République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 20 juin 2025 à 10h
3e législature - 3e année - 2e session - 10e séance
PL 13645-A et objet(s) lié(s)
Premier débat
La présidente. La prochaine urgence que nous avons à traiter regroupe le PL 13645-A et la P 2240-A. Nous sommes en catégorie II, trente minutes. Le rapport sur le premier objet est de M. Ivanov, à qui je cède la parole.
M. Christo Ivanov (UDC), rapporteur. Merci, Madame la présidente. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, le PL 13645 ouvre un crédit supplémentaire de 5 350 000 francs à la loi 13007, qui prévoyait un crédit d'étude de 11 700 000 francs en vue de la construction de la patinoire du Trèfle-Blanc. La commission des travaux l'a traité avec diligence, car il y a urgence - vous le savez, puisque je porte ce projet depuis longtemps -, il y a même grande urgence à avancer sur ce dossier.
Malheureusement, nous avons rencontré passablement de soucis liés à la hausse du coût des matières premières: l'indice des prix de la construction chiffre cette augmentation à 16%, mais en réalité, dans certains domaines - c'est le cas dans celui du bois et d'autres -, l'enchérissement atteint jusqu'à 50%.
Ce crédit supplémentaire est nécessaire, car des études complémentaires doivent être menées, par exemple sur la boucle du tram, qu'il faudra inverser au Trèfle-Blanc; il y a des études complémentaires relatives à la mobilité, notamment en ce qui concerne le franchissement en surface de la route de Saint-Julien pour les piétons et les vélos; il y a des études en lien avec le P+R prévu au Trèfle-Blanc, autofinancé grâce à un emprunt par la Fondation des parkings de l'ordre de 102 millions.
Il y a encore des études géologiques indispensables pour le parking: des sondages spécifiques doivent être effectués pour évaluer l'impact potentiel des travaux, l'objectif étant de ne pas reproduire ce que nous avons vécu dans le cadre du CEVA (aujourd'hui Léman Express), à savoir le problème du bruit solidien. En effet, de nombreux habitants de villas à Lancy avaient été fortement impactés par les nuisances sonores.
Ces études complémentaires sont nécessaires, et c'est pour cette raison que la commission des travaux vous demande d'accepter le présent projet de loi, qui a été approuvé par quatorze commissaires contre un vote négatif. Je vous remercie, Madame la présidente.
M. Geoffray Sirolli (PLR), rapporteur de majorité. Mesdames et Messieurs, je vais vous parler de la pétition 2240, issue d'une initiative citoyenne. Les signataires s'inquiètent quant à l'avenir du projet de patinoire, se demandent quand celle-ci verra enfin le jour, car les Genevoises et les Genevois l'attendent impatiemment, tout comme les fans de hockey. Ce texte, qui a été particulièrement soutenu - il a obtenu plus de deux mille signatures -, a été lancé par des jeunes qui, précisément, réclament une nouvelle infrastructure.
La majorité de la commission des pétitions estime que la réalisation de la patinoire du Trèfle-Blanc constitue une nécessité absolue pour Genève; elle salue donc cette mobilisation citoyenne qui exprime une attente légitime et largement partagée par le monde sportif et la population genevoise.
En effet, cette installation qui sera d'intérêt cantonal et régional doit permettre de répondre aux besoins à la fois de l'élite et du sport populaire. Le double anneau de glace, l'insertion dans un quartier en mutation ainsi que l'engagement en faveur des énergies renouvelables sont autant d'éléments dont il faut se féliciter.
Toutefois, la majorité déplore vivement la manière dont le dossier a été piloté par le Conseil d'Etat jusqu'à présent: doublement du budget, annonces fluctuantes quant aux échéances, opacité des arbitrages, manque d'explications publiques, tout cela a entamé la crédibilité du projet. Si le soutien de la majorité est clair, il s'accompagne d'une exigence, celle d'un engagement ferme à respecter désormais le calendrier annoncé, à garantir la transparence financière et à mettre en place une gouvernance professionnelle et partagée.
C'est pourquoi la majorité propose le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat. Il s'agit d'un réel signal politique exprimant tant un encouragement à concrétiser ce projet emblématique qu'une mise en garde, car les Genevois ne comprendraient pas un nouveau report des travaux ou une dérive budgétaire incontrôlée.
