République et canton de Genève

Grand Conseil

P 971-A
7. Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : Routes à protéger de la circulation automobile à Thônex. ( -) P971
 Mémorial 1992 : Annoncée, 7195.
Rapport de Mme Béatrice Luscher (L), commission des pétitions

En date du 12 novembre 1992, la commission des pétitions était saisie d'une pétition revêtue de 770 signatures dont la teneur était la suivante:

Concerne :

Le concept routier général nord-sud de la commune de Thônex.

Requérants :

Les habitants soussignés, locataires et propriétaires, des numéros 4 à 33, route de Jussy et des rues adjacentes, touchés par les nuisances de ce concept,

Invoquent :

la grande densité de la population de ces quartiers, 1'500 habitants, et les nuisances déjà supportées, dues à une dizaine de commerces, à l'usine Genex avec ses 400 employés et à la sortie, sur ce secteur de la route de Jussy, de 400 véhicules des parkings des immeubles voisins.

Demandent aux autorités politiques:

 de renoncer à utiliser le secteur de la route de Jussy entre la rue Peillonnex et l'avenue Tronchet, en déplaçant plus au nord cette partie du concept routier;

 d'inclure la route de Jussy, de la rue Peillonnex à l'avenue Tronchet, ainsi que la totalité de l'avenue Tronchet, dans le périmètre des routes à protéger de la circulation automobile.

1. Audition des pétitionnaires

Le 25 janvier, la commission des pétitions, sous la présidence de Mme Fabienne Bugnon, a reçu une délégation des pétitionnaires composée de M. A.M. Bost et MM A. Gante et A. Herren.

Les pétitionnaires signalent en préambule que les signatures recueillies pour cette pétition proviennent exclusivement de personnes touchées par ce projet d'aménagement routier, c'est-à-dire du n° 4 au n° 33 de la route de Jussy et des rues adjacentes.

En effet, ces habitants doivent déjà subir de grandes nuisances générées par une circulation accrue et s'inquiètent de la sécurité des enfants du quartier fréquentant le CO du Foron.

Il faut savoir que 800 personnes seront pénalisées par le projet d'aménagement prévu sur une longueur de 400 mètres de la route de Jussy. D'après les calculs des pétitionnaires, une fois l'aménagement de cette route mené à terme, le flux de la circulation sur cette route sera très dense, 20'000 voitures environ y circulant déjà chaque jour. D'autre part, l'usine Genex procède actuellement à un agrandissement de ses locaux et du parking attenant: 500 personnes supplémentaires y travailleront et s'y rendront en majorité avec leur voiture. Dès 6 heures du matin, les habitants du quartier assistent déjà à une véritable chasse au parking qui a lieu sous leurs fenêtres. Un pétitionnaire déclare: ce ne sera plus une route mais un moulin!

Ajoutons encore que la piste cyclable prévue sera constamment entrecroisée par des voitures entrant et sortant des parkings attenant aux immeubles: qu'en sera-t-il de la sécurité des enfants du quartier?

Une pétitionnaire, enseignante au CO du Foron, nous signale que cette école accueille 646 élèves dont 350 empruntent l'itinéraire de la route de Jussy. Les élèves se trouvent sur celle-ci entre 11 h et 12 h, et entre 16 h et 17 h, heures de grand trafic. Certains enfants doivent traverser la route et aucune signalisation, ni aucun feu ne sont prévus.

Les pétitionnaires rappellent enfin que les autorités communales de Thônex ont toujours exprimé le voeu suivant: «Moins de pollution, moins d'accidents, plus de sécurité».

Ils expliquent encore que les autorités de Chêne-Bourg ont su veiller à leurs intérêts en aménageant des rues piétonnes et en ralentissant la circulation en maints endroits. La commune de Thônex, elle, doit suivre maintenant cet aménagement en prenant acte que c'est la commune de Chêne-Bourg qui, par ses mesures de sécurité, oblige Thônex à suivre une certaine politique. Dans le secteur incriminé, un nouvel immeuble va être construit et la densité d'habitation sera alors une des plus fortes de la commune.

Bien que ce projet ne soit pas encore mis à l'enquête, les pétitionnaires reconnaissent que si le projet actuel est modifié en accédant à leurs voeux, des pétitions d'habitants d'autres quartiers seront certainement déposées devant notre Grand Conseil.

2. Audition de M. Bernard Ziegler,conseiller d'Etat et chef du département de justice et policeet de M. Freddy Wittwer, directeur de l'OTC (8 février 1993)

MM. Wittwer et Ziegler confirment le voeu des autorités thônésiennes d'aménager un secteur de la route de Jussy. Constatant que de nombreuses écoles et habitations sont sises sur le tronçon des avenues Tronchet et Adrien-Jeandin, elles ont estimé nécessaire que l'itinéraire de contournement prévu soit détourné de ce secteur. Ils déclarent encore qu'il n'est pas possible de répondre à la demande des pétitionnaires. En effet, les autorités concernées se doivent d'élaborer des concepts de planification de la circulation et doivent procéder à des choix.

Le tronçon de la route de Jussy aménagé, celle-ci sera classée route primaire et devra répondre aux normes réglementaires: la vitesse y sera donc limitée.

M. Wittwer dit qu'il est difficile, à l'heure actuelle, d'évaluer exactement le flux du trafic qui s'écoulera sur cette voie. Il confirme, d'autre part, que l'augmentation du personnel de l'usine Genex sera une source de nuisance, puisque pour les 500 nouveaux postes prévus, il ne sera construit que 100 places de parking.

