Séance du
vendredi 24 mars 2023 à
18h05
2e
législature -
5e
année -
11e
session -
69e
séance
RD 1516
Le président. Mesdames et Messieurs, nous passons maintenant aux hommages des groupes aux députés qui nous quittent. Je passe la parole aux chefs de groupes. Monsieur Zweifel, c'est à vous.
M. Yvan Zweifel (PLR). Merci, Monsieur le président. Le philosophe français Louis Lavelle a dit: «Le silence est un hommage que la parole rend à l'esprit.» Mais vous ne m'en voudrez pas, comme je suis un homme de parole - dans tous les sens du terme d'ailleurs -, je ne peux pas rester silencieux pour rendre un hommage à nos collègues PLR qui ne se représentent pas.
Et ce soir, j'ai un peu de travail, puisqu'ils sont six (un député suppléant et cinq députés) à ne pas se représenter. Pour ce qui concerne les cinq députés - des piliers de ce parlement -, avec dix-neuf ans, dix-huit ans et trois fois quatorze ans de députation, nous avons septante-neuf ans de députation cumulés qui nous quittent ce soir.
Six, cela me fait évidemment tout de suite penser à quelque chose qui me plaît bien, et encore plus à celui qui est juste devant moi: à une caisse de vin. (Rires.) Quelque chose qui plaît aussi à plusieurs autres députés par ailleurs ! Vous ne m'en voudrez pas de comparer mes collègues à cette magnifique caisse de six bouteilles - six bouteilles, pour le coup, extrêmement différentes - et de commencer - il ne m'en voudra pas - par celui qui ne fait pas partie des septante-neuf ans cumulés, puisqu'il a, lui, plutôt battu le record inverse en siégeant avec nous environ deux mois... (Rires.) ...comme député suppléant, Eric Grand - qui porte bien son nom, ce qui a tendance à m'agacer, mais ça n'a rien à voir... (Rires.) ...et qui ne m'en voudra pas de le comparer à cette première bouteille de beaujolais nouveau.
Le cépage du beaujolais nouveau, c'est le gamay, et le gamay, c'est le cépage local genevois, et quoi de plus local qu'Eric Grand ? Qu'avec sa gouaille, on n'a malheureusement pas eu le plaisir d'entendre, mais nous, nous l'avons entendu plusieurs fois aux caucus, et il a bien cette gouaille parfaitement genevoise. Et puis, le beaujolais nouveau, c'est un peu ce qu'on regrette: on regrette de l'avoir découvert un peu trop tard. Tu n'auras fait que deux mois avec nous, et je suis sûr qu'on le regrette, parce que tu aurais certainement été un excellent député. Je te remercie pour ces deux mois qui nous ont permis d'être au complet au sein du groupe PLR.
Je passerai ensuite à une autre bouteille, celle de champagne. Qui dit champagne dit quelque chose de frais, de pétillant et de joyeux, et je pense tout de suite bien sûr à notre collègue Beatriz de Candolle. Pas seulement pour ses origines, qui ont mis un petit peu de couleur dans ce parlement, mais aussi pour ce qu'elle pouvait apporter: ce côté toujours joyeux, toujours souriant. Pour nous, au groupe PLR, même dans nos caucus, quand parfois c'était tendu, il y avait toujours quelqu'un qui était là avec son sourire, c'était Beatriz, et en ce sens-là, je ne peux évidemment que te remercier. Le champagne, c'est l'assurance de toujours passer un bon moment, de ne pas être déçu. Pour le groupe PLR, c'est exactement Beatriz. C'est quelqu'un qui a toujours été loyal, fidèle à la ligne PLR, et je te remercie encore, au nom de notre groupe, pour ces dix-huit ans de députation. (Applaudissements.)
