République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 10 avril 2025 à 20h30
3e législature - 2e année - 12e session - 65e séance
R 1064 et objet(s) lié(s)
Débat
Le président. Nous passons à l'urgence suivante, à savoir les R 1064 et M 3098-A, qui sont liées. Pour rappel, le premier de ces points regroupait également les R 1056 et R 1057, mais celles-ci ont été retirées lors de la séance de 17h. Nous sommes en catégorie II, trente minutes. La parole est à M. Béné, auteur du rapport R 1056-A, R 1057-A et R 1064.
M. Jacques Béné (PLR), rapporteur. Merci, Monsieur le président. Je tiens à remercier tout d'abord l'ensemble des collègues de la commission, Mme Fontanet ainsi que la direction des affaires internationales et Mme Béatrice Ferrari d'avoir travaillé avec célérité afin de vous proposer cette résolution de commission. Celle-ci remplace les deux excellentes propositions de résolutions d'Alexandre de Senarclens et de Sébastien Desfayes, qui ont été retirées tout à l'heure et qui ont permis ce débat d'une importance capitale.
Mesdames et Messieurs les députés, Genève est une place stratégique pour la diplomatie et le multilatéralisme. Il nous appartient bien évidemment de conserver ce rôle central. Si la Genève internationale est le poumon économique du canton avec 153 000 emplois - on l'a souvent répété, cela représente 67% de la valeur ajoutée du canton -, elle traverse malheureusement une période de grande fragilité.
La réduction des financements des partenaires met en péril son fonctionnement. Et si nous en percevons bien les conséquences à Genève, cette réalité reste encore trop souvent ignorée, ou en tout cas mal comprise, à Berne et en Suisse alémanique. Sur le terrain, les effets sont déjà visibles: des programmes vitaux ont été suspendus dans le domaine des droits humains, de la santé globale et de l'action humanitaire. Malheureusement, des vies sont en jeu. Même les organisations qui ne sont pas financées directement par les Etats-Unis sont touchées, faute de partenaires. Certaines ONG envisagent des fusions pour survivre, d'autres réduisent leurs activités dans l'urgence.
En novembre dernier, Blaise Matthey, vice-président de l'Organisation internationale des employeurs, soulignait dans «La Tribune des Nations» que la Genève internationale regagnait de l'importance à l'extérieur et appelait la Confédération à réaffirmer son soutien à cette place unique. Le tout prochain message stratégique de la Confédération visera à réaffirmer cet engagement de la Suisse en tant qu'Etat hôte, mais il doit aussi s'appuyer sur une volonté forte, partagée et alignée.
Mesdames et Messieurs, nous devons défendre sans relâche les valeurs du multilatéralisme. Et pour cela, le soutien clair du canton et du Conseil d'Etat est indispensable ! C'est avec une voix unie que la Suisse pourra continuer à jouer son rôle utile, respecté et écouté dans le monde entier. La Genève internationale n'est pas seulement l'affaire d'un canton, de notre canton, c'est un projet national, un levier d'influence, une responsabilité collective. C'est à nous de la défendre, en envoyant à l'unanimité, s'il vous plaît, cette résolution à l'Assemblée nationale ! Je vous remercie.
Des voix. Fédérale !
Le président. A l'Assemblée fédérale, effectivement; on avait compris ! Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Guy Mettan, rapporteur sur la M 3098.
M. Guy Mettan (UDC), rapporteur. Merci, Monsieur le président. Chers collègues, tout d'abord, j'aimerais exprimer le plaisir que j'ai à me retrouver ici face à M. Béné, non pas parce que nous nous opposons, mais parce que nous sommes d'accord ! C'est quelque chose d'important, et je tiens tout de suite à relever, comme il l'a fait avant moi, le fait que la commission a travaillé dans un bon esprit.
