République et canton de Genève

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M 2920-A
Rapport de la commission de l'enseignement, de l'éducation, de la culture et du sport chargée d'étudier la proposition de motion de Julien Nicolet-dit-Félix, Caroline Marti, Léna Strasser, Sylvain Thévoz, Xhevrie Osmani, Nicole Valiquer Grecuccio, Cyril Mizrahi, Jean-Charles Rielle, Jean-Pierre Tombola, Caroline Renold, Sophie Demaurex, Diego Esteban : Favoriser l'esprit critique du jeune public : un accès pour les jeunes aux médias romands

Débat

La présidente. Nous passons à la M 2920, classée en catégorie II, trente minutes. Je passe la parole à M. de Senarclens.

M. Alexandre de Senarclens (PLR), rapporteur de majorité. Merci, Madame la présidente. Cette proposition de motion a pour titre «Favoriser l'esprit critique du jeune public: un accès pour les jeunes aux médias romands». Les signataires font le constat qu'il est difficile de trouver, ces derniers temps, des sources fiables et vérifiées, que l'«information fiable [...] est une condition sine qua non du débat démocratique», qu'il y a beaucoup de désinformation, voire de mésinformation, qu'il existe une certaine «difficulté à distinguer la nature des informations» que le jeune public reçoit et qu'il y a évidemment un «intérêt général [à] préparer les jeunes à entrer de manière critique et le plus tôt possible dans la sphère informationnelle de qualité».

Ce texte invite le Conseil d'Etat «à s'assurer [...] que chaque élève du secondaire II de notre canton dispose [...] d'un accès à la version digitale des médias régionaux [...]», «à demander [...] une offre globale de la part de ces médias» et «à travailler avec eux à l'élaboration d'une plateforme digitale sur le modèle de PressReader».

Deux auditions importantes ont été menées, notamment celle de Mme Vuillemin, directrice du service enseignement et évaluation de la DGEO. Elle nous a expliqué que l'éducation numérique est entrée depuis un certain temps dans le système scolaire romand - depuis mai 2021 en ce qui concerne le primaire - et qu'au primaire, elle s'inscrit dans une visée de prévention des risques liés aux usages du numérique, d'initiation d'un regard critique face aux médias et de découverte de la programmation. Ce programme se poursuit au cycle d'orientation, avec une semaine des médias notamment, ainsi qu'au secondaire, et ce non pas dans une discipline particulière, mais dans des disciplines transversales, avec l'objectif pour les élèves de savoir comment chercher l'information, où la trouver et comment la trier.

Nous avons également entendu Mme Melina Schüttel, cheffe de service, responsable de la médiathèque du SEM, qui nous a parlé d'Europresse. Il s'agit d'un outil utilisé par les élèves et les professeurs, qui regroupe huit cents sources issues de publications généralistes et spécialisées suisses et internationales, telles que des titres de presse, des études, des rapports, des répertoires, des références, des transcriptions d'émissions de télévision et de radio ainsi que des posts de réseaux sociaux, et qui contient 33 sources suisses; c'est un moteur de recherche très performant. Il faut en outre savoir qu'au DIP, cet outil est accessible aux élèves et au corps enseignant. Entre janvier et septembre 2024, 42 000 recherches et 109 000 visualisations ont été effectuées.

La présidente. Vous passez sur le temps de votre groupe.

M. Alexandre de Senarclens. La majorité est évidemment parfaitement consciente des dangers et est très attachée à la presse, à la nécessité de lutter contre les «fake news» et à une presse qui ordonne, hiérarchise, vérifie les informations. Elle a été toutefois totalement rassurée par le travail du département de l'instruction publique sur ce sujet: ce qui a été mis en place, depuis un moment déjà, permet d'avoir un outil qui offre un accès facile à des journaux de référence. Il n'est donc pas nécessaire de mettre d'autres instruments à disposition. C'est pour ces motifs que la majorité vous propose de refuser cette motion. Merci, Madame la présidente.

