République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 28 mars 2014 à 14h
1re législature - 1re année - 6e session - 39e séance
M 2135
Débat
Le président. Nous passons à présent à la proposition de motion 2135. Nous sommes toujours en catégorie II, trente minutes. Je passe la parole à M. Florian Gander.
M. Florian Gander (MCG), député suppléant. Merci, Monsieur le président. Chers collègues, les voyages forment la jeunesse et, lors de mon voyage aux Etats-Unis en 2012, j'ai eu l'occasion de découvrir des postes de vidéosurveillance mobiles. Je me suis dit que la situation et le contexte de Genève pouvaient se rapprocher de ceux de New York et que ces postes pourraient peut-être amener une solution de police de proximité et surtout de police mobile. En effet, la criminalité n'est pas fixe. On dégage un quartier comme les Pâquis de ses dealers, et on les retrouve du côté de la Servette. Si ce n'est pas du côté de la Servette, on les retrouve du côté de Plainpalais. L'avantage de ce système de postes de surveillance mobiles, c'est qu'il a un coût relativement faible et qu'il est facilement déplaçable. Comme vous le savez, Genève compte de nombreuses manifestations, comme les Fêtes de Genève ou les événements qui se déroulent au Bout-du-Monde. Je pense qu'il s'agit d'un atout que Genève doit se donner en matière de sécurité. Je ne vais pas tergiverser. Je vais simplement vous proposer, chers collègues, de renvoyer cette motion à la commission judiciaire afin de l'étudier en termes de coûts et d'utilité réelle. Je vous remercie.
M. Roger Deneys (S). Mesdames et Messieurs les députés, avec cette proposition de motion, ce n'est pas Martine à la mer, c'est Florian à New York ! (Rires.) Si vous lisez l'exposé des motifs - il est encore assez court, ça va être pratique - il est mentionné ceci à l'avant-dernier paragraphe: «Personnellement, je me suis rendu dans cette grande ville... (Rires.) ...et j'ai constaté une présence policière accrue et de très nombreux postes d'observation mobiles. Ces derniers ont un certain coût mais ont également un fort potentiel de dissuasion.» C'est remarquable ! M. Gander va à New York, fait ses observations et tire des conclusions qui s'appliquent parfaitement à Genève qui, comme chacun le sait, est une ville très similaire à New York ! (Rires.) En tout cas, le conseiller d'Etat en exercice a déjà eu l'occasion de faire cette analogie avec New York, tout comme la précédente conseillère d'Etat. Personnellement, je n'en suis pas vraiment convaincu. J'ai remarqué que cette motion avait peut-être un caractère intéressant dans son avant-dernière phrase. Il y est mentionné: «La valeur dissuasive visuelle de ce type de matériel l'est également.» Si le but est de mettre des épouvantails en ville pour essayer de dissuader la délinquance, je pense que c'est assez intéressant. Mais il faudrait alors renvoyer cela à la commission de l'environnement. Il faudrait aussi voir si on les fait en paille, parce qu'en ce qui me concerne, j'ai un petit doute quant à ces sortes de grues. Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, mais il y a des transports en commun à Genève qui s'appellent les TPG, qui ont parfois des trolleybus avec des lignes. Je doute donc que ce système s'applique aussi bien à Genève qu'à New York. Enfin bref, cette proposition est remarquable, et je me réjouis que M. Gander retourne en vacances pour nous faire d'autres suggestions. En attendant, je vous propose de la refuser.
M. Eric Stauffer (MCG). Cette fois, c'est plutôt Roger chez les pingouins, et pas Martine qui cueille des fraises ! J'aimerais dire - vous transmettrez à M. Deneys, Monsieur le président - que quand on se permet d'avoir de telles déclarations à l'encontre d'un député, quand on ne fait que des attaques sur les députés depuis deux jours - il n'a pas dû prendre ses gouttes ou ses pilules - c'est assez désagréable. Mais c'est vrai qu'en termes d'épouvantail, surtout pour l'économie genevoise, on ne fait pas mieux que les socialistes actuellement. Ils sont passés maîtres dans cet art.
