République et canton de Genève

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PL 13672-A
Rapport de la commission des travaux chargée d'étudier le projet de loi du Conseil d'Etat ouvrant un crédit d'investissement de 275 500 000 francs en vue de la construction des patinoires et de la requalification de l'espace public sur le site du Trèfle-Blanc de la Ville de Lancy, et autorisant la Fondation des parkings à financer la construction du parc relais de 928 places voitures et 244 places motos, sur le même site, à hauteur de 98 788 000 francs et instituant une garantie d'au maximum 74 091 000 francs en sa faveur pour le financement par emprunt y relatif
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session IV des 25, 26 septembre, 2 et 3 octobre 2025.
Rapport de M. Christo Ivanov (UDC)

Premier débat

La présidente. Nous traitons la prochaine urgence, soit le PL 13672-A, en catégorie II, trente minutes. Le rapport est de M. Ivanov, à qui je cède la parole.

M. Christo Ivanov (UDC), rapporteur. Merci beaucoup, Madame la présidente. Mesdames et Messieurs les députés, la commission des travaux a étudié le PL 13672 lors de deux séances, les 2 et 9 septembre derniers. Comme indiqué par la présidente, il s'agit d'un crédit d'investissement concernant l'espace public sur le site du Trèfle-Blanc, à Lancy.

Je tiens à remercier le président de la commission des travaux, M. Carasso, ainsi que mes collègues pour la célérité avec laquelle les débats ont été menés, avec une mention spéciale pour M. Gorgone, secrétaire scientifique de notre commission. En tout, le traitement de ce sujet - projet de loi, rapport, urgence et, je l'espère, vote de ce soir - aura duré vingt-trois jours, il faut le dire; comme quoi, c'est possible à Genève. Mes remerciements également au département impliqué, à l'OCBA, à la Fondation des parkings, à la commune de Lancy et au GSHC, sans oublier les collaborateurs du DCS sous la houlette de M. Nicolas Kerguen. Merci à toutes et à tous.

Il s'agit d'un projet global aux portes sud de Genève, touchant les communes de Lancy et de Plan-les-Ouates, en lien avec le développement des futurs quartiers de La Chapelle-Les Sciers et des Cherpines. C'est un ouvrage d'aménagement majeur pour l'avenir de notre canton; il s'inscrit dans la nécessaire construction d'infrastructures sportives et sociales pour notre canton. En effet, le sport est le parent pauvre de Genève, dont les équipements sont vétustes, parfois obsolètes.

Le projet du Trèfle-Blanc a fait l'objet d'un concours en mars 2024 dont le lauréat est un bureau d'architectes genevois; il prévoit la construction d'un complexe sportif avec deux patinoires, d'un bâtiment d'activités aux normes Minergie, d'une crèche-garderie, de restaurants, d'une salle communale et d'une bibliothèque.

Des aménagements extérieurs seront nécessaires: il y aura d'importants travaux de génie civil pour modifier des giratoires, notamment un grand chantier au niveau de la route de Saint-Julien - je pense que les Services industriels auront beaucoup de travail -, inverser la boucle du tram, intégrer 203 arbres et créer des aménagements extérieurs (végétalisation, etc.).

A cela s'ajoute un parking de 928 places voitures et 244 places motos pour un montant de 98 788 000 francs. L'ouvrage est piloté par la Fondation des parkings: ce sera un P+R financé pour 25% avec ses fonds propres, le solde par l'emprunt. Ce «park and ride» évitera aux automobilistes de percoler dans la commune de Lancy: il y aura une arrivée depuis l'autoroute et donc un retour direct par cette même autoroute. Je rappelle que la commune de Lancy a voté à l'unanimité une résolution allant dans ce sens.

Les débats de commission ont été nourris. L'augmentation du crédit d'investissement passait mal pour certains commissaires, mais les explications de l'OCBA ont été précises et justifiées. Des questions sur la gouvernance et l'exploitation via la future société anonyme détenue par des acteurs publics de même que sur l'utilisation de deux patinoires ont été posées.

