République et canton de Genève

Grand Conseil

P 994-A
17. Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : Horaire d'enseignement au CEPIA. ( -) P994
 Mémorial 1993 : Annoncée, 2423.
Rapport de Mme Yvonne Humbert (L), commission des pétitions

Lors de sa séance du 17 mai 1993, la commission des pétitions, sous la présidence de Mme Fabienne Bugnon, reçut deux élèves du CEPIA.

Ces jeunes pétitionnaires nous font savoir que les cours de leur école débutent à 7h15, une heure plus tôt que dans les autres écoles genevoises et que, pour eux, il est difficile de se concentrer sur des sujets difficiles à une heure aussi matinale. En outre, ils aimeraient avoir une pause plus longue à midi et proposent de remplacer les heures de cours manquantes par une demi-journée de cours supplémentaire, ce qui leur permettrait de suivre des cours de connaissances générales plus attractifs. Ils nous informent encore que les trois quarts des classes du CEPIA commencent leurs cours selon l'horaire 8 h - 17 h et que seul un quart des classes suit l'horaire 7h15 - 16 h.

En réponse à plusieurs questions posées par des commissaires, il s'avère que les apprentis sont solidaires avec cette pétition. Les problèmes ici évoqués ont été discutés avec certains de leurs professeurs et la direction fut informée de cette démarche auprès de la commission des pétitions.

Audition de M. H. Glatz, directeur du CEPIA

Lors de sa séance du 7 juin 1993, M. Glatz nous informa que le problème de l'horaire d'enseignement au CEPIA n'est pas nouveau, il se pose depuis 4 à 5 ans. Selon le règlement fédéral en vigueur, les élèves fréquentant des écoles professionnelles sont tenus de suivre 9 heures de cours par jour. 63 professions sont enseignées au CEPIA et toutes sont régies par le même règlement fédéral. Il faut également savoir que la loi sur le nouveau «bac» professionnel et l'apprentissage requerra 9 heures de cours, deux fois par semaine. M. Glatz convient qu'il serait préférable de répartir ces 9 heures de cours sur deux demijournées plutôt que sur une seule journée. Cela poserait néanmoins certaines difficultés au niveau de l'organisation des cours au sein de l'école, notamment une perte de temps pour les élèves ayant de longs trajets à effectuer et il est fort probable que les associations professionnelles n'accepteraient pas cette proposition; l'apprenti, dans la plupart des cas, ne pourrait reprendre son travail à l'heure habituelle. Il ne faut pas oublier que la pratique représente la base d'un apprentissage.

Comme évoqué déjà par les pétitionnaires, un tiers des classes du CEPIA commencent leurs cours à 7h15, et les deux tiers à 8h10. Par ailleurs, M. Glatz est d'avis que, dans la grande majorité, les apprentis préfèrent commencer leurs cours à 7h15, afin de terminer leur journée de travail plus tôt l'après-midi, à savoir à 16h15, il leur est encore possible de pratiquer d'autres activités, notamment des activités sportives.

Notre interlocuteur est non seulement directeur du CEPIA mais aussi enseignant et préfère enseigner à 7 h qu'en fin de journée, les élèves étant nettement plus réceptifs le matin qu'en fin de journée. Il attire notre attention sur le fait que les métiers enseignés dans son établissement requièrent de la part des apprentis une qualification deux fois plus importante qu'il y a 20 ans. Il est conscient que les journées d'un apprenti sont chargées. Toutefois, les enseignants essaient au mieux d'équilibrer les cours impartis aux élèves en fonction des problèmes d'organisation dans l'école.

En ce qui concerne la cafétéria, il est vrai qu'à certains moments de la journée, des files se forment et que fatalement 50 à 100 élèves se retrouvent en ce lieu. M. Glatz a pu constater que tous les élèves avaient terminé de prendre leur repas, au moins 10 à 15 minutes avant la reprise des cours.

Profitant de la présence de notre invité, la notion de culture générale fut évoquée, branche difficile à enseigner car tous les apprentis ne sont pas attirés par ce genre de matière bien que les notes obtenues en culture générale comptent pour un quart dans l'obtention du certificat fédéral de capacité.

Extrait du «Règlement d'apprentissage et d'examen de fin d'apprentissage»

Au chapitre des généralités traitant du programme d'enseignement professionnel, il est dit, quant à l'horaire: «L'enseignement obligatoire est dispensé si possible à raison d'un jour entier et d'un demi-jour d'école par semaine. Un jour d'école ne doit pas comprendre plus de neuf leçons, un demi-jour plus de cinq, gymnastique et sport inclus.»

