République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 23 novembre 2017 à 17h
1re législature - 4e année - 9e session - 46e séance
RD 1199
Le président. Mesdames et Messieurs, je vous informe que Mme Geneviève Arnold nous a remis sa démission de son mandat de députée. Je prie Mme Moyard de nous lire le courrier 3713.
Le président. Merci, Madame. Petit aparté: je salue à la tribune notre ancienne collègue, Mme Brigitte Schneider-Bidaux ! (Applaudissements.)
Il est pris acte de la démission de Mme Arnold, qui sera effective à l'issue de cette séance. Sa remplaçante, Mme Delphine Bachmann, prêtera serment ce soir à 20h30.
Mme Geneviève Arnold a siégé sur les bancs du PDC pendant quatre ans, d'abord comme suppléante, puis comme titulaire. Au cours de son mandat, elle a présidé la commission d'aménagement du canton et participé aux travaux de celle de l'environnement. En plénière, elle s'est exprimée à plusieurs reprises sur des sujets relatifs à des modifications de zones, à l'agriculture, au logement, à la fiscalité ou encore à la pollution.
Parallèlement à son mandat de députée, Mme Arnold s'est beaucoup engagée dans sa commune de Plan-les-Ouates, où elle a notamment été conseillère administrative pendant douze ans.
Nous formons nos meilleurs voeux pour la suite de son activité professionnelle en tant que directrice d'établissement scolaire et lui remettons, fidèles à la tradition, un stylo souvenir. Il s'agit évidemment d'un stylo de la maison Caran d'Ache, fleuron de l'industrie genevoise, dont le Bureau a eu le grand plaisir de visiter la manufacture tout à l'heure. Je vous assure que c'est magnifique ! (Applaudissements. Le président descend de l'estrade, embrasse Mme Geneviève Arnold et lui remet le stylo souvenir.) A présent, je laisse la parole aux députés qui la souhaitent pour les hommages. Monsieur Forni, c'est à vous.
M. Jean-Luc Forni (PDC). Merci, Monsieur le président. Chère Geneviève, dans une interview accordée à la «Tribune de Genève» au moment de quitter la mairie de Plan-les-Ouates, tu justifiais ton engagement politique ainsi: «J'ai toujours vu l'engagement pour ma commune comme quelque chose de naturel. Je préfère agir que regarder et rouspéter.» Tu mentionnais aussi que pour toi, c'était l'occasion de «casser la routine de l'enseignement».
Eh bien l'enseignante a en quelque sorte rattrapé la politicienne, puisque de professeure en économie, histoire et informatique, tu as rapidement accédé à de plus hauts niveaux de responsabilité, d'abord comme doyenne, maintenant comme directrice du collège et école de culture générale Madame de Staël, nouvelle fonction qui t'incite à quitter la députation. Permets-moi, en te rendant cet hommage succinct, de faire mentir la femme illustre dont ton établissement porte fièrement le nom, quand elle disait: «La femme de bonne réputation est celle dont on ne parle pas.» Aujourd'hui, en effet, nous allons parler de toi - mais en bien, je te rassure !
Fille de conseiller municipal, tu es toi-même entrée au Municipal de Plan-les-Ouates en 1999. Après une législature, ton parti t'a recrutée pour l'exécutif, où tu as été la candidate la mieux élue, un scénario qui s'est répété à deux reprises, en 2007 et en 2011. Tout au long de tes mandats successifs, tu as su séduire les communiers les plus farouches par ton sourire, ton sens de l'écoute, ta bienveillance et ton humanisme. Tu étais la maire parfaite ! Parmi les nombreuses réalisations que tu as concrétisées à la mairie, je n'en citerai qu'une, qui est ta fierté: La Julienne, Maison des arts et de la culture de Plan-les-Ouates. En effet, tu avais à coeur d'insuffler un certain dynamisme culturel à ta commune. Je devrais aussi mentionner ton engagement pour la petite enfance, mais le temps me manque.
Puis, tu as éprouvé le besoin de relever de nouveaux défis et tu es devenue députée suppléante au Grand Conseil au début de la présente législature. Le 3 décembre 2015, tu y entres enfin en tant que titulaire, succédant à une autre députée chevronnée, ancienne maire issue des milieux agricole et viticole, Martine Roset. Tu prends vite tes marques à la commission d'aménagement, dont tu as assumé la présidence, et à celle de l'environnement et de l'agriculture, dont tu étais vice-présidente jusqu'à ces derniers jours.
Forte de tes expériences acquises dans ta commune, tu fais preuve de détermination et n'hésites pas à t'engager pour défendre les dossiers qui te sont chers. Tes prises de position et de parole, toujours très bien documentées et convaincantes, non seulement font de toi une collègue écoutée et respectée, mais font souvent taire les avis divergents, même au sein de ta propre famille politique. Les mauvaises langues diront que tes discours sont si bien documentés qu'ils en deviennent un peu longs, mais n'est-ce pas là une remarque d'envieux ? Derrière ton attitude conciliante et ta courtoisie, tu es une habile négociatrice qui sait se montrer ferme et déterminée, à tel point que tout semble maîtrisé chez toi, y compris ton sourire, ta coiffure, ton élégance, tes déclarations en plénière ou en tête-à-tête - bref, tout ce qui fait de toi une politicienne modèle.
Geneviève, ton passage au Grand Conseil fut court, mais intense et bon. Tu vas nous manquer au sein du groupe PDC, même si tu laisses la place à une autre femme compétente et volontaire. Nous regretterons les pauses entre deux séances au café Papon, où tu partageais volontiers un petit coup de blanc avec tes collègues de parti et d'autres groupes, parfois même avec les députés les plus machos de ce parlement ! Nous te souhaitons plein succès dans ton activité professionnelle, sachant que tu ne quitteras pas complètement la politique et que tu resteras une fidèle animatrice du groupement des femmes PDC de notre canton, dont tu seras certainement l'une des plus dignes représentantes. Comme disent les marins, Geneviève, bon vent !
Mme Anne Marie von Arx-Vernon. Bravo ! (Applaudissements.)
Mme Marie-Thérèse Engelberts (HP). Chère Geneviève, chère amie, j'ai eu envie de chercher la signification de ton prénom. D'origine germanique, celui-ci est composé des éléments «gen», qui signifie jeune - ou «geno», qui signifie race - et «wifa», c'est-à-dire femme. Il s'agit d'un prénom de style médiéval, placé sous le signe du cancer. Geneviève, c'est la clarté, la ténacité, la recherche de cohérence. Tout cela te va si bien au moment du changement professionnel et politique que tu vis !
Diriger une école, quelle étonnante, étourdissante, innovante fonction ! Elle embrasse tout ce qui fait que la vie a du sens: la jeunesse, les élèves, le parcours engagé des enseignants, la recherche de savoirs, la discussion, la confrontation et, pour toi, au final, la décision. Je souhaite que tu donnes une âme à cette école, que la connaissance te conduise à la bienveillance, que ton pari te gratifie, qu'il soit couronné de réussite. Je ne suis pas triste de ce départ, parce qu'il s'ouvre sur une formidable expérience de vie que tu as voulue - et puis, nous nous retrouverons au groupement des femmes PDC ! A bientôt, Geneviève.
Mme Marion Sobanek (S), députée suppléante. Chère Geneviève, la politique, d'après une définition donnée aux écoliers - on s'en souvient bien, on a été collègues pendant vingt ans au collège et école de commerce Madame de Staël - c'est l'art d'organiser le vivre-ensemble dans un même Etat ou une même cité, avec des gens que l'on n'a pas choisis et pour lesquels on n'a aucun sentiment particulier. Cette définition ne te correspond que partiellement, car chez toi, l'absence de sentiment particulier est remplacée par une bienveillance basée sur un humanisme profond que tu pratiques dans ta vie professionnelle comme en politique, et qui fait parfois si cruellement défaut dans cette enceinte.
Tu nous as montré moult fois que tu aimes les gens, que tu acceptes les êtres avec leurs différences et leurs particularités. Pour toi, s'engager pour une juste célébration du partenariat enregistré est aussi naturel que de défendre un accueil plus humain des requérants d'asile ou de lutter contre la violence conjugale. Les projets de lois que tu as signés sont presque tous marqués de préoccupations sociales ou sociétales - j'ai fait quelques recherches !
Tu crois en la négociation, en la recherche du compromis, mais tu défends aussi tes positions avec peps et pugnacité, sans élever la voix ni employer de rhétorique de bas étage, toujours empreinte de ce profond respect de l'autre qui inclut le député du parti adverse - respect qui devrait être la norme dans ce parlement. Les règles, tu les respectes toujours, et tu attends la même chose des autres. D'ailleurs, tu voudrais que celles que l'Etat applique soient simples, claires et compréhensibles pour les citoyens. C'est certainement ta longue expérience en tant que conseillère administrative de la commune de Plan-les-Ouates - mon collègue Forni a déjà fait l'éloge de tes antécédents - qui a aiguisé ton esprit pratique. Tu t'es ainsi engagée pour des simplifications de procédures dans cet illustre Conseil.
Le groupe socialiste regrettera la femme et politicienne humaniste que tu es, excellente négociatrice et à l'écoute des petits détails qui peuvent fâcher. Quand je t'ai connue au collège Madame de Staël, tu lâchais ton poste de doyenne pour mieux te consacrer à ta charge de magistrate; aujourd'hui, tu as choisi d'abandonner la politique - mais peut-être n'est-ce que momentané - pour te dédier entièrement à ta nouvelle responsabilité de directrice de ce grand bateau qu'est le collège et école de culture générale Madame de Staël. Si nous perdons ici une députée brillante, mes anciens collègues et élèves vont gagner une directrice à l'écoute, qui travaillera avec dynamisme. Bon vent, Geneviève, et merci beaucoup ! Au nom du groupe socialiste et en mon nom, tout de bon ! (Applaudissements.)
M. Francisco Valentin (MCG). Chère Geneviève, c'est à moi qu'échoit le redoutable privilège de te rendre hommage, toi, notre collègue et la présidente de la commission d'aménagement du canton, à l'occasion de ton départ imminent du Grand Conseil. Redoutable, parce que l'exercice est délicat si l'on veut saluer la personne concernée dans les règles, sans pour autant donner l'impression de prononcer une oraison funèbre; privilège, parce que c'est un sincère plaisir pour moi de te dire au revoir en notre nom à tous.
C'est aussi l'occasion pour moi, Mesdames et Messieurs, de vous faire une confidence - j'allais presque dire une confession, sans doute en raison de l'appartenance politique de notre chère collègue: Geneviève et moi, c'est une longue histoire qui a débuté il y a bien des années, dans un endroit discret de la campagne genevoise... (Exclamations.) Je veux bien entendu parler de la salle du Conseil municipal de Plan-les-Ouates !
Elue dans cette commune en 1999 - désolé pour les redondances, Geneviève, mais ça fait toujours du bien de se l'entendre rappeler - cette charmante dame était conseillère administrative chargée notamment des écoles, de la petite enfance, de la culture et du social lorsque j'ai fait sa connaissance en 2011. J'ai pu découvrir que sa réputation n'était pas usurpée; Geneviève, à l'instar d'un orateur caribéen largement plus barbu, a une marotte, les discours-fleuves. Les enfants de Plan-les-Ouates s'en souviennent encore, et nous aussi !
Je garderai d'elle le souvenir d'une magistrate qui travaille bien ses dossiers et ne lâche pas facilement prise. A l'époque déjà, elle maîtrisait parfaitement le registre de la douceur et de la détermination, de la séduction et de la conviction, voire parfois de la fausse candeur. Cette main de fer dans un gant de velours lui a permis de faire avancer des projets importants pour Plan-les-Ouates, comme la rénovation de La Julienne, restaurant-théâtre devenu un lieu de rencontre incontournable dans la commune.
Elle a rejoint le Grand Conseil en tant que députée suppléante en 2013, et je l'ai retrouvée au sein de la commission d'aménagement lorsqu'elle a remplacé une autre personnalité marquante et attachante de ce Grand Conseil - je pense évidemment à notre ex-collègue et amie vigneronne Martine Roset. Ces deux années de collaboration auront passé bien vite, émaillées de dossiers dont elle s'est souvent faite rapporteure en plénière, son expérience du terrain étant en effet précieuse.