La patinoire des Vernets continuera à fonctionner vu l'importante demande de glace tant pour les jeunes hockeyeurs, le patinage artistique que le public et les écoles. Un nouvel équipement est vital pour le GSHC, qui est sous un régime dérogatoire de la Swiss National League; il s'agit de lui garantir un temps d'entraînement suffisant et des infrastructures dignes d'un club champion suisse en 2023 et champion d'Europe en 2024. La patinoire des Vernets n'est plus aux normes malgré de conséquents travaux financés par la Ville de Genève, qu'il convient ici de remercier.

Le vote de la commission des travaux était le suivant: 13 oui contre 1 non et 1 abstention. La majorité vous demande d'adopter l'entrée en matière sur le PL 13672, puis d'accepter ce projet qui s'inscrit dans l'aménagement des quartiers existants et des nouveaux quartiers du sud de notre canton, comme La Chapelle-Les Sciers et les Cherpines. Les communes de Genève, de Lancy et de Plan-les-Ouates ont besoin de cette magnifique enceinte tant attendue par la population et les sportifs de notre canton. Oui au Trèfle-Blanc, un projet ambitieux et attrayant !

M. Jean-Louis Fazio (LJS). Chères et chers collègues, pour LJS, ce projet repose sur une étude bâclée qui aboutit à des approximations, à des manquements, à des erreurs autour de la Praille, de Lancy et de Plan-les-Ouates, et surtout à un plan financier pas crédible. Une Genferei de plus dont nous n'avons pas besoin.

En effet, l'étude est incomplète. On nous demande 275 millions pour construire une patinoire et 98 millions pour un P+R, plus une garantie publique de 74 millions, mais aucun compte d'exploitation consolidé n'est présenté, c'est de l'amateurisme ! La future SA en mains publiques a été évoquée, mais non chiffrée. La clé de répartition des charges entre l'Etat, Lancy et le Genève-Servette Hockey Club est absente. Le loyer cible, les hypothèses de recettes («naming», restauration, droits de superficie) ne sont pas documentés. Voter sans budget prévisionnel, c'est signer un chèque en blanc, c'est dangereux.

Ensuite, rien sur la mobilité durant le chantier; les Genevois apprécieront ! Dans le dossier, il est mentionné que des schémas de circulation détaillés arriveront plus tard. Or on précise quand même les points suivants: une excavation jusqu'à 20 mètres de profondeur, le déplacement de la boucle de tram des lignes 12 et 18, des centaines de trajets de camions et traits de déblais pendant deux ans. Qui paiera les surcoûts logistiques ? Qui assumera les pertes de productivité dans les zones industrielles de Plan-les-Ouates et de la Praille, déjà saturées aux heures de pointe ? On voit déjà les commerçants qui souffrent à la rue de Carouge, on en sait quelque chose. Gouverner, c'est prévoir. Sans plan phasé, sans itinéraire obligatoire ni fenêtre-horaire, nous fabriquerons des bouchons.

Enfin, il y a le risque pour le contribuable: on nous promet que ça ne coûtera rien au niveau cantonal, mais on externalise à Lancy l'exploitation de la glace et l'entretien du parvis tandis que l'Etat cautionne l'emprunt du parking; s'il y a dérapage, la garantie tombera et la responsabilité incombera aux pouvoirs publics.

Mesdames et Messieurs, LJS est en faveur d'une nouvelle patinoire, celle des Vernets étant obsolète; LJS est fier de notre équipe Genève-Servette. Nous ne voulons pas faire figure de «Nein-Sager» sans contre-proposition, mais nous tenions à relever les incohérences de ce dossier. Notre position est constructive: nous demandons un renvoi à la commission des travaux jusqu'à l'obtention d'un plan de mobilité durant le chantier (phasage, flux des véhicules) validé par la police et les TPG, la présentation d'un plan d'exploitation pluriannuel avec recettes et dépenses, différents scénarios pour le loyer du GSHC et engagements chiffrés pour Lancy. Je vous remercie.

La présidente. Merci, Monsieur le député. Je redonne la parole au rapporteur sur la proposition de renvoi en commission.