Au point deux, il est dit: «Le nombre des leçons et leur répartition sur les années d'apprentissage font règle. Toute dérogation requiert l'approbation de l'autorité cantonale et de l'OFIAMT.»

Tableau des matières d'enseignementpour les apprentis mécaniciens de machines

40 périodes 1 p/année

Branches

Années

Total

des

1

2

3

4

leçons

1

Mathématiques 

80

40

120

2

Physique 

40

80

40

80

240

3

Connaissance des matériaux 

40

40

40

120

4

Dessin professionnel 

80

40

40

40

200

5

Technologie 

80

80

120

120

400

Eléments de machines

Technique de production

Connaissances des machines

Automatisation

Informatique

6

Electrotechnique 

40

40

80

80

240

7

Français 

40

40

40

40

160

8

Connaissances commerciales 

40

40

40

40

160

9

Instruction civique et connaissances économiques 

40

40

40

120

10

Gymnastique et sports 

80

80

80

80

320

Total 

520

520

520

520

2080

Jours d'école par semaine 

Nombre de périodes 

13

13

13

13

Conclusion de la commission

Très intéressé par les auditions sus-mentionnées, l'un des commissaires relève que les directions des cycles devraient avoir le souci de mieux présenter le CEPIA à leurs élèves. Par ailleurs, il faudrait également encourager les directions et le corps enseignant de ces écoles à visiter la manifestation «Portes ouvertes» du CEPIA. Il regrette l'attitude quelque peu fermée et négative des cycles par rapport au CEPIA.

Un autre commissaire relève aussi qu'actuellement il manque des patrons prêts à engager des apprentis. Par ailleurs, il estime que les jeunes ne sont pas toujours bien orientés lorsqu'ils veulent s'engager dans la voie d'un apprentissage et qu'une image plus valorisante devrait être donnée pour les métiers artisanaux tout en relevant le bon travail accompli par l'Office d'orientation et de formation professionnelle dans le domaine de l'information aux élèves des possibilités d'apprentissage dont ils peuvent bénéficier. Cet organisme procède notamment à une relance auprès des entreprises ayant des places vacantes, de sorte à encourager celles-ci à réengager des apprentis ayant échoué à leurs examens.

Consciente de la valeur d'une formation professionnelle adaptée et convenant aux aptitudes et aux aspirations de chacun, notre commission ne peut pas adhérer aux voeux exprimés par les pétitionnaires, le règlement étant du ressort de l'OFIAMT.

Au vu des considérations émises par notre commission, elle vous propose, à l'unanimité des membres présents, Mesdames et Messieurs les députés, de déposer cette pétition, à titre de renseignements, sur le bureau du Grand Conseil.

PÉTITION

concernant l'horaire d'enseignement au CEPIA

Les apprentis soussignés tiennent à apporter à votre connaissance les faits suivants:

1. Les cours au CEPIA débutent à 7 h 15: pourquoi cette discrimination? Aucune école du canton ne commence si tôt. Nos intelligences sommeillent à ce moment-là et notre capacité de perception est quasiment nulle. N'est-ce pas là de l'argent mal placé!

2. Les journées de 8 à 9 heures de cours sont trop longues. Notre capacité de concentration et de perception est réduite de beaucoup. Les relations maîtres-élèves deviennent tendues étant donné les fortes tensions nerveuses qui en résultent de part et d'autre. Nous rappelons que la loi sur la formation professionnelle prévoit jusqu'à deux jours par semaine. Certaines professions en bénéficient déjà. Ainsi nous demandons pour des raisons hautement pédagogiques que l'école débute à 8 h et se termine à 15 h 20. Les autres leçons doivent être reportées à un autre jour de la semaine où l'on pourrait ajouter les cours de circulation routière, éducation à la santé, dangers de l'électricité, etc. sans empiéter sur les branches de culture générale.

3. Le temps imparti pour le repas de midi est trop court.

Notre école doit aussi évoluer et obtenir les mêmes conditions de formation que les autres établissements scolaires genevois. La future maturité professionnelle va dans le sens de cette évolution.

N.B.: 300 signatures

M. M. S. Moraz

23, rue de Lyon

1201 Genève

Débat

Mme Yvonne Humbert (L), rapporteuse. Je dois vous transmettre l'avis du chargé des relations entre le cycle d'orientation, les milieux professionnels et le CEPIA. Celui-ci a été étonné des conclusions de la commission. Il les conteste carrément car le cycle d'orientation fait un effort réel pour faire connaître le CEPIA aux différents collèges du cycle.

Mises aux voix, les conclusions de la commission (dépôt sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées.