République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 26 septembre 2025 à 14h
3e législature - 3e année - 4e session - 19e séance
M 2882
Débat
La présidente. Nous passons à la M 2882. Comme il s'agit d'un délai de traitement dépassé 2, la motion ne peut plus être renvoyée en commission. Madame Bartolomucci, vous avez la parole.
Mme Céline Bartolomucci (Ve), députée suppléante. Merci, Madame la présidente. Eh bien, nous voilà arrivés à la fin du deuxième délai de traitement pour cette motion déposée en novembre 2022, après un important épisode de sécheresse, ce qui confirme le sentiment que j'ai précédemment exprimé sur la gestion de l'eau dans ce canton: prenons notre temps, tout va bien ! Est-ce du déni ? On se le demande.
La sécheresse de 2022 a montré d'énormes fragilités. Les épisodes de pollution des rivières genevoises se succèdent mois après mois, et je vous invite à regarder Léman Bleu aujourd'hui: nous avons appris il y a quelques heures seulement que l'eau potable de Genève est à nouveau polluée, cette fois par du 1,2,4-triazole (un résidu de pesticide), avec des concentrations sept fois supérieures à la norme autorisée. On voit donc que les choses se poursuivent comme d'habitude et on se retrouve là, à nouveau, avec une motion dont tout le monde se fiche ! Je vous avoue que ça me... Je ne comprends pas trop les priorités de ce parlement !
Cette motion et toutes les autres en attente rappellent en tout cas une évidence: l'eau est un bien commun vital et Genève doit se doter d'une stratégie ambitieuse pour la préserver. Vous me direz que la loi sur les eaux est en cours de traitement; eh bien, c'est une raison de plus pour y intégrer cette motion ainsi que toutes les autres portant sur ce sujet. Aujourd'hui, notre ressource est à nouveau menacée, et plus seulement par la pollution, mais aussi par notre position attentiste et notre indifférence. Nous n'avons plus le luxe d'attendre: il nous faut anticiper, réduire les usages, accompagner les agriculteurs et les industries vers des pratiques durables et renforcer la coopération. Encore un rappel de bon sens: l'eau n'est pas illimitée, elle est notre bien commun le plus précieux. Merci de soutenir cette motion. (Applaudissements.)
M. François Erard (LC). Chers collègues, effectivement, l'eau est un bien précieux qu'il faut absolument préserver. Cela étant dit, concernant ce qu'a évoqué la préopinante - vous transmettrez, Madame la présidente -, à savoir que le Grand Conseil se fiche éperdument de l'eau, c'est parfaitement faux ! (Remarque.) Nous travaillons depuis des mois, à la commission de l'environnement et de l'agriculture, sur le projet de loi sur les eaux, sur la future nouvelle loi sur les eaux.
Je voudrais corriger certaines choses, parce que c'est un peu facile, s'agissant de la pollution - enfin, pollution: on est, je crois, 150 fois en dessous des normes d'acceptabilité - qui a été observée dans le Léman, de toujours dire que c'est les pesticides. En fait, cette pollution et les triazoles sont en premier lieu issus de médicaments ! Les pesticides peuvent aussi être en cause, mais il faut dire toute la vérité parce que c'est un peu facile de taper chaque fois sur le même clou.
Les problématiques abordées par cette motion et les deux suivantes seront intégrées dans la loi sur les eaux; étant donné que nous planchons actuellement sur cette loi, je vous propose pour l'heure de refuser cet objet. Je vous remercie.
M. Thierry Cerutti (MCG). Effectivement, toute la question de l'eau est un sujet important; on le voit, ça fait d'ailleurs une semaine qu'on est sous l'eau ! (Rires.) Et moi, ce qui m'étonne quand même un peu, c'est que cette commission de l'environnement ne siège pas constamment (il y a des jeudis où elle ne siège pas; alors ce n'est pas la faute du président actuel, les causes sont peut-être autres) et qu'on arrive ce jour en plénière avec une problématique qu'elle n'a pas eu le temps de traiter !