M. Christo Ivanov (UDC), rapporteur. Oui, merci, Madame la présidente. Il convient de refuser le renvoi en commission.

La présidente. Merci bien. Nous procédons au vote.

Mis aux voix, le renvoi du rapport sur le projet de loi 13672 à la commission des travaux est rejeté par 63 non contre 17 oui.

La présidente. Nous poursuivons le débat, et la parole va à M. Béné.

M. Jacques Béné (PLR). Merci, Madame la présidente. Je tombe des nues, Mesdames et Messieurs. On savait que LJS avait reçu le puck, mais pas à ce point-là... (Rires.) Il n'y a jamais eu une seule remarque pendant les séances de commission sur le sujet, le commissaire s'est abstenu lors du vote final, et là, tout à coup... Ça sent franchement les vexations entre un conseiller d'Etat revenant et un conseiller d'Etat sortant ! Vous m'excuserez, Mesdames et Messieurs de LJS, mais on n'est pas là pour gérer ça, on n'est vraiment pas là pour gérer ça.

Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, le PLR soutiendra ce projet de loi relatif à la construction des patinoires du Trèfle-Blanc et surtout à la requalification de l'espace public concerné dans la commune de Lancy. Cet ouvrage, vous le savez tous, est attendu depuis plus de quinze ans; il répond à une nécessité sportive, à une nécessité sociale, à une nécessité territoriale; il est ambitieux, il est structurant, il est porteur d'une dynamique positive pour notre canton, même si la communication du Conseil d'Etat sur ce dossier a été absolument déplorable.

Cependant, notre soutien s'accompagne de réserves claires que nous souhaitons exprimer ici. D'abord, nous saluons l'engagement de la commune de Lancy, qui a confirmé sa volonté de participer activement à l'exploitation de la patinoire secondaire et à l'entretien du parvis; cette implication, bien qu'elle ne soit pas financière au niveau de l'investissement, est essentielle pour garantir la gouvernance équilibrée souhaitée ainsi qu'une gestion cohérente des infrastructures. Nous prenons donc acte de la résolution votée par le Conseil municipal de Lancy et du souhait de la commune d'assumer ses responsabilités et les charges importantes qui seront liées au fonctionnement de l'enceinte.

Ensuite, nous sommes inquiets et resterons très vigilants en ce qui concerne la gouvernance future du site. Le modèle évoqué de société anonyme en mains publiques reste encore à préciser. Nous attendons du Conseil d'Etat qu'il revienne rapidement avec un projet de loi clair sur la création de cette société anonyme qui inclura les modalités de participation des différents partenaires (la Ville de Lancy, peut être le GSHC ou d'autres acteurs). Il est impératif que cette gouvernance soit vraiment transparente, c'est ce que nous escomptons: qu'elle soit efficace et financièrement soutenable, pour éviter ce qu'on a connu avec la Fondation du Stade de Genève.

Nous avons également entendu les assurances du Conseil d'Etat selon lesquelles l'exploitation ne coûtera rien aux contribuables genevois. C'est une promesse forte qui se fonde sur les recettes attendues («naming», DDP, loyers, etc.), et nous serons attentifs à ce qu'elle soit tenue. Enfin, nous insistons sur la nécessité de maîtriser les coûts, chiffrés à 275 millions. On sait que ça va nous coûter un bras, on espère juste que ça ne nous en coûtera pas deux.

En conclusion, nous acceptons ce projet de loi avec enthousiasme, mais aussi avec responsabilité. Nous serons des partenaires constructifs et responsables pour que cette infrastructure soit à la hauteur des attentes des Genevois, des sportifs et des habitants de Lancy. Je vous remercie. (Applaudissements.)

Une voix. Bravo.

M. Philippe de Rougemont (Ve). Le groupe des Verts privilégie d'ordinaire les positions unifiées sur les objets soumis au vote ici, mais quand on n'y arrive pas, eh bien on décide d'accorder la liberté de vote à nos membres. Ce sera le cas ce soir, un peu selon le principe de l'unité dans la diversité.

Pour certaines et certains élus Verts, ce sera oui, ce sera un vote positif en faveur de la patinoire du Trèfle-Blanc, parce que ce projet met en avant l'état de l'art dans le domaine de l'architecture en ce qui concerne le choix des matériaux les plus écologiques et la consommation d'énergie la plus sobre pour refroidir la glace et réchauffer le bâtiment en hiver, parce qu'il est fait meilleur usage des transports publics, notamment du tram, et parce que Genève respectera ainsi les demandes de la fédération de hockey en abritant des matchs dans le cadre des championnats. Voilà la position des personnes au sein du groupe des Verts qui accepteront le crédit.

Pour celles et ceux qui le refuseront, il y a un problème, à savoir qu'une fédération... (Brouhaha.)

La présidente. Excusez-moi, Monsieur le député. S'il vous plaît, un peu de silence !

Une voix. C'est insupportable !

La présidente. C'est insupportable, exactement, c'est ce que j'allais dire. (Rires.) Poursuivez, Monsieur.

M. Philippe de Rougemont. Merci bien. Il y a une question de normes. On nous impose une sorte de diktat selon lequel d'ici 2030, nous devrons avoir construit une patinoire du type Trèfle-Blanc parce que les normes ont changé. Mais les normes de qui ? Les normes d'une fédération internationale de hockey qui organise des championnats et tire profit des contrats de sponsoring et des droits de retransmission télévisée, qui décrète un peu comme ça des oukases à des villes telles que Genève en commandant: «Faites-nous un bel écrin pour organiser nos shows.» Voilà le premier problème.

Le deuxième concerne l'usage de ressources rares que sont les finances, les matériaux de construction et l'énergie pour un projet qui ne s'inscrit pas dans l'objectif d'isolation des bâtiments en lien avec l'urgence climatique que le canton a déclarée.

Voilà, j'espère avoir reflété ainsi les différentes positions respectives à l'intérieur du groupe des Verts et je vous remercie de votre attention. (Applaudissements.) 

M. Jacques Blondin (LC). Mesdames et Messieurs les députés, ce crédit est l'aboutissement de quinze ans de négociations, d'atermoiements, de planifications et de projets divers pour une nouvelle patinoire en remplacement de celle des Vernets, construite en 1954 et ne répondant plus aux normes de la Ligue suisse de hockey sur glace. Ce fut long, c'est long et ce sera long, mais Le Centre espère qu'en ce jour, notre Grand Conseil signera la fin d'une procédure compliquée et permettra le lancement des travaux, pour une exploitation de la nouvelle patinoire prévue, je vous le rappelle, en 2030 seulement.

Je précise qu'en plus de notre équipe professionnelle du Genève-Servette Hockey Club, il y a la relève et la formation du même club ainsi que quantité d'autres équipes - on l'oublie souvent - en recherche de surfaces de glace dans le canton. A ce jour, pour satisfaire leur passion, les juniors de plusieurs clubs et les amateurs doivent se lever tôt, voire se coucher tard, et se déplacer aux mêmes heures indues pour pratiquer leur sport préféré. Certains se rendent jusqu'à la vallée de Joux tous les week-ends pour pouvoir jouer au hockey, faute de place à Genève. Le besoin est donc là, et il est multiple.

Le crédit pour la patinoire du Trèfle-Blanc a beaucoup fait jaser en raison de deux considérations cumulatives. La première, c'est le coût de la patinoire elle-même, car les estimations initiales de l'OCBA basées sur la volumétrie et un prix indicatif au mètre cube s'élevaient approximativement à 150 millions, un montant totalement sous-estimé au regard de la réalité des constructions. A titre d'exemple - il est important de le signifier -, les coûts finaux des patinoires de Lausanne et de Zurich étaient comparables à l'enveloppe financière prévue pour le Trèfle-Blanc. Ce budget a été cité tout à l'heure, il s'agit de 275,5 millions; c'est beaucoup d'argent, on le sait.