M. Romain de Sainte Marie (S), rapporteur de minorité. Mesdames et Messieurs les députés, ce texte a deux objectifs. Le premier est de garantir une qualité de l'information dans un monde qui connaît tant de «fake news»; le second est le soutien indirect à la presse, dans un contexte où l'on peut malheureusement constater, année après année, davantage de licenciements dans les différents groupes que nous connaissons.

Le premier objectif est nécessaire au fonctionnement de la démocratie. L'accès à une information de qualité et vérifiée est en effet essentiel pour prendre des décisions lors d'exercices démocratiques tels que celui du vote. Il est crucial de pouvoir façonner les idées et les esprits avec des éléments avérés, et aujourd'hui, à l'heure où les réseaux sociaux, qui sont d'ailleurs la principale source, le principal vecteur d'information... (Commentaires.) 

Une voix. Chut !

M. Romain de Sainte Marie. Je ne sais pas pourquoi M. Florey beugle, Madame la présidente ! (Rires.) J'ai prononcé l'expression «réseaux sociaux» et il a réagi ! (Commentaires. L'orateur rit.) Ça doit être une «fake news», c'est peut-être ça !

Les «fake news» pullulent sur les réseaux sociaux et constituent un fléau, puisqu'elles véhiculent des mensonges et peuvent influencer les jeunes. On voit aujourd'hui que le jeune public obtient les informations principalement via les réseaux sociaux. Or, réside là un enjeu majeur: celui d'obtenir des informations vérifiées et d'avoir, grâce à l'instruction publique, le filtre et les compétences nécessaires pour comprendre quelle information a pu être contrôlée et est de qualité.

Ensuite, il y a le second objectif. Cette motion, je le rappelle et mon préopinant, le rapporteur de majorité, l'a évoqué, garantit pour tous les élèves du secondaire II des abonnements aux titres de la presse romande; ce faisant, elle vise un soutien indirect à la presse, qui, malheureusement, on le voit année après année, connaît des licenciements. Ce secteur est en pleine mutation, c'est vrai, et il faut le protéger. Il faut le protéger face à ce que l'on peut appeler la communication de «fake news» en l'absence des compétences de journalistes, et actuellement, avec l'intelligence artificielle, aux répétitions qui sont programmées sans aucune vérification. Il est essentiel pour notre démocratie de garantir une indépendance et une qualité de la presse par des journalistes qui puissent exercer cette fonction.

Cette motion va dans ce sens. Malheureusement, même si le DIP fait beaucoup d'efforts pour sensibiliser les jeunes à l'accès à l'information de qualité...

La présidente. Vous passez sur le temps de votre groupe.

M. Romain de Sainte Marie. Merci, Madame la présidente. ...cet accès est insuffisant. Ce qui est en place aujourd'hui, ce qui correspond à cette plateforme Europresse, est une bonne chose, mais il s'agit d'un moteur de recherche; le jeune, l'écolier doit par lui-même aller y chercher un élément qui pourrait l'intéresser: il aura alors accès gratuitement à des titres, notamment romands, qui vont lui permettre de trouver cette information.

Or, Mesdames et Messieurs, l'enjeu n'est pas d'apporter un moteur de recherche, mais de faire en sorte que les jeunes de l'enseignement secondaire II puissent consulter des titres de la presse locale via, par exemple, les réseaux sociaux. Aujourd'hui, les jeunes sont malheureusement en permanence sur leur smartphone, vont sur les réseaux sociaux voir les informations. L'enjeu est donc de leur permettre un accès direct à ces différents titres, et non pas de proposer un simple moteur de recherche, avec lequel l'effort sera beaucoup plus grand. On a du mal à imaginer un écolier aller sur cette plateforme, alors que sur les différents réseaux, il a directement accès à une information qui n'est pas toujours de qualité. Raisons pour lesquelles la minorité - malheureusement - de la commission souhaite toujours accepter cette motion et faire en sorte que vous la votiez ce soir. Je vous remercie.

M. Thierry Arn (LC). Mesdames et Messieurs les députés, le groupe du Centre est très attaché à ce que les jeunes aient un accès à la presse, car l'information de qualité constitue un pilier de notre démocratie. Plus que jamais, face aux «fake news» et à la désinformation, il est essentiel que nos élèves puissent apprendre à distinguer une information vérifiée d'une rumeur ou d'une manipulation.

