République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 21 juin 2024 à 14h
3e législature - 2e année - 3e session - 16e séance
M 2848-A
Débat
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous avons terminé le traitement des urgences et reprenons celui de l'ordre de jour. J'appelle la M 2848-A (catégorie II, trente minutes). La parole échoit à Mme Céline Bartolomucci.
Mme Céline Bartolomucci (Ve), députée suppléante et rapporteuse de majorité ad interim. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, dans son exposé des motifs, cette proposition de motion met en avant les bienfaits de l'activité physique tant sur le plan de la santé que de la cohésion sociale; elle établit par ailleurs le constat, à juste titre, que le canton de Genève manque aujourd'hui d'infrastructures dédiées à la pratique sportive.
Et pour cause: les équipements liés au sport sont du ressort des communes, tout comme le soutien aux associations sportives, et les communes ne peuvent à elles seules mettre en place toutes les structures nécessaires pour couvrir les besoins des habitantes et habitants. Pour rappel, la tâche principale du canton, elle, porte davantage sur les infrastructures régionales telles que le Stade de Genève, Genève-Plage, le centre sportif des Evaux, etc.
La solution proposée par ce texte pour favoriser le sport consiste en une unique invite demandant que le budget alloué au sport soit équivalent à celui consacré à la culture. L'objet a d'abord été accueilli favorablement par la commission, celle-ci étant unanime quant à la nécessité de soutenir le sport, citant en exemple une initiative du canton de Neuchâtel qui prévoit d'accorder 1% du budget au sport et 1% à la culture.
Un manque de vision politique sur le plan cantonal a été souligné ainsi que l'évident déficit en matière d'infrastructures. La collaboration canton-communes a également été questionnée et le conseiller d'Etat concerné a indiqué que la loi sur le sport votée par ce Grand Conseil a été bouleversée par celle sur la répartition des tâches entre les communes et le canton.
L'élan positif initial envers la motion a cependant été de courte durée face à son manque de substance: le titre et l'invite unique visent tous deux à rendre équivalents les budgets octroyés respectivement au sport et à la culture, et ce sans argumentaire construit. Ainsi, pourquoi la dotation du sport devrait-elle être similaire à celle de la culture plutôt qu'à une autre ligne budgétaire ? Et comment réaliser cette nouvelle répartition ? Quel budget devra être diminué pour satisfaire cette invite ? Le sport et la culture doivent-ils vraiment toujours être considérés comme deux domaines en opposition ? Cette requête malheureusement peu élaborée n'a ainsi pas convaincu la commission et ne pouvait pas non plus être amendée, car elle est constitutive non seulement de l'invite, mais aussi du titre et de l'exposé des motifs.
Un autre point posant problème est le fait que le texte ne différencie pas les questions de fonctionnement et d'infrastructures, ce qui entraîne un risque de confusion dans l'application de la loi sur la répartition des tâches entre les communes et le canton.
Consciente des enjeux liés au soutien envers le sport, la majorité de la commission a proposé à l'auteur de modifier sa motion et de la redéposer, ce qui a été refusé; elle vous invite dès lors à la rejeter afin de laisser la place, un jour peut-être - elle l'espère -, à une motion de commission qui serait plus réfléchie et mieux construite. Merci.
M. Christo Ivanov (UDC), rapporteur de minorité. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, l'invite unique de ce texte vise à gommer une inégalité de traitement qui ne date pas d'aujourd'hui. Voilà des lustres que nous sommes confrontés à cette problématique, à savoir que beaucoup plus de moyens sont destinés à la culture, y compris en ce qui concerne les infrastructures, qu'au sport.
La motion «1 franc pour la culture = 1 franc pour le sport» a toute sa raison d'être. L'invite demande au Conseil d'Etat de «revoir sa politique budgétaire en matière sportive en investissant à parts égales dans le sport et la culture». Je ne vois pas en quoi cette proposition est gênante; il s'agit d'une requête assez généraliste qui, à mon avis, aurait dû passer la rampe de la commission sans problème.
Le sport relève d'abord de la compétence communale. Je prends l'exemple de la Ville de Genève, soit celle qui donne le plus d'argent à la fois à la culture et au sport: par année, la Ville de Genève verse 230 millions à la culture contre 53 millions seulement au sport, salaires, charges et subventions aux associations comprises. Dans notre canton, 75 associations sportives gèrent plus de 100 000 licenciés et pratiquants. L'exemple de Neuchâtel a été cité: ce canton a trouvé une solution en octroyant 1% de son budget au sport, ce qui a été validé par la population lors d'une votation.