Mesdames et Messieurs, une fois encore, on sait bien que, pour la gauche, il ne faut pas installer de vidéosurveillance, sauf pour le trafic, pour la direction générale de la mobilité. On se souviendra que là, ils ont autorisé 56 caméras - M. le conseiller d'Etat me corrigera - mais la police n'y avait pas accès. C'est le cas maintenant, oui, parce que le parlement s'est un peu énervé. Dans ce cas-là, il n'y a pas de problème, on peut filmer les citoyens. Mais quand cela concerne la sécurité, il ne faut surtout pas le faire ! Et puis si on pouvait éteindre les lumières par la même occasion, on ferait des coupe-gorges à peu près partout en ville, ce serait encore mieux ! On sait bien que, pour la gauche, Monsieur le président, il faut légaliser les drogues, libérer les pauvres criminels qui n'ont pas eu de chance dans la vie. Quant aux victimes, on s'en fout. C'est un peu comme ceci que ça se passe: «Une demande de victime ? Allez, à la poubelle ! Ça, c'est un criminel ? Il faut le libérer, Monsieur le juge, il n'y est pour rien. Le pauvre, vous comprenez, il n'a pas eu de chance dans son pays, il est venu ici et il est obligé de voler, de taper et de faire tomber des petites vieilles pour leur arracher leur sac. Mais franchement, il faut le libérer !» Je vous le dis, Mesdames et Messieurs de la gauche, quand vous vous comportez ainsi, vous n'êtes simplement pas dignes d'être ici. (Protestations.) Maintenant, on peut discuter de cette motion ou pas... (Brouhaha.) Mais oui, allez-y, criez ! Allez, le jardin d'enfants ! (L'orateur tape dans ses mains. Le président agite la cloche.) Allez, les enfants, c'est bientôt la récré, vous aurez vos petits pains au chocolat ! (L'orateur est interpellé. Brouhaha.)
Le président. S'il vous plaît, adressez-vous au président, Monsieur le député ! (Exclamations. Commentaires.)
M. Eric Stauffer. Mesdames et Messieurs, on peut ne pas être d'accord sur le texte de l'un de nos collègues députés. Mais avec la manière dont vous vous comportez, vous provoquez une réaction ! (Commentaires.) Mais oui, Monsieur Deneys, c'est comme ce matin...
Le président. S'il vous plaît, Monsieur Deneys !
M. Eric Stauffer. ...lorsque vous disiez que le MCG s'en met plein les poches alors qu'on sait bien que l'ancien magistrat socialiste Daniel Mouchet, lui, gagnait 420 000 F pour un poste à 40%. Alors là, évidemment... (Brouhaha.)
Le président. S'il vous plaît !
M. Eric Stauffer. ...il n'y a plus personne au téléphone !
Le président. Monsieur Deneys ! Monsieur Deneys, s'il vous plaît !
M. Eric Stauffer. Vous n'êtes pas crédible ! Vous voyez, Monsieur le président, M. Deneys continue: depuis deux jours, il joue ce cinéma...
Le président. Monsieur Stauffer, adressez-vous au président, ça ira mieux.
M. Eric Stauffer. Pardon ?
Le président. Adressez-vous à moi, ça ira mieux.
M. Eric Stauffer. Oui, mais écoutez, je ne fais que ça, cher Antoine ! Enfin, bref, Mesdames et Messieurs, maintenant...
Le président. Il vous reste trente secondes.
M. Eric Stauffer. Je vais conclure. L'étude de ce projet pour des stations mobiles de vidéosurveillance dans certains endroits qui peuvent générer des problèmes pour nos citoyens n'est pas inutile. Je vous demande donc de le renvoyer en commission pour le chiffrer, déterminer s'il est réalisable et sous quelles conditions.
Des voix. Bravo !
Le président. De quelle commission parlez-vous, Monsieur Stauffer ?
Une voix. La CACRI !
Une autre voix. La judiciaire !
M. Eric Stauffer. Pardon ? (Commentaires.)
Le président. Quelle commission ?
M. Eric Stauffer. Ah pardon ! La commission... (L'orateur bafouille.) Un, deux, trois ! La commission judiciaire et de la police, voilà, je vais y arriver !
M. Frédéric Hohl (PLR). Mesdames et Messieurs les députés, le but des journées d'hier et d'aujourd'hui est d'avancer sur l'ordre du jour. C'est un peu dommage, car on perd un temps fou avec toutes ces motions. Il est vrai qu'on rigole bien, mais c'est un peu dommage. Monsieur Gander, vous auriez peut-être dû vous acheminer aussi vers une problématique du prix, parce que ce dont on est en train de parler là a un prix exorbitant ! Mesdames et Messieurs, pour le groupe PLR, il nous intéresse d'abord d'avoir un feedback sur la future opération de l'expérience pilote de la vidéoprotection des Pâquis. Ça, c'est déjà une première étape. Ensuite, on verra. Votre motion est bien gentille mais, à mon avis, ce n'est vraiment pas le moment de parler de ça. C'est la raison pour laquelle le groupe PLR va la refuser. Et allons plus vite, s'il vous plaît !
Mme Sarah Klopmann (Ve). En préambule, permettez-moi de m'étonner que M. Stauffer, alors qu'il se plaignait il y a tout juste dix minutes du fait que nous nous permettions de juger si la motion de son groupe était pertinente ou pas, se permette maintenant de juger qui est digne ou non de siéger ici. Cette motion demande des postes mobiles de vidéosurveillance, comme il y en a à New York. Je sais bien que plusieurs personnes aiment comparer Genève au Bronx, mais ces deux villes n'ont rien en commun, que ce soit en termes d'urbanisme, de taille ou de densité de population. Elles n'ont absolument rien en commun ! Ne cherchons pas les mêmes solutions aux problèmes qui ne sont pas les mêmes.
Cette vidéosurveillance par postes mobiles pose aussi certains problèmes éthiques et au niveau des droits et libertés. Il y a des règles éthiques qui sont admises et appliquées par plusieurs villes pratiquant la vidéosurveillance, et que le PDC avait d'ailleurs aussi sollicitées dans un ancien projet de loi perdu dans une liste d'objets demeurés en suspens. Je vais citer ces règles qu'ils avaient eux-mêmes définies, parce que je n'aurais pas pu mieux les exprimer. (Remarque.) Oui, ça reste votre... de l'excellent M. Barazzone ! Je ne pensais jamais dire cela de ma vie ! Ils souhaitaient que l'existence d'un système de vidéosurveillance soit signalée de manière adéquate au public et au personnel des institutions, et que les champs de surveillance soient limités au périmètre nécessaire à leur accomplissement. Tandis que pour ce genre de tours de vidéosurveillance - évidemment, je sais bien qu'elles seront visibles, vu qu'elles seront énormes - le périmètre ne peut pas être indiqué clairement. De plus, le périmètre de surveillance est arbitraire. (Remarque.) Oui, je reviens là-dessus ! Je pense que l'arbitraire est l'ennemi premier de la société, surtout quand on parle de sécurité. Ça, c'est un problème.
Ensuite, on nous dit que cela va être utile pour surveiller les grandes manifestations. Mais non, cela ne va rien changer ! Si on installe ces caméras lors de grandes manifestations, on est déjà en train de traiter toutes les personnes avec suspicion. Par ailleurs, si on craint des débordements parce qu'il y a beaucoup de monde, ce dispositif ne les empêchera absolument pas. Cela va juste permettre de faire une chasse à l'homme ou à la femme plus tard et de ficher les gens après coup, mais en tout cas pas d'empêcher quelques débordements.
Enfin, je lis dans l'exposé des motifs... Je vais vous le lire à haute voix parce que je trouve cela assez formidable: «Nous nous rendons également compte que la délinquance n'est pas fixe mais mobile et, donc, complique le travail de la police. En effet, lorsqu'on met en place une opération de police qui endigue provisoirement la criminalité dans un quartier, l'effet domino se fait ressentir car les délits se déplacent dans un quartier voisin.»
Le président. Il vous reste trente secondes.
Mme Sarah Klopmann. Formidable ! Voilà des années qu'on vous le dit ! C'est pour cela que nous sommes contre la vidéosurveillance sur le domaine public, et c'est pour cela que nous soutenons que cela ne sert à rien. Cela va juste à l'encontre des libertés individuelles et favorise la société hygiéniste que M. Gautier critiquait tout à l'heure. Je conclurai en vous rappelant que, si vous voulez un oeil qui puisse surveiller et se déplacer, il suffit de placer un humain, c'est beaucoup plus simple et surtout...
Le président. Il vous faut conclure.
Mme Sarah Klopmann. ...un humain peut agir !
M. Rémy Pagani (EAG). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, je me permets d'intervenir parce que M. Stauffer s'est arc-bouté sur son expérience de magistrat pour stigmatiser la gauche en disant à quel point elle est incapable de prendre en main ces questions-là. A la place de la vidéosurveillance, la Ville de Genève a décidé, alors que j'étais maire, de doubler le nombre des membres de sa police municipale. Nous arrivons au terme de cet engagement. Nous avons maintenant quasiment 200 gardes municipaux, alors que nous n'en avions que 95... (Remarque.) Oui, ils s'appelaient «gardes municipaux» à l'époque et sont devenus «policiers municipaux». Ce n'est que de cette manière-là que nous pourrons être efficaces, que nous pourrons en tout cas améliorer notre efficacité en faisant en sorte que nos concitoyens et concitoyennes rencontrent au moins une fois par jour un policier municipal. Et c'est le cas puisque, depuis peu, nous avons vingt-cinq policiers municipaux de plus chaque année. Je me permets de dire que M. Stauffer - ah, il est revenu ! - ne s'intéresse pas forcément à ce que la gauche fait en termes de sécurité. Toujours est-il que nous faisons quelque chose ! En l'occurrence, je crois même qu'on peut imaginer placer quelqu'un dans cette sorte de cabine - je n'ose pas dire téléphonique ! - disons cette cabine suspendue. Or je vois mal la personne, depuis sa cabine, pouvoir intervenir rapidement pour combattre la délinquance dans la rue. (Remarque.) Oui, peut-être en parachute, mais ce n'est pas très efficace. C'est ce que nous voulons combattre ! Nous voulons faire en sorte que la police sorte des voitures et aille dans la rue, ne serait-ce que pour interpeller des cambrioleurs qui aujourd'hui agissent malheureusement en toute impunité parce qu'ils savent que, dans la rue, ils ne vont pas forcément tomber sur un policier. Voilà l'action très concrète, Monsieur Stauffer, que nous imaginons. De plus, nous augmentons le nombre de postes de police. Je vous rappelle que c'est M. Ramseyer qui a fermé les postes de police cantonaux et, malheureusement... (Remarque.) ...on en subit encore les conséquences, Monsieur Stauffer. Par conséquent, vous ne pouvez pas reprocher à la gauche de ne rien faire, bien au contraire. (Remarque.) Bien au contraire ! Concrètement, nous faisons plus que vous, Monsieur Stauffer. (Remarque.)
Une voix. Je trouve ça légèrement poussé, hein ! (Remarque.)
Le président. Chut !
M. Vincent Maitre (PDC). Il est vrai que les carnets de voyage du député Gander sont infiniment touchants. Néanmoins, s'il avait poursuivi son périple ailleurs que dans l'Etat de New York, il se serait peut-être aperçu que - c'est à titre de précision que je le mentionne - ces tours de surveillance et de contrôle sont assez généralisées aux Etats-Unis. On en trouve en Californie, au Texas, également dans la ville de Phoenix. On en trouve même dans d'autres pays, par exemple au Brésil. Il n'empêche que, lorsque l'on fait usage de ce genre de moyens... Par définition, ces tours servent à repérer d'éventuels troubles de l'ordre, crimes ou délits qui seraient perpétrés dans la rue. Une fois qu'on les a décelés, il faut pouvoir mobiliser des agents - cette fois-ci bien physiques, faits de chair et d'os - pour intervenir sur place. Or, on le sait aujourd'hui, le grand problème à Genève est le manque d'effectifs au sein des forces policières. Voilà pourquoi le fait d'acquérir ces véritables miradors n'aurait rigoureusement aucun effet, puisque nous manquons actuellement d'effectifs sur le terrain pour intervenir.