Or, cet accès existe déjà. Ainsi qu'on l'a évoqué, grâce à l'outil Europresse, tous les élèves du secondaire II disposent aujourd'hui d'un accès simple et large à de nombreuses sources d'informations reconnues. Certes, pour les motionnaires, certains autres journaux régionaux, comme «Heidi.news» et «Le Courrier», devraient être accessibles, mais pour le groupe du Centre, l'offre d'Europresse, avec ses huit cents sources généralistes, est largement suffisante.

En outre, dans le degré secondaire, des formations sont organisées, des dossiers thématiques sont proposés, et les enseignants se servent de cet outil pour développer l'esprit critique des futurs adultes. Autrement dit, les invites de cette motion ont déjà été mises en oeuvre par le département. Ce dernier met à disposition des outils qui forment l'esprit critique, comme je l'ai dit. Pour ces raisons, tout en réaffirmant son attachement à une jeunesse formée et armée intellectuellement contre la désinformation, le groupe du Centre vous invite à refuser ce texte.

M. Christo Ivanov (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, cette motion a été déposée en 2023 suite à la disparition de certains journaux. Je pense que cela ne va malheureusement pas aller dans la bonne direction, il faut le dire, que des licenciements dans la presse auront hélas lieu dans les années à venir et que la presse écrite, tôt ou tard, risque bien de disparaître.

Cela a été dit, les élèves et professeurs utilisent un outil, une plateforme nommée Europresse, qui regroupe huit cents sources issues de publications généralistes et spécialisées, suisses et internationales, telles que des titres de presse, des études, des rapports, des répertoires, des références, des transcriptions d'émissions de télévision et de radio ainsi que des posts de réseaux sociaux. Il y a 33 sources suisses, dont treize en français, comme «Heidi.news», «Le Temps» et la «Tribune de Genève». «Le Courrier», journal indépendant, ne fait pas partie de l'offre. Dans ces treize sources de Suisse romande, on peut encore mentionner «24 heures» et «Bilan».

Le coût par année est de l'ordre de 30 000 euros, ce qui représente 1,47 euro, soit 1,40 franc par élève, car le département bénéficie d'une remise de 20%, ce qui avait été négocié pour l'année 2024. Les statistiques donnent, pour l'année 2024, 42 000 recherches et 109 000 visualisations à Genève dans le secondaire II.

Le groupe UDC refusera cet objet, car le DIP a fait et bien fait le travail, et a mis en place un outil performant et accessible à toutes et à tous, et surtout à tous nos jeunes du secondaire II. C'est donc non à cette motion. Je vous remercie.

M. Djawed Sangdel (LJS). Chers collègues, avec les travaux que nous avons effectués à la commission de l'enseignement, on parle de deux choses: la méthodologie et l'accessibilité. En ce qui concerne la méthodologie, c'est la responsabilité du département, des enseignantes et des enseignants, de faire leur travail, à savoir expliquer aux jeunes comment identifier les sources fiables qui répondent aux critères du programme scolaire ou de chaque matière. Actuellement, plus de huit cents ressources sont accessibles, y compris la «Tribune de Genève», «Le Temps», «Le Monde» ainsi que d'autres journaux.

Je pense que les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas ceux d'il y a dix ou quinze ans: ils ont tous accès à toutes les informations. De plus en plus, les jeunes essaient de vérifier les sources et la fiabilité de certains articles. A titre d'exemple, j'ai voyagé avec mon enfant, qui a 17 ans; lorsque j'ai voulu manger dans un restaurant, il m'a dit: «Attends, je veux voir les classements, les remarques à propos de ce restaurant sur Google.» Ça signifie que les jeunes d'aujourd'hui sont interconnectés, non seulement dans leur pays, non seulement dans leur canton, mais en général, dans le monde entier; ils sont capables de vérifier avec la méthodologie, les guides, leurs enseignants et enseignantes, pour avoir des ressources fiables.