3. Audition de M. Jean-Pierre Fornerone,conseiller administratif de la commune de Thônex(22 mars 1993)

M. Fornerone, aujourd'hui maire, nous informe que le Conseil administratif et le Conseil municipal de Thônex ont été saisis de la pétition 971 et qu'ils ont auditionné les pétitionnaires. Le magistrat souligne d'emblée que les autorités de la commune ont dû effectuer un choix qui s'inscrit dans le concept de circulation 2000, concept adopté par le département des travaux publics et l'OTC. Ce choix n'a pas pour but de péjorer la qualité de vie des pétitionnaires. Toutefois, les autorités thônésiennes devaient choisir un axe de circulation passant par Thônex et il n'était pas possible de faire passer celui-ci par le centre de la commune, où vivent environ 6'000 personnes. En effet, si cet axe passait par le centre, il bloquerait l'accès des Thônésiens à leurs institutions, telles que les écoles, la piscine, la salle communale (voir plan en annexe).

Les autorités ont aussi dû tenir compte de la fréquence de la ligne 12 que les TPG se proposent d'augmenter. La mairie s'efforcera, par ailleurs, de mettre sur pied tous les aménagements nécessaires pour amenuiser les inconvénients causés aux pétitionnaires par une circulation accrue devant leurs habitations.

M. Fornerone nous déclare encore que les autorités thônésiennes ont organisé, dernièrement, un grand débat public, concernant les aménagements de la circulation à Thônex. Il ajoute que dans leur quartier, le trafic prévu est de l'ordre de 12'000 à 14'000 véhicules par jour.

Comme le centre de Thônex ne peut être bloqué, les autorités n'excluent pas la possibilité d'avoir un «by pass» comme le suggèrent les pétitionnaires. M. Fornerone conclut en signalant qu'un déclassement voté par le Grand Conseil permettra de construire dans cette zone 460 logements et que la population de Thônex augmentera de 2'000 à 2'600 habitants dans les 7 ans à venir.

Il nous signale encore que les communes de Chêne-Bourg et Thônex travaillent de concert et qu'un juste équilibre devra être trouvé entre elles.

Un crédit d'étude a été proposé et accepté fin mars par le Conseil municipal. Il fallait malheureusement choisir entre les 800 personnes de cette zone et 6'000 autres communiers mais, déclare le représentant de la mairie, nous nous soucierons de ces 800 personnes.

4. Discussion et conclusion de la commission

Les commissaires comprennent les soucis des pétitionnaires. Un commissaire avait même envisagé un tunnel dans ce secteur, mais M. Bernard Ziegler a démontré l'impossibilité d'une telle réalisation. Une députée se demande si le statu quo n'aurait pas l'avantage de satisfaire tous les communiers. Il lui est répondu que le nouveau plan de circulation est indispensable car la formation de «bouchons» quotidiens est invivable à ce jour. D'autre part, le rapporteur a appris de source autorisée que le parking de l'usine Genex sera diminué de 100 places en surface, mais que 300 nouvelles seront créées en sous-sol ce qui représente donc un gain de 200 places. On nous signale encore que le personnel de cette entreprise n'augmentera pas et se stabilisera aux alentours de 460 employés, comme c'est déjà le cas aujourd'hui.

Si la commission des pétitions comprend parfaitement l'inquiétude des riverains quant à l'aménagement du secteur de la route de Jussy incriminé dans cette pétition, elle comprend aussi le souci des autorités de la commune de Thônex qui ont choisi cette zone afin de prétériter le moins de communiers possible.

La commission prend acte de la volonté des autorités thônésiennes d'aménager dans cette zone des giratoires afin d'assurer la fluidité du trafic, et amoindrir autant que possible les nuisances sonores.

De ce fait, la commission par 11 oui (lib., rad., dc., pdt., soc.) et 2 abstentions (peg.) vous propose, Mesdames et Messieurs les députés, de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement.

Débat

Mme Béatrice Luscher(L), rapporteuse. Je demande seulement trente secondes. Cela n'a aucun rapport avec la pétition. Siégeant depuis quatorze ans dans cette enceinte, c'est la dernière fois que je prends la parole... (Rires.)

Par hasard, j'ai eu l'occasion de lire hier dans le rapport d'un cardiologue californien ce petit texte qui m'a beaucoup amusée. Il était écrit qu'un enfant rit plusieurs centaines de fois par jour, et un adulte quinze fois seulement. Ce cardiologue disait que le rire relaxe, réduit le stress et rend l'être humain plus créatif et plus performant. Je suis sûre que vous continuerez vos travaux avec sérieux, mais aussi avec sourire et gaîté, car le rire entre collègues est très important.

J'aimerais vous remercier de toute la gentillesse que vous m'avez témoignée pendant toutes ces années. Quant à moi, je rentre à la maison. Je rentre à Troinex et j'espère bien que vous viendrez boire un verre, soit chez moi, soit à la mairie. Merci à tous et bonne chance ! (Chaleureux applaudissements.)

M. David Lachat (S). C'est très joli de nous inviter au rire, mais vous nous faites pleurer en nous quittant ! (Mme Luscher se lève et va embrasser M. Lachat, sous les rires de l'assemblée et de la présidente.)

Mises aux voix, les conclusions de la commission (dépôt sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées.