République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 12 mai 2023 à 14h
3e législature - 1re année - 1re session - 4e séance
P 2158-A
Débat
La présidente. Nous poursuivons avec la P 2158-A. Si les rapporteurs veulent prendre la parole, ils peuvent appuyer sur le bouton. Monsieur Sylvain Thévoz, je vous cède le micro.
M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur de majorité. Merci, Madame la présidente. Mesdames et Messieurs les députés, il s'agit d'une pétition déposée par 469 habitants qui s'opposent à la fermeture du chemin de la Mère-Voie à Plan-les-Ouates, déplorant le fait que celui-ci ne soit plus entièrement accessible au trafic automobile. Les pétitionnaires ont avancé le fait que la réduction de la voirie mettait en danger les enfants sur le chemin de l'école et qu'en cas d'urgence, il pourrait éventuellement y avoir des difficultés d'intervention pour les services d'ambulance ou du feu.
La commission a procédé à trois auditions: le pétitionnaire lui-même, le maire de la commune de Plan-les-Ouates, M. Mario Rodriguez, et puis M. Gérard Widmer, directeur régional à l'office cantonal des transports. Les autorités ont démontré que la fermeture du chemin de la Mère-Voie était obligatoire du fait de l'arrivée du tram et du développement du quartier des Cherpines. Elles ont expliqué qu'il n'était pas possible, pour des questions de synchronisation, de le maintenir accessible au trafic automobile. Tout risque pour les enfants sur le chemin de l'école a pu être complètement écarté et il a été démontré que la voirie était accessible aux services de secours.
La majorité, pleinement rassurée par ces explications, vous propose donc le dépôt de cette pétition. On a là un quartier en développement, dont la mobilité est en voie d'évolution. Une rue en subit, selon certains habitants, un désagrément, mais le mouvement global est positif et bénéficiera au plus grand nombre. Nous vous proposons par conséquent de déposer la pétition sur le bureau du Grand Conseil. Merci.
M. Stéphane Florey (UDC), rapporteur de minorité. Mesdames et Messieurs les députés, cette pétition est symptomatique de la légèreté avec laquelle le département des infrastructures a traité, ces cinq dernières années, la problématique des fermetures de rues ou de chemins, tel celui dont on débat aujourd'hui, à savoir le chemin de la Mère-Voie, à Plan-les-Ouates.
Dans un autre cas, nous avons été saisis d'une pétition concernant le chemin de la Mousse, qui - contrairement à celle-ci, qui n'a pas obtenu une majorité en commission - avait été largement soutenue. Nous sommes finalement face à la même problématique, c'est-à-dire que, par souci de simplicité, le Conseil d'Etat, enfin le département préfère fermer des rues ou des accès à certaines rues plutôt que de trouver de vraies solutions telles qu'elles ont été proposées pour le chemin de la Mère-Voie. Parce que des solutions, il y en a.
Je vous donne un exemple de ce qui va se passer avec la fermeture du chemin de la Mère-Voie. Les personnes à proximité de la route de Base - c'est le bas du chemin de la Mère-Voie, côté route de Base et non route de Saint-Julien, qui a été fermé - qui, en sortant de chez elles, bifurquaient ordinairement à gauche ou à droite, selon le sens, pour aller sur cette route ne pourront plus le faire. Elles seront amenées à faire un détour de plus de 800 mètres. A titre de comparaison, la fermeture du chemin de la Mousse obligeait à un détour pouvant dans certains cas aller jusqu'à 2,1 kilomètres - c'est le bout du chemin de la Mousse du côté où il débouche sur la route de Jussy qui avait été fermé et les personnes à proximité voulant rejoindre cette route devaient faire un détour de 2,1 kilomètres.
Le pétitionnaire que nous avons auditionné nous a clairement expliqué qu'il y a quelque chose de tout simple à mettre en place: un feu de régulation pour ne pas bloquer le tram, puisque - la majorité l'a dit - le tram va effectivement arriver sous peu sur la route de Base. Ce serait donc dans un souci de ne pas bloquer le tram, même si le tram a plutôt un effet régulateur sur une voie de circulation. Le fait de mettre un feu pour déboucher du chemin de la Mère-Voie sur la route de Base est dans le même ordre d'idée, dans le sens où il y a cet effet régulateur qui se met en place naturellement. Le tram lui-même ne subit ni désagrément ni retard puisque les feux sont censés bloquer le trafic à son arrivée - ça, c'est une tout autre problématique, mais je reviens rapidement dessus.
Ces cinq dernières années, le Grand Conseil a voté plus de 53 millions de crédits pour le renouvellement complet des feux et, à ce jour, il y a encore des carrefours où le département s'est montré incapable de régler correctement ces feux. Finalement, on peut se poser la question: est-ce qu'il a peur, dans le cas qui nous occupe, de rajouter un feu et d'arriver à la conclusion que le réglage de ce carrefour lui pose également problème, tout ça pour s'éviter justement tous les désagréments ? Personnellement, je pencherais plutôt pour cette version; d'autres nous diront certainement tout le contraire.
Aujourd'hui, nous sommes dans une situation où la simple fermeture d'un chemin pose d'innombrables problèmes, comme, très naturellement, le report de trafic dans les rues adjacentes; on le voit partout où des rues ont été fermées. Inévitablement, les gens doivent sortir de chez eux et rentrer: s'ils ne peuvent plus passer où ils avaient l'habitude de le faire, ils prendront le chemin d'à côté ! C'est inévitable et prouvé dans tous les cas où ce genre de fermeture a eu lieu. Dans le cas qui nous occupe, ça se produira aussi et se confirmera très certainement.