Deuxièmement, je tiens aussi à rappeler que le député... pardon, le conseiller d'Etat Pierre Maudet a mis en place un projet pilote qui vise à la vidéosurveillance dans le quartier des Pâquis, que nous saluons d'ailleurs. C'est une phase-test, qui vise à poser un certain nombre de jalons, à pouvoir établir - pardonnez-moi ce mauvais terme - un benchmark en termes de vidéosurveillance sur ce qui est opportun et inopportun. Il le fait d'ailleurs sur la base d'un projet de loi PDC sur la vidéosurveillance, déposé en 2009 déjà. Nous espérons que ce test sera concluant et pourra, cas échéant, être multiplié dans différents quartiers sensibles de la ville. Mais en l'état des choses, il convient avant tout de pouvoir prendre le temps de tirer les leçons de ce projet pilote aux Pâquis. En ce qui nous concerne, cette proposition de motion sur les miradors de surveillance ne nous satisfait pas et nous paraît à tout le moins prématurée. C'est la raison pour laquelle nous la refuserons.
M. Patrick Lussi (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, permettez-moi en titre de préambule de regretter ces plaisanteries à l'acide par rapport aux vertus du voyage, voyage qui nous permet simplement de voir que ce qui se fait ailleurs pourrait être mis en place chez nous. Rappelons-nous que si Marco Polo n'était pas allé un peu plus loin que son Italie, on ne mangerait pas de spaghettis actuellement. J'aimerais dire également, Mesdames et Messieurs les députés, qu'il ne faut pas mélanger la vertu préventive - chose qui est nécessaire - avec l'élucidation. J'ai entendu une préopinante tout à l'heure dire que cela ne sert à rien. En tant que femme, elle aurait pourtant dû être sensible... (Remarque.) ...au fait que l'un des plus dangereux serial voleur et killer français a été identifié et arrêté grâce à la vidéosurveillance et à l'observation de caméras. (Remarque.) Je tenais de but en blanc à souligner cela.
En ce qui concerne l'Union démocratique du centre, Mesdames et Messieurs les députés, nous attendons aussi avec impatience les résultats du projet de M. le conseiller d'Etat Pierre Maudet aux Pâquis, que nous avons soutenu. Mais j'aimerais aussi vous rappeler que tout ce qui est fixe a une vertu de répulsion. C'est la raison pour laquelle, dans les bancs d'en face, vous êtes les premiers à réclamer des contrôles mobiles de radars pour poursuivre les automobilistes n'ayant de cesse de commettre des infractions à la vitesse, afin de les prendre là où ils ne s'y attendent pas. Mesdames et Messieurs, que vise d'autre cette motion si ce n'est à mettre en place des emplacements mobiles et aller dans des endroits où la délinquance n'a pas l'habitude ? Pour terminer, Mesdames et Messieurs les députés - c'est pour cela que j'aimerais que cette motion soit renvoyée au Conseil d'Etat - il y a un point qu'elle omet mais qui serait nécessaire, non pas pour la prévention, non pas pour l'élucidation, mais pour la protection face aux calomnies des policiers. Il faudrait que toutes les voitures d'intervention de police aient sur leur toit ces petites caméras qui coûtent maintenant trois fois rien - puisqu'il est question de coût - qui enregistrent et filment les interpellations de police. Cela permettrait de dire qu'elles ont été faites correctement et ne donnerait pas lieu - comme le Parquet est actuellement débordé - à des plaintes inopportunes de personnes venant raconter des choses que les policiers n'ont pas commises. Je vous remercie, Monsieur le président.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Florian Gander pour une minute cinquante.