Après le champagne, pour rester dans une région proche, on passe au bourgogne. Le bourgogne, cela me fait penser à notre ami Antoine Barde. Le bourgogne, c'est du pinot noir, un monocépage, léger, discret, mais noble et fin. (Rires.) Antoine, ça aura été ça: un député finalement discret - qui aura quand même réussi, pour sa dernière session, à être rapporteur de majorité, on m'a expliqué qu'il aurait aimé faire d'autres rapports, mais je n'ai pas bien compris le point ! (Rires.) C'est vraiment ça: un député certes discret, mais particulièrement efficace et beaucoup plus fin que son chef de groupe ! (Rires.) Un excellent président de notre Grand Conseil aussi: tu auras eu l'occasion lors de la précédente législature, de 2015 à 2016, de présider avec brio notre parlement. Je le dis d'autant plus - et tu le sais parce que je te l'ai déjà dit - que je fais partie de ceux qui avaient peut-être des doutes, précisément parce que la discrétion pouvait être ton fort, mais je crois que cette présidence t'a sublimé et que tu as sublimé la représentation de notre parlement à l'extérieur. Et si tu es certes un député discret, tu n'en es pas moins un de ceux qui ont le plus grand sens de l'humour. Les autres ne le savent pas, mais moi je suis souvent assis à côté de toi au caucus du jeudi soir, et ça, ça me manquera ! Merci pour tout, Antoine ! (Applaudissements.)
On fait un petit détour par notre pays, et lorsque je parlerai de la petite arvine, tout le monde aura compris à qui je vais faire allusion...
Une voix. Non ?! (Rires.)
M. Yvan Zweifel. ...puisqu'il nous quitte pour retourner sur ses terres natales. Il aura, lui aussi, été un brillant président, le premier de cette législature. La petite arvine est un cépage valaisan, un vin fin, ciselé, qui lui correspond bien; c'est surtout un vin de montagne, qui nécessite donc de prendre de la hauteur. Et qui plus que l'inestimable Jean Romain pour prendre de la hauteur ? C'est aussi un vin expressif, et qui pourrait avoir une meilleure expression que celui qui a magnifiquement brillé comme président, notamment par son discours inaugural à la cathédrale Saint-Pierre ? Un excellent président du Grand Conseil, un extraordinaire député, qui a parfois tendance à se fâcher un petit peu. (Rires.) La petite arvine, cela lui correspond finalement assez bien, puisque - tu ne m'en voudras pas pour cette dernière pique, Jean ! - la petite arvine, on la prend au début - parce que, souvent, tu es là au début - et puis on l'oublie un peu vers la fin... (Rires.) ...comme quand tu disparais discrètement tant de la salle que de nos caucus ! (Rires.) Merci à toi, Jean ! Et je sais que si tu retournes en Valais, tu te brancheras quand même sur «Léman Bleu» et que tu n'hésiteras pas, lorsqu'on ne votera pas correctement, à nous écrire: «Mais qu'est-ce que vous foutez, bordel ?!» (Rires. Applaudissements.)
A tout seigneur tout honneur, je continue avec celui qui est notre doyen de fonction, puisque cela fait dix-neuf ans - dix-neuf ans sans discontinuer ! - qu'il est député. On va le comparer à ce qui se fait de meilleur dans le vin, et pour Edouard, on ne pense bien sûr qu'au bordeaux, et peut-être à un de ses plus grands représentants, le Petrus. (Exclamations.) Le Petrus, c'est comme Edouard: on le voit rarement, mais qu'est-ce que c'est cher ! (Eclats de rire. Applaudissements.) Avoir un Petrus dans sa cave, cela fait transpirer, on a peur de ce qui va se passer avec; c'est un peu comme ceux qui sont auditionnés à la commission des finances ou à la commission fiscale, lorsque Edouard décide de leur dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. (Rires.) De même pour les députés de gauche souvent pris à partie par lui, et c'est alors un immense travail pour le chef de groupe qui doit aller arrondir les angles après le discours d'Edouard; et, comme pour le Petrus, cet auditionné-là ou ce député de gauche, on pourra dire qu'il aura pris cher ! (Rires.) Edouard, dix-neuf ans de députation, et toi aussi, je sais que tu continueras à nous suivre depuis les hauts du coteau de Cologny, que tu appelles ta commune suburbaine...
Une voix. Défavorisée !
M. Yvan Zweifel. ...défavorisée ! (Rires.) Bon, moi qui viens d'Onex, je souris toujours un peu, mais ce n'est pas grave ! En tout cas pour la péréquation, je te remercie ! (Rires.) Edouard, je sais que toi aussi, comme Jean, tu continueras à nous suivre, et toi aussi, quand on ne votera pas correctement, tu nous écriras, mais tu ne nous diras pas exactement la même chose que Jean, toi tu diras: «Qu'est-ce que vous foutez ? Si ça continue comme ça, je ferme les vannes !» (Rires.)
Et puis, laissez-moi terminer par le dernier qui nous quitte, après quatorze ans de députation. Il ne m'en voudra pas de le comparer - on va aller en Italie, parce qu'il faut aussi être international - à un barolo. Le barolo, c'est le cépage nebbiolo, un cépage unique et compliqué, qui ne peut être maîtrisé que par des artisans expérimentés. Et là, avec Serge, on a exactement ce qu'il nous faut: un artisan expérimenté. On perd non seulement un député, mais surtout un patron, un vrai, un entrepreneur, et du secteur secondaire qui plus est, un de ceux qui, lorsqu'il s'exprimait, ne faisait pas de fioritures, était concret et parlait de ce que lui vit quotidiennement comme patron, entrepreneur et artisan dans ce canton. Serge, pour moi, c'est un petit peu particulier - Cyril te le disait aussi hier dans notre caucus, mais c'est vrai pour moi aussi: on nous dit toujours qu'en politique, on n'a pas d'amis... On verra ça dans dix jours, hein ! (Rires.) On dit toujours qu'en politique, on n'a pas d'amis, eh bien, moi je peux dire que oui: j'ai découvert ici quelqu'un qui aujourd'hui est plus qu'un collègue député, et si le parlement perd à mon sens un excellent député, moi, ici, j'y aurai gagné un excellent ami. Merci, Serge ! (Applaudissements.)
Vous me permettrez un dernier mot, Monsieur le président, d'abord en vous félicitant pour cette année de présidence et ensuite pour rendre aussi un hommage sincère à tout mon groupe, que j'ai eu l'immense plaisir et le très grand honneur de présider pendant ces quatre années. Vous avez tenté, surtout certains, de me mettre dehors; malheureusement, ma taille me permet de rentrer par la chatière quand vous me mettez dehors par la porte ! (Rires.) Vous m'avez fait confiance pendant ces quatre ans, et je tiens vraiment à vous remercier. Cela a été pour moi un immense plaisir que de diriger ce groupe. Mais j'aimerais aussi rendre un hommage à tous les députés ici - oui, même ceux qui sont tout au fond là-bas, à Ensemble à Gauche ! On s'est souvent battus, mais c'est aussi cela, la démocratie, c'est le débat, et j'aimerais rendre hommage à tous les députés avec qui j'ai pris du plaisir à débattre, pendant cette législature notamment, mais pendant dix ans depuis que je suis député. J'espère vous revoir nombreux et je vous souhaite à toutes et tous une excellente campagne jusqu'au 2 avril !
Des voix. Bravo ! (Applaudissements.)
Mme Marjorie de Chastonay (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, c'est avec un pincement au coeur que je prends la parole aujourd'hui pour rendre hommage aux députés sortantes et sortants des Vertes et des Verts. Oui, on s'attache à vos personnalités, à vos interventions, à vos émois; on s'attache tout simplement à vous, parce que vous avez été formidables. Vous êtes cinq à ne pas vous représenter, toutes et tous pour des raisons différentes, chacun, chacune à sa manière: l'air enjoué et concentré, Philippe; l'air relax et tenace, Katia; l'air sérieux et professionnel, Ruth; l'air novice, mais pas tant que ça, Maria José; l'air direct et magistral, François.
François, après trois législatures, tu incarnes l'expérience, la rigueur et le sens politique. A ce titre, tu n'hésites pas à aller parlementer avec les autres députés, dans les couloirs ou à la buvette, pour trouver des solutions. Par ailleurs, tu as présidé de manière impériale le Grand Conseil. Pour toi, incarner la fonction de député est un devoir, une responsabilité à laquelle tu réponds présent avec assiduité. Durant cette législature, tu as notamment déposé un texte en faveur d'un projet pilote sur l'hydrogène, qui a été largement accepté, et nous le saluons. Merci à toi, François ! (Applaudissements.)
Maria José, la dernière arrivée et rapidement intégrée, ta sociabilité et ta bonne humeur apaisent souvent nos débats internes lors des caucus. Ton avidité de connaissance, ta soif de comprendre t'ont permis d'apprendre rapidement les rouages du Grand Conseil. Merci à toi, Maria José, pour ce vent de fraîcheur ! (Applaudissements.)
Katia, élue au Grand Conseil en 2018, tu étais la benjamine du parlement. Tu as toujours assumé la fonction avec un grand sérieux et un sens de la répartie franche et efficace. Tu ne t'es jamais laissé démonter par des propos parfois déplacés, paternalistes - voire machistes ! (Exclamations.) Droite dans tes bottes, tu as rédigé des projets de lois pour le droit de manifester, un projet de loi sur les publicités sexistes et, enfin, le Grand Conseil a accepté à l'unanimité ta résolution sur le programme de recherche Horizon Europe. Avec rigueur, tu as défendu des positions pour le groupe. A présent, tu as décidé d'entrer dans une vie professionnelle et de faire une pause. Merci à toi d'avoir apporté ton sens de l'analyse et de la synthèse, et d'avoir prouvé que la jeunesse est tout aussi compétente et capable de siéger dans un parlement ! Elle y a toute sa place et doit y être représentée. Merci, Katia ! (Applaudissements.)
Ruth, arrivée en cours de législature, ancienne conseillère administrative, les travaux parlementaires te font parfois t'arracher les cheveux par leur lenteur. Mais ton sens de l'humour - parfois un brin désespéré ! - te permet de relativiser. Ton expérience au sein du gouvernement onésien et tes connaissances nous ont apporté une expertise et un regard aiguisé sur des questions pointues, notamment en matière d'aménagement et de biodiversité. Un grand merci à toi, Ruth ! (Applaudissements.)
Et enfin, toi, Philippe, ta grande capacité d'écoute a permis des débats plus calmes lors des caucus. Durant la législature, tu as défendu la protection de notre environnement, qui te tient tellement à coeur. Tu as oeuvré pour qu'enfin notre canton soit doté d'une loi sur les déchets à la hauteur des enjeux qui nous attendent quant à la diminution de la pollution et au gaspillage. Même engagement avec la nouvelle loi sur la biodiversité, et en tant que forestier, tu sais de quoi tu parles ! Tu as également gagné une bataille avec ta motion sur la promotion des constructions durables en bois, et nous en sommes fiers. Un grand merci à toi, Philippe ! (Applaudissements.)
Enfin, un grand merci à vous, Monsieur le président, et à tous les membres de cette plénière avec qui j'ai eu beaucoup d'échanges et beaucoup de plaisir. Au nom des Vertes et des Verts, Mesdames et Messieurs les députés, je vous remercie de saluer avec enthousiasme les députés Vertes et Verts sortants. Merci ! (Applaudissements.)
Mme Caroline Marti (S). Mesdames et Messieurs les députés, je vais profiter de cette prise de parole de fin de législature pour remercier, comme vous l'avez fait tout à l'heure, Monsieur le président, le secrétariat général du Grand Conseil pour son travail, son accompagnement au quotidien de l'ensemble des députés. Je pense que leur travail, leur sérieux, leur générosité sont absolument précieux et nous renforcent au quotidien dans notre activité parlementaire. Merci beaucoup à elles et à eux ! (Applaudissements.)
Une voix. Bravo !
Mme Caroline Marti. Je remercie également l'ensemble de mon groupe, que j'ai le plaisir de présider depuis deux ans. Je remercie aussi les précédents chefs de groupe socialistes. Je me réjouis de pouvoir continuer, je l'espère, cette aventure au Grand Conseil, avec l'immense majorité d'entre vous qui se représente pour encore plusieurs années de combat politique commun.
J'en viens à notre collègue, notre camarade, Nicolas Clémence, qui a décidé de ne pas se représenter. Cher Nicolas, pour moi - et je pense parler pour l'ensemble du groupe -, cela a été un véritable plaisir de te voir rejoindre le groupe socialiste, je crois, fin 2019. Tu as assumé ce rôle de député suppléant, qui, je pense qu'on peut en convenir, est un rôle compliqué, qui nécessite de sauter d'une commission à l'autre, d'une thématique à l'autre, d'être réactif, de pouvoir arriver très rapidement quand on a besoin de vous - et j'en profite pour remercier l'ensemble des personnes qui ont endossé ce rôle pour le groupe socialiste durant cette législature. Nicolas, tu as assumé ce rôle de député suppléant avec un très grand sérieux, une grande générosité et une grande abnégation, et nous t'en remercions très chaleureusement.
Par ailleurs, tu as aussi apporté à notre groupe politique tes compétences et ta précieuse expertise dans un certain nombre de sujets - je pense en particulier à l'aménagement du territoire, une commission dans laquelle tu as siégé de manière permanente, et tu en as encore donné l'illustration tout à l'heure en défendant le projet du PAV avec une grande conviction. Tu as énormément apporté à notre groupe sur ces questions-là, tout comme sur celles liées à la culture.
Tu as aujourd'hui choisi de ne pas te représenter et de te concentrer sur tes très nombreux autres engagements - professionnels, politiques (dans ta ville de Lancy) et aussi associatifs (en faveur du festival Plein-les-Watts).
C'est un regret pour nous de te voir quitter ce groupe, mais nous te souhaitons bonne chance, nous te disons merci et nous sommes convaincus que nous te retrouverons un jour ou l'autre sur les bancs de ce Grand Conseil. Merci beaucoup, Nicolas ! (Applaudissements. Mme Caroline Marti embrasse M. Nicolas Clémence et lui remet un bouquet de fleurs.)
M. Sébastien Desfayes (PDC). Je me joins à Caroline Marti pour adresser tous mes remerciements au Bureau du Grand Conseil et au secrétariat pour son travail et sa gentillesse. J'aimerais adresser deux ou trois mots aussi à tous les députés PDC. Sachez que j'ai eu beaucoup de plaisir à être le chef de groupe. Je pense que nous sommes plus que des collègues de travail: nous sommes des amis, et être votre chef de groupe a été pour moi un honneur et un privilège.
Claude, Claude Bocquet. Vigneronne, encaveuse et «distilleuse» - je ne sais pas si le mot existe ! -, Claude Bocquet a sorti son premier vin en 1983. Comme un des députés du groupe PLR, c'était un gamay, dont elle a avoué, elle, qu'il s'agissait d'une piquette ! (Rires.) Pourtant, et c'est un de ses traits de caractère, elle n'a rien abandonné, elle s'est accrochée et a produit sur son domaine, avec le regretté Jacques, jusqu'à 45 000 bouteilles par année.
Peut-être à cause de sa haute taille, Claude a toujours vu très grand. Elle avait à peine rejoint le PDC en 2015 qu'elle s'est inscrite comme candidate pour les élections au Conseil national, où elle a d'ailleurs réalisé un excellent score. C'est donc tout naturellement qu'elle a été élue au Grand Conseil genevois en 2018, avec le groupe que l'on va nommer ici pudiquement - on ne va pas trahir de secret ! - les trois inséparables «B»: les Bocquet, Bidaux et Blondin. (Rires.) Pendant son mandat, Claude a toujours défendu discrètement mais efficacement les femmes et le monde paysan. Alors que tu as aussi suivi des cours de tango, c'est finalement le sirtaki... (Rires.) ...qui t'a fait redécouvrir l'amour et qui t'a fait aussi redécouvrir ta passion immodérée pour la vie. Chère Claude, tu nous quittes, mais nous te savons enfin heureuse et épanouie. Et si la politique ne te manquera pas, tu laisseras un immense vide dans nos coeurs. (Applaudissements.)
Il paraît que je dois accélérer le rythme, parce que Papy Buchs va bientôt se coucher ! (Rires.) Ce qu'il faut que vous sachiez, cela va peut-être vous surprendre, c'est que Bertrand Buchs était un inconnu au parti. On connaissait surtout sa fille, Sophie, qui a été une exceptionnelle secrétaire générale pendant de longues années au PDC. D'ailleurs, je vais vous raconter une anecdote: quand Buchs - Bertrand - a été désigné président du parti, nous avons été inondés de messages de félicitations nous disant que c'était fabuleux d'avoir Buchs à la présidence. Malheureusement, ils pensaient que c'était Sophie ! (Rires.) Mais, avec le temps et le travail, le bon docteur Buchs s'est affranchi de l'ombre tutélaire de sa fille... (Rires.) ...et s'est fait un prénom ! (Rires.) Se réveillant quand la plupart d'entre nous allaient se coucher, Bertrand a consacré plusieurs heures, tous les matins, à la politique. Il a rédigé un nombre absolument invraisemblable de textes parlementaires, dont la plupart, fort heureusement pour nous et pour le Grand Conseil, sont restés dans une mystérieuse clé USB qu'il garde en permanence sur lui ! (Rires.)
Plus sérieusement... Enfin, pas plus sérieusement, on va dire que Bertrand Buchs a un don précieux qui le rapproche d'un fameux skipper néo-zélandais du nom de Russell Coutts, qui avait gagné la coupe de l'America: Bertrand sent le sens du vent. Mieux: il l'anticipe ! Je vais quand même terminer par des propos aimables à son encontre ! (Rires.) Sa consultation médicale lui permet de prendre le pouls des Genevois. Et, Bertrand, tu n'es pas dupe, tu sais que, derrière le clinquant de la ville, derrière toutes les richesses de notre canton se trouve une population précarisée, inquiète et démunie. Et à l'instar d'une Anne Marie von Arx, c'est à ces gens-là que tu as consacré ta carrière politique. La population t'en a été reconnaissante, puisque tu as été le mieux élu des députés PDC. Bertrand a été dans notre groupe parlementaire le gardien le plus intransigeant d'une de nos valeurs fondamentales: la solidarité. Merci à toi, Bertrand, et, si j'ose dire, bon vent ! (Applaudissements.)
Je terminerai par Jean-Luc Forni, le président du Grand Conseil, mais j'ai reçu un étonnant e-mail du Bureau, exigeant que je ne parle pas de ton année de présidence, parce que, paraît-il, ce rôle était réservé à quelqu'un d'autre. On m'a dit: «Parle de son caractère !» (Rires.) Ou: «Sors des anecdotes !» C'était une mission impossible: pudique, secret, discret, Jean-Luc représente un défi pour celui qui veut précisément lui rendre hommage. Il existe un mystère Jean-Luc Forni. Dans son discours de nouveau président du Grand Conseil, il a commencé par ces mots: «Il se trouve que je n'aime pas trop parler de moi.» Malgré cette discrétion, impossible de cacher les qualités qui font de lui un ami et un collègue apprécié et respecté de tous: son écoute, son ouverture d'esprit, son sens du compromis et, de manière plus insoupçonnée, son flegme tout britannique - relevé par Céline Zuber -, qui nourrit des traits d'esprit toujours drôles et, ce que beaucoup ignorent, parfois féroces, si ce n'est cruels. (Rires.)
Jean-Luc, je sais que tu regrettes de n'avoir pas pu suivre ton frère Michel dans une brillante carrière militaire. Tu as été réformé par une gynécologue... (Rires.) ...mais qui, je rassure tout le monde ici, avait diagnostiqué tes pieds plats ! Ces pieds plats ne t'ont toutefois pas empêché de marcher sur les pas de ton frère, en rejoignant le Grand Conseil: d'abord député, puis chef de groupe et, enfin, président de notre Grand Conseil, Jean-Luc, l'ancien pharmacien, était immunisé contre les infections que connaissaient beaucoup d'hommes et de femmes politiques. Tu n'as jamais été contaminé par l'arrogance, l'ambition et l'autosatisfaction. Au contraire, ton engagement, notamment contre les addictions, démontre combien vertu et politique peuvent parfaitement se combiner. Cher Jean-Luc, puissent tes successeurs se montrer à la hauteur. J'espère quant à moi que j'aurai l'occasion de promener, avec toi, nos deux bouviers, et que je pourrai toujours bénéficier de tes précieux conseils. Merci, Jean-Luc ! (Applaudissements.)
Des voix. Bravo !
