République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 22 mars 2024 à 14h
3e législature - 1re année - 10e session - 64e séance
RD 1564-A et objet(s) lié(s)
Débat
La présidente. J'ouvre le débat sur les RD 1564-A et R 1032 (catégorie III) en cédant la parole à Mme Fabienne Monbaron, rapporteuse ad interim.
Mme Fabienne Monbaron (PLR), rapporteuse ad interim. Merci, Madame la présidente. Le plan d'actions des transports collectifs présente, pour la période 2024-2028 et en couvrant les horaires des années 2025 à 2029, les perspectives d'évolution à court terme du réseau exploité par l'ensemble des opérateurs de transports publics du canton de Genève. La commission des transports a consacré quatre séances au traitement du rapport du Conseil d'Etat sur ce plan d'actions. Celui-ci est issu d'une concertation et tient compte des contributions de plusieurs rapports, notamment celui du Forum Citoyen ou celui des Cours des comptes des cantons de Genève et de Vaud sur les mesures d'accompagnement du Léman Express. Les objectifs et actions décrits prennent en considération les travaux menés dans le cadre des Etats généraux des mobilités qui se sont tenus les 1er septembre et 17 octobre 2023, ainsi que la plupart des observations et demandes formulées par les communes qui ont été rencontrées par le département entre mars et juin 2023. Ce plan d'actions reflète l'offre de transports qu'il s'agit a minima de mettre en place sur la période 2024-2028 pour répondre à la croissance des besoins en matière de mobilité à Genève. Il sert à l'élaboration de divers documents, soit les contrats de prestations des TPG, des Mouettes genevoises SA et de la communauté tarifaire intégrale Unireso, ainsi que les conventions biennales du trafic régional de voyageurs des Chemins de fer fédéraux.
Considérant le rapport du Conseil d'Etat et les explications reçues, la commission des transports a approuvé à l'unanimité le plan d'actions des transports collectifs 2024-2028 par le biais de la résolution 1032, sous réserve de l'ajout des compléments suivants: le fait que le développement de l'application TPGPreview et du Webshop TPG ne doit pas remplacer la possibilité d'achat de billets via des distributeurs physiques; l'incitation au développement des lignes de rabattement sur les gares françaises du Léman Express; la nécessité de développer et de préciser la planification des lignes de tramways; le renforcement de la liaison Jonction-Hôpital.
La commission vous invite à suivre son vote et à accepter ce plan d'actions.
M. Matthieu Jotterand (S). Mesdames et Messieurs les députés, juste quelques mots pour dire que certes, nous nous réjouissons que la large majorité des groupes souhaite augmenter l'offre des transports publics. Toutefois, s'agissant de cette hausse de 29%, le chiffre paraît impressionnant, mais si on le rapporte annuellement, on obtient en réalité environ 7% d'augmentation. Pour un report modal fort, nous souhaiterions, si possible, que cette hausse soit encore plus importante.
Nous avions proposé quelques amendements en commission; certains sont passés, comme l'a dit la rapporteuse, mais nous en avions encore quelques-uns à formuler. Pourquoi ? Parce que nous pensons qu'il serait aussi important de se pencher sur l'amélioration de la desserte du centre-ville, notamment en la renforçant par de plus gros projets. Pour l'instant, ce plan d'actions des transports collectifs nous semble positif sur beaucoup de points, mais nous avons l'impression qu'il est surtout là pour combler des lacunes, par exemple via le renforcement des fréquences aux heures creuses, etc., et qu'il manque un peu d'ambition en termes de grosses infrastructures et de vrais sauts d'offre, qui permettraient d'obtenir un véritable report modal et une croissance de l'utilisation des transports publics plus importante. Nous pensons notamment à la desserte du U lacustre, actuellement inexistante; nous regrettons qu'encore trop de monde dans ce parlement refuse de laisser une partie de la place consacrée à la voiture aux transports publics lorsque cela risquerait de ralentir le trafic automobile. Nous devons vraiment changer de paradigme, et nous espérons que ce sera bientôt le cas.
M. Jacques Jeannerat (LJS). Je rebondis sur les trois derniers mots de mon préopinant: nous devons être plus ambitieux. Nous devons améliorer la qualité de la vie à Genève. Le groupe LJS soutiendra l'objet en question, là n'est pas le souci, mais nous devons effectivement être plus ambitieux à l'avenir; d'ici quinze ou vingt ans nous devons améliorer le réseau et faire en sorte que les routes permettent aux transports publics d'être plus efficaces. Notre vitesse commerciale est juste catastrophique par rapport aux autres villes européennes, sans même parler de Lausanne ou de Zurich. Nous devons donc être plus ambitieux à terme.
