République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 12 mai 2023 à 14h
3e législature - 1re année - 1re session - 4e séance
M 2828-A
Débat
La présidente. Nous continuons avec la M 2828-A. Je cède la parole à M. Philippe de Rougemont.
M. Philippe de Rougemont (Ve). Merci, Madame la présidente. Pendant les auditions, les représentants du département des infrastructures ont rappelé à la commission que la voie verte a été construite afin de créer une zone de délassement autant que de déplacement: un couloir sans voiture où les habitants pourraient apprendre aux enfants à se déplacer à vélo et où les piétons et les cyclistes pourraient utiliser les pistes soit en terre battue soit en goudron, selon la météo ou la préférence. Des inscriptions à destination des cyclistes figurent sur la piste goudronnée, mais cela ne signifie pas que ceux-ci doivent obligatoirement se confiner dans cet espace, puisqu'une zone de mixité des flux a été voulue.
En réponse à la motion, le département des infrastructures nous indique vouloir créer des axes forts pour le vélo en dehors de la voie verte. Comme on ne sait pas combien de temps sera nécessaire à ces aménagements du plan de mobilité et qu'on pense que l'attractivité de la voie verte pour les pendulaires pressés ne fléchira pas, il est attendu, grâce à cette motion, de séparer les flux sur la voie verte existante. Même si, de façon contre-intuitive, le nombre d'accidents observés sur la voie verte est faible, une insécurité évidente est vécue par les usagers qui ne sont pas pressés. Des aménagements peuvent pallier cela et rendre la voie plus agréable en été, grâce à une meilleure arborisation. Par ailleurs, rappelons-nous la fonction initiale de la voie verte: celle de compenser les abattages d'arbres occasionnés par la construction du CEVA et celle de corridor biologique constitué de plantes locales, pour la faune notamment, comme son nom - voie verte - l'indique.
Alors sécuriser les personnes profitant de ce très bel aménagement reliant les Eaux-Vives à Annemasse, oui ! Veillons toutefois à la fonction initiale de la voie: protéger la biodiversité, ces habitants de l'ombre qui peuplent encore le territoire. Nous invitons donc à voter l'amendement suivant: «à maintenir la fonction de corridor biologique de la voie verte, fonction à l'origine de cet aménagement pionnier». Merci de votre attention.
La présidente. Je vous remercie. Monsieur François Baertschi... Ah, pardon ! Il y a la rapporteure qui... (Remarque.) Après ? Alors, Monsieur Baertschi, vous avez la parole.
M. François Baertschi (MCG). Merci, Madame la présidente. Il est bien évidemment utile de sécuriser cette voie verte. Elle pose pourtant des problèmes: on le voit par exemple lorsqu'on saccage une quantité invraisemblable d'arbres, notamment le long de l'Arve, à Carouge, où on a détruit... C'est une véritable hécatombe pour la nature. Si au niveau du vert on détruit des arbres, quelque chose ne joue pas. Ce n'est pas l'objet de la motion; malgré tout, ça l'est indirectement.
Il faut s'opposer à ces destructions massives. Les habitants proches du quai du Cheval-Blanc s'inquiètent de la destruction massive de tous ces arbres. C'est quand même un comble qu'au nom de la verdure et de l'écologie, on détruise des arbres pour planter après, comme dirait un de mes collègues, des sortes de cure-dents qui n'ont aucun sens. (Commentaires.) Des cure-dents... Bon, il utilise un terme qui est un peu plus... Comment dire ? ...commun. Nous en resterons toutefois à l'image du cure-dent qui est un peu plus... Comment dire ? ...correcte à cette heure de la journée.
Nous ne pouvons pas accepter ce qui est malheureusement fait. Nous ne nous opposons en revanche pas à la sécurisation de ces voies vertes, mais nous pensons que la méthode utilisée jusqu'à maintenant est mauvaise. Le groupe MCG s'abstiendra donc sur ce sujet, merci.
La présidente. Merci. Madame Caroline Marti, rapporteure... (Remarque.) A la fin, très bien. Madame Christina Meissner, vous avez la parole.
Mme Christina Meissner (LC). Merci, Madame la présidente. Ecoutez, M. Baertschi a raison: il faut absolument s'opposer à la disparition des arbres et de la végétation dans notre canton, car celle-ci nous est indispensable; mais, sauf erreur, cela n'est pas l'objet de ce texte. Jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas en sécurisant la voie cyclable qu'on va forcément détruire des arbres. Il est vrai - et il faut s'en rappeler - que cette voie verte, construite au-dessus du CEVA, a d'abord été pensée comme un corridor biologique. Pour cette raison, les aménagements futurs ne doivent pas impacter cette fonction de corridor biologique. Dès lors, le groupe Le Centre acceptera l'amendement, très pertinent, proposé par M. Philippe de Rougemont.
La présidente. Merci. Cette fois, je donne la parole à la rapporteure de commission, Mme Caroline Marti.
Mme Caroline Marti (S), rapporteuse. Merci beaucoup, Madame la présidente. Mesdames et Messieurs les députés, je désire rappeler en un mot l'importance d'infrastructures telles que la voie verte, ainsi que l'importance de les développer; c'est du reste un projet dans l'ensemble de notre agglomération. Ça répond à un véritable besoin en matière de déplacements; il s'agit d'infrastructures sécurisées et efficaces pour les déplacements. Ces infrastructures sont aussi pensées dans des buts de promenade et de délassement, notamment pour les piétons. De là viennent la difficulté qu'on a pu rencontrer sur la voie verte reliant Annemasse aux Eaux-Vives et des problématiques liées à la mixité des flux des piétons et des cyclistes: les cyclistes l'utilisent pour se déplacer, et rapidement, alors que les piétons l'emploient non seulement dans un but de déplacement, mais aussi de délassement. Il y a intérêt et nécessité à réaménager un petit peu cette voie verte pour mieux délimiter ces flux qui se déplacent à des vitesses tout à fait différentes.
Cela dit, en commission, les services de l'Etat nous ont quand même rendus attentifs au fait qu'un certain nombre de choix d'aménagements de la voie verte avaient été dictés par la nécessité de protéger la petite faune; cela permet le maintien des corridors biologiques. Il est donc nécessaire, aujourd'hui, de repenser une partie des aménagements en vue de sécuriser cette voie verte pour les usagers de la mobilité douce, que ce soit les cyclistes ou les piétons, mais il est aussi important de s'assurer que ce réaménagement ne nuise pas à la protection de la petite faune. C'est la raison pour laquelle je vous recommande d'accepter l'amendement déposé par M. de Rougemont.
La présidente. Je vous remercie. Mesdames et Messieurs les députés, je soumets à vos votes l'amendement de M. Philippe de Rougemont, qui contient une nouvelle invite:
«4e invite (nouvelle)
- à maintenir la fonction de corridor biologique de la voie verte, fonction à l'origine de cet aménagement pionnier.»
Mis aux voix, cet amendement est adopté par 59 oui contre 14 non et 8 abstentions.
Mise aux voix, la motion 2828 ainsi amendée est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 70 oui et 12 abstentions.