Mme Céline Bartolomucci (Ve), députée suppléante et rapporteuse de minorité. Mesdames et Messieurs les députés, pour ma part, je prends la parole au nom de la minorité sur la pétition 2240. S'il est bien un point sur lequel nous sommes toutes et tous d'accord ici, c'est que le sport joue un rôle essentiel dans notre société: il favorise la santé physique et mentale, renforce la cohésion sociale, offre aux jeunes des repères, un cadre et développe leur esprit d'équipe.
Le hockey, en particulier, occupe une place importante en Suisse, et notamment à Genève où il s'inscrit dans une longue tradition et jouit d'un public fidèle et de belles réussites, comme les récents titres obtenus par le Genève-Servette le démontrent. Ainsi, la minorité ne remet aucunement en cause la nécessité pour le canton de bénéficier d'infrastructures sportives modernes, je tiens à le préciser.
Cependant, par l'intermédiaire de ce rapport, nous souhaitons rappeler que le développement d'une telle installation doit aujourd'hui impérativement tenir compte de l'urgence climatique et de la réutilisation des matériaux. La patinoire du Trèfle-Blanc, dans sa forme actuelle, soulève des questions quant à sa consommation énergétique élevée, au flux motorisé massif qu'elle va engendrer, au choix d'une nouvelle construction plutôt que d'une rénovation ou d'une réutilisation.
Pour rappel, en 2019, Genève a déclaré l'urgence climatique et s'est depuis lors doté d'un plan climat ambitieux. Il est de notre responsabilité que les grands projets publics y soient pleinement alignés.
Nous appelons donc à ne pas renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, mais à la déposer sur le bureau du Grand Conseil afin de plaider pour une réorientation du dossier vers une vision plus sobre, plus durable, plus compatible avec les besoins vitaux des générations futures, puisque ce sont celles-là même que l'infrastructure est censée servir. Je vous remercie.
Mme Nicole Valiquer Grecuccio (S). Mesdames et Messieurs les députés, il ne vous aura pas échappé que le projet de loi qui nous est soumis constitue un complément au crédit d'étude initial qui permettra par la suite d'aboutir à un crédit d'investissement.
La commission des travaux, dans sa majorité - à l'exception d'une voix chez les Verts -, entend donner les moyens nécessaires au département du territoire, plus spécifiquement à l'office cantonal des bâtiments, lequel collabore avec le département de la cohésion sociale et, pour lui, le service cantonal du sport. Il s'agit de consolider les bases du projet de loi dont nous serons saisis et de répondre ainsi à l'engagement pris par le Conseil d'Etat envers la ligue suisse de hockey, qui attend cette patinoire.
Ainsi que le rapporteur l'a souligné tout à l'heure, nous avons fait face à un renchérissement des prix de la construction, comme n'importe quel autre maître d'ouvrage. Il convient de rappeler que l'infrastructure en elle-même coûte environ 220 millions, auxquels s'ajoutent énormément de frais qui sont dus au fait que l'on édifie également un bout de quartier avec la commune de Lancy; cela exige notamment la restructuration de la boucle TPG ainsi que des aménagements extérieurs sous forme d'arborisation. Bien entendu, l'ensemble de ces coûts sera examiné de manière attentive à la commission des travaux lorsque le crédit d'investissement y sera traité.
La commission des travaux estime que le problème principal - on l'a noté hier en discutant du rapport de gestion, même le Conseil d'Etat l'a souligné - relève avant tout d'un manque de communication. Je le dis ici à titre personnel et au nom du parti socialiste, il conviendra de communiquer de manière très soutenue pour expliquer à la population la teneur de l'ouvrage si l'on veut qu'il soit accepté, car on sait combien les projets d'aménagement, malheureusement, font souvent l'objet de référendums dans ce canton et, partant, peinent à aboutir. Ainsi, l'information autour du dossier devra absolument être conséquente et l'intérêt d'une telle infrastructure pour le canton mis en avant. D'ores et déjà, la commission des travaux attend le projet de loi ouvrant un crédit d'investissement. Merci.
