République et canton de Genève

Grand Conseil

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R 1033
Proposition de résolution de Stéphane Florey, Guy Mettan, Lionel Dugerdil, Alia Chaker Mangeat, Jacques Blondin, Christina Meissner, Charles Poncet, Thierry Arn, François Erard, Sébastien Desfayes, Florian Dugerdil, Christo Ivanov, Souheil Sayegh : Non aux 60 tonnes sur nos routes ! (Résolution du Grand Conseil genevois à l'Assemblée fédérale exerçant le droit d'initiative cantonale)
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session I des 2 et 3 mai 2024.

Débat

Le président. Nous abordons l'urgence suivante, soit la R 1033, en catégorie II, trente minutes. Monsieur Stéphane Florey, vous avez la parole.

M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, vous l'aurez certainement appris, au mois de mars de cette année, la Commission européenne a voté la possibilité pour les transporteurs d'augmenter la taille des camions: ceux-ci peuvent passer de 40 à 60 tonnes, ce qui constitue une hausse considérable de leurs dimensions. On pourrait retrouver sur nos routes des poids lourds mesurant un peu plus de 25 mètres de long !

Je vous laisse imaginer ce que ça représente, pour ceux qui sillonnent de temps en temps nos autoroutes. Quand vous devez dépasser un camion qui correspond aux normes actuelles, ce n'est déjà pas évident, quand deux camions se doublent, ça l'est encore moins, mais alors imaginez deux véhicules de 60 tonnes côte à côte en train de se dépasser ! Pensez à quel point la sécurité serait mise à mal avec de tels engins.

De plus, il faut bien avoir conscience que nos infrastructures routières sont totalement inadaptées à ce jour pour accueillir de tels camions, ça nous coûterait au bas mot des milliards de francs. Non seulement ce serait cher pour le canton, qui devrait adapter son réseau, mais au niveau national, ça représenterait des investissements à hauteur de dizaines de milliards, car tout le réseau serait à adapter, à savoir nos autoroutes, les échangeurs. Ne serait-ce que pour Genève, il y a la plateforme douanière de Bardonnex qui n'est pas du tout adaptée aujourd'hui pour recevoir ce genre de camions.

En un mot, la Suisse et Genève en particulier n'ont absolument rien à gagner à voir ces poids lourds débarquer sur notre territoire. On sait que l'Union européenne et la Suisse ont rouvert des négociations bilatérales, et ce sujet viendra tôt ou tard sur le tapis; il avait déjà été évoqué il y a plusieurs années, notre Grand Conseil s'était déjà opposé à l'arrivée de ces camions. Ce que je propose, pour ma part, c'est de continuer à mettre la pression, de continuer à s'y opposer.

J'ajouterai encore que l'ASTAG elle-même, qu'on aurait pu croire intéressée, puisque commercialement...

Le président. Monsieur le député, vous devez mettre fin à votre intervention.

M. Stéphane Florey. Merci, Monsieur le président. Je prendrai sur le temps de mon groupe. Je disais donc que l'ASTAG elle-même est opposée à cette mesure, elle n'y voit aucun gain. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, il n'y a aucun avantage commercial à investir dans de tels camions.

En résumé, on ne voit que des défauts: les frais reviendraient finalement au contribuable, la sécurité de notre réseau routier serait mise à mal. Aussi, le groupe UDC vous recommande d'accueillir favorablement cette résolution et de la renvoyer à Berne afin que le canton de Genève puisse se faire entendre quant à l'arrivée de ces 60 tonnes sur nos routes. Je vous remercie.

Mme Marjorie de Chastonay (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, nous, les Vertes et les Verts, ne voulons pas de méga-camions de 60 tonnes sur les routes suisses et genevoises, tout comme nous ne voulons pas agrandir les autoroutes, ainsi que le prévoit actuellement un projet pour une troisième voie autoroutière, ou encore de nouvelles autoroutes nocives, inutiles et coûteuses. Nous refusons fermement de dilapider l'argent public en dépensant des milliards pour des routes, du béton, du bitume, des camions qui vont davantage rouler et polluer.

Nous ne voulons pas non plus de travaux d'élargissement des postes de douane, d'aménagement de parkings, de travaux de mise en adéquation des ponts, mais surtout nous ne voulons pas une surcharge de trafic sur les routes alpines. Cela va à l'encontre du bon sens et de l'initiative des Alpes, qui préconise que le transport des marchandises se fasse sur le rail pour des raisons évidentes de protection de l'environnement et de situations de dérèglement climatique.

Lorsque certains parlementaires européens, via la Commission européenne, utilisent des prétextes écologiques pour imposer les giga-camions, nous ne sommes pas dupes. On prétend transporter la même quantité de biens avec moins de trajets grâce à ces 60 tonnes à zéro émission, mais cela ne compense pas les dégâts causés à l'environnement. C'est le transfert des marchandises par le rail qui fonctionne actuellement et qui contribue véritablement à la réduction des émissions de CO2.

Enfin, ce que nous voulons vraiment, c'est moins de mobilité sur les routes, plus sur le rail, moins de déplacements tout court, moins d'envahissement de l'espace que nous partageons, moins de détérioration du paysage. Nous voulons moins de pollution, moins de nuisances sonores, moins de dégradation des paysages et moins de problèmes de santé liés à ces nuisances. En conclusion, nous voulons simplement le respect de l'environnement et de la politique des transports qui passe par l'initiative des Alpes et le rail. Bien évidemment, nous soutiendrons cette résolution. Merci.

M. Yves Nidegger (UDC). On dit qu'il faut séparer l'homme de l'acteur - on l'a dit pour Polanski, pour Depardieu; il faut également séparer la résolution du camion. Dans cette affaire, il s'agit de politique internationale, ce n'est vraiment pas une compétence genevoise. Je vous rappelle qu'il existe des accords entre la Suisse et l'Union européenne qui nous ont déjà amenés à créer des transversales ferroviaires pour faire passer les 40 tonnes sur le rail et non sur les routes.

L'idée qu'il faille que Genève explique à M. Cassis qu'il doit, dans le cadre du mandat de négociation et des nouvelles discussions avec l'Union européenne, signaler que nous ne voulons pas des 60 tonnes peut paraître très nécessaire dans cet hémicycle, mais la question va évidemment de soi et est déjà intégrée à Berne.

Une fois de plus, c'est quand on a vraiment besoin d'indiquer aux représentants des Chambres fédérales qu'il y a un truc qu'ils n'ont pas compris et que nous avons mieux compris qu'eux dans un domaine qui relève de notre compétence qu'on peut leur renvoyer une résolution. En l'occurrence, s'il est une résolution fondamentalement justifiée sur le fond, mais absurde quant au moyen utilisé, c'est bien celle-ci. Evidemment, je ne voterai pas, indépendamment de ce qu'en pensera M. Florey, un texte aussi à côté de la plaque et qui n'a d'autre objectif que de faire en sorte que...

Une voix. Non, mais c'est lamentable !

M. Yves Nidegger. ...chaque député ici qui la soutiendra ait l'impression d'avoir accompli un acte à la fois courageux, viril et intelligent alors qu'en réalité, c'est un pet dans l'eau.

M. Matthieu Jotterand (S). Contrairement à une partie de l'UDC, je serai d'accord avec une autre partie de l'UDC. On y était presque ! Pour une fois, le groupe socialiste peut être d'accord avec l'UDC, mais n'y arrivera pas complètement, puisque ses membres eux-mêmes ne sont pas d'accord entre eux. Par conséquent, on ne peut pas être d'accord avec eux entièrement.

Une fois n'est pas coutume, je citerai un conseiller fédéral UDC, M. Albert Rösti, qui, hier encore, lors du Congrès ferroviaire, a indiqué que le trafic de marchandises qui se pratiquait sur le rail devait rester sur le rail. J'irais même plus loin en énonçant qu'il faudrait augmenter le transport ferroviaire ! Mais bon, au moins, on est d'accord sur le fait que ce qui est sur le rail ne doit surtout pas passer sur la route. Ce qui est efficace sur le rail, ce sont les transports interurbains, les transports de marchandises volumineuses; en ce qui concerne le trafic par wagons isolés, c'est un peu plus complexe, mais pour des trajets longs qui justifieraient des camions de 60 tonnes, le train est extrêmement efficace.

En Suisse, on a la chance d'avoir un secteur ferroviaire compétitif, contrairement à d'autres pays où la situation est plus compliquée; on serait bien bêtes de lui imposer la concurrence des méga-camions de 60 tonnes. Pour rappel, le rail engendre beaucoup moins de nuisances, est bien plus écologique - avec une efficience énergétique deux à trois fois supérieure par rapport à la route - et, dans des secteurs où on subit une pénurie de personnel, quand vous avez besoin d'un conducteur de train plutôt que de trente chauffeurs de camion, c'est évidemment bien plus simple à trouver.