La LRT-3 définit la mission du canton au niveau des infrastructures sportives: le Stade de Genève, la future patinoire du Trèfle-Blanc et la plage des Eaux-Vives, mais pas le centre sportif des Evaux, comme l'a soutenu ma préopinante - la Fondation des Evaux est gérée par cinq communes différentes, soit Bernex, Confignon, Lancy, Onex et la Ville de Genève. Pour toutes ces raisons, la minorité de la commission vous recommande d'accepter cette motion.
M. Jean-Charles Rielle (S). Chères et chers collègues, je reprends dans une large mesure le texte de mon collègue Thomas Bruchez, qui ne peut malheureusement être présent aujourd'hui. Il faut soutenir davantage le sport, j'espère que tout le monde dans cet hémicycle est d'accord avec cela. Quand on parle de soutien au sport, on pense généralement aux grandes infrastructures ou alors au sport d'élite, et c'est vrai qu'on a la chance à Genève d'avoir des athlètes qui brillent au niveau international, mais on en vient souvent à oublier les petits clubs locaux, et c'est à ceux-ci que je souhaite rendre hommage maintenant.
Un club de sport, c'est bien plus qu'un endroit où on s'adonne à une activité physique, c'est un lieu d'inclusion sociale, c'est une véritable école de vie. Pour beaucoup de personnes, c'est une deuxième famille; pour certains et certaines, c'est même leur seule famille. C'est un lieu où malgré l'esprit compétitif, l'entraide et la solidarité règnent. Pour les parents, c'est un espace où leurs enfants sont pris en charge - parfois pendant un week-end, voire une semaine entière dans le cadre de stages - et où l'énergie débordante de ceux-ci est canalisée. Il faut dire les choses telles qu'elles sont: ces petits clubs de sport fournissent un véritable service public.
Pourtant, de nombreux clubs font face à des difficultés financières, peinent à trouver des locaux adaptés et surtout doivent toujours compter sur d'innombrables heures de travail bénévole. Il faut donc aider ces structures qui font vivre les quartiers, les communes et, par là même, l'ensemble du canton. Or cette motion, qui propose une simple mécanique d'égalité de dépenses dans les domaines du sport et de la culture, ne le permet pas.
Le premier problème du texte est le postulat sur lequel il repose et qui consiste tout simplement à monter le sport contre la culture en suggérant de manière dangereuse et erronée que celle-ci serait favorisée au détriment de celui-là. Le deuxième écueil, c'est son mécanisme, qui est tout sauf ancré dans la réalité. En effet, le subventionnement du sport et celui de la culture doivent se faire en fonction des besoins, et pas en ajustant un domaine par rapport à l'autre.
Le troisième et dernier problème, c'est qu'à terme, le dispositif prévu ne garantit absolument pas un véritable soutien au sport: si, d'une année à l'autre, les besoins dans le secteur de la culture devaient baisser, alors le budget dédié au sport diminuerait lui aussi, même si les besoins dans ce domaine restaient les mêmes ou augmentaient.
Les défis à relever ne seront pas uniquement d'ordre financier. L'AGS (Association genevoise des sports) et son président Jean-Noël de Giuli vont notamment devoir affronter, avec leurs partenaires publics, associatifs et privés, la baisse du bénévolat, la professionnalisation de l'encadrement et le manque de structures.
En l'état et dans l'impossibilité de nous mettre d'accord sur un texte amendé commun, soutenons le milieu sportif, mais de manière efficace et sans le faire au détriment de la culture. Dans l'attente d'autres propositions pour développer l'aide au sport genevois, le groupe socialiste vous invite à refuser cet objet. Merci, Monsieur le président. (Applaudissements.)
M. Patrick Lussi (UDC), député suppléant. Mesdames et Messieurs les députés, ne faisons pas fausse route. J'ai entendu les prises de position des différents partis, qui s'exclament: «Comment osez-vous demander une dotation égale pour le sport et la culture ?!» D'abord, est-il juste que le sport et la culture relèvent de la même politique publique ?
Aujourd'hui, et on le voit notamment à la commission de la santé, on lance beaucoup de campagnes contre l'obésité, en particulier à l'école, on se bat contre la consommation de sucre qu'on aimerait taxer, contre différentes choses. Ce qu'il est important de relever ce soir, Mesdames et Messieurs, c'est que pratiquer un sport, augmenter les moyens dédiés à l'activité physique, c'est d'abord une question de santé publique, il s'agit de rester en pleine forme.
Permettez-moi cette observation - c'est sans doute lié à mon âge: quand je regarde les photos des jeunes de mon époque, dites-moi où vous voyez des obèses. Je me rappelle que de mon temps, on se moquait des Etats-Unis où tous les jeunes avaient environ trente à quarante kilos de plus que nous parce qu'ils évoluaient déjà dans l'ère du fast-food, du verre de coca à dix morceaux de sucre.
Aussi, Mesdames et Messieurs, réfléchissons: est-il justifié de prétendre, en tout cas dans le cadre de cette motion, qu'on veut opposer le sport à la culture ? Ce n'est pas vrai, l'exercice physique est nécessaire pour rester en bonne santé. Je crois qu'à un moment donné, il faut avoir le courage d'affirmer: «Nous n'avons pas assez de moyens, nous n'avons pas assez de sollicitations.» Les campagnes de prévention devraient peut-être davantage s'axer sur le sport, plutôt que de dire aux gens d'arrêter de manger des Carambars et des choses comme ça.
C'est la raison pour laquelle je pense que nous devons, du moins dans un premier temps, soutenir ce texte. Il ne s'agit pas de prétériter la culture, mais de favoriser le sport, qui répond à un besoin de société pour éviter les morbidités et autres maladies de type diabète et j'en passe. Merci, Monsieur le président.
Une voix. Tu veux un bonbon, Patrick ?
M. Arber Jahija (MCG). Chers collègues, toute initiative pour soutenir le sport est bonne, et je pense que l'ensemble des partis ici ont déjà déposé une motion, un projet de loi ou autre allant dans ce sens. C'est le moment de prouver à nos sportifs, qu'ils soient amateurs ou professionnels, que nous sommes de leur côté. Le MCG votera cette motion. Merci de votre attention.
M. Djawed Sangdel (LJS). Chers collègues, de nouveau, on parle d'inégalité, de compétition. Il faut bien identifier les besoins et le but de chaque domaine. Bien évidemment, l'ensemble de la salle et même de la société genevoise - et cela va jusqu'à l'échelle nationale, mondiale -, tout le monde s'accorde pour dire qu'il faut développer le sport, investir davantage dans les infrastructures, dans les budgets. Mais nous ne pouvons pas accorder la même importance à deux éléments dont chacun remplit une mission spécifique.
Sans doute faut-il prévoir une dotation plus élevée pour le sport, mais on ne peut pas demander 1 franc pour 1 franc. Aujourd'hui, nous devons peut-être investir davantage dans le sport que dans la culture, mais demain, il y aura peut-être plus de besoins dans la culture que dans le sport. Je pense qu'il faut d'abord identifier les besoins et l'objectif de chaque activité.
Le groupe LJS est en faveur d'une hausse du soutien au sport, mais la manière dont cette motion traite la question pose des problèmes dangereux et graves pour chaque domaine. Dès lors, nous vous invitons à chercher d'autres solutions pour augmenter non seulement le budget dédié au sport, mais également celui de la culture. Merci de ne pas entrer en matière sur cet objet. Je vous remercie beaucoup.
M. Amar Madani (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, on dit qu'un jeune qui s'entraîne n'est pas un jeune qui traîne. Sans opposer la culture au sport, force est de constater malheureusement que le sport est le parent pauvre de cette politique publique. Certes, ce domaine relève du champ de compétence municipal; à titre d'exemple, la Ville de Genève octroie bon an mal an, comme vient de l'indiquer le rapporteur de minorité, plus de 300 millions à la culture et seulement 50 millions au sport. Mais bien que cette politique soit une prérogative communale, le MCG soutient cette motion afin de donner un signal fort à toutes celles et ceux qui aspirent à encourager les sportifs. Je vous remercie.
M. Xavier Magnin (LC). Mesdames et Messieurs, chers collègues, il s'agit d'une proposition éthique, parce qu'on veut placer les deux domaines sur un pied d'égalité, mais dangereuse. Simplement en lisant l'invite de la motion - «à revoir sa politique budgétaire en matière sportive en investissant à parts égales dans le sport et la culture» -, on comprend qu'elle pourrait faire baisser la dotation destinée à la culture au niveau de celle du sport !
Finalement, je relève un manque d'ambition au niveau du canton: 38 millions pour la culture, 8 millions pour le sport, mais c'est un manque d'ambition ! Un peu comme l'égalité hommes-femmes: les femmes, vous voulez l'égalité avec les hommes, mais c'est un manque d'ambition ! C'est plutôt un pourcentage du budget qu'il faudrait envisager, soit pour la culture, soit pour le sport, qui permette de prévoir des montants évoluant avec la population, avec les budgets, comme à Neuchâtel - l'exemple a été cité par la rapporteuse de majorité.
Si le groupe du Centre valide pleinement l'effort supplémentaire à consentir dans ces deux domaines, il faut penser différemment que ne le fait cette proposition de motion. On parle de politiques très minoritaires dans le budget cantonal. Au niveau de la loi, on l'a vu, il y a effectivement une volonté de revenir dans le jeu, notamment s'agissant du sport, mais aussi avec l'initiative sur la culture qui a été votée. Par conséquent, Le Centre vous recommande le refus de cet objet, pour que nous puissions revenir avec un texte plus adapté.
M. Stéphane Florey (UDC). Que de mauvaise foi de la part de la majorité ! Tout le monde se dit d'accord sur le problème, mais on refuse la solution proposée alors que nous ne visons aucune baisse de budget, que ce soit pour la culture ou le sport; j'ai entendu dire ça, mais ce n'est absolument pas le but de cette motion.
Par ailleurs, on prétend que j'aurais refusé d'amender le texte; eh bien il aurait déjà fallu me demander quelque chose ! Personne n'est jamais venu me dire: «Aurais-tu éventuellement des amendements à soumettre ?» Je ne sais pas d'où vous sortez ça, Madame la rapporteure de majorité, mais on ne m'a rien demandé.
Troisièmement, Mesdames et Messieurs, si vous étiez tant que ça en faveur du sport, vous auriez travaillé un peu plus sur la motion, vous auriez vous-mêmes proposé des amendements, comme vous savez si bien le faire ! Alors là, vous me scotchez, franchement ! Venir dire: «La motion est trop minimaliste» alors qu'on entend à longueur d'année, de tous les partis ici présents: «Votre texte est trop alambiqué, c'est une usine à gaz, il demande trop de trucs.» Ici, nous souhaitons simplement investir les mêmes sommes d'argent, quel que soit le domaine. Voilà, il n'y a pas plus simple que ça.
Par conséquent, je sollicite un renvoi en commission, et nous verrons bien qui, ici, est en faveur du sport et entend trouver une vraie solution en ce qui concerne cette motion. Et je demande également le vote nominal. Merci.
Le président. Bien, je vous remercie. Sur cette proposition, je laisse la parole aux rapporteurs. Monsieur Ivanov, allez-y.
M. Christo Ivanov (UDC), rapporteur de minorité. Je vous remercie. Oui, il faut accepter le renvoi en commission, Monsieur le président, merci beaucoup.
Mme Céline Bartolomucci (Ve), députée suppléante et rapporteuse de majorité ad interim. Oui, nous pouvons renvoyer le texte en commission.
Le président. Parfait, merci. (Commentaires.) Le vote nominal a été sollicité, est-il soutenu ? (Plusieurs mains se lèvent.) Oui, c'est bon. Le vote est lancé.
Mis aux voix, le renvoi du rapport sur la proposition de motion 2848 à la commission de l'enseignement, de l'éducation, de la culture et du sport est rejeté par 45 non contre 28 oui et 2 abstentions (vote nominal).
Le président. Nous poursuivons le débat, et la parole va à M. Nicollier.
M. Pierre Nicollier (PLR). Merci beaucoup, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, cette proposition de motion part d'une bonne intention, comme souvent. Néanmoins, et cela a déjà été mentionné, les domaines du sport et de la culture ne peuvent pas - ne doivent pas - être comparés, au risque d'être placés en opposition.
En effet, les structures de coût et les engagements de l'Etat sont très différents selon qu'il s'agit de frais de fonctionnement ou d'investissement, sans parler de la répartition des rôles et des responsabilités entre communes, canton et Confédération qui varie. L'audition du magistrat a d'ailleurs mis en avant la difficulté d'une telle comparaison en raison de cette différence entre frais de fonctionnement et d'investissement.