Récemment nommée à la direction du collège Madame de Staël, Geneviève a décidé de se concentrer sur cette nouvelle fonction passionnante, mais très prenante, d'où sa démission annoncée pour ce jour. Nous lui souhaitons plein succès dans ce nouveau défi professionnel et la remercions pour sa contribution à nos travaux. En guise de conclusion, chers collègues, je vous propose de lui dire un grand bravo pour son engagement en l'applaudissant chaleureusement ! Merci de votre attention. (Applaudissements.)
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député, et salue à la tribune notre ancienne collègue, Mme Carole-Anne Kast ! (Applaudissements.) La parole est à Mme Klopfenstein Broggini.
Mme Delphine Klopfenstein Broggini (Ve). Merci, Monsieur le président. Geneviève et moi sommes entrées en même temps au Grand Conseil comme viennent-ensuite, ce qui a d'office créé une solidarité entre nous, solidarité qui a perduré au sein de la commission de l'environnement et de l'agriculture, où nous partagions souvent les mêmes visions, puis lors de bonnes discussions sur le nom des rues, notamment féminin, elle-même étant alors dans son rôle de membre de la commission cantonale de nomenclature.
J'ai particulièrement apprécié sa fibre environnementale, son sens de l'égalité, son humanité, et surtout le fait qu'elle soit toujours à l'écoute de la population. Il s'agit là d'une qualité qu'elle possédait déjà en tant que conseillère administrative de Plan-les-Ouates et qui lui sera très utile dans sa nouvelle fonction à la tête du collège Madame de Staël. Bravo pour cette belle carrière, Geneviève, et tout de bon ! (Applaudissements.)
M. Christo Ivanov (UDC). Chère Geneviève, tu nous quittes sur la pointe des pieds pour assumer ta nouvelle fonction de directrice du grand établissement scolaire Madame de Staël, ce vaisseau amiral du DIP. Tu as présidé avec excellence, doigté et compétence la commission d'aménagement, tu as fait preuve de beaucoup d'application, de sérieux et de maîtrise de tes dossiers, tu as toujours été à l'écoute et manifesté de l'empathie en dialoguant de façon constructive. Le groupe UDC regrette ton départ, mais te souhaite plein succès dans tes nouvelles activités. (Applaudissements.)
Mme Nathalie Fontanet (PLR). Monsieur le président, le groupe PLR regrette le départ de Mme Arnold, qu'il a toujours considérée comme une collègue non seulement compétente, mais surtout agréable et extrêmement respectueuse de l'ensemble des membres de la députation, quelle que soit leur appartenance politique. Les qualités de Mme Arnold en tant qu'ancienne magistrate ont été unanimement reconnues, me semble-t-il, elle a en effet brillamment présidé la commission d'aménagement. J'ai souvenir de son premier rapport présenté à la table des rapporteurs, qui m'avait surprise par sa qualité alors même qu'elle venait d'entrer au Grand Conseil.
A titre personnel, même si je regrette évidemment son départ, je me félicite de l'arrivée de la future députée PDC, qui n'est autre que ma nièce, et je remercie donc Mme Arnold de lui céder sa place. Le groupe PLR lui souhaite un très bel avenir professionnel et se réjouit que les élèves de Madame de Staël puissent dorénavant compter sur une personne comme elle pour diriger leur établissement. Merci, Monsieur le président. (Applaudissements.)
M. Christian Zaugg (EAG). Monsieur le président, chers collègues, le groupe Ensemble à Gauche tient à s'associer aux hommages qui viennent d'être prononcés. Pour ma part, j'ai côtoyé Mme Arnold surtout dans le cadre de la commission d'aménagement; lorsque je l'ai vue, lorsque je l'ai entendue, lorsque j'ai constaté la manière tout à fait remarquable dont elle présidait les travaux, je me suis dit: «Tiens, voilà une personne peu ordinaire !» Je lui trouve en effet beaucoup de compétences: bienveillance, empathie, humanisme, autant de qualités qui sont généralement reconnues sur tous les bancs de ce Grand Conseil. Si je suis sincèrement heureux qu'elle ait décroché cette promotion professionnelle, je dois dire que je la regretterai tout de même - nous la regretterons - parce que c'était une excellente députée. Bon vent, Geneviève ! (Applaudissements.)