Au départ, c'était assez mal parti; moi-même, j'avais déposé une motion au mois de novembre, qui avait été sèchement rejetée par la commission. Ce texte est à l'ordre du jour. Evidemment, ce refus nous avait un peu ulcérés, pour être tout à fait franc. Pourquoi est-ce qu'on avait déposé ce texte ? Moi, ça fait trente ans que je travaille dans le cadre de la Genève internationale, et ça fait au moins quinze ans que je m'inquiète de son évolution, pour différentes raisons.
Parmi celles-ci, il y a le fait que depuis que Kofi Annan a accepté la société civile comme membre, enfin comme partenaire, des Nations Unies, les ONG se sont mises à proliférer, et ce en étant de moins en moins des ONG: elles s'appellent «organisations non gouvernementales», mais elles sont devenues, au fil du temps, de plus en plus gouvernementales, tant et si bien que quand l'USAID a décidé de supprimer son aide, on s'est aperçu que quantité de ces ONG étaient en fait financées par les gouvernements. Elles n'avaient donc plus du tout le statut non gouvernemental. C'était déjà une évolution inquiétante du point de vue de leur vulnérabilité.
Une autre évolution inquiétante est celle de la perte d'universalisme de la place genevoise. Pourquoi ? Parce que depuis les années 2010, 2011, 2013, on a constaté que de plus en plus, des groupes se constituaient et en excluaient ensuite d'autres. La première chose qui m'a mis la puce à l'oreille et qui m'a inquiété, c'est la réception du président iranien en 2011, qui a été boycottée par une trentaine d'ambassadeurs de l'Union européenne. Que signifie une diplomatie qui renie le principe même de la diplomatie et devient au fond une espèce de monologue de sourds-muets, parce qu'on ne veut pas discuter avec le méchant ? L'art de la diplomatie, c'est de parler avec son adversaire, son ennemi, celui avec lequel on n'est pas d'accord ! En pratiquant cette négation du multilatéralisme, Genève nie, au fond, son caractère universel; ça, c'est inquiétant, d'où le fait que j'avais déposé cette motion, un peu avant tout le monde, j'en conviens. Elle avait d'ailleurs été soutenue par la présidente du Conseil d'Etat, mais malheureusement, cette dernière n'avait pas été suivie - ça, c'est le problème des pionniers, Madame Fontanet: on n'est pas toujours écouté !
Bref, là-dessus, quelques semaines plus tard, le PLR et Le Centre déposent deux résolutions. Elles sont certes intéressantes, mais je relève que tout d'un coup, ces partis se réveillent ! Ils n'étaient pas réveillés quinze jours avant, mais maintenant, ils le sont, bon, très bien !
Le président. Vous passez sur le temps de votre groupe, Monsieur le député.
M. Guy Mettan. Oui, tout à fait ! Ces résolutions sont intéressantes, mais elles ont le tort de proposer des dépenses. Or nous, au sein de l'UDC, ça ne vous étonnera pas, nous pensons qu'avant de dépenser, il faut penser ! Je m'excuse de cet aphorisme, mais je vous le livre quand même: pour nous, dépenser sans penser n'est que ruine de l'homme et de la femme. Voilà !
Maintenant que j'ai dit cela, je peux aller de l'avant. Nous avons déposé une autre motion, par le biais de M. Nidegger ainsi que par mes soins, dans laquelle nous avons proposé de penser d'abord, c'est-à-dire de fixer un plan stratégique pour essayer d'analyser les forces et faiblesses, de déterminer là où on peut se développer, là où il y a au contraire moins de perspectives, afin qu'on ne verse pas juste de l'argent dans un tonneau des Danaïdes, mais plutôt qu'on essaie de le faire intelligemment, c'est-à-dire en pensant.
C'est ce que nous avons proposé. Et là, je rejoins tout à fait M. Béné, nous avons travaillé en bonne intelligence, nous avons déposé cette résolution de commission. J'invite évidemment tous les députés et députées à la soutenir et à accepter également notre motion, qui propose ce plan d'action, ce plan stratégique, cette réflexion, pour essayer de voir où on va.
Je remercie aussi l'ensemble de la commission. Nous avons dû faire des sacrifices, puisqu'on est quand même en face de compromis, et il nous a fallu renoncer à quelques invites, mais enfin, ça fait partie du jeu politique. Notre motion a également été acceptée à l'unanimité, raison pour laquelle nous vous proposons ce soir de voter à la fois cette résolution et cette motion, qui témoignent d'un esprit de coopération. Je pense que c'est important que Genève parle d'une seule voix.
La Genève internationale est un sujet qui n'est pas toujours populaire, mais qui revêt une importance stratégique pour notre canton. Dans ce cadre, il est bon que nous puissions parler d'une voix commune, au-delà de nos divergences politiques habituelles. Merci de votre attention.
Le président. Merci, Monsieur le député. Il est intéressant de savoir que vous avez travaillé avec intelligence ! (Remarque.) Il faut le relever ! Je passe la parole à M. Romain de Sainte Marie.
M. Romain de Sainte Marie (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, après avoir travaillé avec intelligence, je vais essayer de parler avec intelligence, pour poursuivre la dynamique de notre Grand Conseil ! Alors oui, ce texte est indispensable, et on peut se féliciter que l'unanimité soit présente dans notre hémicycle pour soutenir la Genève internationale et plus largement le rôle de la Suisse en matière de multilatéralisme et de gouvernance internationale.
Au-delà de l'enjeu économique, qui touche naturellement les emplois et les habitantes et habitants de notre canton, c'est aussi un enjeu en matière de gouvernance internationale. Genève, de par son rôle et son héritage, a une importance toute particulière sur des enjeux présents actuellement dans la sphère internationale.
Comme nous sommes unanimes, je vais tout de même apporter quelques éléments de réponse à M. Mettan, qui finalement votera quand même le texte, même s'il a été particulièrement critique sur différents enjeux. D'abord, il a rappelé la proposition de motion du groupe UDC qui, c'est vrai, avait été très largement refusée. Elle l'a été pour de bonnes raisons: elle s'en prenait au principe de neutralité suisse et supposait qu'il n'était pas respecté par différentes prises de position, notamment en lien avec le conflit entre l'Ukraine et la Russie.
Lors de chaque séance de la commission des affaires communales, régionales et internationales et lors de chaque plénière, M. Mettan revient sur cette motion. C'est un peu comme quand on entend lors de chaque session du Grand Conseil M. Baertschi s'en prendre aux travailleurs frontaliers !
Au-delà de cette motion, dont il faudra bien que M. Mettan fasse le deuil, il s'agit de soutenir le rôle de la Genève internationale et du multilatéralisme. Contrairement à lui, je ne suis absolument pas critique concernant ces principes d'universalisme et de multilatéralisme. A la commission des affaires communales, régionales et internationales, nous avons eu une excellente audition de l'ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, qui a justement souligné à quel point il était nécessaire pour la Suisse de se positionner sur des enjeux internationaux, que cela faisait partie du principe du multilatéralisme et renforçait le rôle de la Genève internationale.
C'est le cas par exemple de l'Initiative de Genève, qui a marqué le rôle de la Genève internationale via une prise de position active sur un conflit sans remettre en question le principe de neutralité. Je pense qu'il faut rappeler ces éléments, car ils sont trop souvent attaqués. Il s'agit d'attaques contre le principe de neutralité de la Suisse, alors qu'en réalité, c'est justement une neutralité active qui favorise aujourd'hui le rôle international de la Suisse de même que celui de la Genève internationale.
Pour ces raisons, le groupe socialiste votera ces deux textes; il faut envoyer à Berne un soutien unanime de notre canton en faveur de la Genève internationale.
M. Alexandre de Senarclens (PLR). Je voudrais d'abord remercier les membres de la CACRI, qui ont travaillé rapidement, ainsi que Jacques Béné, rapporteur sur la résolution. Je pense que le travail qui a été mené est très satisfaisant. Quel en est l'objectif ? De faire passer comme message à Berne que la Genève internationale est tout simplement essentielle, pour Genève certes, mais plus globalement pour la Suisse. Elle est profondément ancrée dans notre histoire, et c'est ce qui rend non seulement notre canton, mais également notre pays, spécifique dans la communauté internationale.