Comme le rapporteur de minorité l'a bien montré, la motion vise deux choses. En premier lieu, elle a pour but de soutenir les journaux locaux; pour ce faire, il faut déposer une autre motion, que nous voterons. En ce qui concerne l'accessibilité à l'information, aux articles scientifiques ou aux quotidiens, le DIP nous a expliqué, nous a démontré que tout est disponible depuis 2020. Le groupe LJS estime que cette motion part d'une bonne intention, mais dans la mesure où tout est déjà en place, il vous invite à la refuser. Je vous remercie.

M. François Baertschi (MCG). En voyant ce texte, j'ai l'impression de me retrouver en 1980, quand résonnait encore le cliquetis des télex à la rue des Savoises, où un dénommé Thierry Oppikofer les triait et les vérifiait. On vivait à ce moment-là dans un certain monde. J'ai pourtant l'impression que l'on croit qu'on n'a pas changé de monde et que l'on reste avec les mêmes concepts concernant la presse et l'information, alors que nous sommes en 2025 et dans un autre monde.

J'ai bien compris que dans la motion est inscrite la volonté de se mettre aussi techniquement à jour. Néanmoins, quelque chose me dérange: on n'a pas saisi la révolution d'internet, la révolution du multimédia, la révolution de l'information, ni le fait que la presse est en train de complètement évoluer et que l'on doit véritablement changer les concepts et ne pas rester avec des principes datant de trente ans, ni même de vingt ans, ni même de dix ans, ni même de cinq ans. On doit peut-être avoir un temps d'avance sur ce genre de choses.

Il y a quand même un élément dangereux: vouloir à tout prix régler la pensée des élèves, alors que l'enseignement public devrait surtout mettre en avant un véritable esprit critique. On reçoit actuellement beaucoup d'échos d'enseignants - c'est malheureusement vrai, vous transmettrez à la conseillère d'Etat, Madame la présidente -, que j'ose espérer minoritaires, qui ont certains présupposés idéologiques et qui effectuent parfois un travail non pas de formation, mais idéologique, c'est-à-dire une sorte de bourrage de crâne. Or, ça ne devrait pas avoir lieu, et j'ose espérer que ces cas sont rares et que notamment la manière de dénigrer le MCG, comme certains enseignants le font... Je le répète, nous recevons plusieurs échos, et ce de façon répétée.

Nous ne voudrions pas que ce soit le cas, le MCG ne voudrait pas, comme les prérogatives des députés nous le permettent, aller en classe et procéder à des inspections pour voir si les enseignants font leur travail honnêtement. C'est une petite minorité, j'ose espérer, qui agit ainsi, mais je crois qu'il faudrait se concentrer sur l'éducation pour avoir une vision véritablement... C'est le bien des générations suivantes qui doit être considéré, on ne doit pas les formater selon les valeurs de notre monde. Le MCG refusera donc cette motion. Merci, Madame la présidente. 

Mme Céline Bartolomucci (Ve), députée suppléante. Mesdames et Messieurs les députés, il est indéniable que notre société traverse aujourd'hui une crise de l'information. Les «fake news» et la défiance envers les informations scientifiques prennent de plus en plus de place sur les réseaux sociaux, et ce même dans les médias les plus classiques. La qualité de l'information est donc plus que jamais mise à mal, et les jeunes en particulier sont exposés à ce fléau, car ils et elles s'informent majoritairement par l'entremise des plateformes numériques et des réseaux sociaux, où la véracité des informations n'est pas garantie. Au milieu de tout ce brouhaha, il est important de s'assurer que les jeunes citoyens ont accès à des sources d'informations fiables et vérifiées ou, au moins, à une variété d'opinions parmi lesquelles ils pourront bâtir la leur.

