République et canton de Genève

Grand Conseil

PL 7041
11. Projet de loi du Conseil d'Etat allouant une subvention à la Croix-Rouge suisse pour son action en Suisse (catastrophe de Brigue). ( )PL7041

EXPOSÉ DES MOTIFS

Le vendredi 24 septembre dernier, dès la fin de l'après-midi et durant toute la nuit qui a suivi, la population du Haut-Valais a vécu un véritable enfer résultant de quatre jours de pluie ininterrompue. Comme vous avez pu l'apprendre par les médias, la ville de Brigue a été particulièrement touchée par cette catastrophe naturelle.

A la suite du débordement de la Saltine de son lit, la ville a été coupée du reste du monde et est restée sans téléphone ni électricité durant toute la nuit. Les gens, terrés dans les étages supérieurs de leurs bâtiments, n'ont pu qu'assister, impuissants, dans une obscurité angoissante, au déferlement des eaux qui atteignaient deux mètres et qui grondaient dans un rugissement effrayant, emportant tout sur leur passage; des tonneaux, des bacs à fleurs, des tables et même des voitures dérivaient sous leurs yeux.

Samedi matin, la ville s'est réveillée traumatisée sous deux mètres de boue, de pierres, de gravats et d'arbres arrachés. Les magasins du centre ont été éventrés, les sous-sols et rez-de-chaussée inondés de boue.

On déplore, à l'heure actuelle, deux victimes qui ont été surprises par la boue dans un magasin de chaussures.

L'hôpital, seul bâtiment bénéficiant d'un groupe électrogène autonome de sécurité, a accueilli dès vendredi 200 personnes sans abri; ce sont surtout les personnes âgées et les femmes enceintes qui ont cédé à la panique. Cinq enfants sont venus au monde en urgence.

Une cellule de crise a été mise en place dès samedi matin, pour venir au secours des personnes sinistrées, pour assurer leur ravitaillement et pour permettre d'éviter les épidémies. La ville a été déclarée zone sinistrée. Vu l'ampleur du désastre, les pompiers et les hommes du service civil occupés au déblaiement ont été renforcés par des troupes militaires de protection aérienne et du génie dont, notamment, l'école de recrue de Genève PA 276, arrivée sur place à raison de 350 hommes, le mardi 28 septembre à 19 heures.

Si, contrairement aux intempéries de 1987, le Bas-Valais a pu être épargné cette fois, grâce aux réserves de sécurité du barrage de la Grande-Dixence, les barrages du Haut-Valais n'ont pas pu faire suffisamment office de régulateurs, étant déjà pleins en prévision de la demande énergétique hivernale.

Les dégâts matériels atteignent, selon les dernières estimations, un demi-milliard de francs. Le déblaiement seul coûte 500'000 F par jour. L'expérience des intempéries de 1987 a démontré que 10 à 30 % des dégâts ne sont pas couverts par les assurances et doivent être pris en charge par les oeuvres d'entraide. La Croix-Rouge suisse, qui a été chargée de coordonner l'aide dans les cantons du Valais et du Tessin, alors que Caritas fera de même en Suisse centrale, a lancé un appel aux cantons et aux communes le 27 septembre 1993. Elle se propose avant tout de venir en aide aux particuliers à revenus modestes, sans fortune et trop peu assurés.

Au vu de ce qui précède, nous vous prions, Mesdames et Messieurs les députés, d'accueillir favorablement le présent projet de loi, qui sollicite un geste de solidarité envers de nombreux particuliers et familles, qui se retrouvent dans une situation de détresse à la suite de cette catastrophe naturelle.

Préconsultation

M. Olivier Vodoz. Très simplement, je demande la discussion immédiate sur ce projet de loi.

Mme Françoise Saudan (R). J'allais vous proposer la même chose que le chef du département.

Mise aux voix, la proposition de discussion immédiate est adoptée.

Premier débat

La loi est ainsi conçue:

loi

allouant une subvention à la Croix-Rouge suissepour son activité de secours en Suisse

LE GRAND CONSEIL

Décrète ce qui suit:

Article 1

Une subvention de 100'000 F est allouée à la Croix-Rouge suisse pour ses opérations de secours en faveur des populations du Haut-Valais, touchées par les intempéries du 24 septembre 1993.

Le Conseil d'Etat est autorisé à prélever cette somme sur la part du droit des pauvres attribuée à l'Etat.

Art. 2

L'urgence est déclarée.