Pour ces raisons, la minorité vous invite, dans un souci de cohérence, à former la même majorité qui avait soutenu, je le rappelle ici, toutes les pétitions qui traitaient de la même problématique - la fermeture de rues - et à confirmer son vote: changez d'avis et soutenez également cette pétition en la renvoyant au Conseil d'Etat. Je vous remercie.
Mme Christina Meissner (LC). Les pétitionnaires mentionnent les risques d'accident, l'étroitesse des chemins résidentiels, le fait que le chemin de la Mère-Voie est l'accès le plus direct pour rejoindre la route de Base et donc pour le trafic de transit, qui se faufile dans les quartiers résidentiels. Pourtant, ils s'opposent à la fermeture de l'accès à leur quartier par le chemin de la Mère-Voie et demandent sa réouverture complète. C'est à n'y rien comprendre ! Pour une fois qu'on essaie de pacifier un quartier, les gens demandent qu'il ne soit pas pacifié; j'avoue que j'ai un peu de peine à comprendre !
Par ailleurs, il faut peut-être remonter plus loin, c'est-à-dire à la planification faite par la commune de Plan-les-Ouates à cet endroit, qui impliquait effectivement que le mail de la Mère-Voie se poursuive, car le quartier des Cherpines va arriver. Ces mêmes habitants seront alors sans doute bien contents que les milliers de nouveaux venus ne déferlent pas avec leur mobilité - diverse et variée, mais surtout automobile - dans leur quartier résidentiel.
Il me semble donc vraiment dans l'intérêt des habitants de quartiers en voie de construction de s'intéresser de plus près aux planifications quand elles sont encore modifiables. Une fois qu'elles sont adoptées, ma foi, ils peuvent peut-être encore prendre langue avec leur commune, mais certainement pas avec notre Grand Conseil. Le Centre votera le dépôt de cette pétition.
Mme Lara Atassi (Ve). Comme vous l'avez entendu de ma préopinante, la fermeture du chemin de la Mère-Voie est nécessaire dans le cadre de ce projet qui est en cours, en construction. Cela s'inscrit dans le cadre d'un PLQ qui a déjà été approuvé et va permettre d'améliorer la qualité de vie des habitants. Il est nécessaire parce que le maintien de la circulation sur cette voie donnerait lieu à des dérangements sur la route de Base qui provoqueraient des bouchons et risqueraient, par la suite, de bloquer le tram, puisque celui-ci circule en zone mixte sur ce tronçon. Ce sont des retards et des dérangements qui ne sont pas acceptables, puisque nous souhaitons avant tout garantir l'attractivité et l'efficacité de nos transports publics.
Par ailleurs, la fermeture de ce chemin répond à un besoin de pacification dès lors que, cela a été dit, le quartier va être développé: une école est déjà à proximité et des infrastructures sportives et culturelles verront le jour tout bientôt. Enfin, contrairement aux dires des pétitionnaires, cette fermeture n'implique en rien une perte de sécurité, comme nous l'ont confirmé les services d'urgence qui ont été auditionnés. Les Vertes et les Verts vous recommandent donc de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Merci. (Applaudissements.)
M. Laurent Seydoux (LJS). Tous les aménagements urbains de grande ampleur, dans ce canton, ont des conséquences extrêmement préjudiciables pour les habitants, qui n'avaient rien demandé sur le moment et se retrouvent avec des développements considérables. C'est le cas dans le quartier des Cherpines, notamment avec l'arrivée du tram, dont l'emprise est extrêmement importante. Ce quartier souffre - il souffre déjà depuis plusieurs années - et va souffrir encore passablement d'années de cette arrivée, de cet élément qui amène des logements dans notre canton et en particulier dans ce quartier-là.
Le problème que l'on entend avec cette pétition, c'est le manque de concertation, le fait que les choses ont été imposées sans que les personnes aient été consultées et surtout sans que des éléments alternatifs, cohérents et réalistes aient pu être mis en place, ce qui pose à l'heure actuelle un certain nombre de problèmes au quartier - elles savent très bien ce qui va se passer dans le futur.
Je crois que la question de l'accès à ce quartier est à poser de façon plus générale. La simple fermeture de la Mère-Voie sans proposition alternative, notamment parce que le tram est un élément particulièrement bloquant pour toute la circulation et la mobilité du quartier, est un vrai problème. C'est la raison pour laquelle le groupe LJS soutiendra le dépôt de cette pétition au niveau du Conseil d'Etat. Merci.
Mme Francine de Planta (PLR). Mesdames et Messieurs les députés, le groupe PLR soutiendra le rapport de majorité. En effet, il a notamment été convaincu par l'audition des autorités communales de Plan-les-Ouates, qui ont clairement indiqué - Mme Meissner l'a rappelé dans son intervention - que la fermeture de ce chemin s'inscrit dans une vision à plus long terme, en prévision du développement du quartier des Cherpines; qu'elle a été faite dans une volonté, à plus long terme, de concertation - c'est évident; et, surtout, qu'elle s'inscrit dans le plan directeur communal. C'est pourquoi nous soutiendrons le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.
M. Laurent Seydoux (LJS). Je voudrais simplement clarifier un point: j'ai utilisé le terme «dépôt», mais il s'agit du renvoi au Conseil d'Etat. Merci.
La présidente. Je vous remercie. Mesdames et Messieurs, j'invite l'assemblée à se prononcer sur le dépôt de cette pétition.
Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 2158 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 48 oui contre 32 non (vote nominal).