République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 25 mars 1994 à 17h
53e législature - 1re année - 5e session - 10e séance
I 1885
M. René Ecuyer (AdG). Le 29 janvier 1971, notre ami et camarade Paul Hermann défendait une motion invitant le Conseil d'Etat à examiner la possibilité de faciliter l'utilisation des transports publics urbains pour les personnes âgées et les invalides, en accordant la gratuité aux bénéficiaires de la loi sur les prestations en faveur des personnes âgées, veuves, orphelins et invalides et, également, le demi-tarif à tous les bénéficiaires de l'AVS et de l'assurance-invalidité. Il s'agissait de tenir compte des difficultés de transport rencontrées par cette catégorie de la population en raison de la grande dispersion des services officiels, des logements qui sont éloignés de la ville, des dangers accrus dus à l'augmentation du nombre des automobiles, des complications pour obtenir les tickets de transport, etc. Le Conseil d'Etat et le Grand Conseil ont accepté cette motion; ils ont même étendu le demi-tarif aux jeunes. C'était pratique et cela a été très bien accueilli.
Vingt ans après, le 13 décembre 1993, la direction des TPG présente les tarifs pour 1994 qui prévoient une augmentation générale des prix de 35 à 40%, en particulier pour les demi-tarifs. On reprend donc en 1993 ce qui avait été accordé en 1971. Mais qu'y a-t-il de changé par rapport à 1971 ? A-t-on constaté le regroupement des services officiels au centre-ville ? Les logements des personnes âgées se sont-ils rapprochés de la ville ? Non, il n'y a rien de changé ! La situation s'est même aggravée ! La population déménage et habite dans les zones suburbaines, et c'est toujours aussi compliqué de prendre son ticket de tram !
La seule chose nouvelle est la volonté du Conseil d'Etat et de la direction des TPG de reprendre à la population - en particulier la plus vénérable - les vieux et les jeunes, ce qu'on lui a accordé il y a une vingtaine d'années ! Il n'y a, à notre avis, aucune raison de vider la substance du demi-tarif. En effet, un demi-tarif c'est la moitié du prix ! Or là, ce n'est plus le cas. Le Conseil d'Etat ne pense-t-il pas que ce démantèlement tarifaire va à l'encontre de notre volonté à tous de développer les transports en commun, de les rendre pratiques, performants et bon marché ? C'est très important d'encourager la jeunesse à utiliser les transports publics plutôt que d'effectuer les déplacements en vélo dans une circulation saturée, avec tous les risques que cela comporte.
Je demande au Conseil d'Etat de réexaminer sa position et d'intervenir auprès des TPG afin qu'ils reviennent sur leur politique et que le demi-tarif corresponde réellement à la moitié du prix. Il faut donc qu'ils fassent marche arrière et que les tarifs appliqués avant le 1er janvier 1994 soient remis en vigueur pour le 1er juillet 1994.
M. Gérard Ramseyer, conseiller d'Etat. Le Conseil d'Etat observe d'emblée, Monsieur Ecuyer, que le prix de la carte Vermeil n'a pas changé. N'a pas changé non plus le prix de la carte Azur. En d'autres termes, nul aîné à Genève ne doit dépenser plus de 38 F par mois pour ses déplacements en transports publics, ce qui équivaut à une dépense journalière de 1,27 F avec la possibilité de circuler toute la journée sur les lignes TPG. Ni le prix des abonnements ni le prix du billet plein-tarif n'ont été modifiés en 1994. Il est en revanche exact que le prix des billets à tarif réduit a été adapté.
Sont concernés les billets donnant droit, d'une part, à la libre-circulation pendant une heure et, d'autre part, à un parcours limité à trois arrêts. Logiquement, cette adaptation du prix du billet individuel a entraîné celle des cartes multi-parcours qui offrent un rabais aux clients. Sont concernées la carte de six parcours, la carte de douze parcours et celle de douze parcours limités à trois arrêts. Toutes ces modifications, Monsieur Ecuyer, ont été régulièrement adoptées et annoncées l'an dernier, respectivement, par le conseil d'administration des TPG et le Conseil d'Etat de l'époque. Dans un contexte économique difficile, la stratégie retenue a consisté à fixer, pour le prix des billets à tarif réduit, le même rapport au plein-tarif entre la carte Vermeil et la carte Orange. L'effet de cette adaptation tarifaire est simplement d'abaisser le nombre de courses à partir duquel il est plus intéressant d'acheter une carte Vermeil que des cartes multi-parcours.
Au-delà du prix, il y a le confort. Avec une carte Vermeil, plus besoin de monnaie, plus besoin de penser à valider sa carte au distributeur ! C'est pourquoi une carte Vermeil est un merveilleux cadeau à faire à ses parents, oncles ou tantes !
Pour terminer, il y a lieu, Monsieur Ecuyer, de relever le caractère quelque peu démagogique de votre interpellation qui nous présente, en termes il est vrai mesurés, une vision humiliante du sort des aînés, alors que - et nous en sommes fiers - nombre d'entre eux ne sont pas à plaindre. Mais il y a, c'est vrai, des cas plus difficiles. Pour ceux-là il faut rappeler que les bénéficiaires de l'OAPA reçoivent gratuitement une carte Vermeil au nombre des prestations de cet office. C'est un effort social important de la collectivité qui doit être souligné. En conclusion, Monsieur le député, je peux comprendre votre intervention, je peux, jusqu'à un certain point, en partager les termes; mais parler de démantèlement des tarifs TPG me paraît outrancier, alors qu'il s'agit vraiment de fort peu de chose. Je crois que vous l'avez d'ailleurs bien compris !
M. René Ecuyer (AdG). Je remercie le Conseil d'Etat de qualifier mon action auprès des personnes âgées de démagogique ! Je transmettrai votre réponse aux associations qui m'ont interpellé à ce sujet et qui nous ont demandé d'intervenir et elles vous donneront une réponse directement. Je pense que le merveilleux cadeau de 30 à 40% est apprécié différemment par les usagers !
L'interpellation est close.