M. Francisco Valentin (MCG). Monsieur le président, tout d'abord, permettez-moi de vous féliciter pour votre brillante élection et pour votre brillante présidence durant cette année. J'en profite pour également remercier le sautier, tous les membres du Bureau du Grand Conseil, toute l'équipe qui travaille d'arrache-pied dans l'ombre pour que nous soyons tout le temps servis le mieux et le plus vite possible; vraiment, c'est un travail formidable qui est réalisé dans l'ombre, et merci, Monsieur le sautier, pour votre équipe, et merci à eux !
Françoise. Qui est Françoise ? J'entends des choses... Alors effectivement, c'est un hommage, qu'on soit bien d'accord, ce n'est pas une épitaphe ! (Rires.) Un beau jour de 1990, alors que j'occupais mon temps libre à donner des cours de plongée en tant qu'assistant dans une école célèbre, nous voyons débarquer une tornade très déterminée qui nous dit qu'elle a un peu peur, mais qu'elle veut passer son brevet de plongée - allez comprendre ! Je venais de faire connaissance avec Françoise. Au sein de l'école, nous nous sommes fixé cette mission sans hésiter. Commence le dur apprentissage dans notre très beau, mais froid, lac de Genève - lac de Genève ! Merci ! (Rires.) Puis, après moult «oui, mais...» et des tonnes de «pourquoi ?», concrétisation de son brevet, lors d'un week-end homérique à Bandol, dans le sud de la France. Et enfin, grâce à son autre grande passion, la planche à voile, découverte des plus belles mers du monde. C'est là la naissance de notre amitié.
Son parcours (un petit CV !): diplôme d'expert en finance et controlling en 1981, elle a fonctionné comme experte aux examens d'experts en finance et controlling de 1986 à 2004, également aux examens d'experts-comptables de 1988 à 2021. A ce titre, elle a occupé pendant dix ans le poste de responsable des experts et des examens pour la Suisse romande. Directrice du contrôle financier de la Ville de Genève de 1994 à 1999, elle a été remerciée par un certain monsieur dont je tairai le nom quand elle a dénoncé certaines pratiques d'élus de la Ville - pratiques qui apparemment perdurent, si on veut bien en croire une certaine presse ! Diplôme d'expert-comptable en poche en 1996 - et je tiens à souligner, car ce n'est pas anecdotique, que c'est la première femme de Suisse romande à avoir obtenu ce diplôme. En 2005, elle crée enfin sa fiduciaire et devient aussi, par là même, créatrice d'emplois. Elle s'est présentée aux élections de la Cour des comptes en 2005, puis en 2012, candidate malheureuse - visiblement, à ce moment-là, l'appartenance est plus utile que les compétences ! Elle est approchée par le MCG, qui a su reconnaître l'étendue de ses connaissances, de ses capacités, et qui, depuis tout ce temps-là, a apprécié sa loyauté.
Entrée en politique en 2013 sur la liste du MCG, elle devient, à sa première élection, députée suppléante. Elle est nommée députée en 2016, suite au départ d'un député qui, je crois, n'a pas laissé une grande empreinte et que les anciens auront peut-être un peu connu: Eric Stauffer. (Rires.)
Une voix. Qui ? (Commentaires.)
M. Francisco Valentin. Brillamment réélue députée en 2018, elle achève aujourd'hui, par son choix, un beau parcours. Cela a été pour elle parfois cocasse, mais fréquemment énervant, de se voir expliquer la fiscalité par des pseudo-forts en thème, qui sont aux finances ce que 2 est à 3. (Rires.) Il me plaît de citer une phrase d'un écrivain célèbre, qui disait: les gens stupides sont plein de certitudes, les gens intelligents pleins de doutes. Mais j'hésite !
Epicurienne et pis curieuse, elle m'inspire une petite anecdote sympathique que j'ai en mémoire. Alors que nous revenions d'une soirée mémorable à Cully chez une amie qui recevait les plus grands maîtres de la gastronomie genevoise, où l'eau n'avait pour une fois pas été son centre d'intérêt, je me vois cerné par six voitures de police, tous feux bleus allumés, puis ont jailli armes et lampes de poche - ils cherchaient des braqueurs violents, or ma voiture ressemblait au signalement. Dieu merci, ce soir-là, j'avais peu bu, et j'étais dans la norme autorisée ! Mon épouse, qui paniquait, n'arrivait pas à mettre la main sur les papiers du véhicule - qui étaient pourtant dans la boîte à gants ! - et, derrière, j'avais la directrice du contrôle financier de la Ville de Genève qui ronflait paisiblement avec un petit filet de bave ! (Rires.)
