République et canton de Genève

Grand Conseil

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M 2378
Proposition de motion de Mmes et MM. Christian Frey, Stéphane Florey, Alexis Barbey, Olivier Baud, Isabelle Brunier, Michel Ducret, Jean-François Girardet, Sarah Klopmann, Norbert Maendly, Guy Mettan, Jean Romain, Pascal Spuhler, Nicole Valiquer Grecuccio, Jean-Marie Voumard, Raymond Wicky pour garder l'hélicoptère de sauvetage genevois dans une planification intégrée
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session II des 6, 7 et 24 avril 2017.

Débat

Le président. Nous passons à la M 2378, qui est une motion de commission et, à ce titre, n'a pas fait l'objet d'un renvoi en commission sans débat. Le débat est en catégorie II, trente minutes. Monsieur Wicky, vous avez la parole.

M. Raymond Wicky (PLR). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, chers collègues, permettez-moi tout d'abord de faire un petit historique. Cette motion de commission est consécutive au traitement d'une pétition qui défendait l'implantation et la présence physique de l'hélicoptère de sauvetage sur le territoire de la République et canton de Genève. Elle était aussi consécutive à des déclarations du gouvernement ayant mis en exergue des pistes d'économies qui pourraient toucher cet hélicoptère. (Commentaires.) Que demande cette motion ? Pour faire suite au renvoi au Conseil d'Etat de la pétition, simplement de faire un inventaire - qui doit certainement déjà exister - des tâches et des missions que cet hélicoptère assure. Ensuite, de trouver des solutions intégrées par rapport à l'implantation de cet hélicoptère. Enfin, pourquoi pas, de développer des synergies avec nos amis vaudois voire avec la Rega. Après ces considérations, il est quand même important de rappeler que les organisations de secours genevoises ont fait d'importants efforts et se sont investies un maximum afin d'intégrer cet outil d'intervention dans leurs activités. J'en veux pour preuve divers exemples: la police intègre cet hélicoptère chaque fois qu'elle fait des recherches de disparus; les pompiers l'utilisent pour des interventions en milieu difficile, par exemple lorsqu'un grutier fait un malaise cardiaque; évidemment, la brigade sanitaire fait de même lorsque l'intervention sanitaire nécessite de la célérité ainsi que des conditions de transport particulières.

N'oublions pas non plus la dimension internationale de Genève qui n'est pas négligeable et que nous défendons au sein de ce parlement. Il paraissait également particulièrement important à la commission que l'on puisse disposer de cet outil pour assurer la couverture des nombreuses manifestations et réunions d'importance mondiale organisées à Genève. Certes, il faut trouver des solutions qui pourraient alléger la charge financière, et nous rendons grâce au Conseil d'Etat qui oeuvre en ce sens. Malgré tout, il nous paraît également logique et important que l'on trouve une solution qui intègre une base genevoise. Pour toutes ces raisons, le PLR soutiendra cette motion. Merci de votre attention !

M. Pascal Spuhler (MCG). Il n'est pas nécessaire d'en rajouter beaucoup plus, car mon préopinant, M. Raymond Wicky, a dit l'essentiel. Je vous le rappelle, cet objet est une motion de commission déposée suite au traitement d'une pétition au sein de la commission des pétitions. Je vous enjoins de voter sur le siège cette motion et de la renvoyer au Conseil d'Etat qui la recevra avec plaisir, je pense, puisqu'il nous avait déjà annoncé son intention de répondre à l'invite de cette motion. Le MCG soutiendra évidemment ce texte.

M. Christian Frey (S). J'apporterai juste un petit complément: cette motion fait suite à la pétition qui avait provoqué une certaine émotion; on a vu que les Genevois tenaient absolument à l'hélicoptère Rega 15. La commission des pétitions, à l'époque sous ma présidence, a souhaité apporter un complément au rapport. Il est vrai qu'au cours des auditions, nous n'avions entendu ni la Rega ni les HUG. Cette proposition de motion vient compléter le rapport de la commission sur la pétition déposée à ce sujet.