Ensuite, le projet de loi présenté par le Conseil d'Etat comprend une articulation complète du projet: en plus des deux glaces, il y a la prise en compte de l'autorisation délivrée à la Fondation des parkings de construire un P+R estimé à 98 millions (928 places autos, 244 places motos) et dont l'usage n'est pas directement lié à la patinoire ainsi que le budget d'aménagement sur le périmètre des transports publics (boucle du tram) et pour les nouveaux giratoires. L'addition de l'ensemble de ces crédits a induit en erreur quantité de personnes, qui ramenaient le montant cumulatif des trois objets à la seule patinoire.

Le Centre soutiendra ce crédit d'investissement, mais restera attentif à la gouvernance du futur complexe du Trèfle-Blanc. Il s'agira de s'assurer que les coûts d'exploitation seront bel et bien couverts par les recettes et qu'aucun argent public ne sera nécessaire pour équilibrer les comptes annuels. L'exemple du Stade de Genève est suffisamment parlant. (La présidente agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.)

Je me permets de finir: lors des auditions à la commission des travaux, le canton, la Ville de Lancy et le Genève-Servette Hockey Club ont pris des engagements, et nous serons là dans quatre ans pour analyser le contenu du projet de loi y relatif et veiller au respect de ce qui a été déclaré.

En conclusion, Mesdames et Messieurs, nous vous invitons à accepter le présent projet de loi. Partez du principe que Genève aura la chance de se doter d'une magnifique double enceinte de glace, ce qui est absolument nécessaire. Merci de faire bon accueil à ce texte.

Une voix. Bravo !

M. Christian Flury (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, le canton de Genève avait été visionnaire dans les années 50, lorsqu'il a fait construire aux Vernets la première patinoire couverte de Suisse: par la suite, elle lui a permis d'accueillir des championnats du monde de hockey sur glace.

Depuis lors, bien de l'eau a coulé sous les ponts de l'Arve, et cette patinoire, malgré de régulières rénovations et mises à jour techniques, est devenue vétuste et ne répond plus aux besoins du hockey moderne. Depuis quelques années déjà, le GSHC est au bénéfice d'une dérogation de la Fédération suisse de hockey sur glace qui lui assure son maintien en National League - la meilleure ligue nationale du pays. La menace d'un déclassement dans une ligue inférieure reste pendante en raison d'installations inadaptées.

Nous avons l'opportunité de créer sur le site du Trèfle-Blanc, qui se trouve dans la commune de Lancy, un «park and ride» de 928 places voitures et de 244 places motos qui se substituera à celui de l'Etoile, dont l'affectation devra changer. Au-dessus, une patinoire moderne prendra place. Mes collègues ont déjà mentionné beaucoup de chiffres, je ne vous les répéterai pas. Le «park and ride» et la patinoire, qui offrira deux surfaces de glace au profit des habitants de Lancy et des environs, seront rapidement complétés par un bâtiment multi-usage ainsi que par une passerelle qui permettra de relier le quartier des Palettes à la patinoire ainsi qu'au quartier de La Chapelle-Les Sciers.

Assurément, il s'agit d'un projet coûteux, mais nous avons ici une occasion unique de répondre aux besoins de la population, du GSHC, de l'académie de hockey sur glace et de tous ceux qui utilisent des patinoires à titre professionnel ou pour leurs loisirs. Afin que nos aigles puissent continuer à briller au firmament du hockey suisse et international, construisons-leur enfin un nid adapté à leurs besoins. Le groupe MCG soutient ce projet de loi avec enthousiasme, tout en partageant les craintes exprimées par le PLR et Le Centre. Nous vous invitons, Mesdames et Messieurs les députés, à le soutenir également. Je vous remercie de votre attention.

La présidente. Merci bien. Monsieur Fazio, il vous reste vingt-deux secondes.

M. Jean-Louis Fazio (LJS). Merci, Madame la présidente. Je voulais simplement répéter que ce dossier a bel et bien été bâclé, on n'a pas obtenu de réponses en commission. D'ailleurs, on se serait cru au temps de la commission des sports de la Ville de Genève, quand j'y ai siégé avec André Hediger: c'était du même acabit. On a traité ce crédit de 400 millions en deux séances seulement.

