Ecoutez, Monsieur Lombard, c'est dommage de continuer à avoir un tel préjugé à l'égard d'un matériau de construction qui est extrêmement intéressant pour l'entretien des forêts, qui est un élément très important sur le plan écologique et, d'autre part, qui donne du travail à des entreprises locales, notamment dans le secteur du bois, dans le second oeuvre qui a des difficultés considérables. Il a été démontré que cette technique est extrêmement valable et, d'après les analyses, Monsieur Joye je ne sais pas si vous en avez eu d'autres, les prix étaient parfaitement comparables. Je ne vois pas comment, aujourd'hui, on peut nous dire que ça coûte plus cher. Par contre, et vous avez raison de le relever, les collaborateurs de M. Stich ont toujours traîné les pieds, hélas, dans l'affaire de la rénovation du Palais Wilson. On a véritablement le sentiment qu'ils n'ont pas voulu recourir à la solution du bois, tout simplement parce que c'était une nouveauté et que ça leur posait des problèmes, alors que les architectes étaient d'accord.

Monsieur Beer, je ne vous reconnais plus ! Vous étiez beaucoup plus persévérant lorsqu'il s'agissait d'autres projets, notamment celui du Palais des expositions. Je ne comprends pas qu'aujourd'hui alors que, précisément, le chantier n'est pas encore ouvert, ce qui n'était pas le cas du Palais des expositions, que les choses peuvent être revues, vous lâchiez tout à coup prise. Personnellement, je trouve que ça vaudrait la peine de reprendre contact avec la Confédération et d'amener l'adoption d'une solution qui est celle que vous avez vous-mêmes recommandée à travers une motion de portée générale. Je regrette que vous sembliez revenir sur les principes que vous défendiez il n'y a pas si longtemps.

M. Jean-Pierre Lyon (AdG). Je suis assez surpris de la tournure que prend ce débat. La motion proposée pose une question et celle-ci est valable dans la situation actuelle lorsque l'on connaît les problèmes liés à la construction. J'ai écouté très attentivement le débat, les réponses de M. Joye, mais je remarque que l'on ne fait pas grand cas du propriétaire de la parcelle. On ne demande même pas à la Ville de Genève ce qu'elle en pense. J'ai appris qu'il y a quelque temps le Conseil d'Etat a reçu les responsables du Conseil fédéral pour la rénovation de ce bâtiment et le propriétaire de la parcelle n'avait même pas été convoqué !

Des voix. Oooh !

M. Jean-Pierre Lyon. Je pense que lorsqu'on parle dans le discours de Saint-Pierre de l'autonomie communale, qu'on veut la renforcer, ce n'est pas comme cela que l'on travaille. Sachez que le Conseil municipal, mardi, se prononcera sur un même type de motion, et je peux vous dire qu'elle passera largement la rampe.

M. Philippe Joye, conseiller d'Etat. Premièrement, je me sens très concerné par ces problèmes. Deuxièmement, dans cette affaire, vu l'expérience que j'ai dans le domaine des chantiers, je crois que, malheureusement, comme on dit : «Le train est parti.». Troisièmement, en ce qui concerne la commission de coordination, la Ville de Genève y est représentée, les discussions y ont été engagées, et l'autorisation définitive de construire, qui portait sur la transformation et l'aménagement du Palais Wilson, a été délivrée le 2 décembre. Mais elle ne concordait pas avec des décisions prises par le groupe opérationnel et la commission de coordination.

Quatrièmement, j'ai assez critiqué le prix du Palais Wilson et je peux vous dire que, dans le domaine des parkings, nous arrivons à des prix de l'ordre de 8 millions au lieu des 12 millions prévus, ce qui est tout de même assez positif pour pouvoir dire que des deux côtés, que ce soit du côté des protagonistes du bois ou du côté du bureau Erbeia, les analyses de prix ont été menées avec beaucoup de sérieux. Cinquièmement, dans l'évaluation et la pondération des avantages et des désavantages qui auraient découlé de mon refus de donner suite aux demandes de Berne, j'ai estimé que l'intérêt du Palais Wilson était de continuer. Sixièmement, je ne m'oppose pas du tout à ce qu'une résolution parte à Berne. Septièmement, suivant une suggestion de M. Haegi, président du Conseil d'Etat, je vous propose de mettre en conclusion de cette résolution un grand remerciement à M. Stich.

Le président. Nous sommes en présence d'un amendement de M. Fontanet visant à transformer cette motion en résolution et qui dirait :

«invite le Conseil d'Etat à intervenir auprès du Conseil fédéral pour que la rénovation du Palais Wilson...»

Mis aux voix, cet amendement est adopté.

Mise aux voix, cette résolution est adoptée.

Elle est ainsi conçue :

R 276

résolution

concernant la rénovation du Palais Wilson

LE GRAND CONSEIL,

considérant :

- que le Grand Conseil a décidé de poursuivre une politique plus active envers l'utilisation du bois dans la construction des bâtiments publics suite au vote de la motion 771;

- que le Palais Wilson, qui va devenir un centre de promotion de la protection de l'environnement, doit être un exemple de rénovation respectueuse de l'environnement;

invite le Conseil d'Etat

à intervenir auprès du Conseil fédéral pour que la rénovation du Palais Wilson se fasse selon des principes aussi écologiques que possible et dans un respect global de l'environnement (économies d'énergie, choix des matériaux écologiques, etc.).