République et canton de Genève

Grand Conseil

Chargement en cours ...

R 1036
Proposition de résolution de Vincent Subilia, Francine de Planta, Fabienne Monbaron, Thierry Oppikofer, Yvan Zweifel, Philippe Meyer, Joëlle Fiss, Murat-Julian Alder, Alexandre de Senarclens pour que Genève accueille le prochain Concours Eurovision de la chanson
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session II des 30 et 31 mai 2024.

Débat

Le président. Nous entamons nos urgences avec la R 1036, que nous traitons en catégorie II, trente minutes. Je passe la parole à M. Vincent Subilia.

M. Vincent Subilia (PLR). Merci, Monsieur le président. Je serai bref, rassurez-vous, chers collègues. Je salue, parce que c'est suffisamment rare pour être souligné, la très noble unanimité qui a prévalu lors du vote sur l'urgence pour cette humble proposition de résolution. Je tenais à vous témoigner, au nom du groupe PLR qui la porte, notre vive gratitude. Cette gratitude est telle que notre exécutif, à qui s'adresse ce texte, a fait sienne l'urgence que nous entendions demander; j'y vois un alignement de planètes que je souhaite souligner également.

Je me réjouis d'entendre le Conseil d'Etat et en particulier notre ministre de la culture, M. Apothéloz. Il est important que non seulement les astres soient alignés, mais aussi que l'entier des planètes puisse être fédéré. C'est donc une fédération de bonnes volontés dont il est question ici, vous l'aurez compris, Mesdames et Messieurs.

L'Eurovision et l'accueil que pourrait lui réserver notre territoire représentent un enjeu que je considère comme stratégique. Indépendamment de ce que l'on peut penser de la manifestation en elle-même, celle-ci comporte deux atouts principaux. Le premier est de nature économique; c'est un prisme assumé, notre résolution met l'accent sur cette dimension. Il est certain que, en ce climat de concurrence accrue, les retombées que peut générer une telle manifestation sont conséquentes, et un certain nombre d'études, dont vous avez pris connaissance dans la presse, permettent d'en attester si ce n'est scientifiquement, à tout le moins avec une probabilité avérée.

En outre, dans ce même alignement, à Genève un ensemble d'acteurs - le magistrat Apothéloz le décrira certainement - sont disposés à faire valoir ces mêmes avantages face à d'autres candidatures suisses; on pense notamment à nos amis et confrères zurichois, qui ont certainement des atouts, mais on espère que, pour une fois, Genève peut prévaloir avec une offre déposée aujourd'hui sur la base d'un appel d'offres ouvert, avec l'annonce de la ville lauréate courant août.

La dimension économique est présente, mais au-delà de ça, il y a un angle culturel assumé; je crois que c'est aussi ce qui nous réunit ici et je tenais à le souligner. Quand je parle de culture, je la perçois dans sa diversité, à l'image de celle qui a naturellement animé le lauréat Nemo lors de la dernière édition en Suède; cette même diversité que nous entendons défendre ici aussi, au travers du texte déposé par le PLR.

Pour ces deux raisons, Mesdames et Messieurs, je vous invite à soutenir la candidature genevoise, et encore une fois, je me réjouis de voir une très saine cohésion de l'entier des forces représentées au sein de cet hémicycle. Ce qui nous permettra de remporter, on l'espère, la tenue de cet événement auquel je ne doute pas que nous assisterons toutes et tous, c'est précisément la faculté que nous aurons à transcender un certain nombre de clivages et à présenter une candidature unie, portée par toutes les forces politiques de ce canton. Encore une fois, je vous remercie et me réjouis que nous puissions toutes et tous célébrer l'Eurovision en 2025 à Genève.

