République et canton de Genève

Grand Conseil

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M 2996-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la motion de Sylvain Thévoz, Alia Chaker Mangeat, Sophie Bobillier, Skender Salihi, Marjorie de Chastonay, Nicole Valiquer Grecuccio, Leonard Ferati, Léo Peterschmitt, Jean-Charles Rielle, Caroline Renold, Emilie Fernandez, Dilara Bayrak, Marc Saudan, Arber Jahija, Léna Strasser, Angèle-Marie Habiyakare, Julien Nicolet-dit-Félix, Céline Bartolomucci, Laura Mach, Sophie Demaurex, Lara Atassi, Jean-Pierre Tombola, Gabrielle Le Goff, Jacklean Kalibala, Pierre Eckert, Thomas Bruchez, Xhevrie Osmani, Souheil Sayegh, Thomas Wenger, Grégoire Carasso : Gaza : Genève peut, Genève doit agir

Débat

La présidente. Nous nous penchons sur la M 2996-B (catégorie III). Je cède la parole à M. Thévoz.

M. Sylvain Thévoz (S). Merci beaucoup, Madame la présidente. Nous avons pris connaissance avec attention de la réponse du Conseil d'Etat - de sa deuxième réponse - à la motion «Gaza: Genève peut, Genève doit agir». Il y a l'émergence d'actions, l'exécutif en relève deux nouvelles par rapport au dernier rapport. D'abord, il fait preuve d'une certaine volonté, je dirais. Je le cite: «Le Conseil d'Etat est prêt à étudier, en collaboration avec la Confédération et les HUG, les modalités pratiques permettant l'accueil de patientes et patients [...].» Nous saluons ce geste, mais estimons qu'il faut aller plus loin. Puis, il y a le soutien à la fondation Principles for Peace et à l'initiative Uniting for a Shared Future visant à conduire des médiations et à permettre à des entités parties au conflit de se réunir à Genève.

Toutefois, en regard de la situation à Gaza, en regard également de l'évolution des positions de nos voisins, notamment en France et dans d'autres pays - jusqu'à Vevey où un drapeau palestinien flotte maintenant devant la mairie -, nous sommes forcés de constater que ce n'est pas encore assez. Ce n'est pas encore assez en raison du génocide qui a cours en ce moment même à Gaza, ce n'est pas encore assez au vu des moyens que possède Genève, tant sur le plan médical que sur celui des pressions que nous pourrions exercer, de manière certes très civilisée, vis-à-vis du Conseil fédéral, de M. Cassis notamment.

Genève devrait peser davantage, étant le canton hôte des Conventions de Genève; Genève devrait peser davantage face au basculement complet de l'opinion publique. En effet, la majorité de la population n'en peut plus de constater l'inaction actuelle. Genève devrait peser davantage en raison aussi de la cinquantaine de Suisses et de Suissesses sur des bateaux qui sont en train d'être attaqués par des drones, parmi lesquels un certain nombre de Genevois et de Genevoises dont on ignore le nombre - on sait juste qu'il y a un candidat au Conseil d'Etat et, avec lui, d'autres habitants de ce canton. Est-ce que le Conseil d'Etat s'en soucie ? On ne le sait pas, ce n'était pas l'enjeu de cette motion. Vous voyez où je veux en venir: finalement, le texte garde toute son actualité.

La réponse du gouvernement est à son image: timide, réservée, toujours soucieuse de ne pas importer le conflit ici. Or le conflit est là, il est parmi nous, il est dans les communautés, et cette attitude timorée - il faut le dire - de l'exécutif ne nous satisfait pas. Nous demandons un nouveau renvoi de ce rapport à l'expéditeur; comme ça, au moins, tous les trois mois, on entend un petit quelque chose venant du Conseil d'Etat, même si c'est d'une voix faible. (La présidente agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.)

Ce qui est décevant également, c'est de se rendre compte que la grande majorité des éléments contenus dans ce rapport sont des initiatives que nous avons prises nous-mêmes, Mesdames et Messieurs, que nous avons fait voter. Jusqu'à quel point faudra-t-il assister à cette triste passivité du Conseil d'Etat sur un enjeu aussi clivant, aussi important, aussi crucial, non seulement pour l'avenir de la Palestine et de Gaza, mais aussi pour notre démocratie elle-même ?

La présidente. Il vous faut conclure.

M. Sylvain Thévoz. Je conclus: le parti socialiste vous invite à soutenir la demande de renvoi au Conseil d'Etat pour que nous puissions être informés, d'ici quelques mois, des mesures qu'il aura bien voulu prendre à ce sujet. Merci. (Applaudissements.)

M. Philippe de Rougemont (Ve). Les Vertes et les Verts appuient la demande du parti socialiste. Sous cette salle, juste un étage en dessous, en 1864, Genève inventait une convention internationale - la première ! - demandant la neutralité et une protection des populations civiles. Cent cinquante ans plus tard et un étage au-dessus, nous demandons simplement au Conseil d'Etat d'agir, de faire au moins ce qu'a réalisé un docteur genevois, le docteur Salti, qui, malgré les difficultés évoquées dans la réponse du gouvernement, a, lui, réussi à organiser un vol humanitaire, à rapatrier des enfants blessés à Genève dont on a pris soin à l'hôpital cantonal. Nous sommes capables de le faire; oui, c'est difficile, mais c'est en accomplissant des choses difficiles qu'on affirme son caractère.

Malheureusement, cette deuxième tentative de réponse du Conseil d'Etat n'est pas bonne, elle passe à côté de la demande, et il faut la refuser, il faut la renvoyer à l'expéditeur pour qu'elle soit reformulée. Genève peut, Genève doit faire mieux ! (Applaudissements.)

La présidente. Merci, Monsieur le député. Je mets aux voix la proposition de renvoi au Conseil d'Etat.

Mis aux voix, le renvoi au Conseil d'Etat de son rapport sur la motion 2996 est rejeté par 40 non contre 37 oui et 8 abstentions.

Le Grand Conseil prend donc acte du rapport du Conseil d'Etat sur la motion 2996.