République et canton de Genève

Grand Conseil

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P 2233-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : Elargissement de l'autoroute à Vernier : non à la fuite en avant de la folie autoroutière, non au massacre du bois de la Grille et à la disparition de l'ABARC
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session III des 28 et 29 août 2025.
Rapport de majorité de M. Jean-Marie Voumard (MCG)
Rapport de première minorité de Mme Céline Bartolomucci (Ve)
Rapport de deuxième minorité de Mme Christina Meissner (LC)
Rapport de troisième minorité de M. Jean-Pierre Tombola (S)

Débat

La présidente. Nous passons aux pétitions, traitées en catégorie II, trente minutes, en commençant par la P 2233-A. Le rapport de première minorité de Mme Céline Bartolomucci est repris par Mme Lara Atassi. Je cède le micro au rapporteur de majorité, M. Voumard.

M. Jean-Marie Voumard (MCG), rapporteur de majorité. Merci, Madame la présidente. Le titre de cette pétition mentionnant la fuite en avant de la folie autoroutière, évidemment, beaucoup de partis de gauche qui sont contre la voiture sont automatiquement là pour la défendre ! Simplement, ce projet consistant à élargir le tunnel de Vernier est mené par l'Office fédéral des routes et soutenu par le canton; c'est un objet prioritaire, et je pense qu'il faut aller de l'avant.

Dans le cadre du prolongement de ce tunnel, une partie en pleine terre de 7 mètres d'épaisseur est envisagée; la nature sera donc préservée, le bruit sera également réduit. Concernant l'ABARC, le directeur de l'OCT nous avait expliqué qu'à l'heure actuelle, il n'y a aucune certitude. Les études en cours vont permettre de produire un résultat, qui sera transmis aux associations. De ce fait, la majorité de la commission vous demande de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

Mme Lara Atassi (Ve), rapporteuse de première minorité ad interim. Comme vous l'avez indiqué, Madame la présidente, je reprends le rapport de mon excellente collègue. Que dire ? Encore une fois, on essaie de nous vendre un élargissement autoroutier comme étant une solution à la congestion automobile. Pourtant, les peuples suisse et genevois ne s'y sont pas trompés: ces élargissements sont uniquement des gouffres financiers qui ne résolvent absolument rien.

A 57%, les Genevoises et les Genevois l'ont rappelé lors de la votation de novembre dernier, ils ne veulent pas de cette folie autoroutière ! Mais bon, on peut toujours s'entêter ! On parle d'un projet qui engendrerait dix ans de travaux et nécessiterait un chantier dont l'emprise serait considérable, qui détruirait le bois de la Grille, soit un bois bénéficiant de la plus haute protection forestière en Suisse, dont la biodiversité est remarquable et qui constitue un maillon essentiel du corridor écologique du Rhône. En plus, ce bois a justement été constitué pour former une zone de compensation écologique à la suite d'une précédente aberration autoroutière.

Par conséquent, comment croire le gouvernement quand il nous dira que les zones écologiques seront à nouveau compensées, ou plutôt que l'on compensera la compensation de la compensation ? Quelques années plus tard, le tout sera réduit ! Et pour quelles raisons ? Pourquoi veut-on détruire un joyau de la biodiversité de notre canton ? Pour un projet polluant, bruyant et inutile !

C'est vrai que l'autoroute est congestionnée, mais la seule solution pour réduire ce trafic est de développer les transports publics transfrontaliers. Le magistrat l'a lui-même dit en commission: seul un métro pourrait réduire la congestion actuelle présente dans le canton, notamment sur l'autoroute. Il s'obstine néanmoins à soutenir un projet qui ne résoudra rien et qui selon l'OFROU induira même une hausse du trafic de 5%.

A la suite de la dernière votation, au mois de novembre, la Confédération a commandé une étude à l'EPFZ pour évaluer et hiérarchiser les projets d'infrastructures de transport d'importance nationale. Ce projet d'élargissement de l'autoroute à Vernier figure parmi les projets analysés. Dans l'attente des résultats, il serait souhaitable que le Conseil d'Etat réévalue le projet et réfléchisse à des alternatives, plutôt que de s'entêter.

Il existe en effet des alternatives qui nous permettent d'endiguer la cause de la congestion, à savoir une mobilité motorisée individuelle trop importante. Parmi celles-ci, on peut citer la consolidation des liaisons transfrontalières en transports publics, le renforcement du Léman Express ou le déploiement de P+R à la frontière.

Pour la première minorité, il est impensable de cautionner un projet consistant à bétonner des zones de nature dans notre canton et à produire des infrastructures polluantes qui ne peuvent que nous éloigner de nos objectifs climatiques. Pour toutes ces raisons, nous vous recommandons de soutenir le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat.

Mme Christina Meissner (LC), rapporteuse de deuxième minorité. Le rapporteur de la majorité l'a dit, et c'est un élément important, tout n'est pas encore fixé. En ce qui nous concerne, pour la deuxième minorité, nous nous limiterons à l'emplacement du chantier, qui est actuellement préconisé sur le bois de la Grille. Ce dernier se trouve sur le périmètre de protection des rives du Rhône, depuis 1989.

En mars 2000, la commune de Vernier rachète ce bois afin de le préserver. Les inventaires menés à cette époque confirment que c'est un véritable trésor de flore et de faune. On y dénombre pas moins de quatorze espèces d'orchidées, indicatrices de très haute valeur écologique. Mais lorsque la commune acquiert le bois, il est en très mauvais état et des travaux conséquents doivent être menés pour le revaloriser. Ces travaux sont payés par les routes nationales en guise de compensation à la disparition des arbres, eux-mêmes plantés en compensation à des défrichements, à l'endroit où la sortie autoroutière de Vernier est modifiée en trèfle complet à l'époque. Le bois de la Grille devient donc de fait une compensation autoroutière.

Effectivement, nos autorités ont la mémoire courte, ou plutôt le savoir s'éteint avec le départ des personnes impliquées: cet oubli historique est bien pratique, car il permet de piétiner allégrement cette compensation en préconisant d'installer sur le bois de la Grille tout le chantier du futur élargissement autoroutier.

La question qui se pose est donc la suivante: comment compense-t-on une compensation écologique elle-même venue compenser une précédente compensation écologique ? Pour rappel, l'objectif d'une compensation est d'obtenir comme résultat une absence de perte nette de biodiversité, voire un gain. La compensation d'une compensation devient dès lors très compliquée, car elle implique d'évaluer à la fois les impacts initiaux et ceux des mesures de compensation précédentes, ainsi que les interactions entre les différents éléments de l'écosystème.

Face à cette complexité, l'oubli est bien pratique ! Il y a pourtant des sites proches qui pourraient être adéquats pour servir de zone de stockage de chantier; y a-t-on simplement pensé ? C'est la raison pour laquelle la minorité que je représente vous demande de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, pour qu'il recherche activement une installation de ce chantier autrement moins impactante pour la biodiversité. Je vous remercie.

M. Jean-Pierre Tombola (S), rapporteur de troisième minorité. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, la ville de Vernier subit beaucoup de nuisances. Vous les connaissez très bien, mais on peut les répéter: beaucoup de trafic sur la route de Vernier, sur la route de Peney, sur la route de Meyrin ou encore sur l'avenue Louis-Casaï, sans oublier l'autoroute et les nuisances liées aux activités aéroportuaires. Dans les prochaines années, il y aura encore le projet de construction du barreau de Montfleury. Est aussi prévue la construction du BHNS, soit la voie pour le bus à haut niveau de service. A tout ça devra s'ajouter la construction de l'autoroute. C'est inacceptable !

Parmi les nuisances qui seront induites par la construction de cette autoroute, on compte notamment l'augmentation de 5% du trafic. Les travaux dureront une dizaine d'années. Après l'aménagement du barreau de Montfleury et la construction du BHNS, il y aura donc encore dix ans de travaux pour l'autoroute ! Imaginez les nuisances que subiront non seulement les habitants, les riverains, mais aussi les entreprises et les particuliers via les perturbations du trafic !