Nous étions donc quasiment d'accord avec l'UDC, mais il faut tout de même dénoncer une chose, une phrase à la fin de l'exposé des motifs; c'est dommage, on était prêts à être d'accord, et puis on lit un propos extrêmement anti-européen, inutile, qui certes ne restera pas dans l'histoire, puisque l'exposé des motifs d'une résolution n'est pas appelé à demeurer, mais quand même. Il faut réaffirmer ici que l'Europe a tous ses avantages; bien sûr, tout n'est pas bon à prendre, notamment les méga-camions de 60 tonnes, certains aspects sont un peu plus problématiques, mais ce n'est pas en combattant l'Europe et en plaçant une diatribe europhobe dans l'exposé des motifs qu'on fera avancer les choses.

Enfin, il est assez amusant de voir que l'UDC - je dis l'UDC, puisque M. Nidegger, jusqu'à preuve du contraire, en fait partie - tire à boulets rouges sur absolument toutes les résolutions à destination de l'Assemblée fédérale, comme M. Nidegger l'a rappelé, et puis que là, l'UDC une et unie dépose une résolution alors même qu'elle a la majorité à Berne ainsi qu'un conseiller fédéral chargé du département concerné ! Malgré tout, nous soutiendrons ce texte.

M. Jacques Jeannerat (LJS). Cette résolution est un peu de la tarte à la crème, je rejoins Yves Nidegger. Mon groupe et moi-même sommes contre les 60 tonnes sur le territoire de notre canton, mais s'agissant des routes de la Confédération, c'est l'affaire du Conseil national et du Conseil des Etats ! Tous les partis qui se sont exprimés aujourd'hui ont des représentants à Berne. Mesdames et Messieurs, je m'engage, avec mon groupe, en 2027, quand nous aurons un conseiller aux Etats et trois conseillers nationaux, à soutenir l'interdiction de ces camions sur les routes suisses.

Arrêtons d'être ridicules avec ces résolutions ! En tant que chef de groupe, j'ai reçu l'autre jour, lors de la séance du Bureau et des chefs de groupe, les réponses à six résolutions que nous avons votées ces derniers mois à l'attention des Chambres fédérales: toutes ont été recalées. Cessons d'être ridicules ! Nous n'allons pas nous opposer à cette résolution, parce que cela relève du bon sens de ne pas laisser des véhicules de 60 tonnes circuler sur nos routes, mais arrêtons de nous prendre pour le centre du monde helvétique, Mesdames et Messieurs ! Appelez vos conseillers nationaux, demandez-leur de faire le boulot ! Je suis d'accord avec Nidegger.

M. Souheil Sayegh (LC). Chers collègues...

Une voix. Vas-y, docteur !

M. Souheil Sayegh. ...qui peut le plus peut le moins. C'est une forme de prévention: en interdisant les 60 tonnes, on se donne les moyens d'interdire les 120 tonnes qui arriveront peut-être plus tard, quand LJS aura des conseillers nationaux et des conseillers aux Etats. Au Centre, on aime la tarte à la crème, et c'est pour celle-ci que nous avons décidé de soutenir cette résolution; d'ailleurs, nous sommes les seuls à l'avoir déjà validée en la cosignant.

Contrairement aux Verts, de notre côté, on se rend compte que sur nos routes, on n'a déjà plus de place pour nos propres véhicules, et c'est pour ça que nous soutenons également l'élargissement de l'autoroute approuvé par Berne. Par ailleurs, la Suisse est pionnière dans le ferroutage, Mesdames et Messieurs. Il faut absolument investir dans le ferroutage, c'est par cette voie que la Suisse se démarquera du reste de l'Europe.

Enfin, je terminerai là-dessus: ces derniers temps, il a été reproché au Centre d'être un peu dispersé dans ses votes; je m'aperçois que nous ne sommes pas le seul parti dans cette situation - je me tourne vers ma gauche ! Pour ces raisons, afin d'interdire les camions de 60 tonnes sur nos routes, Le Centre vous recommande d'accepter cette résolution et de la renvoyer à Berne. Je vous remercie.

Des voix. Bravo !

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Stéphane Florey pour trente secondes.

