République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 7 novembre 2019 à 17h
2e législature - 2e année - 6e session - 35e séance
RD 1289 et objet(s) lié(s)
Débat
Le président. Nous continuons avec les objets liés RD 1289 et R 894. Nous les traitons en catégorie II, trente minutes. La parole revient à Mme Marjorie de Chastonay.
Mme Marjorie de Chastonay (Ve). Merci, Monsieur le président. Mesdames les députées, Messieurs les députés, les Vertes et les Verts voteront le RD 1289 et la R 894. Ce plan va dans le bon sens, mais pas assez loin s'agissant de la prévention et de la promotion de la santé.
Il va dans le bon sens, car il s'agit d'une vision transversale et interdépartementale, ce que les Vertes et les Verts appellent de leurs voeux depuis longtemps. En effet, il n'est plus concevable de travailler en silos, chacune et chacun de son côté, qu'il soit question du vieillissement de la population ou d'autres enjeux comme celui des proches aidants. Nous préconisons une approche holistique afin de véritablement prendre en considération les individus, tant au niveau de leur développement que de leur diversité. C'est le constat important du plan, et nous le saluons.
La réussite de ce plan dépendra de sa mise en application et de la coordination de ses mesures. Au-delà des bonnes intentions et des recommandations, comment le Conseil d'Etat, constitué de différents départements parfois clivés, va-t-il gérer tout cela ? Notre gouvernement a informé le Grand Conseil de ses réunions tripartites, voire quadripartites, focalisées sur certaines thématiques. Vont-elles être pérennisées ? Y aura-t-il d'autres mécanismes ? Au coeur des enjeux, la population: avec un département de la santé séparé de celui de la cohésion sociale et des autres, il est difficile d'établir ces liens qui doivent pourtant être tissés.
La promotion de la santé est fondamentale...
Le président. Je rappelle qu'il est interdit de prendre des photos dans la salle !
Mme Marjorie de Chastonay. Il s'agit d'encourager une bonne santé à travers non seulement l'information, mais aussi l'accessibilité, c'est essentiel. Nous savons toutes et tous très bien qu'en mettant davantage l'accent sur la promotion, on anticipe les maladies, la sédentarité, l'isolement, les mauvaises pratiques, par exemple en ce qui concerne les soins dentaires. La promotion devrait donc être plus importante; il convient d'investir massivement, car à terme, cela fera diminuer les coûts de la santé.
Cela étant, les Vertes et les Verts déplorent la non-prise en considération des personnes en situation de handicap, qui représentent une partie non négligeable de la population, notamment en raison du vieillissement, mais aussi parce que celles et ceux qui les accompagnent jouent le rôle de proches aidants à vie. En effet, 80% des personnes en situation de handicap vivent à domicile et non dans des institutions subventionnées.
Les Vertes et les Verts accepteront ces deux objets, mais resteront vigilants quant à la mise en application du plan. Celui-ci ne doit pas rester une belle liste d'objectifs, mais se transformer en véritable politique sanitaire intégrant davantage de soutien aux méthodes de soins alternatives, comme l'homéopathie ou l'acupuncture, plus de prévention parmi les adultes en ce qui concerne les soins dentaires, une prise en compte des personnes en situation de handicap et enfin une formation accrue du personnel au sein des départements. Le but est d'accompagner la population genevoise dans toute sa diversité vers une meilleure qualité de vie. Merci.
M. Pierre Nicollier (PLR). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les délégués, nous saluons également le travail réalisé pour préparer ce plan cantonal de promotion de la santé et de prévention 2019-2023. Néanmoins, nous pensons qu'il vaut la peine de l'étudier en détail, nous proposons donc le renvoi de ces deux textes à la commission de la santé.
M. Sylvain Thévoz (S). Mesdames et Messieurs les députés, le groupe socialiste sollicite également le renvoi à la commission de la santé. Si nous saluons le dépôt de ce rapport du Conseil d'Etat, il nous semble toutefois important de l'étudier en commission, particulièrement sous l'angle de deux enjeux qui y sont évoqués: la responsabilité individuelle, qui est régulièrement citée comme garante de la santé, et l'économicité.