M. Christian Flury (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, le 28 janvier 2022, notre parlement votait la loi 13007 «ouvrant un crédit d'étude de 11 700 000 francs, en vue de la construction de la patinoire du Trèfle-Blanc à Lancy». Dans l'intervalle, la guerre en Ukraine a fait flamber de 16% l'indice des prix de la construction de bâtiments administratifs.
En raison d'une extension des études complémentaires nécessaires - il s'agit presque d'une liste à la Prévert, mais cette fois-ci, l'ensemble a été étudié et chiffré -, voilà que nous devons nous prononcer sur une rallonge de 5 350 000 francs au crédit initial; c'est quasiment la moitié de plus que ce qui avait été prévu en 2022.
Nous disposons d'une occasion unique, celle de construire un nouvel écrin, un nid pour les aigles du GSHC: une patinoire répondant aux besoins du hockey moderne, une installation indispensable au maintien de notre équipe phare dans les ligues supérieures du hockey helvétique.
Gardons en tête que la Fédération suisse de hockey sur glace exige la construction de nouvelles installations répondant aux besoins actuels et accorde temporairement une dérogation à notre club pour qu'il puisse demeurer dans la plus haute ligue suisse tout en continuant à occuper la patinoire vétuste des Vernets.
La nouvelle infrastructure prendra place au-dessus du P+R du Trèfle-Blanc, lequel devra être construit au préalable, donc les deux projets sont liés: sans parking, il n'y a pas de patinoire. La Ville de Lancy a également demandé de pouvoir bénéficier de locaux dans ces installations.
Oui, assurément, la facture est salée, presque indigeste, mais nous sommes d'avis que le moment est enfin venu d'investir au profit des sports de glace, que ce soit pour les premières équipes ou pour la formation de l'ensemble des activités sportives ayant besoin d'une telle structure. Le groupe MCG vous invite, Mesdames et Messieurs les députés, à soutenir ce projet de loi ainsi qu'à renvoyer la pétition au Conseil d'Etat, car elle poursuit le même objectif. Je vous remercie de votre attention.
Une voix. Bravo.
M. Jean-Louis Fazio (LJS). Chers collègues, une fois de plus, Genève, avec ses projets d'infrastructures, fait sourire la Suisse entière. Que ce soit le canton ou la Ville, ces Genfereien sont habituelles et font soupçonner les services qui mènent les ouvrages de manque de rigueur et de sérieux professionnel.
Cependant, la nécessité d'une patinoire digne de ce nom à Genève constitue une évidence. La structure actuelle des Vernets, véritable gouffre à énergie, est obsolète alors qu'elle accueille une prestigieuse équipe de hockey, championne de Suisse; deux raisons, entre autres, qui nous convainquent de soutenir une infrastructure du XXIe siècle. LJS, vous l'avez compris, approuvera le projet du Trèfle-Blanc, mais avec les réserves qui s'imposent.
En effet, au-delà de ce constat, nous formulons plusieurs critiques. D'abord, le coût de cette nouvelle installation fait du yoyo - vers le haut, hélas: il a été multiplié par deux, passant de 200 à 400 millions, parking inclus.
Ensuite, le projet nous paraît trop luxueux tandis que les fonds privés sont insuffisants. Pourquoi ne pas trouver un gros sponsor qui accolerait son nom au bâtiment ? La gestion de la fondation de cette future patinoire reste floue et vague, c'est inquiétant.
Enfin, c'est sans compter les cinq ans de travaux qui bloqueront la circulation à l'entrée sud de Genève, dans les deux principales zones industrielles du canton. Bonjour le chaos ! A ce propos, nous émettons un doute quant au lieu choisi. Les Genevois en ont assez des bouchons, des chantiers mal organisés et mal coordonnés. Il faut absolument élaborer un plan et prendre des décisions pour éviter cinq ans de paralysie du trafic dans ce périmètre.
Mesdames et Messieurs les députés, le groupe LJS soutiendra cette rallonge de crédit d'étude de 5 millions, espérant que nos autorités ne resteront pas sourdes à ses remarques.