M. Matthieu Jotterand (S). Mesdames et Messieurs les députés, comme mon préopinant vient de le dire, si Genève a l'honneur d'accueillir ce concours, on pourra se réjouir des retombées économiques directes et indirectes. C'est clair que c'est l'intérêt premier de bon nombre d'entre nous, mais pas forcément de tout le monde. On peut aussi se réjouir des retombées patriotiques; j'imagine l'UDC devant l'écran de télévision, il y a quelque temps, se dire: «Chouette, la Suisse va...» Ah, en fait non, parce qu'il y avait un peu trop de diversité ! On peut aussi se réjouir, quand on est le Conseil d'Etat, d'ajouter des objets en fin d'après-midi, que le Grand Conseil va traiter le soir, mais sur certains autres objets, dont on aura l'occasion de discuter plus tard, ça s'est retourné contre lui.

Mais on peut aussi être enthousiaste ! Ne soyons pas négatifs, Mesdames et Messieurs les députés ! On peut se réjouir de l'engouement pour le fait que notre ville pourrait accueillir le troisième événement télévisuel le plus suivi au monde. Un événement culturel apprécié, un espace où la diversité peut s'exprimer ! Alors sans rivaliser avec la beauté, la diversité, les charmes berlinois, le groupe socialiste vous recommande de soutenir ce texte, pas seulement sous l'angle du roi pognon, mais aussi du fait que Genève est riche mais sexy !

M. Jean-Marc Guinchard (LC). Le concours de l'Eurovision, c'étaient 165 millions de téléspectateurs en Suède, et les votes émanaient de 156 pays. C'est une manifestation superbe, absolument importante. La Suisse y participe depuis quasiment ses débuts et a gagné trois fois: en 1956 avec Lys Assia, qui n'a du reste pas laissé beaucoup de traces, en 1988 avec Céline Dion, qui a connu un franc succès depuis, et cette année avec Nemo, chanteur et acteur talentueux et très courageux.

Nous avons à Genève les compétences, les infrastructures et la logistique nécessaires pour organiser cette manifestation, même si évidemment nous serons en concurrence avec des villes comme Zurich, Berne, Bâle, voire Lausanne. Selon les renseignements que l'on a pour Turin ou Malmö, les coûts de cette manifestation se montent à 20 à 30 millions. Ce sont 20 à 30 millions d'investissements à faire, mais ce sont aussi des retombées qui sont deux à trois fois supérieures sur le plan économique; cela vaut la peine de s'y intéresser de très près.

Vous avez accepté cette urgence à l'unanimité, on l'a rappelé, et je pense que cette même unanimité maintenant donnerait un signal important et très fort pour appuyer le Conseil d'Etat dans ses démarches. Je vous remercie d'accepter ce texte avec la même unanimité que tout à l'heure pour l'urgence. Merci.

Une voix. Bravo, Jean-Marc !

Mme Lara Atassi (Ve). Il y a quelques semaines, certains d'entre nous ont peut-être découvert que la Suisse a la chance d'accueillir des artistes talentueux, capables de remporter une compétition internationale au niveau européen, et qui, en plus, représentent plusieurs cultures. L'Eurovision, c'est ça: un événement où des artistes aux styles très variés viennent avec des problématiques et des richesses multiples, qui rassemble l'Europe autour de la célébration de l'art et de la culture. Je pense donc qu'il est important que Genève soutienne cet événement en se proposant de l'organiser, pour que notre canton montre que la culture est importante pour lui, que la culture est une richesse et - on ne l'a pas encore évoqué - que l'on soutient l'audiovisuel public. Ce sera, en effet, à la RTS d'organiser cet événement avec les autres entreprises publiques d'audiovisuel. Pour ces raisons, nous soutenons cette proposition de résolution et remercions ses auteurs, en espérant que la suite sera un succès. Merci.

