Séance du
vendredi 2 septembre 2022 à
14h
2e
législature -
5e
année -
3e
session -
20e
séance
P 2124-B
Débat
Le président. Nous continuons avec la P 2124-B. La parole va à M. Daniel Sormanni.
M. Daniel Sormanni (MCG). Oui, merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, cette réponse du Conseil d'Etat pour le moins laconique est totalement insatisfaisante, alors que l'étude de la pétition ainsi que l'excellent rapport de majorité qui avait été déposé ont démontré un certain nombre d'incohérences et de situations ubuesques: on a baptisé des rues alors qu'elles n'existaient même pas, on a ignoré des pétitions de mille personnes qui s'opposaient à des changements de noms.
On a constaté que les procédures n'étaient pas forcément respectées, contrairement à ce qui est indiqué dans le rapport du Conseil d'Etat, qui se borne à dire: «Nous appliquons la motion qui avait été votée à l'époque par le Grand Conseil.» Or il s'agit d'une motion et il y a aussi la façon de la mettre en oeuvre. Cette pétition a largement mis en avant, grâce aux auditions menées, les problèmes qui existent, et on attendait de l'exécutif qu'il vienne avec des propositions pour qu'au moins ce qui est dit soit respecté, ce qui n'est pas toujours le cas. Il se contente de donner quelques statistiques à la fin. Nous sommes donc mécontents de ce rapport et demandons son renvoi au Conseil d'Etat.
M. Jean Batou (EAG). Ce qui est ubuesque, Mesdames et Messieurs, c'est que ce Grand Conseil ait voté une motion en juin 2019 à l'unanimité - pas tout à fait, il y a eu cinq oppositions... (Remarque.) Cinq oppositions, donc une quasi-unanimité de ce Grand Conseil ! C'était en juin 2019, nous étions à la veille de la grève féministe, et tout le monde avait fait ce petit geste symbolique consistant à dire: «Oui, il faut encourager la féminisation des noms de rues.»
Entre-temps, c'est le «backlash», vous savez, on assiste à un retour en arrière: le retour de bâton autour duquel certains s'activent a fait un petit bout de chemin, et la commission des pétitions est venue chercher des embrouilles à la Ville de Genève, qui avait simplement exécuté ce que le Grand Conseil demandait aux communes, c'est-à-dire commencer à renommer quelques rues avec des noms de femmes.
Il n'en a pas fallu beaucoup plus pour que le MCG, parce qu'il faut dire les choses comme elles sont, et l'UDC s'excitent à la commission des pétitions pour combattre ce projet très prudent de la Ville de Genève et, dans le même temps, pour demander qu'on stoppe cette féminisation des noms de rues. Mais alors là, surprise générale, la majorité de ce Grand Conseil a soutenu la pétition !
Le Conseil d'Etat a répondu assez simplement qu'on lui avait demandé de faire quelque chose à une grande majorité de ce Grand Conseil, qu'il l'avait fait et qu'on lui demandait maintenant de faire autre chose. Evidemment, cette attitude-là n'est pas responsable, je m'excuse de le dire, Mesdames et Messieurs, il faut aller de l'avant.
On est dans le domaine des symboles, mais les symboles ont leur importance, et si vous voulez aller au-delà des symboles, eh bien il faut vous battre tous ensemble pour l'égalité des salaires entre hommes et femmes, pour l'égalité des retraites entre hommes et femmes et, pourquoi pas, voter contre la réforme AVS 21... (Exclamations.) ...qui constitue une attaque directe...
Une voix. Il faut arrêter !
M. Jean Batou. ...contre les femmes de ce pays. Merci.
Une voix. Mais non !
M. Jean Batou. Nous prendrons acte de ce rapport.
Le président. Merci bien. Nous sommes saisis d'une proposition de renvoi au Conseil d'Etat de son rapport; je la mets aux voix.
Mis aux voix, le renvoi au Conseil d'Etat de son rapport sur la pétition 2124 est adopté par 40 oui contre 34 non.
Le rapport du Conseil d'Etat sur la pétition 2124 est donc rejeté.