République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 11 avril 2025 à 14h
3e législature - 2e année - 12e session - 66e séance
P 2199-A
Débat
Le président. Nous examinons ensuite la P 2199-A, toujours en catégorie II, trente minutes. La parole échoit à Mme Meissner.
Mme Christina Meissner (LC), rapporteuse de majorité. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je vais commencer par citer le rapporteur de première minorité, s'il le permet, parce que je trouve qu'il a très bien écrit les choses: «Au vu de la surdensification urbaine» - et du réchauffement climatique - «il nous paraît effectivement essentiel de maximiser la végétalisation et d'en rappeler ses vertus: "générer des microclimats agréables, contribuer au bien-être et à la santé globale, maintenir la fraîcheur, capter et fixer les poussières et les polluants, amortir le bruit, renforcer la perméabilité des sols, approvisionner la nappe phréatique, maintenir la présence et la vie des petits mammifères, des oiseaux, etc."»
Mais avec une telle entrée en matière, pourquoi donc prônez-vous le dépôt de cette pétition, laquelle demande la préservation d'un îlot de fraîcheur, îlot de fraîcheur essentiel dans ce périmètre identifié par la Ville de Genève comme l'un des plus chauds ? Ah, c'est qu'il faut penser aux enfants et leur offrir un skatepark, voilà !
Parlons maintenant du rapport de deuxième minorité, truffé d'erreurs, voire un petit peu mensonger, qui évoque un besoin de skatepark dans le quartier. Il se trouve qu'une étude a été menée par la conseillère administrative Verte Esther Alder avec pour objectif de déterminer les besoins, notamment des jeunes, en lien avec la précarité, l'isolement, le manque de contact social. La situation a été analysée à la Prairie, à Cornavin, à Saint-Gervais, dans le quartier des Grottes, en particulier dans le sous-secteur Grottes-Cropettes dont il est question dans cette pétition, et l'enquête ne conclut pas à une pénurie d'infrastructures pour la jeunesse.
En effet, Genève n'a pas à rougir de son offre de skateparks. Il n'y a pas seulement celui de Plainpalais, qui est surtout pour les adultes, il y en a aussi pour les plus jeunes, par exemple un tout neuf à l'école de Sécheron, un autre à celle de Chateaubriand, tout près. Ce dernier est certes vétuste, mais idéalement situé. Pourquoi ne pas le rénover au lieu de bétonner ailleurs une surface de pleine terre ?
Enfin, il paraît que les dernières places de parking au coeur des Grottes sont vouées à disparaître. Pourquoi ne pas les transformer en skatepark ? Ce sont des surfaces déjà bétonnées. Il n'y a aucun besoin urgent d'un nouvel équipement à l'endroit prévu.
Quant à la demande des jeunes du quartier des Grottes, parlons plutôt d'une instrumentalisation par une personne, bien au fait du monde politique, qui veut un skatepark à cet emplacement précis, et pas à un autre, pour faire plaisir à sa fille, et qui a entraîné certains adolescents dans son sillage, mais pas toute la jeunesse du quartier.
La consultation telle qu'elle a été effectuée n'a pas du tout inclus les riverains ou d'autres lieux: dès le début, elle a été complètement orientée sur un seul projet, sans aucune alternative - et pourtant, il y en a. Aucune concertation n'a été conduite, c'est tout sauf un projet participatif, il est au contraire totalement exclusif, y compris pour les chiens, qui y perdront leur seul espace de liberté.
On a parlé d'instrumentalisation de la nature, encore faut-il que cela ait été avéré. Eh bien il n'y a eu aucune étude multicritères ou multisites, aucune étude environnementale sur le terrain. Le projet prévoit d'assurer la survie de la nature, mais rien n'est moins sûr. Les pseudo-noues censées préserver les arbres du stress hydrique accru du fait de la bétonnisation sont des canalisations. Or il n'y a pas d'infiltration d'eaux pluviales au profit de la végétation quand celles-ci partent dans un tuyau.
Cet espace, que d'aucuns estiment sans intérêt pour la nature, constitue en réalité une île au milieu du béton, une halte bienvenue pour la petite faune. Oui, des hérissons s'y réfugient ! Je suis bien placée pour le savoir, vous êtes au courant.
Par ailleurs, loin de se trouver à l'abandon, ce périmètre est entretenu depuis dix ans par une association soucieuse de préserver la flore sauvage et dont l'engagement est reconnu par le programme cantonal «Nature en ville»: ses membres soignent l'espace vert année après année, y plantent des végétaux, mettent de l'eau à disposition des oiseaux et de la petite faune, et ce sans solliciter la moindre subvention.