M. Thierry Apothéloz, conseiller d'Etat. Mesdames les députées, Messieurs les députés, je dois commencer par vous faire un aveu: je suis l'Eurovision par obligation familiale depuis 2005. (Rires.) C'est vrai qu'au début, il m'a fallu un petit effort. C'est vrai, mais ça a bien marché, puisque je regarde attentivement toutes les soirées. Je suis très motivé par l'idée enthousiasmante d'imaginer qu'un jour la Suisse puisse organiser l'Eurovision. Devant mon écran, dans la nuit de samedi à dimanche, j'ai envoyé plusieurs messages par WhatsApp, notamment à Claude Membrez, directeur général de Palexpo, pour lui dire: «Claude, on y va, et à fond !» Il était aussi réveillé que moi, et nous étions animés de la même volonté, celle de réussir ce pari de faire venir l'Eurovision en 2025 à Genève. Ce n'est pas facile; une ville en particulier, Zurich, est concurrente de la nôtre - l'auteur de ce texte l'a dit -, mais nous avons d'énormes atouts, et cela vaut la peine de les faire valoir dans le cadre de cet appel à projets, dont le terme arrivera le 30 juin prochain. Je tiens à vous assurer que pour ce faire, le Conseil d'Etat est en ordre de marche afin d'arriver à développer cette candidature, ces réponses et une belle histoire à raconter aux Genevoises et aux Genevois.

On l'a dit, cet événement télévisuel est le plus grand au monde avec le Super Bowl et les Jeux olympiques. Nous estimons que les retombées sont très importantes. La ville de Lisbonne a évoqué des retombées économiques de l'ordre de 50 millions directement et de 100 à 150 millions indirectement. On peut évidemment penser que Genève en profitera pareillement.

Nous sommes motivés, et nous sommes plusieurs à l'être. Palexpo, on l'a dit, permettra d'accueillir cette manifestation, l'ensemble du dispositif technique sera prêt à le faire; nous avons également la collaboration du département de l'économie et de l'emploi, de la Ville de Genève et de la Ville du Grand-Saconnex pour accueillir cette manifestation.

Il va falloir jouer des coudes, et pour ce faire, il faut mettre en avant nos atouts. Nos atouts, ce sont évidemment Palexpo, mais aussi notre capacité d'accueil et d'organisation de grandes manifestations telles que celle-ci. Animés par cet esprit, nous avons dans l'idée d'arriver à faire en sorte que ce dossier de candidature soit accompagné de signaux politiques et que la SSR, organe qui décidera de la ville hôte, puisse s'appuyer sur un vote unanime de votre Conseil; cela nous aidera dans notre dossier. Nous allons raconter une histoire, évoquer nos atouts concernant l'accueil et l'organisation de grandes manifestations. Le soutien politique est important dans notre réponse prochaine; cela signifiera que nous sommes fermes dans notre volonté d'accueillir cette manifestation, qui aura vraisemblablement lieu entre la deuxième et la troisième semaines du mois de mai 2025.

Cette organisation sera portée conjointement par la Ville de Genève, le DEE, Palexpo et le département de la cohésion sociale, et verra des engagements financiers importants, notamment avec une recherche de sponsors et de mécènes. Les collectivités publiques auront aussi l'occasion d'y participer. Le Conseil d'Etat envisage de saisir rapidement la commission des finances afin, là aussi, de joindre à ce dossier de candidature un engagement financier qui puisse être tenu.

Forts de ces éléments, Mesdames les députées, Messieurs les députés, nous nous réjouissons d'être capables non seulement de déposer notre candidature, mais aussi de faire en sorte que les Genevoises et les Genevois aient du plaisir à vivre une belle manifestation - à Palexpo pour environ 15 000 personnes et dans les autres espaces qui seront affectés à l'accueil du public -, et donc d'en faire une véritable fête populaire. Merci d'avance de votre soutien. (Applaudissements.)

Le président. Je vous remercie, Monsieur le conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, j'ouvre la procédure de vote.

Mise aux voix, la résolution 1036 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 74 oui contre 3 non et 5 abstentions (vote nominal). (Applaudissements à l'annonce du résultat.)

Résolution 1036 Vote nominal