Le texte manque de substance. Nous devrions prendre comme point de départ les besoins; commencer par définir un objectif de dépense n'est ni raisonnable ni raisonné.
Je souhaite par ailleurs rappeler que nous sommes dans l'attente de nouvelles de la part du Conseil d'Etat au sujet de l'initiative «pour une politique sportive ambitieuse à Genève». Le département attendait sans doute la distribution de son plan stratégique cantonal pour nous parler de l'initiative - pas de commentaire quant à cette stratégie dilatoire. Comme nous venons de recevoir le plan stratégique, probablement que nous aurons des nouvelles la semaine prochaine de cette initiative qui vise à donner au sport la place essentielle qui lui revient dans notre canton.
N'oublions pas que chaque semaine, 115 000 sportifs sont soutenus par des milliers de bénévoles, ce qui atteste du rôle vital que joue le sport en favorisant la cohésion sociale au sein de la communauté genevoise. L'exercice physique contribue au maintien de notre santé et ses bienfaits en matière d'épanouissement, d'inclusion et de santé publique sont avérés.
En modifiant l'article 219 de la constitution genevoise, l'initiative renforce l'engagement de l'Etat en faveur du sport et de sa pratique, garantit un accès adéquat et universel aux infrastructures sportives et encourage des partenariats efficaces avec les organismes privés.
Travaillons sur les besoins, définissons des stratégies et, finalement, évaluons les coûts et financements nécessaires à leur exécution. Cette proposition de motion prend le problème par le mauvais bout, je vous invite donc à la refuser. Merci. (Applaudissements.)
Le président. Je vous remercie et passe la parole à Mme van Till pour trente-neuf secondes.
Mme Celine van Till (PLR). Oui, merci, Monsieur le président. Chers collègues, je soutiens pleinement les propos que vient de tenir mon collègue Pierre Nicollier. Nous connaissons tous les vertus du sport, c'est le meilleur moyen pour lutter contre la sédentarité. Nous sommes conscients de la problématique des infrastructures et des associations qui ne peuvent plus accueillir tout le monde. Nous sommes tous d'accord là-dessus, il s'agit maintenant de déterminer la manière dont on peut avancer le mieux et le plus vite possible. Notre travail doit être coordonné.
Le Conseil d'Etat doit revenir vers nous au sujet de l'initiative «pour une politique sportive ambitieuse à Genève», puis le Grand Conseil la traitera. A voir si un contreprojet sera proposé ou non, une loi de mise en application pourra être produite. Je pense qu'aujourd'hui, c'est ce que nous souhaitons tous. Merci.
M. Amar Madani (MCG). Mesdames et Messieurs, il s'agit d'une motion, c'est-à-dire d'une proposition sans aucun caractère contraignant. Renvoyons-la au Conseil d'Etat, cela lui conférera une légitimité supplémentaire pour d'éventuelles négociations avec les communes. Merci.
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. La parole retourne à M. Ivanov pour cinquante secondes.
M. Christo Ivanov (UDC), rapporteur de minorité. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, il est évident que la santé et le sport représentent un combat de longue haleine. Aujourd'hui, quand on observe l'explosion des coûts de la santé, le plus important est que les gens pratiquent une activité physique pour éviter les hospitalisations, les problèmes cardiaques et j'en passe.
Pour répondre à mon préopinant Jean-Charles Rielle, je pense qu'il faut également mettre fortement l'accent sur le bénévolat, qui disparaît de plus en plus, car les conditions sont de moins en moins réalistes dans notre canton eu égard à la problématique des infrastructures, pour n'évoquer que cet aspect. Sans parler du rôle social que jouent les clubs grâce à l'intégration par le sport. Pour toutes ces raisons, la minorité vous demande d'accepter la motion 2848. Je vous remercie, Monsieur le président.
Le président. Merci beaucoup. Madame Bartolomucci, il vous reste neuf secondes.
Mme Céline Bartolomucci (Ve), députée suppléante et rapporteuse de majorité ad interim. Ah ! Bon. Merci, Monsieur le président. Il n'est pas question ici de ne pas soutenir le sport ou la santé, mais de le faire correctement, au plus près des besoins du terrain. Si cette motion est acceptée, elle ne renforcera pas les infrastructures de quartier, puisque celles-ci sont de compétence communale, et non cantonale. Nous vous demandons de refuser ce texte, Mesdames et Messieurs, car il est mal construit, dangereux pour la culture - le budget de celle-ci pourrait être réduit - et inefficace eu égard aux besoins du terrain. Merci.