Cela étant, LJS soutient le sport, donc c'est sans enthousiasme que certains de ses membres voteront le projet de loi, tandis que d'autres s'abstiendront. (Commentaires.)

M. Grégoire Carasso (S). Quel plaisir d'intervenir après le député Fazio ! Le député Fazio qui, en commission, n'a posé qu'une seule question: «Que va-t-il se passer pour la mobilité durant les travaux ?» On avait envie de lui dire: eh bien peut-être faudrait-il vous faire remplacer par votre magistrat... (Rire.) ...pour qu'il apporte des éléments de réponse ! En effet, la mobilité ne connaît plus aucun problème à Genève grâce à ce formidable conseiller d'Etat !

Vous l'aurez compris, le groupe socialiste ressent le plus grand mépris pour cette position pathétique de LJS ou d'une partie de ses membres. Franchement, c'est ridicule, on sent bien que vous n'avez pas envie que la première pierre de cette patinoire puisse être posée afin que l'infrastructure voie le jour dans un horizon raisonnable.

«Nouvelle patinoire: un projet privé à 300 millions !» - j'ai ressorti mon vieux dossier du Trèfle-Blanc: c'était un article de la «Tribune de Genève» de 2017 qui prévoyait - il y a huit ans, donc - une construction pour 2022, un projet privé encore plus cher que celui-ci. Voilà, nous avons pris huit ans de retard. Si on écoutait LJS, nous reprendrions encore huit ans de retard. Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage.

On peut formuler des objections beaucoup plus politiques, nourries, comme l'ont fait certains de nos collègues des Verts. A cet égard, j'aimerais rendre hommage à l'honnêteté intellectuelle du député de Rougemont, qui a présenté de manière balancée et équilibrée les tensions qui traversent son groupe.

Genève manque cruellement de surfaces de glace. Aux Vernets, tous les jours, c'est de 6h à 23h que la glace est utilisée. Nous avons besoin de ces deux nouvelles patinoires. De plus, c'est un véritable morceau de quartier - ou tête de pont d'un nouveau quartier - qui est en train de voir le jour à travers ce magnifique investissement 100% public.

Il faut toutefois relever deux points de vigilance. Je ne reviendrai pas sur les enjeux de gouvernance de l'organisation, ils ont été suffisamment évoqués. Personne ne veut revivre l'expérience du Stade de Genève.

Un autre aspect essentiel pour le groupe socialiste, c'est l'exploitation du P+R. Cela a été indiqué en commission, Genève a évidemment besoin de cet équipement. Je ne connais aucun socialiste, je ne connais aucun Vert qui s'opposerait à la construction d'un P+R en périphérie - on en aurait même bâti en France si le MCG ne nous avait pas empêchés de le faire il y a déjà dix ans. Oui, nous avons besoin de ce P+R. En revanche, nous ne voulons pas d'un parking qui soit autre chose qu'un P+R. Ce risque existe, et ce sera aux politiques de faire en sorte que ces 900 places voitures ne servent pas à autre chose qu'à un P+R.

Vous l'aurez compris, sous réserve de ces deux points de vigilance, c'est un soutien déterminé que le groupe socialiste apportera à ce superbe équipement 100% public. (Applaudissements.)

Une voix. Bravo.

M. Arber Jahija (MCG). Mesdames et Messieurs, chers collègues, nous savons tous à quel point le hockey sur glace est ancré dans la culture genevoise. La ferveur des Genevois pour ce sport est évidente, nous le voyons lors de chaque match.

La présidente. Il vous reste trente secondes.

M. Arber Jahija. Trente secondes ? D'accord, je vais essayer d'être rapide. Cependant, pour que cette passion perdure, il est impératif de soutenir nos jeunes talents. La patinoire du Trèfle-Blanc représente une opportunité unique de créer des surfaces de glace qui permettront à nos jeunes hockeyeurs de s'entraîner, de progresser, de s'épanouir et de briller sur la glace. (Un instant s'écoule.) Voilà pourquoi le groupe MCG soutiendra fermement ce projet de loi. Je vous remercie de votre attention.