Nous sommes sur la bonne voie: vous avez vu la réponse du Conseil d'Etat à la pétition - pas à la motion que nous traitons maintenant, mais à la pétition. Effectivement, on est sur la bonne voie puisque le Conseil d'Etat affirme dans cette réponse que «le conseil d'administration des HUG a recentré la réflexion en cours et demandé que soit étudié le meilleur scénario d'exploitation pour» - écoutez bien ! - «maintenir une base sanitaire aéroportée à Genève». Ensuite, le Conseil d'Etat appréciera les propositions des HUG pour le plus grand bien des personnes à Genève qui ont besoin d'un transport héliporté.

M. Bernhard Riedweg (UDC). Les HUG pourraient déléguer l'exploitation de l'hélicoptère sans changer sa mission de sauvetage. La Rega partage sa gestion avec les HUG et intervient tant dans le canton de Vaud que dans le département de l'Ain. Cela permettrait de réallouer une partie des ressources dégagées au profit d'un plus grand nombre de patients. Les ambulanciers terrestres peuvent fort bien assurer les secours en ville en moins de dix minutes et en moins de quinze minutes en périphérie. Il ne faut pas oublier qu'un hélicoptère ne peut pratiquement pas atterrir en ville à cause des câbles des TPG. Cet hélicoptère pourrait être basé à Lausanne, à vingt minutes de Genève en vol direct. Nous vous demandons d'accepter cette motion.

Le président. Merci, Monsieur. La parole est à M. Flury pour deux minutes trente.

M. Christian Flury (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, le poussin jaune - l'hélicoptère de sauvetage des HUG - est une pièce primordiale du puzzle régional des moyens de sauvetage, de secours et de soins. Il est le seul moyen de se porter rapidement et efficacement au contact d'accidentés en milieu escarpé, en rivière ou sur le lac ainsi que dans tous les terrains non rapidement accessibles par voie terrestre. Au contraire de la route - nous connaissons parfaitement la situation chaotique de la circulation à Genève - la voie des airs permet de se déplacer rapidement et aisément. Diverses études ont démontré que la rapidité de l'arrivée des soins sur le lieu d'un accident ou d'un malaise ainsi qu'une excellente médicalisation du patient sur site avant son transport en milieu hospitalier développait des effets bénéfiques sur le pronostic de récupération du patient, sur la durée d'hospitalisation et, finalement, sur les frais de traitement.

Sous un autre angle, compte tenu du nombre de missions que l'hélicoptère genevois effectue au profit de la base aérienne Rega de Lausanne, il est illusoire de penser que nos voisins pourraient compenser la disparition du poussin jaune: cette suppression se ferait au détriment de nos concitoyens. Priver Genève et sa région de cet hélicoptère signifierait revenir à la situation ante, c'est-à-dire à faire un saut en arrière d'une bonne cinquantaine d'années, quand la population était nettement moindre. Notre canton a les moyens de conserver ce vecteur de secours. Le groupe MCG vous invite à voter sur le siège la prise en considération de cette motion afin qu'elle puisse rejoindre la pétition similaire que nous avons récemment votée.

M. Guy Mettan (PDC). Je serai bref. Le parti démocrate-chrétien s'est associé à la signature de cette motion suite aux auditions que nous avons menées à la commission des pétitions, et, naturellement, il la soutiendra. Pour toutes les raisons invoquées par mes préopinants, il vous recommande aussi de voter cette motion sur le siège. A titre personnel, j'aurais souhaité qu'on écoute la Rega, parce qu'elle a une très grande expérience - c'est la société de sauvetage par excellence en Suisse, elle a la meilleure expérience en matière de gestion d'hélicoptères et de sauvetages. Je pense que cela aurait pu apporter un éclairage intéressant; cela aurait peut-être pu donner des idées en matière d'intégration, justement. Ça n'a pas été le cas, je le regrette, mais sur le fond, nous sommes d'accord avec l'intention de la motion.