M. Florian Gander (MCG), député suppléant. Merci, Monsieur le président. Je vous rappelle que les trois derniers textes parlementaires dont nous venons de parler étaient des textes MCG, dont le conseiller d'Etat ici présent a souligné qu'ils étaient plutôt bien vus et qu'il les avait déjà anticipés. Je souhaite que celui-ci puisse être, dans l'hypothèse, anticipé par le Conseil d'Etat. Maintenant, je vous demandais simplement de le renvoyer à la commission judiciaire pour l'étudier. Contrairement à ce que pense M. Deneys, les voyages, c'est bien. Personnellement, je ne reste pas à Plan-les-Ouates pour défendre mes communiers contre 3000 nouveaux logements ! Moi, je me suis déplacé, j'ai eu une idée, et je me suis dit que j'allais essayer d'apporter quelque chose de nouveau, d'être un peu visionnaire par rapport à certains partis. Et voilà ! J'ai eu cette idée, je la propose. Je ne vous raconte même pas: dans quinze jours, je pars en Afrique du Sud, et je vais peut-être vous ramener encore une nouveauté ! Ça, ce sera dans les affaires à suivre.
Ensuite, concernant M. Hohl et le parti libéral-radical, je vous rappelle que la première personne à avoir fait un voyage, c'est votre conseillère d'Etat, Mme Isabel Rochat, qui est partie à Manhattan pour constater que la criminalité avait été fortement réduite et qu'elle souhaitait amener ces idées à Genève. Ce n'est donc pas moi qui ai initié ce projet ! J'ai simplement suivi l'idée de votre conseillère d'Etat, je me suis dit: si elle y est allée, qu'est-ce que je pourrais voir qu'elle n'aurait pas vu ? Et voilà. J'ai ramené cette idée. Peut-être ne suis-je pas conseiller d'Etat, peut-être qu'un jour je le serai, personne ne le sait. Mais en tout cas, cette idée a le mérite d'exister.
Le président. Il vous reste trente secondes.
M. Florian Gander. Je vous remercie, Monsieur le président, je vais terminer. Concernant les Verts, je vous rappelle qu'acheter des caméras avec un système de vidéo mobile coûtera certainement moins cher que près de 200 radars installés à Genève, qui sont juste là pour contrôler les excès de vitesse et la criminalité routière, ce que je soutiens bien sûr totalement. Or la criminalité routière...
Le président. Il vous faut conclure.
M. Florian Gander. ...c'est une chose. Mais j'estime que la criminalité citoyenne, celle qui pose réellement problème dans la rue, doit être stoppée, et ce par tous les moyens possibles. Je vous redemande donc de soutenir le renvoi de cette motion à la commission judiciaire.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Bernhard Riedweg pour cinquante secondes.
M. Bernhard Riedweg (UDC). Merci, Monsieur le président. Ce sera suffisant. La demande d'acquérir des tours de postes d'observation mobiles avec vidéosurveillance doit émaner de la police elle-même après qu'elle en aura défini les besoins en matière d'installation sécuritaire. Ce genre de décisions ne doit aucunement être imposé par le Grand Conseil. En d'autres termes, ce n'est pas au Grand Conseil de décider avec quels moyens la police doit lutter contre l'insécurité et la délinquance de rue. Si tel était le cas, le Grand Conseil pourrait être tenu pour responsable du dysfonctionnement et de l'inadéquation du matériel utilisé pour assurer la sécurité dans notre canton. Le groupe UDC redemande le renvoi au Conseil d'Etat.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Roger Deneys. Il vous reste une minute.
M. Roger Deneys (S). Merci, Monsieur le président. J'espère que M. Gander, que j'apprécie par ailleurs, aura bien compris que ce n'était pas contre lui que j'en avais, mais bien contre son groupe qui, ma foi, cautionne un texte avec un exposé des motifs un peu mince. Malheureusement... (Brouhaha.) ...malheureusement... (Brouhaha.)
Le président. Monsieur Deneys !
M. Roger Deneys. Mais justement, je le prie de m'excuser ! J'aimerais dire que quand son groupe fait des propositions pareilles, il devrait les étayer avec un exposé des motifs un peu plus complet. (Commentaires.)
Le président. Chut !
M. Roger Deneys. En l'occurrence, il ne s'agit même pas d'étudier la possibilité. (Commentaires.) Il est vrai que pour les partis de gauche, et en l'occurrence le parti socialiste, c'est bien la présence de policiers sur le terrain...
Le président. Il vous faut conclure.