A cela s'ajoute le fait que Vernier est mal desservi par les transports publics. Les bus sont souvent bondés et ils doivent parfois faire demi-tour avant d'être arrivés à destination, comme cela a été relevé. Cet élément sera traité dans le cadre d'une autre pétition.

Tout cela représente une accumulation de nuisances qui vont vraiment se répercuter sur le long terme. Il convient d'y réfléchir réellement. Lorsqu'une politique de mobilité douce cohérente est mise en oeuvre... On parle justement de la construction d'une infrastructure de transports collectifs, notamment le BHNS, c'est très bien, ça donne le signal fort d'une volonté réelle de transfert modal. Mais lorsque parallèlement, on a l'intention de construire ou qu'on autorise une autoroute, qui en réalité promeut le transport individuel motorisé, ça pose problème. Cela crée une incohérence dans le message politique quant à la volonté réelle: veut-on le transfert modal ou veut-on continuer à favoriser les autoroutes, qui vont encore attirer des voitures ? Il y a une réflexion à mener à ce niveau.

Pour revenir concrètement sur cette autoroute, elle va faire disparaître le seul centre de loisirs, utilisé par l'association des habitants et surtout par les jeunes. Le bois de la Grille a été évoqué. Il y aura dix ans de travaux qui impacteront fortement la population. Imaginez la poussière, la pollution...

La présidente. Vous passez sur le temps de votre groupe.

M. Jean-Pierre Tombola. Merci, Madame la présidente. Imaginez l'impact sur les transports et la vie au quotidien des habitants qui vont subir ces nuisances pendant une dizaine d'années. Sans compter le transfert modal, l'absorption d'un surplus de voitures qui ne pourront plus traverser et qui devront se répercuter sur les routes à l'intérieur de Vernier.

Nous devrions donc nous poser sérieusement les questions de la qualité de vie que nous recherchons et de la politique de mobilité que nous souhaitons mener. J'ai parlé des nuisances présentes à Vernier, sans compter la pollution qui existe actuellement, et je n'ai même pas évoqué les citernes. Il y a donc pas mal d'éléments qui méritent une attention particulière dans cette ville.

Pour toutes ces raisons, la troisième minorité vous recommande de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, pour qu'il puisse tenir compte des demandes formulées. On ne peut pas continuer à développer les routes ni ignorer les nuisances induites sur le territoire de Vernier, surtout pour les habitants; il est temps qu'on en tienne compte. La troisième minorité votera donc pour le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat et vous invite à faire de même. Je vous remercie. (Applaudissements.)

M. Pierre Conne (PLR). Chers collègues, je pense qu'il faut bien se rappeler que le jour où on a inauguré l'autoroute de contournement, celle-ci était déjà saturée et jugée sous-dimensionnée. Cela fait maintenant plusieurs décennies que le projet d'élargissement de cette autoroute est considéré comme prioritaire, et par la Confédération et par Genève.

Il ne s'agit donc pas du tout d'un projet qui nous tombe dessus aujourd'hui, c'est planifié depuis longtemps. C'est une autoroute de contournement, elle a en fait pour but... Evidemment, l'élargissement va aussi s'inscrire dans un réaménagement de la circulation urbaine avec des pénétrantes ainsi qu'une limitation de la circulation dans les quartiers, pour que ce tronçon joue vraiment sa fonction d'autoroute de contournement et de grand périphérique. Cela profitera aux habitants du Grand Genève, mais également aux utilisateurs occasionnels des autoroutes. C'est une réalité à laquelle on ne peut pas échapper.

Maintenant, les éléments que vous soulevez sont effectivement des points de nuisances liés aux travaux; ils étaient déjà connus. Bien entendu, nous sommes tous de plus en plus sensibles à ces questions, et il appartiendra le moment venu aux réalisateurs de ces travaux de tenir compte de ces nuisances et de rendre, autant que faire se peut, la vie la moins compliquée possible aux résidents, qui seront effectivement touchés pendant la période des travaux.

Mais à terme, une fois que ceux-ci seront réalisés, on profitera d'une autoroute plus fluide. Aujourd'hui, elle est saturée, polluante, accidentogène. Par ailleurs, puisqu'on a évoqué la question du tunnel de Vernier, il est prévu de l'allonger de 230, 240 mètres, ce qui est quand même considérable. Surtout, il est envisagé que la partie supérieure du tunnel ne soit pas simplement une dalle de couverte, mais qu'elle soit en pleine terre, avec le but de revégétaliser cette zone autant que faire se peut.