M. Alberto Velasco (S). J'ai entendu toutes ces personnes qui sont tout à fait d'accord avec le maintien de l'hélicoptère. Monsieur le président, j'espère que quand on présentera la facture de l'hôpital cantonal dans le budget de l'Etat, tout le monde sera aussi d'accord de voter cette facture, si possible avec une rallonge: parce que ceux qui disent oui aujourd'hui sont les mêmes qui coupent dans le budget de l'hôpital cantonal ! Une des raisons pour lesquelles l'hôpital a présenté cette proposition était le fait de réaliser des économies, Mesdames et Messieurs les députés ! Des économies qui lui sont imposées, l'hôpital n'ayant jamais voulu se séparer de l'hélicoptère comme ça ! Vous donnez un hélicoptère à un hôpital, il le prend ! Magnifique ! Mais à chaque coup de boutoir, l'hôpital se demande s'il a vraiment besoin de l'hélicoptère puisque la Rega a une base juste à côté, sur Vaud, à quelques minutes. Ce qui est extraordinaire aujourd'hui, c'est la belle unanimité de tous les partis pour dire qu'il faut conserver cet hélicoptère. C'est bien gentil, mais à la présentation du prochain budget de l'hôpital, il faudra peut-être amener une rallonge, non seulement pour l'hélicoptère, mais surtout pour faire face à la situation difficile qu'affronte aujourd'hui l'hôpital, avec les personnes âgées, les malades, les migrants, etc. Alors c'est très bien pour l'hélicoptère, mais je veux vous voir quand il s'agira de donner du pognon pour des humains et des malades ! (Applaudissements.)

M. Mauro Poggia, conseiller d'Etat. Je vous ai entendus, Mesdames et Messieurs les députés, et le conseil d'administration des HUG vous a entendus aussi, puisque en août 2016, il avait envisagé ce transfert à la Rega - ce qui ne voulait pas dire qu'il se lavait les mains du problème. Au mois d'août, il y a quelques semaines, le conseil d'administration a décidé de finaliser une convention de collaboration avec la Rega. Compte tenu de l'émoi suscité par la seule idée de réfléchir à l'avenir de cet hélicoptère sur le canton de Genève, il a fallu que ce sujet soit abordé rapidement et de manière approfondie. Je rappelle néanmoins que la question qui s'est toujours posée n'était pas de savoir s'il fallait ou non avoir un hélicoptère sur le sol genevois, mais de savoir qui devait assumer le coût de cet hélicoptère sur territoire genevois. Parce que cela ne fait pas forcément partie des tâches que l'on doit confier à un hôpital universitaire de disposer de mécaniciens pour hélicoptères, même si le personnel médical d'urgence doit être mis à disposition par les hôpitaux universitaires. Aujourd'hui, six personnes sont sur le pied de guerre 24 heures sur 24, si vous me passez l'expression, prêtes à monter dans cet hélicoptère: trois pilotes et trois aides de vol, systématiquement accompagnés d'un médecin. Tout cela a un coût, comme l'a rappelé très justement M. le député Velasco, et il faut bien se rendre compte que la schizophrénie politique qui vise à demander des économies tout en voulant toujours le maintien des prestations ou leur augmentation a finalement ses limites, qui sont celles de l'arithmétique. Il faudra qu'on revienne un jour sur le sujet de cet hélicoptère, mais je vous rassure, je rassure notre population, je rassure la Genève internationale qui nous a également interpellés: la base genevoise de l'hélicoptère sera maintenue, nous mettons sur pied une collaboration efficace avec la Rega. Je vous remercie.

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Nous votons sur cette proposition de motion.

Mise aux voix, la motion 2378 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 83 oui et 2 abstentions.

Motion 2378