M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président. Ce sera largement suffisant pour que vous transmettiez à mon collègue de derrière... (Rires.) ...que ses propos sont totalement déplorables et indignes d'un chef de groupe, ce qui nous fait nous demander s'il est vraiment à sa place ici... (Applaudissements.) Le fait est que le groupe UDC vous recommande malgré tout de soutenir cette résolution, Mesdames et Messieurs. Je vous remercie. (Commentaires.)

Une voix. Faites-vous un gros bec, allez !

Une autre voix. Un câlin !

Une autre voix. Un bisou !

Une autre voix.  Ça nous fait trop de peine !

M. Jacques Béné (PLR). Mesdames et Messieurs, chers collègues, le PLR s'opposera à cette résolution. Comme l'a souligné M. Jeannerat, les six dernières ont été balayées par l'Assemblée fédérale, donc c'est un petit peu comme l'histoire de «Pierre et le Loup»: à force d'envoyer des résolutions à Berne, ils ne les lisent même plus, et quand on en aura une vraiment importante, eh bien elle sera shootée aussi. Celle-ci est particulièrement ridicule.

La parano de l'UDC avec l'Europe ! Et ses suppositions - parce que tout est au conditionnel dans le texte: «autoriserait», «détériorerait», «irait», «pourrait», ce ne sont que des conjectures. Alors je sais que selon vous, ce n'est pas parce que vous êtes paranos qu'il n'y a pas de complot, mais en l'occurrence, il n'y a vraiment pas de complot. Vous le relevez vous-mêmes en évoquant «l'opposition politique générale aux "méga-camions"». Oui, il y a une opposition politique générale, tout le monde est opposé aux méga-camions, nous les premiers.

Il n'y a pas de 60 tonnes sur nos routes maintenant, il n'y en aura pas à l'avenir. Il n'y a déjà pas de 40 tonnes sur le territoire de notre canton, donc je ne vois pas comment il pourrait y avoir des 60 tonnes. Oui, l'ASTAG est opposée à ces énormes camions, bien sûr qu'elle y est opposée, et alors ? (Remarque.) Mais il n'y en a pas, on n'a pas besoin de s'opposer à quelque chose qui ne va pas arriver !

Que l'Europe prenne ses dispositions, édicte des directives, et on verra bien s'il faut les appliquer en Suisse. Aujourd'hui, absolument aucun indice ne peut nous laisser penser qu'une seule personne en Suisse serait en faveur des 60 tonnes. Aussi, arrêtons d'être ridicules, refusons cette résolution, laissons le Conseil fédéral et les Chambres faire leur travail en toute sérénité et gardons nos arguments pour des sujets essentiels. Je vous remercie.

Le président. Merci à vous. La parole est à M. Vincent Subilia pour une minute.

M. Vincent Subilia (PLR). Merci, Monsieur le président. Il ne m'en faudra pas plus, dans le sillage de l'excellente intervention de mon collègue PLR et sans me prononcer sur les psychodrames qui peuvent se jouer à ma gauche dans cet hémicycle et en famille, pour rebondir sur les propos tenus par le député Jotterand, lequel évoquait le Congrès ferroviaire, auquel j'ai eu le plaisir d'assister hier - raison de mon absence - en présence de notre ministre des transports, qui prendra la parole dans un instant, et dire, afin de compléter l'information, parce que c'est une échéance qui aura toute son importance, que si le conseiller fédéral Rösti a effectivement souligné l'importance que revêt le rail - et les moyens lui sont consacrés -, il a également - il faut ici être honnête - relevé la nécessité du réseau routier et donc celle de procéder à l'élargissement de l'autoroute entre Lausanne et Genève, en complémentarité; c'est ainsi que nous construirons la mobilité de demain. Je vous remercie.

Une voix. Très bien.

Le président. Merci bien. Je donne la parole à M. Lionel Dugerdil pour dix secondes.

M. Lionel Dugerdil (UDC). Merci, Monsieur le président. Cela me suffira pour rappeler à l'un de mes préopinants que les 40 tonnes sont bien en circulation à Genève depuis des années, si ce n'est des décennies. J'espère que le reste de son argumentaire est plus juste que cet élément-là.

Le président. Je vous remercie. Monsieur Jotterand, la parole vous revient pour onze secondes.

M. Matthieu Jotterand (S). Merci, Monsieur le président. Contrairement à ce que M. Subilia soutient, bien sûr que non, ce n'est pas avec de nouvelles autoroutes qu'on améliorera le trafic, c'est en le déplaçant sur le rail. Le rail est bien plus efficient que la route, c'est le rail qui sera la solution pour le transport des marchandises demain.