Le montant de plus d'un million prévu pour le skatepark serait mieux investi dans la rénovation du skatepark de Chateaubriand et dans le soutien à cette association qui s'engage depuis dix ans sur le terrain, mais aussi pour nos amis à quatre pattes. Pour toutes ces raisons, la majorité de la commission demande le renvoi de cette pétition au Conseil administratif de la Ville de Genève et vous remercie de la suivre.
M. Marc Falquet (UDC), rapporteur de première minorité. Merci, Madame la rapporteuse de majorité... (L'orateur est inaudible.)
Des voix. Le micro !
M. Marc Falquet. Ah, il n'est pas branché ?
Une voix. Si, il est allumé, mais il faut parler dedans, tu es trop loin.
M. Marc Falquet. Ah, d'accord, voilà ! Je disais donc merci à la rapporteuse de majorité. Ce qu'elle indique est presque juste... (Rires.) ...presque vrai, sauf en ce qui concerne la conclusion, évidemment.
En effet, on est tous d'accord de préserver les îlots de fraîcheur en ville, qui serait contre ? Le problème, aujourd'hui, c'est qu'on manque de place, il n'y a plus de terrains à disposition. Dans ce cas précis, on assiste un peu à un combat entre des jeunes qui souhaitent un skatepark et des gens qui baladent leur chien. Bon, tout le monde a des droits, mais qui a raison ? Eh bien il se trouve que ce n'est pas à nous de décider, puisque la Ville de Genève a déjà tranché.
Il faut se rappeler qu'en 2000, je crois, soit il y a quelques années déjà... Vous parlez d'un individu en particulier, Madame, mais ce sont quand même plus de cinq cents personnes qui ont signé cette pétition demandant la construction d'un skatepark, dont des habitants du quartier. Deux ans après, la Ville de Genève a voté à l'unanimité un budget pour la réalisation de cette infrastructure. A l'unanimité ! La pétition avait été acceptée par le Conseil municipal puis renvoyée au Conseil administratif. C'est vrai qu'il y a eu des recours, mais ils ont été rejetés.
Maintenant, le projet suit son cours, nous ne pouvons plus intervenir dans cette affaire. C'est acté, c'est fixé, il y aura un skatepark à cet endroit. Je suis désolé pour les gens qui y promènent leur chien, j'espère qu'on pourra leur garder une place. Certes, une partie du terrain sera imperméabilisée - 1800 mètres carrés sur un total de 5000 mètres carrés -, mais la Ville de Genève - et je m'adresse ici à M. le président - a prévu un dispositif astucieux consistant à drainer l'eau de la partie imperméable pour la renvoyer vers la zone boisée et végétalisée. En réalité, il y aura davantage d'eau qu'avant pour les arbres, c'est un système magnifique.
Par ailleurs, il y a une vraie demande des jeunes du quartier, ce sera extraordinaire pour eux. L'équipement ne créera quasiment aucune nuisance, puisqu'il n'y a pas d'habitations autour: d'un côté, ce sont des locaux commerciaux, de l'autre il y a un parking, en face une école et un peu plus loin, à la rue des Gares... Il ne s'agit pas de réaliser un circuit de karting avec des véhicules à moteur, mais un skatepark pour les jeunes, pour que ceux-ci puissent s'épanouir. Voilà des années qu'ils l'attendent.
Toutes les oppositions ont été levées, Mesdames et Messieurs, l'opération est en cours. Je ne vois pas pourquoi on devrait maintenant renvoyer cette pétition au Conseil administratif, que va-t-il en faire ? La décision a déjà été prise de construire cette infrastructure. Par conséquent, il faut absolument déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil, je ne vois pas à quoi elle va servir. A la rigueur, faites ce que vous voulez, mais ça ne changera de toute façon pas la volonté des autorités de la Ville de Genève. Merci.
M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur de deuxième minorité. Mesdames et Messieurs les députés, jamais je n'aurais pensé être aussi d'accord avec M. Marc Falquet ! C'est à se demander pourquoi je présente un rapport de deuxième minorité - je me pose moi-même la question -, car il a vraiment bien résumé les enjeux.