Et puis, il s'agit de faire en sorte que les routes de Genève soient davantage à la disposition des transports publics et surtout de ceux qui ont besoin de circuler - je pense toujours aux artisans et aux PME. Un artisan que je connais me disait encore il y a trois jours qu'il refusait des mandats dans certains quartiers parce qu'il ne peut plus y aller en raison du trop grand nombre de voitures.
Vous avez parlé du U lacustre, Monsieur le député; je pense qu'une des solutions est de réaliser un O lacustre: il faut une bonne fois pour toutes sortir les voitures du centre-ville, qui n'ont rien d'autre à y faire que de passer de la rive gauche à la rive droite. Grâce à la traversée du lac, on pourra ainsi obtenir des TPG plus performants avec deux voies pour les transports publics sur le pont du Mont-Blanc, mais il faut pour cela qu'on se donne les moyens nécessaires. Hier, on a enregistré 1,3 milliard de bénéfice. Bon sang de bois, faisons cette traversée du lac ! Merci.
M. Stéphane Florey (UDC). Tout d'abord, je tiens à remercier M. Murat-Julian Alder, même s'il est absent, d'avoir déposé son rapport avec plus d'un mois d'avance sur le calendrier fixé en commission; il faut quand même relever que c'est grâce à ça qu'on traite cet objet aujourd'hui, ce qui nous permet de gagner du temps.
Je souhaite ensuite dire deux mots en réaction à ce que j'ai entendu, notamment sur la vitesse commerciale: ce n'est pas en adoptant ce plan d'actions, même s'il évolue beaucoup, qu'on va améliorer la vitesse commerciale. Je l'ai dit ici et je le répète volontiers: il faut d'abord que le département s'attelle aux réglages des feux, c'est vraiment là que réside le noeud du problème. Maintenant, contrairement à ce qui a été indiqué par le parti socialiste, ce plan d'actions est déjà plus qu'ambitieux. Le réseau se développe sans cesse, raison pour laquelle le plan change également. Pour nous, il est évident qu'il faut l'adopter; nous sommes en faveur de ces évolutions, mais en aucun cas cela ne doit se faire au détriment de la voiture, c'est exclu, et l'UDC restera très attentive à cet élément. Le réseau se transforme, tout doit évoluer, y compris la voiture, et lorsqu'on entend dire qu'il faut absolument se passer de la voiture pour prendre les transports publics, c'est juste un non-sens ! Les voitures changent aussi, elles sont de moins en moins polluantes, elles font de moins en moins de bruit. Pour ces simples raisons et tout en rappelant l'article constitutionnel qui garantit le libre choix du mode de transport, nous n'accepterons jamais que toutes ces évolutions se fassent au détriment de la voiture - que cela soit dit et compris par ceux qui en doutent. Merci.
Mme Marjorie de Chastonay (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, les Vertes et les Verts approuveront bien évidemment le plan d'actions des transports collectifs 2024-2028 et nous saluons les travaux menés par la commission des transports, qui se sont soldés par une résolution. Il y aura effectivement une augmentation de l'offre des transports collectifs, et c'est un point partagé par l'ensemble de la commission: nous souhaitons tous que l'offre se développe, c'est absolument nécessaire et il faut tout mettre en oeuvre pour que le report modal puisse s'effectuer. Ce but pourra évidemment aussi être atteint via une amélioration de la vitesse commerciale, via plus de fréquence, mais également via davantage de liaisons entre les quartiers ainsi que dans les quartiers, avec donc plus de sites propres.
Nous sommes favorables à ce plan d'actions parce qu'il va dans le sens de plus de transports publics, de plus de mobilité douce. Moins de véhicules individuels motorisés, ça veut dire plus de fluidité. Madame la présidente, vous transmettrez à M. Florey qu'effectivement les voitures sont de plus en plus électriques, qu'elles sont peut-être moins polluantes, mais qu'elles restent toujours aussi envahissantes dans l'espace public. Comme nous nous basons sur la constitution, qui préconise aussi le droit à un environnement sain, nous soutenons bien entendu l'accent qui sera mis sur l'offre des transports en commun au sein du canton de Genève ainsi que dans le Grand Genève, tout cela à des fins de fluidité et d'amélioration de la qualité de vie. Merci beaucoup.
La présidente. Merci, Madame la députée. Je salue à la tribune la présence de l'ancien député et conseiller national Ueli Leuenberger. (Applaudissements.) La parole n'étant plus demandée, nous passons au vote.
Mise aux voix, la résolution 1032 est adoptée par 75 oui (unanimité des votants).
Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat RD 1564.