Mesdames et Messieurs, le groupe PLR vous invite donc à déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je pense qu'il faut que notre message soit clair: on a besoin de développer cette infrastructure, afin que demain nous puissions mieux maîtriser la circulation automobile, qu'elle soit individuelle ou collective. Un dernier mot pour conclure: au moment où les travaux seront terminés, probablement que tous les véhicules seront électromobiles, ou en tout cas la grande majorité d'entre eux. On ne peut donc pas du tout transposer les nuisances d'aujourd'hui à celles de demain ! Je vous remercie de votre attention.

M. Thierry Cerutti (MCG). M. Pierre Conne a tout dit ! Effectivement, on ne parle pas d'une nouvelle construction, l'autoroute existe déjà. A l'époque, quand elle a été construite, toutes les nuisances que vous évoquez aujourd'hui étaient déjà d'actualité, et personne n'est monté au créneau pour dire qu'on ne voulait pas de cette autoroute. On va justement élargir ce tunnel pour améliorer la qualité de vie des habitants - pas seulement des automobilistes, mais des habitants en général ! Il n'y aura plus cette pollution ni ce bruit autoroutier vu que ce sera un abri couvert. On va pouvoir développer un écosystème au-dessus de cette autoroute, ce sera magnifique !

Bien sûr, le chantier va créer des nuisances, comme tous travaux dans cette république. Je rappelle juste une chose: si on fait face à des problèmes de transit, de circulation, d'immobilité à Vernier, c'est vous, Mesdames et Messieurs les Verts et les socialistes, qui en êtes responsables ! C'est vous qui bloquez les rues, c'est vous qui fermez les routes, c'est vous qui empêchez les gens de circuler, c'est vous qui réduisez la voile autoroutière pour que les gens restent coincés, c'est à cause de vous qu'ils polluent, qu'ils font du bruit et qu'ils pourrissent la vie des habitants ! Vous en êtes les responsables et vous devez l'assumer !

Nous voulons que les gens puissent exercer une responsabilité individuelle et bénéficier d'une liberté quant à leur mobilité, et ce n'est pas en restant les uns sur l'autoroute et les autres sur leurs vélos qu'on va changer les choses, mais plutôt en essayant d'améliorer la qualité de vie des uns et des autres, notamment en élargissant ce tunnel. Le but est de créer un nouvel espace sain pour les Verniolans et pour la population genevoise, ce qui permettra d'améliorer leur environnement. Nous déposerons donc cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Merci.

M. Jacques Jeannerat (LJS). Mesdames et Messieurs les députés, le secteur autoroutier entre Vernier et Bernex est un des plus chargés de Suisse, probablement même le plus chargé de Suisse. De 15h30 à 20h, les voitures ne roulent même pas au pas, elles sont quasiment à l'arrêt. Par conséquent, ces travaux permettront de gagner en fluidité. Nous préférons gagner en fluidité plutôt que de voir s'accumuler des bouchons, qui créent une pollution monstrueuse.

Le fantasme consistant à dire que construire une nouvelle route amènera plus de voitures... On ne peut pas mettre plus de voitures ! On ne peut tout simplement pas, il faut arrêter de rêver ! Nous devons donc bien trouver une solution. La pétition parle de projets alternatifs; on pourrait peut-être faire une autoroute à étages, ça existe à Shanghaï et à Bangkok !

Cette initiative est excessive, même si on peut discuter de certains de ses éléments: la zone de travaux, mon collègue en a parlé; rien n'est encore défini s'agissant de l'endroit où pourra se tenir le chantier. Le groupe LJS vous recommande le dépôt sur le bureau du Grand Conseil.