Nous devons mener une réflexion sur les HUG, dont la croissance est constante - +4% au budget, +4% des charges et des recettes - mais le personnel dans une situation délicate; il s'agit de s'interroger quant à la capacité d'absorption de l'hôpital et donc quant à l'opportunité d'y faire de la prévention. Il nous semble important de renvoyer ces objets en commission pour procéder à un examen plus approfondi.
Par ailleurs, nous sommes inquiets face à la tendance qui consiste à aller vers toujours plus de performance et d'efficacité à coût réduit, voire à coût très diminué. A notre sens, il y a là quelque chose d'extrêmement préoccupant, donc promotion de la santé, oui, mais si c'est dans une dimension d'économicité qui rend les gens malades, non, ce n'est pas acceptable. Je le répète: nous voulons prendre le temps d'étudier ces textes en commission. Merci beaucoup.
Le président. Merci. (Brouhaha. Un instant s'écoule.) J'attends que le silence se rétablisse. Monsieur Thomas Bläsi, vous avez la parole.
M. Thomas Bläsi (UDC). Merci, Monsieur le président. Le groupe UDC se joint à la requête des préopinants. Nous relevons également le travail effectué, les 21 actions prioritaires autour desquelles ce plan est organisé. Cela étant, notre groupe s'inquiète: les charges de l'Hôpital cantonal dépassent maintenant les 2 milliards, et le plan prévoit, en fonction des développements que connaîtront les groupes de travail sur ces 21 axes, que des demandes de financements supplémentaires puissent être faites. A l'heure actuelle, les recettes des HUG augmentent, donc logiquement, la subvention devrait diminuer. Or ce n'est pas ce que montre ce gros document, et nous voulons impérativement l'étudier en commission. Merci beaucoup.
M. Bertrand Buchs (PDC). Le groupe démocrate-chrétien salue ce rapport du Conseil d'Etat sur la prévention, un sujet d'importance qui mérite d'être discuté en commission, et non sur le siège, comme ce soir. Nous soutiendrons donc la demande de renvoi en commission.
Le président. Merci. Je passe la parole à Mme Marjorie de Chastonay... Ah non, vous n'avez plus de temps, je suis désolé ! C'est au tour de M. le conseiller d'Etat Mauro Poggia.
M. Mauro Poggia, conseiller d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je ne m'oppose évidemment pas au renvoi en commission. Le travail qui a été réalisé est considérable, je vous remercie de l'avoir souligné. La semaine dernière, l'information n'était peut-être pas passée partout, puisque certains reprochaient au département de ne pas s'occuper de prévention. Vous constaterez durant vos travaux que Genève est sans doute le seul canton à avoir engagé pareille démarche. C'est une entreprise ambitieuse, bien sûr, mais également réaliste, parce qu'il ne s'agit pas simplement de dépeindre des objectifs lointains, il faut tout faire pour les mettre en oeuvre.
Comme vous le savez, plus de 60% des facteurs déterminants pour notre santé n'ont rien à voir avec les soins, lesquels représentent à peine 15% d'entre eux. Naturellement, certains facteurs génétiques conditionnent notre santé, mais nous pouvons par ailleurs travailler sur l'essentiel des autres paramètres qui feront de nous, un jour, des personnes âgées en bonne santé, et nous devons y oeuvrer dès la naissance.
Les actions prévues ici concernent, c'est vrai, l'ensemble des départements. Il n'y a pas forcément besoin d'un chef d'orchestre, contrairement à ce que j'ai entendu, même si le département de la santé devra récolter toutes les données afin de déterminer si les objectifs auront été atteints; c'est dans le cadre du budget actuel de chaque département que le travail s'effectuera.
Je rassure ceux qui s'inquiètent: le but n'est pas de donner des centaines de millions à des entités pour qu'elles fassent de la prévention; lorsque vous aurez lu ce document dans le détail, vous verrez que ce sont de petites mesures que chacun peut entreprendre de son côté qui feront la différence. Je me réjouis d'en parler et d'échanger avec vous sur ce plan cantonal de promotion de la santé et de prévention 2019-2023. Merci.
Le président. Je vous remercie. Mesdames et Messieurs, vous êtes priés de voter sur la demande de renvoi à la commission de la santé.
Mis aux voix, le renvoi du rapport du Conseil d'Etat RD 1289 et de la proposition de résolution 894 à la commission de la santé est adopté par 86 oui (unanimité des votants).