M. Jacques Blondin (LC). Mesdames et Messieurs les députés, je pars du principe que le projet de loi ainsi que la pétition seront acceptés par cette assemblée. Cela étant, on a parlé de communication, et c'est vrai qu'il s'agit d'un élément clé dans ce dossier, parce qu'on entend maintenant des voix évoquer une patinoire à 400 millions - c'est ce qui se dit -, et il est évident que ça ne passe pas, ça ne passe de loin pas.
Si on en est là, c'est que la communication du Conseil d'Etat a été défaillante - mais celui qui en est à l'origine n'est pas présent aujourd'hui: quand, après avoir initialement annoncé un coût de 150 millions (c'était l'estimation de l'OCBA basée sur des chiffres théoriques), on passe à un montant de 400 millions en se contentant d'affirmer que la différence est due aux conséquences de la guerre en Ukraine, qui a généré une augmentation de 16% du prix des matériaux, il n'est pas nécessaire d'avoir été longtemps à l'école pour comprendre que le compte n'y est pas.
Il se trouve que le gouvernement a fait un choix, que je respecte, celui de lier trois équipements conséquents: une patinoire, un parking et des aménagements importants. Il faut remettre le coût de l'infrastructure dans son contexte réel, parce que selon la compréhension que la population en aura, l'éventualité d'un référendum est effectivement à prendre en compte.
Certes, l'OCBA a avancé des chiffres totalement sous-évalués au départ; certes, l'augmentation dépend en partie de la guerre en Ukraine, mais il ne s'agit pas d'une construction luxueuse, si ce n'est que c'est une belle patinoire - ceux qui ont vu le projet reconnaîtront qu'il est magnifique. In fine, on arrive à un montant de 233 millions.
C'est beaucoup d'argent, c'est cher, mais c'est le prix qu'ont payé les cantons de Zurich et de Lausanne pour leur propre patinoire; c'est beaucoup d'argent, mais ce n'est pas une aberration complète, c'est un investissement qui correspond à une réalité.
Une fois que ce crédit d'étude aura été voté, un crédit d'investissement arrivera, et il serait dommage que la population, pour une raison quelconque, se mette au travers du projet et qu'on perde encore dix ans. C'est pourquoi on doit absolument communiquer sur les faits réels.
Il convient surtout de mettre en avant le besoin. En effet, ce sont des choses qu'on entend aussi, et ceux qui sont proches des milieux sportifs savent très bien qu'il y a un manque patent de glace à Genève, que de nombreux juniors doivent s'entraîner ailleurs; j'ai des amis dont les enfants évoluent dans des mouvements juniors, potentiellement en direction de l'élite, ils doivent se rendre dans la vallée de Joux à huit heures du matin pour les entraînements ! Franchement, on n'est pas à la hauteur de nos ambitions.
Alors on ne va pas refaire le débat sur l'infrastructure actuelle, qui aurait constitué un endroit idéal pour la nouvelle patinoire, car il se trouve que le bâtiment est protégé. Il faut aller de l'avant, on a trop traîné dans ce dossier.
Vous vous rappelez peut-être qu'on avait adressé une motion à M. le conseiller d'Etat pour lui demander d'agir vite ? A l'époque, il nous avait expliqué que l'affaire était compliquée - je n'aurais pas pensé que c'était à ce point. Cela étant, on a aujourd'hui la possibilité de rétablir les choses, donc de voter ce crédit d'étude, et surtout de mener une communication basée sur la réalité.
Enfin, je rappelle que le P+R sera financé par la Fondation des parkings, c'est un montant qu'on peut déjà enlever - bon, l'Etat sera cautionnaire, mais ça fait partie de la musique habituelle. Mesdames et Messieurs, Le Centre vous invite à soutenir ce projet de loi, c'est-à-dire à voter le crédit d'étude. Merci.
M. Adrien Genecand (PLR). Le groupe libéral-radical votera également ce complément au crédit d'étude. Mon préopinant Jacques Blondin a dit l'essentiel sur le pourquoi du comment nous en sommes arrivés là: parce que l'Etat a fait des choix.
Lorsque ce sera le moment de voter sur le crédit d'investissement pour la réalisation complète de l'ouvrage, nous aurons sans doute l'occasion d'émettre quelques critiques quant à ces choix et à d'autres qui auront été effectués ou pas, notamment la question de la société de gestion.