Ce qui crée la spécificité de Genève, ce sont justement les organisations internationales qui sont venues s'y installer au cours de l'histoire, c'est la défense du droit, du multilatéralisme, qui est profondément attaqué actuellement. C'est véritablement à cela que doit servir Genève.
Le but de cette résolution - et je pense vraiment que pour une fois, c'est une résolution adressée à l'Assemblée fédérale qui a du sens -, c'est que nous disions, nous, Genevois, nous, membres du Grand Conseil, à la Confédération à quel point la Genève internationale est importante. Nous sommes dans notre rôle. C'est absolument essentiel, et j'espère que cette résolution sera votée le plus largement possible, c'est une façon d'être en communion avec l'objectif primordial de l'esprit de Genève, que soulignait Robert de Traz.
Il est absolument essentiel que la Confédération se saisisse de ce rôle et le défende, pour la Suisse, pour un monde de paix, basé sur des valeurs et le droit. Les invites de la résolution ont tout leur sens, elles visent à promouvoir et à valoriser la Genève internationale, à réaffirmer et à accroître le soutien de la Confédération, mais également à mener des réflexions plus larges, puisque notre monde est complètement bouleversé depuis quelques mois, afin précisément d'affirmer le rôle du droit, de l'humanitaire et des organisations internationales, qui ont été singulièrement critiquées et mises à mal ces dernières semaines. C'est tout l'objectif de ce texte, que je vous invite à voter très largement. Je vous remercie, Monsieur le président.
M. Cédric Jeanneret (Ve). Mesdames et Messieurs, chers collègues, nous avons grandi dans une Genève qui pouvait être fière de contribuer à la construction d'un équilibre du monde basé sur des valeurs telles que multilatéralisme, neutralité, droit humanitaire, respect des minorités, dialogue pour la paix, santé globale, éducation pour tous, collaboration scientifique, protection des populations et développement durable.
Ce monde s'éloigne très rapidement, notamment suite aux coupes de l'administration Trump, qui engendrent de grandes incertitudes et ont d'ores et déjà des conséquences dramatiques sur le terrain, avec des programmes arrêtés du jour au lendemain - des milliers de vies sont en jeu. Il est clair que personne ni aucun Etat ne pourra remplacer les apports états-uniens ni ceux des autres pays qui ont également diminué leurs contributions. Il ne sera pas possible de conserver la Genève internationale en l'état, il faut donc aider cette dernière à se réformer.
La résolution de la CACRI demande d'imaginer une nouvelle stratégie, une nouvelle voie pour la diplomatie internationale, en phase avec les enjeux du XXIe siècle. Excepté le statu quo, toutes les options sont sur la table. La plus spectaculaire consisterait à proposer que le siège de l'ONU soit transféré de New York à Genève: la vénérable institution ne serait-elle pas mieux située sur les bords du Léman plutôt que dans un pays qui a décidé de s'entourer de murs et autres barrières douanières ?
Une option complémentaire serait de tabler sur une certaine dématérialisation des relations internationales; la révolution numérique est en cours et notre canton dispose d'atouts certains en matière de cybersécurité et de data centers. Mesdames et Messieurs, jusqu'à nouvel avis, Genève reste le lieu où se tiennent le plus de conférences internationales au monde: plus de 5000 conférences sont organisées chaque année, en présentiel, en visio ou en hybride, et sont suivies par plus de 500 000 déléguées et délégués du monde entier.
Nous avons ce savoir-faire, nous avons les infrastructures, nous avons cette culture; il ne manque plus que le soutien unanime - on l'espère ! - de ce parlement pour envoyer à Berne un message fort aux autorités du pays hôte de ces nombreuses organisations internationales, qui constituent le premier centre de gouvernance mondiale.
Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, le groupe des Verts vous invite à accueillir très favorablement cette résolution et cette motion. Merci de votre attention. (Applaudissements.)
M. Jean-Marc Guinchard (LC). Mesdames et Messieurs, chers collègues, je rejoindrai un peu notre collègue Romain de Sainte Marie par rapport aux affirmations de M. Mettan concernant la première motion qu'il a déposée. Ce soir encore, malgré bien des séances de la CACRI sur ce sujet, il a déploré, il s'est plaint du mauvais traitement que nous avions accordé à sa première motion, puisqu'elle avait été sèchement refusée.
Elle l'avait été, en tout cas de notre côté, simplement parce qu'elle qualifiait l'agression russe contre l'Ukraine, qui, je le rappelle, a été faite au mépris du droit international, d'«augmentation de tensions ayant abouti à un conflit aux portes de l'Europe». Cette simple phrase n'était pas admissible pour nous.
Lors de sessions précédentes, M. Julien Nicolet-dit-Félix a cité à plusieurs reprises Calimero. Compte tenu de son attitude ce soir, je serais enclin à qualifier M. Mettan de «Calimettan» ! (Rires.) Mais tout est rentré dans l'ordre, et la seconde motion déposée par l'UDC, beaucoup plus intelligente et proactive, nous a permis de nous entendre et de travailler rapidement. Nous avons fusionné les deux excellentes résolutions déposées par le PLR et Le Centre et sommes arrivés à un consensus qui a fait l'unanimité au sein de la commission.
C'est aussi à l'unanimité que nous avons accepté la motion UDC, parce que nous avons réalisé que l'enjeu était majeur et qu'il fallait un signe clair, tant vis-à-vis du Conseil d'Etat que de l'Assemblée fédérale. J'espère donc que c'est avec la même unanimité que l'ensemble de ce Grand Conseil adoptera ce soir ces deux textes, tels qu'ils sont sortis de la CACRI. Je vous remercie.
M. Laurent Seydoux (LJS). Mesdames et Messieurs les députés, le rôle de la Genève internationale est primordial pour le rayonnement de la Suisse, mais il l'est aussi pour notre écosystème économique, culturel, sportif et social. Toute mesure de la part de Berne qui reconnaîtrait et soutiendrait cette Genève internationale est importante et même précieuse ! Merci donc de soutenir cette résolution.
Concernant la motion, lorsqu'il y a eu ces excitations, il n'y a pas si longtemps, suite aux décisions prises de manière extrêmement rapide par les Etats-Unis, la présidente du Conseil d'Etat - et l'ensemble du gouvernement à travers elle - nous a dit qu'il était nécessaire de revoir la stratégie de notre Genève internationale et que des changements importants devaient être pris en compte. Nous vous avons entendue, et cette motion a simplement pour objectif de vous le rappeler. Nous attendons ces éléments stratégiques ainsi qu'une politique indiquant où Genève dispose d'une vraie plus-value. Ainsi, nous saurons ce que nous devons soutenir. Parce qu'il est vrai qu'il a été compliqué - on l'a vu quand ces éléments sont apparus - d'identifier quelles étaient les conséquences de ces décisions américaines. On a voulu voter dans l'urgence un projet de loi, contre lequel un référendum a été lancé mais n'a pas abouti. A l'heure actuelle, nous n'avons pas plus d'informations sur ces difficultés. Il est donc important que le Conseil d'Etat établisse une stratégie claire.
Il en va de la pérennité de l'emploi et du rayonnement de Genève. Il s'agit d'enjeux extrêmement importants pour notre collectivité. Nous espérons que cette stratégie du Conseil d'Etat arrivera le plus rapidement possible. Nous la soutiendrons très certainement, tout comme nous appuierons cette résolution et cette motion. Merci de voter ces deux textes, qui, nous l'espérons, seront adoptés à l'unanimité.