Aujourd'hui, nous avons le choix entre déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil ou la renvoyer à la Ville de Genève qui en fera des choux et des pâtés, parce que le sujet a déjà été traité, les crédits d'étude sont votés. Depuis 2022 déjà, les autorités municipales s'occupent de ce projet, donc il ne sert à rien de leur transmettre un texte sur le même thème. De grâce, que les partis qui s'exclament en permanence: «Arrêtez avec l'administration, on lui envoie des choses qui la font travailler pour rien» ou que sais-je appliquent eux-mêmes cette méthode et ne renvoient pas au Conseil administratif une pétition dont il ne fera rien.
La question a été examinée, il y a une vraie demande des jeunes qui est appuyée par Pré en bulle, l'association du quartier, il s'agit d'une zone ferroviaire non constructible, pas un seul arbre ne sera abattu, donc on ne perd rien s'agissant de l'îlot de fraîcheur. Simplement, on offre une installation publique pour une jeunesse qui en a besoin.
Et quand Mme Meissner - vous transmettrez, Monsieur le président - soutient que Genève regorge de skateparks, c'est faux: il y a de grands modules surutilisés sur la plaine de Plainpalais, un petit équipement à la Praille (sous une autoroute, entre quatre voies routières) et un autre tout petit (deux barres) à Chateaubriand, ils sont tous surutilisés. Il faut penser ici à la jeunesse qui formule une vraie demande pour employer un bout de terrain relevant de la zone ferroviaire.
Non seulement il ne sert à rien de renvoyer cette pétition à la Ville de Genève, mais il est absurde de s'opposer au projet. Merci donc de déposer ce texte qui fait un peu office de combat d'arrière-garde. Les recours judiciaires ont été balayés, les crédits d'étude votés, aussi ne prolongeons pas la lutte sur cet enjeu et déposons la pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.
Mme Céline Bartolomucci (Ve), députée suppléante. Mesdames et Messieurs les députés, chez les Vertes et les Verts, nous sommes bien sûr très conscients de la complexité de ce dossier, car il met en tension deux causes qui nous tiennent profondément à coeur: d'un côté, il y a la nécessité de préserver les espaces naturels en ville, les sols perméables, la biodiversité, les îlots de fraîcheur, et de l'autre, notre mission primordiale est de répondre aux besoins sociaux, notamment à ceux de la jeunesse urbaine, souvent oubliée dans l'aménagement du territoire.
Il ne s'agit pas d'un débat entre les amis de la nature et ceux qui veulent bétonner, il s'agit d'opérer une pesée d'intérêts entre la protection de l'environnement - à laquelle nous sommes farouchement attachés - et l'accès des jeunes à des espaces de rencontre, de sport et de liberté dans un quartier qui en manque cruellement.
Sur le fond, certes, le projet n'est pas parfait, car il implique une imperméabilisation partielle du sol, ce qui nous interpelle bien sûr. Toutefois, aucun arbre ne sera abattu, l'arborisation existante sera conservée tandis que les aménagements ont été pensés par des spécialistes afin de limiter l'impact sur les racines et le cycle de l'eau. Ce n'est donc pas un projet destructeur, mais bien un compromis - imparfait sans doute, mais assumé et réfléchi.
D'ailleurs, en ce qui concerne nos amis les chiens, dont on a parlé précédemment, que tout le monde soit rassuré: un emplacement a été trouvé entre la rue du Grand-Pré et la rue Chouet qui leur sera spécialement dédié et verra le jour prochainement. Aussi, tout va bien de leur côté.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que ce projet est le fruit d'une mobilisation locale, portée par les jeunes du quartier eux-mêmes dès 2019 et relayée par les associations du quartier. Toutes les étapes démocratiques ont été franchies: vote des crédits, autorisation de construire, recours, puis rejet de celui-ci; le Conseil administratif de la Ville a été saisi et a répondu. Pour notre part, nous trouvons que les intérêts ont été pesés comme il se doit.
Chez les Vertes et les Verts, nous refusons d'opposer environnement et action sociale. Ce projet s'inscrit dans un équilibre, certes inégal, mais l'aménagement urbain requiert des choix, et nous devons accompagner la transition écologique avec une attention particulière aux citoyens de demain, à ces jeunes que tout le monde veut mettre de côté. Pour davantage de nature, nous suggérons notamment de continuer à supprimer des parkings et des routes - mais j'imagine que ce n'est pas le sujet ici.
Pour toutes ces raisons, Mesdames et Messieurs, le groupe des Vertes et des Verts vous invite à ne renvoyer cette pétition ni au Conseil d'Etat ni au Conseil administratif, mais à la déposer sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie. (Applaudissements.)
