République et canton de Genève

Grand Conseil

PL 6456-B
21. Rapport intermédiaire du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur l'installation sécurité en cas d'incendie dans les bâtiments de l'Etat de Genève situés dans le secteur Vieille-Ville. ( -) PL6456
 Mémorial 1990 : Projet, 115. Commission, 123. Rapport, 3043. Loi, 3051.

Nous vous rappelons qu'en date du 26 juin 1990, votre Grand Conseil a libéré un crédit de 5'450'000 F destiné à l'installation et l'amélioration de la sécurité en cas d'incendie dans les bâtiments propriété de l'Etat de Genève dans le secteur de la Vieille-Ville. Il s'agissait de mettre en place un système efficace de prévention contre l'incendie tenant compte de la valeur inestimable des bâtiments historiques en question en raison de leur caractère irremplaçable. Certains incendies de bâtiments historiques avaient mis en évidence cette nécessité qui a encore été rappelée lors du tragique incendie de pont couvert à Lucerne.

La commission des travaux du Grand Conseil avait demandé que seule une première tranche de travaux portant sur certains des dix-huit bâtiments retenus pour la mise en place d'installations de sécurité soit réalisée et qu'un rapport soit présenté sur ces travaux au Grand Conseil avant qu'une seconde tranche de travaux ne soit engagée. Tel est le but du présent rapport.

Pour déférer au voeu exprimé par le Grand Conseil, le département des travaux publics a retenu une première tranche de sept immeubles représentant ainsi le tiers des bâtiments évoqués dans le cadre du crédit précité.

Les travaux n'ont pu être effectivement engagés qu'à partir de 1991 pour quatre immeubles et pour le solde qu'à partir du printemps 1992. Vu la complexité des travaux ainsi que les contraintes résultant de la nature des lieux et du fait que les locaux sont utilisés, seuls quatre immeubles ont pu être mis en service durant la deuxième moitié de 1992 (à savoir les immeubles 1, 2 et 6, rue de l'Hôtel-de-Ville et 2, rue Daniel-Colladon), les travaux étant en voie d'achèvement dans les trois autres immeubles (à savoir les bâtiments 11 et 14, rue de l'Hôtel-de-Ville et 2, rue Henri-Fazy).

Les comptes venant d'être bouclés pour les quatre premiers immeubles, il est possible de les présenter ci-après avec une estimation du coût des travaux dans les trois autres immeubles.

Débat

M. Armand Lombard (L). Vous aurez remarqué, je l'espère, que ce présent rapport a deux étages. Il est de facture très dissemblable. Le premier étage nous explique et donne le détail très complet de la dépense de 1,7 million environ pour améliorer la sécurité incendie de quatre immeubles de notre patrimoine et le second, très différent, demande une poursuite des travaux de ce projet, à savoir une dépense de l'ordre de 3 à 4 millions nouveaux.

Pour le premier étage, j'applaudis mollement.

Pour le second, voyons la chose en commission, et je dis même sursoyons pour quelques années, car nous faisons du luxe. J'entends bien sûr M. le chef du département invoquer la sécurité, cet argument qui rassasie le Suisse assis sur son bien-être. Je vous entends, Monsieur, évoquer les risques épouvantables des incendies destructeurs. Nous allons avoir dans quelques instants sous les yeux l'incendie de 1634 du grand Londres et sa cohorte de sans-abri démunis et hagards. Nous allons avoir la Tour infernale et l'héroïque Schwarzenegger, et le clou de votre argument, je pense que ce sera le pont de Lucerne.

Pourtant, que l'on ne s'y trompe pas. Il y a des pompiers en grand nombre et super-équipés dans la cité. Des alarmes automatiques sont déjà mises en place. Référez-vous au précédent rapport pour vous en convaincre. Il y a des mesures préventives publiques et privées dans tous les immeubles de la ville.

Le système qui nous est proposé n'apporte un plus que pour avertir un peu plus rapidement les pompiers d'un désastre qui se prépare, mais c'est l'affaire de quelques secondes gagnées.

Puisque ce Grand Conseil a demandé un rapport intermédiaire au Conseil d'Etat, je pense qu'il sera bon de revoir et d'étudier ce rapport en commission. Je suis d'avis que cette dépense peut être remise à des jours meilleurs où les finances de la République permettront à nouveau ce genre de luxe prohibitif. Je propose donc le renvoi en commission.

M. Christian Grobet, président du Conseil d'Etat. Il est évident que ce rapport devait être renvoyé en commission puisque, selon la loi votée en son temps, il appartient au Grand Conseil de décider si l'on engage une deuxième étape. A mon avis, il faut analyser ce que nous avons entrepris comme travaux, car tel était le but du rapport. Ensuite, sur la base de cette analyse, examiner la nécessité d'engager une nouvelle étape.

Monsieur Lombard, vous avez fait allusion à des mesures préventives permettant d'alerter la centrale d'interventions du service du feu. Nous souhaitons précisément les installer dans des bâtiments qui ne sont pas équipés d'une telle installation.

Il est bien entendu que nous mettons systématiquement ces installations dans les bâtiments récents construits par l'Etat de Genève. L'analyse concerne uniquement les bâtiments anciens qui ont été construits voilà quelques centaines d'années. La technologie de l'époque ne permettait pas ce genre d'installations. Une appréciation délicate d'opportunité est à faire quant au fait de savoir quels bâtiments doivent être équipés de ce genre de technique et quelle doit être l'ampleur de ces mesures.

On peut évoquer des cas d'incendie, et je ne parlerai pas du plus récent que vous avez signalé, mais je me permets simplement de relever que la presse a indiqué tout récemment, en ce qui concerne l'incendie du garage d'un magasin à succursales multiples dans le quartier des Eaux-Vives, que si on avait installé des «sprinkler» dans ce parking, comme cela se fait depuis lors dans d'autres parkings, on aurait évité des dégâts considérables. Il est vrai que ces installations peuvent être extrêmement efficaces. On pourra en discuter calmement en commission.

Je désire que vous compreniez la préoccupation du département qui porte sur des bâtiments qui, à mon avis, ne peuvent pas être estimés en argent car ils ont une valeur inestimable. On peut toujours dire, bien sûr, qu'un bâtiment vaut tant de millions, mais nous avons porté nos propositions sur des bâtiments historiques sur lesquels un incendie important aurait des conséquences particulièrement préjudiciables.

Hélas, nous devons constater que depuis certaines années, les actes de malveillance se sont considérablement développés à Genève, comme ailleurs. Du reste, nous avons - que vous le sachiez ! - sensiblement renforcé les équipes de surveillance qui sont efficaces. J'en ai eu la preuve cet été pour Genève-Plage par exemple, où, à la suite de la mise en place d'un surveillant et de la mise sous lumière de Genève-Plage, nous avons évité toutes les déprédations apparues depuis deux ou trois ans.

Auparavant, nous ne connaissions pas ces faits. Il y a là un véritable phénomène de société. L'été dernier, par exemple, une série d'incendies ont été provoqués - il faut hélas le dire - par des incendiaires, des malades ou des gens ayant un esprit criminel. Nous sommes donc obligés d'apprécier cette situation. Il me semble erroné de qualifier ces précautions de luxe. Toutefois il nous faudra examiner cette situation avec attention.

Mise aux voix, la proposition de renvoyer ce rapport à la commission des travaux est adoptée. 

 

La séance est levée à 23 h.