M. François Baertschi (MCG). La Genève internationale se trouve confrontée à une vraie révolution. Le financement américain va être très fortement réduit, comme celui d'autres pays. C'est une remise en question de l'équilibre financier, mais également de la structure des organisations internationales. Pour la Genève internationale, mais aussi pour la Suisse, c'est un véritable défi.
Le PLR et Le Centre s'en sont inquiétés et ont eu la mauvaise idée de déposer des résolutions aux Chambres fédérales; ces propositions étaient très maladroites et contreproductives. Elles relevaient de la gesticulation, et chacun a pu en convenir en commission.
N'oublions pas que la politique internationale est de la compétence du Parlement fédéral. Le canton de Genève et notre Grand Conseil ont un rôle ambigu, la Genève internationale étant une tâche partagée par Genève et la Confédération. Cela n'a jamais été clairement dit, mais c'est la pratique. Le Centre et le PLR, enfermés dans le passé, n'ont pas compris que le monde change, que cela nous plaise ou non.
La rédaction d'une résolution de commission à destination des Chambres fédérales, signée par tous les partis, a finalement été possible; le MCG se réjouit de cette unanimité. Face à la nouvelle donne, Genève ne doit pas se perdre dans de vaines polémiques. Notre groupe se félicite également que la motion traitant du même sujet ait pu être amendée et convenir à tous. Le Mouvement Citoyens Genevois espère que les Chambres fédérales sauront trouver la même sagesse que notre Grand Conseil.
Il nous faut une vraie stratégie pour la Genève internationale. L'heure n'est plus à attendre et à croiser les bras. Si le MCG est prêt à laisser les diplomates faire leur travail, il a les plus grandes craintes quant aux initiatives malheureuses de certains politiques, en particulier du conseiller fédéral Cassis, qui n'est pas à la hauteur. Il est loin, le temps où nous avions un conseiller fédéral du niveau de Max Petitpierre, durant l'après-Seconde Guerre mondiale.
Le MCG acceptera la résolution de commission et la motion amendée. Merci, Monsieur le président.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Mettan pour trente-huit secondes.
M. Guy Mettan (UDC), rapporteur. La parole est à M. Calimettan, Monsieur le président, si vous le permettez ! (Rires.) J'aimerais verser une dernière larme sur ma motion... (Exclamations. L'orateur rit.) ...juste pour vous dire que je suis content qu'on me prête beaucoup de choses à propos de la Russie, mais que le mot «Russie» n'est absolument pas mentionné dans ce texte. Voilà, je voulais juste le préciser.
Maintenant, je fais si bien mon deuil de cette motion que, remplissant la dernière partie de mon contrat et constatant que l'ensemble des partis est prêt à voter notre deuxième motion (M. de Senarclens ne s'est pas prononcé sur ce texte, mais j'ai cru comprendre que le PLR allait la voter), nous allons, au vu de cette unanimité, retirer la M 3054 de l'ordre du jour. (Exclamations.) Je vous invite donc à voter les deux textes restants. (Remarque. Rires.)
Le président. Merci, Monsieur le député. Il est pris acte de ce retrait.
La proposition de motion 3054 est retirée par ses auteurs.
Le président. Madame la conseillère d'Etat Nathalie Fontanet, vous avez la parole.
Mme Nathalie Fontanet, présidente du Conseil d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je vous remercie pour cette unanimité et pour le travail extrêmement productif réalisé par la CACRI. La situation est effectivement compliquée, j'ai eu l'occasion de vous le dire. Nous n'allons pas, et aucun pays ne va, que ce soit la Suisse ou un autre, combler et pallier l'arrêt des financements américains. Mais nous devons nous engager pour sauver la Genève internationale, les valeurs qu'elle représente et ses origines - c'est ce que vous faites ce soir, et je vous en remercie.
Je rappelle que nous nous sommes construits sur ces valeurs. Les Conventions de Genève ont été, comme leur nom l'indique, signées ici. Nous nous sommes engagés en matière de droit humanitaire, de droit de la guerre, de santé globale ainsi qu'en faveur du multilatéralisme, qui est aujourd'hui en danger, Mesdames et Messieurs. Il représente cette volonté des nations de travailler ensemble, de s'organiser de façon commune pour un monde meilleur.
