République et canton de Genève

Grand Conseil

P 807-B
18. Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la pétition : Danse et expression corporelle. ( -) P807
 Mémorial 1988 : Annoncée, 3078. Lettre, 3776.
 Mémorial 1989 : Rapport de la commission, 7070.

Le 6 juin 1988, quatre associations (Association pour le ballet Genève, Association des écoles de danse de Genève, Association pour la danse contemporaine, Association pour la danse et le théâtre) déposaient une pétition en faveur du développement de la danse et de l'expression corporelle à Genève. Dans ce texte, adressé conjointement au Grand Conseil et au Conseil municipal de la Ville de Genève, les pétitionnaires demandaient aux pouvoirs publics:

 de définir une politique cohérente en la matière, notamment pour la formation, la création et la diffusion;

 de mettre en oeuvre les moyens nécessaires au développement des deux domaines concernés;

 de prévoir des lieux appropriés pour ces artistes.

Après avoir auditionné les responsables de ces associations, la commission de l'enseignement et de l'éducation acceptait cette pétition le 27 septembre 1989 et l'envoyait au Conseil d'Etat. Les échanges au sein de cette commission furent l'occasion d'évoquer, en particulier, les difficultés rencontrées par les écoles de danse, le manque de formation à un niveau supérieur et les problèmes de salle qui entravent la production de spectacles chorégraphiques. Ils débouchèrent sur l'idée de créer une Ecole supérieure de la danse et d'art chorégraphique (ESDAC) destinée à accueillir les meilleurs élèves des différentes écoles.

Le projet d'une école supérieure

L'étude d'une telle formation fut entreprise par une commission ad hoc qui parvint, au terme de dix séances de travail, à en déterminer le cadre. Il fut ainsi imaginé que l'ESDAC serait intégrée dans les structures du Conservatoire de musique de Genève, dont le directeur présiderait le Conseil de direction. Les grandes lignes d'un règlement d'études, d'un plan provisoire d'organisation et d'horaire des cours furent dessinées. Selon l'estimation du groupe d'étude, cette formation professionnelle de haut niveau devait occasionner des frais de fonctionnement annuels de 743'956 F, qui n'auraient été couverts que par un montant insignifiant d'écolage (22'500 F). Avec les charges des locaux, le coût pour la collectivité publique risquait en fait d'avoisiner 1 million de francs de subvention.

Un contexte financier défavorable

Ce projet d'introduire une nouvelle formation surgit à un moment défavorable (hiver-printemps 91), caractérisé par la dégradation des finances de l'Etat. Dans la pesée d'intérêts qui mettait dans les deux plateaux de la balance, d'un côté le besoin d'une formation supérieure de danse, et de l'autre la capacité financière du canton d'absorber une nouvelle dépense, le choix pour le second terme de l'alternative s'imposa.

Outre une nécessité d'économie, ou plutôt en rapport avec celle-ci, deux considérations jouèrent un rôle dans ce renoncement : le fait que les trois écoles de musique, dont le Conservatoire de musique de Genève, connaissent déjà des difficultés matérielles pour accueillir tous les élèves voulant s'initier à la pratique musicale, et que la priorité était de résorber, si faire se pouvait, leur liste de jeunes en attente d'inscription. L'autre élément pris en compte fut que des cours de danse au plus haut niveau devaient s'inscrire, certainement, dans une étude plus globale et une prise en charge financière coordonnée, à l'échelle romande et pour l'ensemble des arts de la scène (danse, théâtre).

Dans une telle perspective, le département de l'instruction publique reste prêt à engager avec ses homologues de la Suisse romande, et en particulier Vaud, une réflexion de fond qui comprendrait le regroupement des écoles de théâtre, la création d'une institution supérieure de danse et la mise en place de formation pour d'autres métiers de la scène (techniciens, metteurs en scène) et pour la gestion des structures (directeurs, administrateurs).

Les mesures en faveur de la danse

Sans attendre cette analyse globale, le département de l'instruction publique n'a pas voulu rester insensible aux problèmes des chorégraphes. Dans des temps difficiles, à l'intérieur de ses crédits culturels limités, et sans disposer de salles (à l'exception de l'Alhambra au cahier des charges contraignant), il a pris en 1992 et 1993 plusieurs initiatives en faveur de la danse, à savoir :

 attribution d'un contrat de développement à une compagnie (100 % Acrylique) pour une durée de 3 ans et un montant annuel de 100'000 F ;

 attribution d'un contrat d'accompagnement pour deux chorégraphes souhaitant se perfectionner à New York ;

 promesse d'attribution de deux ou trois bourses à de jeunes danseurs évoluant dans une compagnie de ballet à vocation préprofessionnelle ;

 octroi de subventions ponctuelles, par le fonds culturel, pour des projets de chorégraphie (184'500 F en 1992), attribution de soutiens financiers ponctuels pour la participation de compagnies à des manifestations à l'étranger ;

 participation à l'organisation des portes ouvertes (devenues en 1993 «la Vitrine de la danse suisse») du Ballet du Grand Théâtre: 3'100 élèves de l'enseignement primaire ont assisté à ces représentations.

Au-delà de ces mesures, le département de l'instruction publique reste, encore une fois, disposé à s'associer à une étude, qui aborderait les conditions d'existence et de développement de la danse à Genève, convaincu qu'il est de l'importance de cette discipline artistique qui participe à un phénomène de société: la redécouverte du corps.

Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.

 

La séance est levée à 23 h.