La présidente. Merci, Monsieur le député. Il vous restait encore trois secondes. (Rires.) Je rends le micro à M. Ivanov.

M. Christo Ivanov (UDC), rapporteur. Merci beaucoup, Madame la présidente. Je crois que quelqu'un d'autre a appuyé sur le bouton... (Commentaires.) Non, c'est bon.

Je reprends à mon compte les mots de mon président de commission, l'excellent Grégoire Carasso. En effet, la déclaration de LJS me laisse pantois. On n'est pas là pour régler des comptes entre magistrats, on est là pour effectuer notre travail. Le dossier du Trèfle-Blanc n'a pas été bâclé. C'est le fruit d'un concours international dont le lauréat est un bureau genevois, il faut le dire, qui a gagné en mars 2024. Pour certains, le crédit a été sous-évalué, mais lorsque nous avons mené des études en commission, nous avons appris que l'écart financier avec la construction des patinoires de Lausanne, de Fribourg et de Zurich était de l'ordre de 5 millions de francs, donc le projet genevois est dans la cible.

J'aimerais maintenant répondre à M. de Rougemont - vous transmettrez, Madame la présidente -, lequel nous parlait de structures internationales qui auraient une influence sur le GSHC. Rappelons que le club dépend de la Swiss Ice Hockey Federation, soit la Fédération suisse de hockey sur glace, qui est affiliée à la Swiss National League, laquelle pilote les championnats. Ainsi, il n'a strictement rien à voir avec une fédération internationale - ou alors indirectement, via la Fédération suisse de hockey sur glace; il ne verse pas de royalties à qui que ce soit, il vit grâce aux entrées, à la publicité dans le stade et à l'aide d'une fondation que tout le monde connaît ici.

Par conséquent, disons oui au Trèfle-Blanc, qui est un projet motivant ! Je vous demande à tous et à toutes d'accepter l'entrée en matière, puis de voter cet excellent projet de loi. Je vous remercie.

M. Thierry Apothéloz, président du Conseil d'Etat. Mesdames les députées, Messieurs les députés, le moment que nous vivons est rare. En effet, on ne construit une patinoire qu'une fois par siècle - cela a été souligné en commission -, et la dernière date des années 50. Aujourd'hui, vous êtes donc appelés à décider d'un investissement qui accompagnera plusieurs générations.

Le Trèfle-Blanc dépasse le seul cadre sportif: c'est un projet de quartier, une nouvelle centralité de Genève-Sud, au coeur de Lancy, à la jonction entre La Chapelle, Le Sapay et le Trèfle-Blanc. Il y aura deux patinoires, l'une de 8500 places, l'autre de 200 places; autour, des espaces publics, des commerces de quartier, des lieux de rencontre, des espaces pour la Ville de Lancy. Le site profitera d'une connexion directe avec le Léman Express et le tram. Ce sera un pôle de vie, ce sera un pôle de sport et de mobilité.

Vous l'avez relevé, Mesdames et Messieurs les députés, l'attente est énorme. Le Genève-Servette Hockey Club aspire à un foyer digne de son rang. Les clubs et les établissements scolaires, eux aussi, réclament plus de glace et les familles veulent un lieu accueillant et convivial. Genève est en effet le canton qui offre la plus faible surface de glace par habitant. Avec la patinoire du Trèfle-Blanc, nous changeons la donne: nous créons une maison de commune du sport, fondée sur l'effort, le respect, la convivialité.

Certaines et certains se demandent s'il s'agit vraiment d'un investissement prioritaire. Voici ce que je leur réponds: oui, le Conseil d'Etat estime que c'est le cas, car il répond à un besoin criant. Oui, car il incarne l'égalité d'accès à des infrastructures sportives modernes. Oui, car il offre aux jeunes un espace où se construire, aux familles un lieu pour se retrouver. Le sport n'est pas un luxe, mais un facteur de cohésion sociale, de santé publique et de vitalité populaire.

Ce projet concrétise par ailleurs une vision écologique ambitieuse: architecture en bois, toiture photovoltaïque, espaces verts, mobilité douce. Une infrastructure moderne, responsable, à l'image de Genève.