Dans le cas qui nous intéresse ici, bien qu'Europresse, l'outil mis en place par le DIP, soit utile pour la recherche, il s'agit seulement d'un moteur de recherche, qui répond à une demande sur un sujet précis, comme cela a été dit. Il ne permet donc pas de s'immerger dans l'actualité du moment. Surtout, les journaux qu'il met à disposition dépendent de son éditeur et non du DIP lui-même: ainsi, certains médias, indépendants et reconnus, en sont tout simplement absents. Pire: la liste des sources disponibles est sujette à tout moment à des changements sans préavis de la part d'Europresse, comme cela a été évoqué en commission. Il y a de quoi s'interroger quant à la dépendance du DIP envers un acteur privé chargé de la mission cruciale de fournir des sources d'information aux élèves.

En conclusion, les Vertes et les Verts vous invitent, Mesdames et Messieurs, à voter en faveur de cette motion afin d'accompagner la construction de la pensée critique de notre jeunesse, de soutenir la presse locale et de garantir à nos jeunes un accès à une information de qualité. Je vous remercie.

M. Marc Falquet (UDC). Mesdames et Messieurs, des «fake news» peuvent se dissimuler sous de nombreux aspects. J'ai un petit exemple sympathique dans les médias officiels à vous montrer et dont personne n'a conscience. Le présentateur météo, qu'est-ce qu'il va vous dire ? Il fonde son narratif sur une société basée sur les loisirs et la distraction.

Je prends un exemple: s'il y a la pluie... (Remarque.) Oui, la pluie. Comment c'est formulé ? Est-ce que c'est: «Merci, nous sommes heureux...» ? Non, on parle de dégradation du temps, ce qui est une «fake news». (Rires. Remarque.) C'est faux, la pluie n'est pas une dégradation du temps, mais une bénédiction pour la terre. Les présentateurs devraient donc dire: «Enfin, la pluie arrive.» (Commentaires.) 

La présidente. S'il vous plaît !

M. Marc Falquet. C'est vraiment un reflet de la société basée sur les loisirs. (Rires.) Merci beaucoup.

M. Alexandre de Senarclens (PLR), rapporteur de majorité. Je vois que nous sommes absolument tous d'accord sur le constat, sur notre volonté de préserver notre jeunesse des «fake news» et de lui donner des capacités critiques pour qu'elle puisse évoluer dans le monde dans lequel nous vivons.

J'ai cependant l'impression que la minorité ne veut pas entendre et ne veut pas reconnaître le travail mené par le DIP - ça ne date d'ailleurs pas de la nouvelle magistrate, c'était entamé avant. Un travail énorme est effectué en vue de l'éducation au numérique durant tout le parcours scolaire (primaire, secondaire I, secondaire II). Ajoutons à cela ce qui est offert par Europresse, qui fonctionne, puisque c'est utilisé tous les jours, et de façon massive, par les élèves - je l'ai rappelé. Ce système marche. Il faut par conséquent reconnaître ce que fait le DIP pour prévenir ces «fake news».

Je crois cependant qu'il y a un petit problème qu'on n'a pas évoqué: la gauche est très fâchée que ce moteur de recherche Europresse ne contienne pas «Le Courrier». Or, je pense que c'est là où le bât blesse. Merci, Madame la présidente.

M. Romain de Sainte Marie (S), rapporteur de minorité. Non, Monsieur de Senarclens, la gauche est fâchée, comme M. Falquet, contre les dégradations du temps ! (L'orateur rit.) Je les trouve scandaleuses ! (L'orateur rit.) Pardonnez-moi !

Le constat est partagé dans cet hémicycle, je l'entends: la qualité de l'information est aujourd'hui essentielle face aux «fake news». J'entends dire aussi - vous transmettrez à M. Baertschi - que la presse doit s'adapter. Mais enfin, une presse sans journalistes, est-ce que c'est encore une presse ? J'ai un doute. L'adaptation qui comprend la disparition du métier de journaliste n'est à mon avis pas possible.