Pour le surplus, Mesdames et Messieurs, je n'ai pas vraiment eu l'opportunité de le faire, mais allez consulter le programme des différents partis politiques pour les élections cantonales de 2023, il me semble qu'on y retrouve partout la mention d'«infrastructures sportives», c'est un terme très générique.
Alors oui, évidemment, il s'agit d'une patinoire et on ne construit un tel équipement que tous les cent ans, donc le projet coûte cher. C'est là qu'on voit le vrai visage des gens, c'est là qu'on voit qui soutient réellement un développement de la pratique sportive et de ses infrastructures dans le canton; tout le reste n'est que fumisterie. Je vous encourage, Mesdames et Messieurs, à accepter ce crédit d'étude supplémentaire. (Applaudissements.)
M. Pierre Eckert (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, comme vous le savez, les Vertes et les Verts s'étaient opposés au crédit d'étude initial. Dans l'intervalle, la législature a changé, si bien que le groupe actuel s'est à nouveau posé la question de cette infrastructure. Nos interrogations premières demeurent et concernent trois aspects: le bilan énergétique, le programme additionnel (parking, surfaces de bureau) et les coûts de fonctionnement.
Pour ce qui est de l'énergie, nous avons bien noté que la nouvelle patinoire du Trèfle-Blanc sera énergétiquement neutre grâce à des mesures actives et passives. Toutefois, il ne suffit pas d'ajouter des bâtiments neufs performants dans le parc immobilier existant; une véritable cohérence écologique et économique exige l'assainissement, voire le remplacement, des installations actuelles.
Or tel ne sera pas le cas, puisque la double patinoire des Vernets subsistera, et le canton n'a pas annoncé consentir d'efforts pour en réduire l'empreinte énergétique. Nous demandons dès lors des actions en faveur d'une diminution notable et mesurable de la consommation énergétique des Vernets, par exemple en y plaçant du téflon, comme on l'avait proposé au départ - la difficulté, bien entendu, nous le savons, c'est que le bâtiment est propriété de la Ville de Genève.
Nous avons également pris acte du fait que l'ouvrage n'inclura pas de centre commercial, comme au Stade de Genève. Cependant, de nombreuses surfaces de bureaux seront construites; nous nous interrogeons quant à leur nécessité et serons attentifs à leur affectation.
S'agissant du vaste parking prévu à cet endroit, la priorité doit être donnée à un P+R, si possible en remplacement de la vilaine tour de l'Etoile. Nous demeurons néanmoins sceptiques quant à l'attractivité de ce parking lors des matchs. Au vu de la situation de la patinoire, les transports publics devraient être encouragés, conformément aux objectifs du plan climat cantonal.
Enfin, les amortissements que l'Etat devra prendre en charge seront énormes, de même que les coûts de fonctionnement. Il reste à mener une réflexion sur la manière dont les autorités pourront justifier un tel investissement public en faveur d'usages largement privés. La viabilité financière du projet doit être assurée pour que celui-ci devienne crédible.
En attendant d'obtenir des réponses à nos interrogations, nous nous abstiendrons au sujet de ce crédit d'étude supplémentaire, ce qui représente déjà un progrès par rapport à notre position initiale. (Rires.)
M. Christo Ivanov (UDC), rapporteur. Madame la présidente, vous transmettrez à mon préopinant, M. Eckert, que la Ville de Genève a déployé de grands efforts pour amortir l'impact de ce gouffre à énergie que représente la patinoire des Vernets: récemment, tout l'ammoniac a été retiré - le club a d'ailleurs dû jouer à Neuchâtel, Viège et ailleurs - au profit du glycol, donc la Ville de Genève montre déjà sa volonté d'assainir les infrastructures sportives.
En ce qui concerne le flux motorisé - je réponds à ma préopinante Verte assise en face de moi -, il n'y aura pas d'augmentation, puisqu'un P+R de mille places est prévu. Les gens arriveront depuis l'autoroute et n'iront pas percoler dans les quartiers en péjorant la qualité de vie des habitants de Lancy et de Plan-les-Ouates; ils repartiront ensuite d'où ils sont venus, donc il n'y aura aucune pollution supplémentaire. Bien au contraire, il s'agira d'un parking, je dirais, intelligent, qui répond au problème du CO2.