Le financement de cet investissement est clair et consolidé, comme le montre le projet de loi soumis à votre vote ce soir. Ces montants reflètent la complexité de l'ouvrage tout comme l'évolution des coûts de construction, c'est vrai, mais - cela a été indiqué - d'autres patinoires cantonales affichaient des crédits identiques. Citons encore l'apport de la Fondation des parkings, qui financera à hauteur de 98 millions le P+R avec ses 928 places voitures et 244 places deux-roues; un engagement assumé intégralement par cette entité.

La gouvernance du site reposera sur une logique simple et transparente: l'Etat demeurera propriétaire, une société anonyme en mains publiques assurera la gestion et des exploitants spécialisés interviendront selon leurs compétences. Ce modèle garantit la pérennité de l'infrastructure tout en épargnant aux contribuables les charges d'exploitation.

Trois sources de revenus sont prévues. D'abord, le «naming» qui sera associé à cette patinoire. Vous comprendrez qu'à ce stade des négociations, je ne peux en révéler le montant, mais nous souhaitons évidemment en obtenir le maximum. Ensuite, le loyer des exploitants, dont le club, qui s'est engagé devant vous à verser une contribution plus élevée qu'aujourd'hui. Les discussions sur les équilibres entre la Ville de Lancy, le club et le canton pourront démarrer dès demain si - et je l'espère - vous vous prononcez positivement sur le projet de loi ce soir. Le montant du loyer va sensiblement augmenter pour le GSHC, son président a confirmé en commission que le club en avait conscience. La troisième source de revenus pour cette future enceinte, c'est la rente issue du droit distinct et permanent (DDP) du bâtiment voisin, estimée à 1,3 million.

Avec ces trois postes, notre objectif est d'équilibrer les charges par rapport aux revenus, ces charges étant composées de frais de personnel, de coûts d'entretien, de la surveillance, de la maintenance, de l'informatique. Comme indiqué à la page 48 de l'exposé des motifs, il ne reviendra pas à l'Etat de supporter des charges additionnelles, sauf évidemment celles liées au rôle de propriétaire. Puisque la patinoire restera un actif du canton, celui-ci prendra à sa charge les intérêts et les amortissements, qui seront donc séparés de la société d'exploitation.

En 2028 ou peu avant, dès que nous aurons finalisé le détail de ces éléments, le Conseil d'Etat reviendra devant vous avec un projet de loi pour doter la société anonyme de son capital. Vous disposerez bien entendu de l'ensemble des équilibres trouvés et des accords scellés, d'un projet solide, rigoureux et conçu en collaboration avec l'ensemble de nos partenaires. Certaines et certains craignent des charges d'exploitation trop lourdes, eu égard notamment à une expérience historique que vous avez rappelée; je leur réponds que nous avons prévu, dès la conception, un dispositif équilibré, fondé sur la transparence, y compris durant les travaux, et le réalisme.

Mesdames et Messieurs les députés, le Trèfle-Blanc est un projet structurant pour notre territoire, pour notre cohésion sociale, pour notre avenir sportif; il est pensé pour durer un siècle. Comme dans un match de hockey, nous avons franchi les tiers: études, concours, planification. Il reste désormais le geste décisif, à savoir voter le crédit, lancer le chantier en janvier 2026 pour une mise en service en août 2030. En approuvant ce texte, vous dotez Genève d'une infrastructure moderne et ouverte, vous offrez un lieu d'expression aux passions sportives et populaires, vous préparez l'avenir en pensant aux générations futures. (Applaudissements.)

La présidente. Je vous remercie, Monsieur le président du Conseil d'Etat. A présent, j'ouvre le vote sur cet objet.

Mis aux voix, le projet de loi 13672 est adopté en premier débat par 85 oui contre 3 non et 6 abstentions.

Le projet de loi 13672 est adopté article par article en deuxième débat.

Mise aux voix, la loi 13672 est adoptée en troisième débat dans son ensemble par 79 oui contre 6 non et 9 abstentions (vote nominal). (Applaudissements à l'annonce du résultat.)

Loi 13672 Vote nominal