République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du mardi 14 mai 2019 à 17h
2e législature - 2e année - 1re session - 1re séance
E 2608
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous passons à l'élection d'une ou d'un président du Grand Conseil. Je cède la parole à M. Sandro Pistis.
M. Sandro Pistis (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, le groupe MCG a l'honneur de vous présenter le candidat qu'il vous propose de porter à la présidence du Grand Conseil: M. Jean-Marie Voumard. Son implication politique dans notre parlement où il siège depuis plus de dix ans lui a permis d'acquérir l'expérience et la compétence indispensables pour prétendre à une telle fonction.
Rappelons que Jean-Marie Voumard est l'ancien président de la commission d'enquête parlementaire et qu'il préside actuellement la commission de grâce et celle des pétitions. Il a par ailleurs été désigné par ses pairs deuxième, puis premier vice-président du Grand Conseil, ce qui confère à son ascension à la présidence une légitimité indéniable.
En politique comme dans la vie de tous les jours, Jean-Marie Voumard est un homme fidèle. Il a servi avec loyauté au sein de la police cantonale genevoise pendant plus de trente années. Bien qu'il soit actuellement jeune retraité, nous ne doutons pas de sa pleine capacité à présider nos discussions dans l'enceinte de ce parlement avec fougue et vitalité. Mesdames et Messieurs les députés, nous vous remercions d'élire Jean-Marie Voumard à la présidence du Grand Conseil.
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. La parole n'étant plus demandée, Mesdames et Messieurs, nous allons procéder au vote. Je vous prie de regagner vos places et les huissiers de distribuer les bulletins de vote. Je rappelle que le premier tour a lieu à la majorité absolue des bulletins valables, y compris les bulletins blancs. Pendant toute la procédure de vote, les photographes sont priés de ne pas prendre de clichés. (Les députés remplissent leur bulletin de vote.)
Les votes sont maintenant terminés, je remercie les huissiers de bien vouloir récolter les bulletins. (Quelques instants s'écoulent.) Le scrutin est clos. A présent, M. Florey ainsi que les scrutateurs désignés se rendent à la salle D pour le dépouillement. En attendant le résultat de l'élection, je suspends la séance.
La séance est suspendue à 17h45.
La séance est reprise à 17h57.
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous reprenons la séance.
Résultats de l'élection d'une ou d'un président-e du Grand Conseil:
Bulletins distribués: 96
Bulletins retrouvés: 95
Bulletins nuls: 6
Bulletins valables: 89
Majorité absolue: 45
Bulletins blancs: 8
Est élu: M. Jean-Marie Voumard (MCG), avec 81 voix.
Des voix. Bravo ! (Applaudissements.)
Le président. Je félicite le nouveau président du Grand Conseil pour cette brillante élection ! (M. Jean Romain serre la main de M. Jean-Marie Voumard et lui remet un bouquet de fleurs. Mme Françoise Sapin embrasse M. Jean-Marie Voumard et lui remet un bouquet de fleurs.)
Présidence de M. Jean-Marie Voumard, président
Discours de M. Jean-Marie Voumard, nouveau président
Le président. Mesdames et Messieurs les députés,
Messieurs les conseillers d'Etat,
Chers collègues,
En tant que premier président issu d'un parti entré au Grand Conseil voici quatorze ans, soit en 2005, ma réaction initiale pourrait être: enfin ! Depuis longtemps déjà, les règles de l'alternance démocratique auraient dû imposer la présence de notre groupe à la présidence comme une évidence. C'est aujourd'hui chose faite, et c'est le regard porté non sur l'amertume du passé, mais vers les défis de l'avenir que je vous exprime ma reconnaissance de m'avoir désigné «primus inter pares» pour l'année à venir.
Je suis conscient que tel un chef d'orchestre, je ne retirerai le mérite de l'harmonie que si chacune et chacun d'entre vous interprète une partition sans cesse improvisée, joue son morceau dans le respect de la formation d'ensemble que constitue notre Grand Conseil. Car sans conscience de notre responsabilité commune à porter la construction de notre canton, nous nous épuiserons, comme notre parlement le fait malheureusement si souvent, dans des batailles de tranchées stériles et contraires à l'intérêt des habitants de Genève.
En ma qualité de président du Grand Conseil, je m'assurerai que les débats se déroulent dans le respect des avis divergents exprimés, car la fougue de l'argumentaire et la conviction de la pensée doivent s'allier à l'élémentaire courtoisie qui, bien souvent, en renforce la pertinence. Je sais d'avance qu'il me faudra perpétuellement intervenir pour le rappeler, mais je le ferai avec obstination, tel un Sisyphe - et, pourquoi pas, un Sisyphe heureux, comme l'imaginait Camus.