M. Sylvain Thévoz (S). Il est juste de rappeler que le peuple suisse a refusé le 24 novembre 2024 des secteurs de troisième voie autoroutière. Et voilà l'actualité ! Aujourd'hui, le peuple suisse ne veut plus de méga-autoroutes, il ne veut pas d'extension de ces tronçons, et le principe démocratique serait de respecter ce choix populaire qui est très clair. De plus, dans les villes, la proportion des personnes, des ménages qui ont une voiture diminue, et un consensus large commence à se faire sur la nécessité de rejeter et de limiter le trafic automobile à l'intérieur des agglomérations.

Dans le canton de Vaud, on annonce de nouveaux quartiers sans circulation autoroutière. C'est ce que demande la population, c'est aussi ce que requiert le respect de la santé. On connaît les nuisances liées au bruit ainsi que les atteintes pulmonaires causées par le trafic motorisé individuel. On l'a vu cet été en période de canicule, il est de plus en plus difficile de respirer dans des espaces surpollués.

Le projet qui nous est soumis appartient au passé, il faut en convenir. On entend la droite nous dire que cette autoroute à trois voies a été pensée en 1848 - non, je plaisante ! - et qu'il faut donc continuer et réaliser cet élargissement. (La présidente agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) Je relèverais que c'est la même logique que celle consistant à dire qu'il faut continuer à construire des immeubles bien bétonnés, sans comprendre que le contexte a changé.

Pour nous, c'est une aberration, il faut justement freiner, arrêter, s'adapter. Nous avons besoin d'une mobilité robuste et diversifiée. Arrêtons avec ces trois voies ! L'exemple à suivre, ce serait toujours plus de voitures ! Mais les huit voies à Los Angeles n'ont jamais fluidifié le trafic. Ceux qui disent qu'une troisième voie va nous aider à mieux rouler et que les vilains gauchistes nous empêchent d'avancer ont évidemment tort - vous transmettrez à M. Cerutti. Ce qui empêche les voitures d'avancer, c'est d'autres voitures et encore plus de voitures. C'est ce que dénonce cette pétition. Nous allons la renvoyer au Conseil d'Etat, parce que nous estimons que la voix des Verniolans est importante pour empêcher qu'une troisième voie autoroutière se fasse à cet endroit-là.

La présidente. Il vous faut conclure.

M. Sylvain Thévoz. Et je conclus, Madame la présidente, en freinant de toutes mes forces ! Merci. (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

M. Marc Falquet (UDC). Je trouve que c'est un peu facile d'accuser les routes d'être responsables de la saturation. (Commentaires.) Elle est liée au nombre toujours plus important de pendulaires, tout simplement; ce n'est pas la faute des routes. Evidemment, plus on octroie de places de travail à des gens qui viennent de plus en plus loin, plus on va saturer les routes. Ce n'est pas plus compliqué que ça !

C'est donc un peu simple de dire que plus d'autoroutes... Ce n'est pas comme ça qu'on va régler le problème. Pour débloquer la situation, on pourrait favoriser le commerce de proximité ainsi que l'emploi local. Il y a déjà trente mille personnes à l'Hospice général, je pense que les deux tiers pourraient trouver du travail à Genève si on arrêtait d'aller chercher les gens de plus en plus loin. Voilà, merci beaucoup.

M. Sandro Pistis (MCG). Je pense qu'il faut revenir à une certaine réalité: cette pétition est une pétition politique déposée par le groupe des Verts de la commune de Vernier. Ce même parti s'est opposé à l'élargissement de l'autoroute entre Lausanne et Genève. Mesdames et Messieurs, cette pétition n'a donc absolument pas lieu d'être ! Si vous souhaitez vraiment fluidifier les routes et autoroutes genevoises et suisses, eh bien il faut tout simplement limiter l'accès à ces axes aux véhicules pendulaires, aux véhicules frontaliers, qui, je vous le rappelle, prennent l'autoroute tous les matins et la reprennent le soir pour rentrer chez eux.

Mesdames et Messieurs, je vous encourage à déposer un texte ou en tout cas à soutenir le MCG lorsqu'il s'agit d'inciter ces frontaliers qui engorgent nos routes et autoroutes à utiliser d'autres moyens de transport comme le vélo, le tram ou les autres transports en commun. Ce n'est pas en s'opposant à ce projet, qui améliore la qualité de vie des habitants de la commune de Vernier, qu'on pourra aller de l'avant. (La présidente agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) Le groupe MCG vous invite donc à déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil et à soutenir une mobilité pour nous, pour les résidents.