M. Roger Deneys. ...qui prime, et non pas des solutions toutes faites de motions qui ne sont pas argumentées. (Brouhaha.)
Le président. Il vous faut conclure, Monsieur. Merci. La parole est à M. le député Renaud Gautier.
M. Renaud Gautier (PLR). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs, voilà la ixième motion. Il en manque encore une. Ce parlement aurait dû discuter de la qualité du tissu des nouvelles casquettes de la police. C'est effectivement un sujet de préoccupation pour ce parlement. A force de nous occuper de l'opérationnel, de savoir qui a créé des médiateurs culturels ou qui a créé des gendarmes municipaux, à force de poser la question d'une tour qu'on va mettre ici ou là, on s'éloigne du travail que doit effectuer ce parlement. Si on veut peut-être avoir moins ce genre de débats et plus de débats politiques, il faudrait probablement déjà que les policiers soient dans la rue et pas dans cette salle. (Commentaires.) Mais, en l'occurrence, continuer à intervenir dans l'opérationnel est à l'envers du bon sens. Et, comme l'ont dit plusieurs intervenants ici, le parcours que devrait suivre cette motion, c'est directement d'ici à la poubelle qui est là à côté.
M. Pierre Maudet, conseiller d'Etat. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs, merci d'abord à l'auteur de cette motion de l'avoir déposée, ce qui a permis de contribuer au débat sur la sécurité. On a entendu des choses intéressantes. Je me réfère ici aux propos d'un ancien collègue qui, il n'y a pas si longtemps, défendait plutôt la version des médiateurs culturels que celle des agents de la police municipale dans une autre commune... (Vifs commentaires.)
Le président. Chut !
M. Pierre Maudet. ...et dont j'ai souvenir qu'il avait eu quelques difficultés à soutenir les efforts du Conseil administratif de l'époque pour développer le nombre d'agents. Mais tous les chemins mènent à Rome, disait-on tout à l'heure.
Des voix. A New York !
M. Pierre Maudet. En tout cas, dans le domaine de la sécurité - pour citer plutôt Lénine, «les faits sont têtus», il faut parfois se rallier à cette position - davantage d'effectifs produit effectivement davantage de sécurité.
Ce que j'aimerais dire dans le droit fil de ce que le député Gautier a évoqué il y a un instant, c'est que toutes les idées sont bonnes à être étudiées. Or toutes les idées ne sont pas forcément bonnes à être appliquées ensuite. Mais on peut - et le Conseil d'Etat accueille volontiers cette idée - voir dans quelle mesure celle-ci pourrait être appliquée à Genève. Il faut cependant, dans le domaine de la sécurité, se garder de trop embrasser, car qui trop embrasse mal étreint - barbe ou pas - en ce sens que nous avons aujourd'hui, dans le contexte actuel - et je tiens à le dire aussi dans ce débat sur la sécurité - des moyens limités. Nous ne pourrons pas développer des dépenses à profusion. Nous devrons aussi tenir compte de ce paramètre. Dans le domaine de la surveillance, il ne faut pas précipiter les différentes séquences dans lesquelles nous avons travaillé. Dans la perspective du crédit voté en novembre de l'année passée, nous avons un projet très concret qui démarrera en septembre prochain, un projet de vidéoprotection aux Pâquis, dont nous allons voir comment il déploie ses effets. Je vous invite ensuite - parce que nous l'avons sincèrement conçu ainsi depuis le début - à le développer s'il déploie des effets positifs; sinon, à admettre qu'il faut s'arrêter là. C'est la raison pour laquelle, Mesdames et Messieurs, je vous invite à soutenir les efforts du Conseil d'Etat dans le domaine de la vidéosurveillance et surtout - peut-être ce projet nous le permet-il davantage qu'un autre - à, comme le disait le député Gautier tout à l'heure, prendre de la hauteur.
Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Nous allons passer au vote sur la demande de renvoi à la commission judiciaire et de la police.
Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 2135 à la commission judiciaire et de la police est rejeté par 59 non contre 28 oui.
Mise aux voix, la proposition de motion 2135 est rejetée par 60 non contre 27 oui.