Malheureusement, on ne peut pas renvoyer cet objet en commission; ça aurait été intéressant de lier ce point-là aux deux motions qui suivent, deux motions déposées par le MCG qui vont exactement dans la même direction, avec peut-être des solutions différentes. Mais ce serait important, puisqu'on ne peut pas renvoyer cette motion en commission, de la retirer et de la redéposer afin de la traiter ensuite avec les deux textes MCG, la M 2928 et la M 2942. J'invite donc les Verts à retirer leur motion et à la redéposer de façon qu'on puisse traiter ces objets ensemble à la commission de l'environnement, parce que j'ai bien peur qu'elle soit refusée si on la vote sur le siège. Merci.
La présidente. Merci, Monsieur le député. La parole est à Mme Sirolli - M. Sirolli, pardon ! (Rires.)
M. Geoffray Sirolli (PLR). Merci, Mons... Madame la présidente ! (L'orateur rit. Rires.) Je vais peut-être rappeler à mes collègues Verts et MCG pourquoi on en est arrivé là aujourd'hui: c'était une volonté de la commission, dont nous avons discuté tous ensemble, d'aborder de façon conjointe toute la thématique de l'eau dans le cadre de la grande loi sur les eaux que nous traitons actuellement à la commission de l'environnement. Nous savons donc bien que nous sommes aujourd'hui arrivés à la fin du délai de traitement: c'est justement parce que cette loi sur les eaux nous occupe depuis de longs mois déjà - elle est extrêmement importante pour notre canton et pour les citoyens genevois - que nous atteignons ces délais-là.
L'ensemble des réponses à ces motions seront dès lors apportées à travers le traitement de cette loi sur les eaux; si vous voulez redéposer un énième objet pour à nouveau faire un peu d'administratif supplémentaire et continuer à rajouter des couches et des couches et des couches, pour après se plaindre que l'Etat, que les charges de l'Etat augmentent, vous pouvez le faire. De notre côté - je rejoins les propos de l'excellent député Erard...
Une voix. Bravo !
M. Geoffray Sirolli. ...sur l'ensemble de ce projet -, nous refuserons toutes ces motions; nous ne les refusons évidemment pas sur le fond, mais bel et bien parce qu'elles seront traitées au travers de la loi sur les eaux. Merci beaucoup. (Applaudissements.)
Des voix. Bravo !
Mme Léna Strasser (S). En effet, nous traitons en ce moment la loi sur les eaux à la commission de l'environnement. A notre sens, cette motion peut tout à fait être renvoyée au Conseil d'Etat, puisque ce qu'elle demande pourra finalement, nous l'espérons, être inclus dans la loi sur les eaux à la fin de nos débats. Les deux autres motions en sont quant à elles à leur premier délai de traitement dépassé et nous pouvons les renvoyer en commission pour les traiter avec la loi. C'est ce que je vous proposerai de faire, tout en acceptant cette motion Verte. Merci. (Applaudissements.)
M. Lionel Dugerdil (UDC). Pour répéter ce qu'ont dit tous mes préopinants, nous sommes effectivement en train de traiter le projet de loi sur les eaux en commission et les demandes de ces motions sont parfaitement intégrées dans le projet de loi à venir. Il est regrettable que les Verts n'aient pas suivi, avant cette plénière, la proposition de M. Cerutti, sachant que le délai de traitement était dépassé; dès lors, nous refuserons cette motion et nous vous invitons à renvoyer les deux autres à la commission de l'environnement. Merci, Madame la présidente.
M. Raphaël Dunand (LJS). Je ne vais pas répéter ce qui a déjà été dit, mais tout simplement vous signaler que le groupe LJS soutient les demandes relatives aux deux prochaines motions, c'est-à-dire le renvoi en commission, afin de les traiter avec le projet de loi sur les eaux sur lequel nous travaillons en ce moment. Et puis refusons la présente motion, parce que, le département l'a répété en commission, elle a été entièrement intégrée dans le projet de loi sur les eaux. Merci.
La présidente. Merci, Monsieur le député. Mesdames et Messieurs, nous passons au vote.
Mise aux voix, la proposition de motion 2882 est rejetée par 53 non contre 30 oui (vote nominal).