La présidente. Merci de conclure.

M. Sandro Pistis. Quand on voit les difficultés qu'on a pour se déplacer à Genève, je pense qu'on doit se poser les bonnes questions ! Je vous remercie.

La présidente. Merci, Monsieur le député. La parole est à Mme Atassi pour onze secondes.

Mme Lara Atassi (Ve), rapporteuse de première minorité ad interim. Merci, Madame la présidente. Je pense que je dispose encore du temps de parole de mon groupe. (Commentaires.)

La présidente. En effet, vous vous exprimez sur le temps de votre groupe.

Mme Lara Atassi. J'aimerais répondre à quelques interventions. Premièrement, M. Cerutti disait qu'on n'est pas en train de créer une nouvelle autoroute, mais ce projet d'élargissement du contournement propose quand même de passer de quatre à sept voies, soit presque le doublement de ce tronçon. On est donc bien en train de quasiment créer une nouvelle autoroute pour contourner Genève.

Alors évidemment, pour ce qui est des projets d'enterrer l'autoroute et d'avoir de la pleine terre par-dessus, tout cela est souhaitable, mais élargir, agrandir et inviter d'autres véhicules à venir... Parce que oui, le trafic induit, ça existe, même l'OFROU nous indique qu'il y aura 5% de trafic supplémentaire suite à ces projets, or l'OFROU n'est pas exactement peuplé d'écoterroristes en sarouel ! Oui, c'est un fait scientifique, si on élargit les autoroutes, davantage de voitures viendront !

Pour une fois, je suis d'accord avec M. Pistis: effectivement, il faut encourager les personnes qui travaillent à Genève et habitent au-delà de nos frontières à venir en transports publics, mais pour ça, il faut leur offrir des infrastructures qui leur permettent de le faire. Cela passe par des transports publics transfrontaliers accessibles et, dans l'attente de leur mise en oeuvre, principalement par des P+R à la frontière. Le développement du Léman Express fait également partie des transports publics. Ce sont ces infrastructures qui leur permettront de venir sans leur voiture et ainsi de ne pas surcharger l'autoroute, garantissant à ceux qui en ont besoin de pouvoir l'utiliser - comme certains aiment le rappeler, il s'agit des personnes qui travaillent avec un véhicule. Mais il n'y a pas besoin de l'élargir pour cela ! Merci. (Applaudissements.)

Mme Christina Meissner (LC), rapporteuse de deuxième minorité. Je ne l'ai pas mentionné, mais vous le savez, je suis verniolane, et je connais les nuisances que nous subissons de toute part dans cette région. Je rappellerai quand même qu'au départ, cette autoroute ne disposait que d'une demi-jonction autoroutière. Elle subit aujourd'hui le fait qu'on ait un trèfle entier (c'est comme ça qu'on l'appelle) d'entrées et de sorties qui a été réalisé au prix de bidouillages insupportables, qui rendent effectivement le trafic et la sortie extrêmement difficiles. Il n'est donc pas contestable, en tout cas pour notre groupe, qu'une amélioration au niveau autoroutier doit être menée.

J'aimerais juste souligner que la nature n'est pas une variable qu'on peut ajuster à l'envi. Si on veut se préserver soi-même, il faut avoir un minimum de respect pour des endroits qui, non, ne seront pas identiques s'ils sont végétalisés au-dessus d'une plaque autoroutière. Ça ne donnera pas la même biodiversité ! Il faut attendre au moins cinquante ans pour que des orchidées reviennent sur un site. C'est dans cette optique que nous pouvons encore réfléchir, et le Conseil d'Etat également. L'emplacement des citernes - au hasard, n'est-ce pas ! - pourrait être une alternative pour ce chantier autoroutier. C'est pour cela que la deuxième minorité vous demande le renvoi au Conseil d'Etat. Je vous remercie.

La présidente. Merci, Madame la députée. Nous passons au vote.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 2233 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 41 oui contre 37 non (vote nominal).

Vote nominal