Petit rappel historique: la patinoire des Vernets existe depuis les années 50, a été inaugurée en 1961 pour les championnats du monde, soit il y a soixante-quatre ans. Comme cela a été souligné, un «naming» est prévu pour la patinoire du Trèfle-Blanc par la future société qui portera le projet, pour autant que celui-ci soit voté par la population ! En effet, je pense que nous n'échapperons pas à un référendum de la gauche très à gauche...
Une voix. Oh non !
M. Christo Ivanov. A mon avis, il y aura un référendum, mais on verra. Cela dit, on a l'habitude, on connaît ! (Commentaires.) Oui, Madame la présidente, merci de communiquer ceci à certaines personnes: je mets ma main au feu que sur le futur crédit d'investissement - pas sur ce texte-ci -, un référendum sera lancé et que le peuple le refusera aux deux tiers, car il y a toujours un tiers de ronchons dans ce canton.
On peut effectivement regretter que la facture ait quasiment doublé; cela est dû au fait que le département a sous-estimé les coûts. Or, ainsi que cela a été indiqué, la patinoire de Lausanne tout comme celle de Zurich ont coûté excessivement cher.
Cette nouvelle infrastructure constitue un vrai projet de société, puisqu'elle impliquera une ouverture... Alors on n'a pas voulu des liaisons L1-L2 à l'époque, donc il faudra intégrer la boucle TPG, sans parler de l'arborisation, d'une salle communale au profit des communiers de Lancy, d'une deuxième patinoire extérieure, etc. Les frais d'aménagement représentent plus de 70 millions.
S'agissant de la pétition 2240, je soutiens - la majorité soutient - son renvoi au Conseil d'Etat. En effet, il est heureux de voir que des jeunes dans ce canton se mobilisent pour lancer une pétition nous demandant d'accélérer les travaux - c'est le cas de le dire.
Monsieur le magistrat, nous attendons le crédit d'investissement de pied ferme, j'espère qu'il nous parviendra le plus vite possible. Et s'il doit y avoir un référendum, eh bien il y aura un référendum ! En l'occurrence, Mesdames et Messieurs, la majorité de la commission vous prie de bien vouloir accepter le PL 13645. Je vous remercie.
M. Geoffray Sirolli (PLR), rapporteur de majorité. Je n'ajouterai pas grand-chose, car mon collègue ici présent connaît parfaitement le dossier et en a très bien expliqué les enjeux. Je signale juste une nouvelle fois que les différents projets qu'on peut avoir pour notre société, pour Genève au sein de ce parlement sont très divers: certains ici rêvent de clapiers à lapins communistes tandis que d'autres veulent avancer comme le reste du pays en créant une patinoire moderne pour nos jeunes, pour notre équipe de hockey, pour notre population. Voilà, merci.
M. Thierry Apothéloz, président du Conseil d'Etat. Mesdames les députées, Messieurs les députés, vos interventions sur ce crédit d'étude complémentaire montrent bien l'intérêt et l'enthousiasme que vous manifestez pour ce projet, un enthousiasme teinté de critiques, et vous avez raison de les formuler, vous êtes là pour cela, pour soulever des questions. Cependant, in fine, l'enjeu essentiel est de pouvoir avancer, c'est nécessaire. Grâce au temps qui nous a été donné aujourd'hui pour traiter ce projet de loi, plusieurs orientations ont émergé.
A cet égard, il me faut d'abord relever un point que je considère comme important: n'appelez pas sans arrêt au lancement d'un référendum ! A ce stade, il est inutile de réveiller les foules, il importe davantage de se concentrer sur un dispositif qui puisse être le plus convaincant possible, et je vous assure que nous y travaillons. Je ne suis pas naïf, je connais bien les droits populaires; si référendum il y a, nous serons prêts - nous le sommes déjà - à y répondre, ne vous inquiétez pas.
Concentrons-nous donc sur le projet de loi ouvrant un crédit d'investissement, que le Conseil d'Etat sera amené à déposer, si tout va bien, vraisemblablement d'ici la fin du mois de juin. Ensuite, il sera confié à votre parlement à la rentrée scolaire prochaine, de sorte que la commission des travaux, s'il y est renvoyé, pourra travailler dessus en urgence.