M. Geoffray Sirolli (PLR). Mesdames et Messieurs, on assiste ici à une situation un peu problématique où on sent qu'une majorité de gauche de la Ville de Genève se livre à une sorte de danse du ventre. D'un côté, on nous rabâche à longueur de temps qu'il faut végétaliser la ville, aménager des zones de fraîcheur pour lutter contre les îlots de chaleur, à plus forte raison dans un quartier - cela a été relevé par la rapporteuse de majorité - qui figure parmi les plus chauds de Genève.
D'un autre côté, il est question de couler du bitume sur un terrain pour réaliser un skatepark, ce qui sera très bien pour les jeunes, il faut le souligner, mais également temporaire. En effet, je vous invite toutes et tous à lire la réponse de la conseillère administrative Verte de la Ville de Genève, qui indique que nous allons dépenser 600 000 francs pour bétonner une zone de façon à créer un skatepark, et ce de façon temporaire ! A nouveau, on observe une espèce de danse du ventre: on veut certaines choses, mais en réalité, on fait le contraire, on ne sait pas très bien où on va et on emprunte au final un autre chemin.
Au PLR, nous sommes pour la prise de responsabilité. Or, aujourd'hui, la décision appartient aux autorités de la Ville de Genève. Voilà pourquoi nous souhaitons que la pétition soit renvoyée au Conseil administratif. Il faut que le canton et la Ville - je rappelle que ce sont les représentants du même parti qui sont chargés des mêmes missions, à savoir le magistrat Vert pour le département cantonal du territoire et la conseillère administrative Verte pour la Ville de Genève - prennent leurs responsabilités et s'arrangent entre eux, qu'ils choisissent entre l'îlot de fraîcheur ou le skatepark pour les enfants !
Nous vous recommandons donc de renvoyer cette pétition au Conseil administratif de la Ville de Genève pour qu'il se montre enfin clair et que les Verts arrivent à se décider entre eux. Sinon, pour équilibrer les forces, j'invite les pétitionnaires à se rendre aux urnes dimanche ! (Rires.) Merci beaucoup.
M. Jean-Pierre Tombola (S). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, cette pétition nous interpelle, car elle concerne la jeunesse. Nous sommes tous d'avis qu'il faut préserver les zones de fraîcheur, nous sommes tous d'avis qu'il faut protéger l'environnement, nous sommes tous d'avis qu'il faut un cadre de vie correct.
Toutefois, Mesdames et Messieurs, nous sommes ici face à une demande des jeunes, et le processus dure depuis des années. La Ville de Genève s'est déjà déterminée, le Conseil municipal s'est exprimé en faveur de la réalisation d'un skatepark, les deux rapporteurs de minorité ont donné suffisamment d'informations à ce sujet. Sincèrement, je ne vois pas pour quelle raison il faudrait renvoyer le texte aux autorités municipales, qui se sont déjà prononcées.
La pétition est adressée au Grand Conseil pour que celui-ci se détermine entre, d'un côté, la protection de l'environnement, la préservation des îlots de fraîcheur, la sauvegarde du climat, la plantation d'arbres, le drainage, tout ce qui a été évoqué, et d'un autre côté une demande des jeunes à laquelle nous avons le devoir de répondre.
Les habitants ne seront pas exposés aux nuisances, c'est le meilleur endroit possible pour installer un skatepark, il n'y a pas de logements à côté, juste la gare et l'école en face. Les jeunes trouveront certainement le moyen de se délasser de manière intelligente.
Déposons cette pétition sur le bureau du Grand Conseil et laissons la Ville de Genève poursuivre son travail. Je vous invite à suivre les recommandations du parti représentant la deuxième minorité: le groupe socialiste vous recommande de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.
Le président. Merci, Monsieur le député. Je redonne la parole à Mme Meissner pour une minute.
Mme Christina Meissner (LC), rapporteuse de majorité. Merci, Monsieur le président. Je voudrais juste revenir sur un élément qui a été mentionné, à savoir le fameux parc de remplacement pour les chiens: c'est faux, la zone n'a pas été trouvée, donc avec ce projet, les chiens perdent effectivement un espace de liberté.
Pour le reste, tout a été dit. Mettons les autorités de la Ville de Genève face à leurs contradictions et renvoyons cette pétition au Conseil administratif. Merci.
Le président. Je vous remercie. Madame Bartolomucci, il vous reste vingt-cinq secondes.
Mme Céline Bartolomucci (Ve), députée suppléante. Merci, Monsieur le président. J'avais déjà préparé cette nouvelle prise de parole, car bien sûr, il était prévisible que certains viendraient reprocher au seul parti dans la ligne duquel l'écologie s'inscrit en tout temps et pas seulement en période électorale de ne rien faire sur ce sujet.