Ma volonté, comme celle de mes prédécesseurs dont je salue ici le travail constant, sera également de ne pas laisser s'accumuler à notre ordre du jour des objets anciens, en décalage croissant avec les préoccupations de nos concitoyens. J'y veillerai, soutenu pour cela par le Bureau, avec lequel je me réjouis d'ores et déjà d'oeuvrer. Travailler diligemment et travailler efficacement ne sont pas des objectifs incompatibles; cela exige de chacune et de chacun une discipline personnelle, et impose aux chefs de groupe une autorité qui ne craint pas de s'exprimer.
Etre député au Grand Conseil, c'est évidemment faire de la politique - je serais bien malvenu de prétendre le contraire - mais c'est aussi savoir ne pas paralyser ce pouvoir par des débats sans fin, surtout lorsque le seul but de la démarche est de répéter, certes avec ses mots à soi, ce que d'autres ont déjà exprimé auparavant, souvent mieux; ce n'est pas de renvoyer en commission des textes déjà largement débattus au seul motif que le moment ne serait pas propice à l'expression de sa réelle pensée; ce n'est pas non plus de multiplier les questions dont l'urgence est autoproclamée pour obtenir des réponses qu'on ne lit souvent même pas, si on ne les connaît pas déjà; enfin, ce n'est pas de demander inlassablement des votes nominaux dont la mise en oeuvre est coûteuse, ce d'autant plus que l'on n'a jamais entendu quiconque s'y référer lors d'un débat ultérieur.
Ce qui devrait animer tout député, c'est l'amour de l'argument finement ciselé, du débat d'idées qui voit s'affronter des visions différentes de ce que devrait être notre société. Variations sur un thème connu, pourrait-on dire, car nous avons toutes et tous le souci d'améliorer la vie de nos concitoyens; nous ne sommes tout simplement pas d'accord sur la manière d'y parvenir. «Tout simplement» est une formule, car cela n'a rien de simple, bien au contraire. Une chose est sûre: pour convaincre, il faut être convaincu soi-même, et cela ne peut reposer que sur un travail de fond avant les séances, qu'elles soient de commission ou plénières.
C'est à Genève que fut publié en 1748 le fameux traité de Montesquieu «L'Esprit des lois», alors sans nom d'auteur pour éviter la censure. Aujourd'hui, la parole est libre et nous pouvons nous en réjouir, mais n'oublions pas que si nous sommes maîtres des propos que nous n'avons pas prononcés, nous sommes esclaves de ceux qui nous ont échappé, encore plus lorsque l'on a la chance de bénéficier d'un système de retransmission immédiate de nos ébats... (Rires.) De nos débats, pardon !
Etre président du Grand Conseil est indiscutablement un honneur, mais c'est aussi et surtout une responsabilité. Je m'engage devant vous à assumer cette charge dans le respect absolu du droit de chacune et chacun à exprimer ses convictions. A l'heure où trop nombreux sont les citoyens qui doutent de la droiture et de l'exemplarité des élus de la république, l'image que nous donnons de la tenue de nos débats va certainement au-delà de l'instant et du lieu qui en sont les témoins.
Aucun de vous ne manque l'occasion, lorsqu'elle se présente, de rappeler que Genève n'est pas un canton comme les autres et que ses devoirs sont à la hauteur de la reconnaissance qu'il attend de son rôle, en Suisse et dans le monde. «L'esprit de Genève», évoque-t-on. A quelle autre ville reconnaît-on le mérite d'avoir su insuffler un esprit qui a porté des hommes et des femmes à surpasser les obstacles de l'histoire ? L'esprit de Genève, c'est aussi savoir construire ensemble, savoir conjuguer nos oppositions plutôt que d'opposer nos divergences; lorsque l'on voudrait faire deux pas, accepter de n'en faire qu'un dans la bonne direction plutôt que de prendre le risque de l'inertie. C'est dans cet esprit-là que je fais le voeu d'apporter ma modeste contribution à nos futures discussions, et je vous réitère ici ma reconnaissance de m'avoir témoigné votre confiance.
Je tiens aussi à remercier ma famille ici présente - et celle qui me regarde à la télévision depuis le Jura bernois - de supporter mes absences anciennes et futures dues au labeur nécessaire à ce Grand Conseil. Mesdames et Messieurs, que vos échanges soient vifs, que vos propos soient courtois, que nos débats soient fructueux ! Vive notre Grand Conseil ! Vive la République et canton de Genève ! (Longs applaudissements.)