M. Pierre Maudet, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, j'ai écouté avec beaucoup d'attention l'intéressant débat qui vient de se tenir sur la question des poids lourds dans notre canton. D'abord, à la forme, je me permets de vous dire ici, dans le droit fil de ce qu'a évoqué le député Béné, que la multiplication des résolutions à l'attention de Berne ne nous aide franchement pas. En effet, cela donne le sentiment que le parlement cantonal s'agite beaucoup auprès du Parlement fédéral.

Pas plus tard qu'hier, je rencontrais avec quelques-uns d'entre vous le conseiller fédéral Rösti pour discuter de trains et plus généralement de transports. Alors je vous rassure: il ne m'a encore jamais parlé de vos résolutions, mais ces textes encombrent malgré tout l'ordre du jour des Chambres fédérales.

Aussi, j'irai dans le sens de ce qui a été relevé précédemment: un peu de parcimonie ne nuirait pas. Cela nous permettrait, de temps en temps, de nous appuyer sur un élan du parlement cantonal; s'il y en a trop, naturellement, cet élan ne vaut plus rien.

Sur le fond, Mesdames et Messieurs, il s'agit d'un sujet important. A cet égard, je remercie les auteurs de la résolution de porter notre attention dessus. En Suisse en général et à Genève, qui est un petit canton, en particulier quant à la question du fret, nous faisons face à un grand enjeu: le volume de produits manufacturés, de biens divers et variés qui arrivent sur notre territoire est en hausse, mais les routes ne se multiplient pas, les lignes ferroviaires non plus.

Il faut être conscient, parce qu'on a toujours en tête l'idée qu'il serait magnifique de transférer le plus possible le transport sur le rail, qu'un train qui circule avec des marchandises, c'est un train qui circule sans passagers, en principe. Or les sillons ferroviaires sont déjà largement utilisés par le fret, donc la capacité de faire passer davantage de marchandises est extrêmement réduite, à teneur d'un réseau ferroviaire qui ne va pas s'étendre massivement ces prochaines années. Comme vous le savez, le défi, c'est déjà d'améliorer l'infrastructure existante et d'augmenter un peu, par exemple s'agissant de la redondance Genève-Lausanne, les liaisons existantes.

Dans ce contexte, vous déciderez du sort que vous réserverez à la résolution, cela vous appartient, le Conseil d'Etat ne vous dira pas ce que vous devez faire, mais j'attire votre attention sur un document fondamental qui vous parviendra à la fin de ce mois, à savoir le plan d'action sur les transports professionnels: c'est le reflet d'un travail réalisé en profondeur avec l'ASTAG et tous les acteurs des milieux économiques qui ont des biens à importer dans le canton et qui génèrent des déplacements, le résultat d'un travail minutieux. On y fait la démonstration qu'il est possible de progresser avec les vélos-cargos, mais quarante vélos-cargos font un 40 tonnes, donc les limites sont assez vite atteintes. Il y a un potentiel d'amélioration de même que des pistes intéressantes pour éviter la multiplication des camions, mais les capacités sont réduites.

A mon avis, de l'avis du Conseil d'Etat, c'est à la faveur de ce plan d'action que vous pourrez mesurer l'implication des milieux économiques, et je peux vous assurer qu'elle est au rendez-vous. Des pistes sont envisagées, notamment - et ce n'est pas mon collègue Hodgers qui me contredira - sur la rénovation et la revisitation du quartier Praille-Acacias-Vernets, qui est un centre de logistique fondamental pour le canton, sur les perspectives d'achalander mieux, différemment, y compris dans les commerces du centre-ville, avec l'arrivée des biens par des modes de transport différents.

Dès lors, votez ce que vous voulez s'agissant de cette résolution. Dans tous les cas, je vous inviterai au mois de juin à la commission des transports et sans doute aussi cet automne, à la faveur du plan d'action sur les transports professionnels, à vous pencher plus en détail sur les vrais enjeux et risques du transport de marchandises.

Le président. Je vous remercie, Monsieur le conseiller d'Etat. Nous procédons au vote.

Mise aux voix, la résolution 1033 est adoptée et renvoyée à l'Assemblée fédérale et au Conseil d'Etat par 66 oui contre 23 non et 7 abstentions (vote nominal).

Résolution 1033 Vote nominal