J'ai entendu plusieurs éléments dans vos propos qui méritent quelques explications, voire des rectifications. Pour commencer, le projet n'omet pas les collaborations, ne fait pas fi des partenariats public-privé; au contraire, pour la première fois s'agissant d'une infrastructure de ce type, le Conseil d'Etat a accepté l'idée d'un «naming», ce qui rapportera de l'argent et servira la gouvernance de cette future patinoire - ou de ces futures patinoires.
Deuxièmement, nous avons à coeur que le modèle du droit de superficie contribue également au financement de cet objet. C'est la raison pour laquelle quelques surfaces commerciales - et non un centre commercial - sont prévues. Nous avons par ailleurs offert la possibilité à la Ville de Lancy d'y installer des équipements publics, par exemple une médiathèque, une crèche ou une structure pour le parascolaire.
La Ville de Lancy a effectivement un intérêt dans cette affaire - cela a été souligné par le rapporteur sur le projet de loi -, car au fond, il s'agit aussi de construire un bout de quartier, et la commune est attentive à apporter du service public dans ce secteur, qui constitue un trait d'union entre différents quartiers. C'est la raison pour laquelle la Ville de Lancy est notre partenaire dans cette belle aventure en vue de créer une nouvelle infrastructure sportive.
Le projet de loi du Conseil d'Etat en tant que tel ne sera pas devisé à 400 millions; le chiffre sera explicité dans le texte définitif. Nous avons évoqué un montant de 400 millions, parce que nous voulions nous montrer transparents. Or on reproche précisément au Conseil d'Etat un manque de transparence alors que nous avons fait le choix d'assumer le coût, de l'expliquer. En effet, si vous aviez découvert la somme fixée pour la patinoire plus le parking dans le présent projet de loi, vous auriez râlé contre le Conseil d'Etat à juste titre, en vous exclamant: «On nous cache des choses, il y a des augmentations !»
Nous avons posé ce chiffre sur la table en précisant qu'il convenait de distinguer le coût de la patinoire d'une part de celui du parking d'autre part. Le financement du P+R est assumé pour un quart par la Fondation des parkings au titre de fonds propres, le reste étant cautionné par le canton de Genève. Ainsi, ce n'est pas l'Etat qui versera des espèces sonnantes et trébuchantes à la Fondation des parkings, mais il se trouve que le montant total de l'investissement public sera celui-là. Voilà pourquoi il m'importait de clarifier les choses. Nous aurons encore l'occasion de le faire en commission ainsi que lors du débat final - qui, je l'espère, aura lieu cet automne - sur le crédit d'investissement lié à cette future patinoire.
En ce qui concerne la gouvernance, nous avons également pris le parti d'une innovation. En effet, le canton de Genève n'a pas l'habitude de créer des sociétés anonymes publiques, nous le faisons ici pour assurer la garantie du financement et du fonctionnement de cette future infrastructure, encore une fois en collaboration avec la Ville de Lancy, particulièrement investie dans ce projet.
Merci donc de l'impatience que vous manifestez, merci pour vos critiques qui sont les bienvenues, merci au final de votre soutien pour cette première étape qui donne le signal au Conseil d'Etat d'avancer rapidement dans le dépôt du crédit d'investissement.
Rendez-vous cet automne, je l'espère, pour traiter de ce projet de loi, pour le défendre auprès de la population intéressée ou passionnée par le hockey, étant rappelé que Genève est aujourd'hui le canton de Suisse fournissant le moins de surfaces pour ce sport de glace: nous nous réjouissons de pouvoir remédier à cela ces prochaines années. Merci.
La présidente. Je vous remercie, Monsieur le président du Conseil d'Etat. Nous passons au vote sur les deux textes.
Mis aux voix, le projet de loi 13645 est adopté en premier débat par 73 oui et 13 abstentions.
Le projet de loi 13645 est adopté article par article en deuxième débat.
Mise aux voix, la loi 13645 est adoptée en troisième débat dans son ensemble par 74 oui et 13 abstentions (vote nominal).
Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (renvoi de la pétition 2240 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 74 oui contre 11 non et 1 abstention (vote nominal).