M. Thierry Apothéloz, conseiller d'Etat. Mesdames les députées, Messieurs les députés, une fois n'est pas coutume, je serai d'accord avec M. Florey. Une seule invite mérite d'être claire. J'ignore pourquoi nous avons assisté à un tel échange, parce qu'il ne s'agit pas de débattre sur l'importance du sport, il ne s'agit pas de débattre sur l'activité physique, il ne s'agit pas de débattre sur le rôle que joue la pratique sportive dans le maintien de la santé, en particulier pour les seniors et les personnes vulnérables. Cette motion ne vise absolument pas à rééquilibrer les budgets de fonctionnement de la culture et du sport, sa seule invite nous demande d'investir les mêmes montants pour la culture et le sport.
Si vraiment, par impossible, on était de mauvaise foi, on pourrait faire semblant de croire - puisque le Conseil d'Etat, dans son PDI, prévoit 15 millions pour la culture et 230 millions pour le sport - qu'il faudrait diminuer les investissements dans le sport et les fixer à 15 millions. Ou alors, si on était de bonne foi, on pourrait dire: «Le Grand Conseil souhaite augmenter la part des investissements du PDI dédiés à la culture, qui passeraient de 15 à 230 millions.»
Une voix. Ben ouais !
M. Thierry Apothéloz. Mais ce n'est pas du tout, du tout une motion qui vise à soutenir le sport; ce n'est pas du tout, du tout une motion qui cherche à redéfinir les équilibres entre les communes et le canton. En effet, votre parlement lui-même a décidé, il y a quelques années, dans le cadre de la loi sur la répartition des tâches (LRT) et notamment son troisième train sur le sport, de trouver des équilibres entre les communes et le canton. Alors il faut aller jusqu'au bout de l'opération et demander aux auteurs d'être plus clairs quant aux intentions de ce texte qui, in fine, ne l'est pas quand on vous écoute - en tout cas pour celles et ceux qui ont pris la peine de lire l'entier du rapport.
J'aborde maintenant l'initiative déposée par le PLR. J'ai entendu parler de manque d'ambition, eh bien je peux le confirmer à ce sujet. L'objectif de cette initiative est de faire remonter des éléments de la loi sur le sport au niveau constitutionnel; cela ne changera rien pour les milieux sportifs, rien pour les bénévoles, rien pour les faîtières. Bien entendu, le Conseil d'Etat respectera le délai de réponse à ce texte. Mais que le PLR ait le courage d'aller jusqu'au bout des choses en suivant l'exemple de Neuchâtel, puisqu'il est régulièrement cité.
En effet, il se contente, avec cette initiative, d'inscrire des impératifs légaux dans la constitution sans affirmer les besoins de financement. Eh bien le problème est vite réglé ! Pour moi, il s'agit d'un manque de courage. Il faudrait proposer à la population genevoise un projet ambitieux en matière financière: «Nous réclamons un engagement économique à l'égard du milieu sportif au sens large du terme.»
Cela étant, ne faisons pas le débat sur l'initiative, il s'agit ici de la M 2848. Comme la majorité de la commission l'a très clairement vu - la démonstration du Conseil d'Etat a été particulièrement explicite -, nous avons aujourd'hui un seul dilemme à résoudre, qui est de déterminer si nous voulons diminuer les investissements du PDI dans le sport - ils sont de 230 millions - et les faire passer à 15 millions, comme ceux de la culture, ou si nous faisons le contraire. Je pense qu'il est inutile d'en discuter plus amplement dans le cadre de la commission, il faut trancher cette question.
Pour conclure, Mesdames et Messieurs, j'aimerais vous assurer du plein soutien du Conseil d'Etat à l'égard du développement de la politique sportive. C'est la raison pour laquelle il a adopté, le 31 janvier 2024, le plan stratégique cantonal du sport, qui contient des ambitions formulées noir sur blanc; j'espère qu'elles bénéficieront de votre appui dans le cadre de sa mise en oeuvre. Merci beaucoup. (Applaudissements.)
Le président. Je vous remercie, Monsieur le conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs, c'est le moment de voter.
Mise aux voix, la proposition de motion 2848 est rejetée par 61 non contre 25 oui et 4 abstentions (vote nominal).