En ce qui concerne le soutien à la presse, j'entends LJS dire: «Nous voterons tous les textes de soutien à la presse.» Mais allez-y ! Les textes ne manquent pas ! Le groupe socialiste en a déposé au moins trois ou quatre ces dernières années, malheureusement toujours refusés. On entend toujours les mêmes choses dans ce parlement. Lorsqu'il y a une vague de licenciements, c'est à chaque fois un émoi: «Mon Dieu, les pauvres journalistes licenciés !» Mais jamais d'action ! Jamais ! Or là, vous avez un moyen, Mesdames et Messieurs des bancs de la droite, de soutenir de façon indirecte la presse et le métier de journaliste. Allez-y, votez aujourd'hui ce texte ! Vous allez alors agir de façon indirecte pour le soutien à la presse. Arrêtez donc de toujours prétendre qu'on peut agir par une aide différente ! Là, vous avez un moyen concret de le faire, par l'Etat, par des abonnements. Ça permet d'informer et de sensibiliser les jeunes...

La présidente. Il vous faut conclure, vous êtes arrivé à la fin de votre temps.

M. Romain de Sainte Marie. ...à une information de qualité. Donc votez ce texte, Mesdames et Messieurs.

M. Jacques Jeannerat (LJS). Ce n'est pas le métier de journaliste qu'on ne veut pas soutenir, on veut bien le soutenir. C'est la façon dont...

La présidente. Monsieur Jeannerat, je suis désolée, vous n'avez plus de temps. (Rires. Commentaires.) 

M. Jacques Jeannerat. Ah, je n'ai plus de temps !

Une voix. Bravo !

Une autre voix. Scandaleux !

La présidente. Je passe donc la parole à Mme Hiltpold.

Mme Anne Hiltpold, conseillère d'Etat. Merci, Madame la présidente. Mesdames et Messieurs les députés, vous êtes tous d'accord, cela a été relevé, sur le fait que nos jeunes doivent être éduqués, en vue d'un esprit critique, à être informés sur les «fake news», à lutter contre elles, à pouvoir distinguer le bien du mal, mais surtout à être sensibilisés à tout ce qu'ils trouvent sur les réseaux, à tout ce qu'ils lisent. Ça, on le fait, on vous l'a expliqué.

En l'occurrence, il se trouve que cette motion... C'est dit très clairement, ça ne l'était pas dès le départ: le but indirect est un soutien à la presse. Mais est-ce que vous pensez que vous allez soutenir la presse par les jeunes ? Non, ce n'est pas en donnant des abonnements à des jeunes qui, en plus, n'en veulent pas, parce qu'ils sont sur les réseaux sociaux, que vous allez régler le problème de la presse. (Commentaires.) Mesdames et Messieurs, si vous souhaitez résoudre le problème de la presse, commencez... Est-ce que tout le monde ici a un abonnement ? Je ne sais pas, mais je l'espère ! Vous n'avez pas besoin de me répondre.

Une voix.  Oui !

Mme Anne Hiltpold. Est-ce que tout le monde paie son abonnement aux journaux ? (Commentaires.) Oui, parce que c'est ça, le problème ! Combien de personnes vous disent qu'elles n'ont pas accès aux articles, parce qu'en fait elles ne sont pas abonnées ? Donc si l'on veut soutenir la presse, il faut le faire en prenant des abonnements, il ne faut pas lire les articles en ligne, ou alors il faut avoir un abonnement digital et vous aurez sur votre tablette ou votre ordinateur tous les articles.

Concernant le premier but de ce texte, qui était de favoriser l'esprit critique du jeune public, nous le faisons, et ce au quotidien dans les différents cours et enseignements d'éducation numérique et grâce à l'accès à ces plateformes que nous leur donnons.

Nous allons en outre créer un site qui va beaucoup vous intéresser: il sera destiné à promouvoir la consultation de sites de médias fiables auprès des jeunes. Nous allons donc lancer un site pour les jeunes, avec un référencement des médias fiables sur lesquels nous allons les diriger, et nous nous réjouissons de vous le présenter.

En conclusion, je pense qu'il n'y a pas de raison d'accepter cette motion, puisque nous faisons déjà la grande majorité de ce qui est demandé, c'est-à-dire travailler sur l'esprit critique des jeunes et du jeune public. Merci beaucoup, Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés.

La présidente. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Je lance le vote sur cet objet.

Mise aux voix, la proposition de motion 2920 est rejetée par 60 non contre 30 oui (vote nominal).

Vote nominal