Le signal que nous envoyons à Berne et que vous envoyez en étant unis est un appel pour une prise de conscience de ce que représente cette Genève internationale s'agissant de valeurs, pas seulement pour notre canton et pour notre pays évidemment, mais aussi pour le rôle de la Suisse dans le monde. Parce qu'il ne faut pas nous mentir à nous-mêmes, Mesdames et Messieurs, la Suisse est un tout petit pays. Si nous n'avions pas le siège de ces organisations internationales, si nous n'avions pas toutes ces ONG qui mènent ce travail extraordinaire, la Suisse ne serait pas la Suisse et n'aurait pas la reconnaissance ni le rôle qu'elle a dans le monde.
Je pense que c'est extraordinaire que nous nous engagions aujourd'hui toutes et tous pour faire valoir ce rôle et que nous adressions à Berne non pas une demande d'argent - on sait qu'en cette période, c'est quelque chose qui tend -, mais au contraire un rappel des valeurs et de ce rôle de Genève et de la Suisse, que nous voulons sauvegarder.
Alors je vous ai entendu, Monsieur le député Seydoux - vous transmettrez, Monsieur le président. Je l'ai dit en commission, je reviendrai évidemment vers vous avec les projets qui sont les nôtres, pour aider cette Genève internationale et ces organisations à se transformer.
La baisse des moyens impliquera évidemment que nous devrons nous concentrer sur certains projets plus que sur d'autres et recentrer les activités de ces organisations internationales. Elle impliquera pour la Suisse, dont c'est la compétence, de réfléchir au rôle du multilatéralisme et à la gouvernance de certaines institutions - cela n'est pas le rôle du canton. Ce rôle, si nous en avons les moyens, est de participer à cette transformation à un moment donné et de sauvegarder dans notre canton des entités qui, je vous l'assure, sont courtisées très largement pour aller s'installer dans des pays qui, pour certains, ne savent même pas ce que sont les droits de l'Homme et ne les appliquent pas !
Je pense que nous devons nous battre pour conserver ces entités dans notre pays, dans notre canton, qui est le fer de lance en matière de droits humains et de santé globale, et pour ne pas les laisser partir suite à des appels proposant des installations qui seraient entièrement prises en charge et moins chères, car offrant des coûts inférieurs pour la main-d'oeuvre.
Voilà, Mesdames et Messieurs, encore tous les remerciements du Conseil d'Etat pour le soutien... enfin, pas pour le soutien, mais pour cette proposition, qui émane de la CACRI et qui sera soutenue par l'ensemble du Grand Conseil. Merci beaucoup ! (Applaudissements.)
Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, nous allons passer au vote, en commençant par la R 1064.
Mise aux voix, la résolution 1064 est adoptée et renvoyée à l'Assemblée fédérale par 84 oui contre 2 non (vote nominal). (Commentaires pendant la procédure de vote.)
Le président. Nous passons au vote sur la M 3098-A. Le vote est lancé.
Une voix. Ça ne marche pas !
Une autre voix. Elle n'a pas été retirée ? (Commentaires. Brouhaha.)
Le président. S'il vous plaît ! Au vu de la confusion, nous allons recommencer le vote.
Une voix. Pourquoi, Monsieur le président ?
Le président. C'est moi qui décide ! (Commentaires.) Il y a eu une confusion. Si vous n'êtes pas d'accord, vous irez devant la justice, etc., c'est très bien !
La même voix. Ce n'est pas normal !
Le président. Mesdames et Messieurs, nous procédons au vote sur la M 3098-A. (Remarque.) Eh bien, vous pourrez voter ou non, Monsieur, c'est votre problème et pas le mien ! Le vote est lancé !
La même voix. On ne sait pas sur quoi on vote ! (Commentaires.)
Mise aux voix, la motion 3098 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 76 oui et 2 abstentions (vote nominal).