Personne ici ne conteste l'importance des îlots de fraîcheur, nous sommes d'ailleurs les premiers à les défendre. Cependant, être écologiste, ce n'est pas faire de l'écologie de vitrine, c'est opérer des choix concrets, parfois complexes, en tenant compte du contexte, du lieu et surtout des besoins des habitants. Ici, il est question de jeunes dans un quartier souvent populaire et parfois difficile, et pour les Verts, cela compte également. Merci. (Applaudissements.)
M. Jean-Marie Voumard (MCG). En tant qu'habitant des Pâquis, je suis surpris par certains propos. Je vous invite, Mesdames et Messieurs les députés, à venir aux Pâquis: vous y verrez le goudron disparaître régulièrement au profit de la terre. Ici, on vous demande d'enlever la terre pour y mettre du goudron ! La Ville de Genève se porte décidément très bien - vivement les élections ce dimanche ! Je vous remercie, Monsieur le président. (Rires. Applaudissements.)
M. Christian Steiner (MCG). Il y a eu quelques inexactitudes au cours du débat, je dois préciser certaines choses. Le souhait initial des jeunes, qui est à prendre en considération - différentes pétitions ont été déposées demandant des endroits pour se réunir dans plusieurs quartiers, notamment aux Grottes -, c'était un skatepark et un parkour. J'ai constaté, ayant travaillé longtemps dans le quartier, qu'ils pratiquaient le parkour dans des conditions extrêmement dangereuses, au risque de tomber sur les voies CFF en dessous; il aurait été possible de combiner les deux.
Par contre, le reproche qu'on peut formuler, c'est que toutes les options n'ont pas été étudiées. Juste en face de la route d'accès se trouve un garage pour deux-roues couvert; j'ai déjà évoqué cette piste, mais elle n'a pas été examinée, on pourrait tout à fait concilier un parc à chiens autogéré qui donne entière satisfaction et un skatepark ainsi qu'un parkour.
En effet, il n'y a pas de raison de bétonner 1800 mètres carrés, à part si on considère - ce qui me semble de plus en plus le cas de la Ville de Genève - que le seul endroit où planter un arbre, c'est une place de parc ! Et si un arbre est déjà planté et que ses racines sont piétinées par n'importe qui, du moment qu'il n'y a pas de place de stationnement à côté, tout le monde s'en fiche - ce sont des cas concrets. Donc oui, je pense qu'il vaut la peine de renvoyer cette pétition au Conseil administratif, qui comprendra ainsi qu'on n'approuve pas sa politique de gestion des espaces verts. Merci.
Une voix. Très bien.
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. L'espace d'un instant, je me suis senti à la Ville de Genève ! La parole retourne à M. Falquet.
M. Marc Falquet (UDC), rapporteur de première minorité. Merci, Monsieur le président. En effet, Mesdames et Messieurs, beaucoup de blabla inutile, puisqu'on a déjà relevé que les jeux sont faits. De toute façon, ce n'est pas au Grand Conseil d'aller donner des leçons de pseudo-écologie aux représentants de la Ville de Genève, je crois qu'ils sont assez forts dans le domaine - pas de la pseudo-écologie, mais de l'écologie. La Ville a procédé à une pesée des intérêts et a décidé de réaliser un projet en faveur de la jeunesse du quartier: un skatepark qui apportera de la joie à de nombreux jeunes.
Rappelons qu'aucun arbre ne sera abattu. Les arbres sont situés en bordure du terrain, ce sont de beaux spécimens: aucun d'entre eux ne sera coupé, ils seront même renforcés. Quant aux chiens, on devrait effectivement imaginer une alternative pour eux, car c'est un vrai problème: les chiens ont le droit de se balader, de se défouler, il faudrait trouver une solution.
Une voix. Oui, en renvoyant la pétition au Conseil administratif !
M. Marc Falquet. Mais le Conseil administratif a déjà pris sa décision, c'est fait. Voilà, donc déposons cette pétition sur le bureau du Grand Conseil, ne faisons pas la morale aux autorités municipales.
Le président. Je vous remercie. Mesdames et Messieurs les députés, c'est le moment de vous prononcer sur les conclusions du rapport de majorité, qui préconise le renvoi de cette pétition au Conseil administratif de la Ville de Genève.
Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (renvoi de la pétition 2199 au Conseil administratif de la Ville de Genève) sont adoptées par 44 oui contre 34 non et 1 abstention (vote nominal).