Nombreux sont les souvenirs ! Nombreux aussi sont ses intérêts, intérêts qu'elle aura tout le loisir d'explorer, car il y avait une vie avant, et il y a une grande vie après la scène politique. Et là, elle reprend le contrôle de sa vie, se réapproprie ses soirées, ses horaires, ses choix, ses votes et ses fréquentations. (Rires.) Alors que le philosophe dit que le vent souffle pour tout le monde dans la même direction et qu'il appartient à chacun de régler ses voiles pour arriver là où il veut, moi je réponds: et celui qui se perd ne le doit qu'à lui-même ! Alors je te souhaite, chère Françoise, un très doux et bon vent, mais surtout, borde bien les voiles ! Tu vas nous manquer, et pas seulement au MCG. Merci, Françoise ! (Applaudissements. Mme Françoise Sapin embrasse M. Francisco Valentin. M. Daniel Sormanni embrasse Mme Françoise Sapin et lui remet un bouquet de fleurs.)
M. Mauro Poggia, président du Conseil d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, permettez-moi, au nom de mes collègues du Conseil d'Etat, d'exprimer également quelques paroles de gratitude; ce n'est pas seulement pour être le dernier à parler, comme pourraient le penser les mauvais esprits, mais parce que vous le méritez. Si, si, je le pense vraiment, vous le méritez ! (Rires.) La proximité des élections n'a rien à voir avec cette déclaration d'amour ! (Rires.)
Je pense que, malgré l'abrasion de nos contacts, il y a entre nous autre chose que cette friction politique nécessaire et inévitable dans nos débats. Il y a aussi un respect, ou du moins je crois qu'il est bien présent, ce respect mutuel, qui fait que cet instant est évidemment émouvant, même s'il est convivial, même si les sourires et les rires sont bien présents, parce que nous avons côtoyé certaines et certains d'entre vous durant des années. Nous avons pu les apprécier autrement qu'en tant que députés ou députées: en tant qu'hommes et femmes qui ont su apporter leur contribution au bien de la république.
C'est cela que j'aimerais exprimer comme gratitude. Aujourd'hui, nous vivons des temps où il est difficile de s'engager, où les personnes qui sont prêtes à donner une partie de leur temps pour l'intérêt commun sont de plus en plus rares. Il est admirable que des hommes et des femmes, comme vous, soient prêts à se consacrer à la chose publique, et cela doit être salué.
A celles et ceux qui ont décidé de mettre un terme à leur mandat, je voudrais dire, au nom de tous ceux qui sont ici présents, que nous avons apprécié ces moments, nous avons apprécié leurs personnalités, parfois un peu rugueuses, mais c'est cela aussi, la politique.
Je pourrais aussi formuler un voeu en mon nom et en celui de mes collègues pour la prochaine législature. D'abord, que celles et ceux qui ont décidé de se représenter aient la chance de pouvoir le faire, et, là aussi, je le pense sincèrement, en tant que président du Conseil d'Etat - en tant que candidat, c'est autre chose, mais je garderai mes pensées pour moi ! (Rires.) Je souhaiterais bien entendu que les qualités d'écoute qui sommeillent en chacun de nous, chez certains plus profondément que chez d'autres... (Rires.) ...puissent arriver à la surface et que nous puissions davantage durant les cinq années à venir que durant les cinq années qui se sont écoulées échanger et construire ensemble le meilleur pour notre république.
A celles et ceux qui ont décidé de mettre un terme à leur carrière au sein du Grand Conseil, je souhaite des vents favorables - et surtout, prenez bien soin de vous ! Merci. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le président du Conseil d'Etat, pour ces mots chaleureux ! Mesdames et Messieurs les députés, je vous rappelle que nous avons un petit apéritif servi à la salle des Pas-Perdus, pour partager un dernier moment convivial. Je lève notre séance, dernière de la législature, et je souhaite bon vent à la troisième législature ! (Applaudissements.)