Séance du
vendredi 8 avril 2022 à
18h15
2e
législature -
4e
année -
10e
session -
58e
séance
M 2695-A
Débat
Le président. Nous passons au point suivant de l'ordre du jour, dont nous débattons en catégorie II, trente minutes. Je cède la parole à Mme la rapporteure de majorité.
Mme Fabienne Monbaron (PLR), rapporteuse de majorité. Merci, Monsieur le président de séance. Cette proposition de motion vise à classer en zone de verdure la parcelle n° 1150 de la commune d'Onex. Cette parcelle se trouve entre la rue des Bossons et l'avenue du Bois-de-la-Chapelle, elle jouxte la piscine d'Onex et se compose actuellement d'un parc et d'une zone de parking. (Brouhaha.) Tu ne veux pas aller téléphoner dehors ?
Une voix. Hou hou ! (Remarque. Rire.)
Une autre voix. Pardon !
Mme Fabienne Monbaron. Cette proposition de motion...
Présidence de M. Diego Esteban, président
Le président. Un instant, s'il vous plaît. Madame la députée, vous pouvez répondre au téléphone, mais en dehors de cette enceinte !
Une voix. Je m'excuse, Monsieur le président !
Le président. Vous pouvez toujours vous lever et vous diriger vers une sortie !
La même voix. J'y vais.
Le président. C'est mieux comme ça, merci, Madame la députée. Poursuivez, Madame Monbaron.
Mme Fabienne Monbaron. Merci. Cette proposition de motion a pour origine un projet de constructions modulaires pour migrants par l'Hospice général et le fait qu'une pétition munie de 2000 signatures s'y était opposée avec demande que la parcelle reste en l'état. Suite à une opposition, la Chambre administrative de la Cour de justice avait annulé l'autorisation de construire au motif qu'elle ne respectait pas la destination du PLQ, puisque celui-ci prévoit des activités commerciales. Cette parcelle, devenue une zone de développement 3, est restée sous forme d'un parc, qui représente un bol d'air pour ce quartier bien dense. Les auteurs de la motion souhaitent donc faire classer la parcelle en zone de verdure afin que le périmètre ne soit pas densifié dans le futur et qu'on soit assuré que le parc perdure.
Cette parcelle est propriété de la commune d'Onex, dont les autorités ont été auditionnées par la voix de Mme Maryam Yunus Ebener, maire. Celle-ci a expliqué que la commune souhaite abroger le PLQ initial car celui-ci a été élaboré dans les années 90 et ne correspond plus aux besoins ni à la volonté de la commune, qui souhaite conserver ce poumon de verdure. Il n'est pas impossible que la commune demande une modification de zone pour cette parcelle, mais seulement lorsqu'elle disposera d'un projet solide, construit en collaboration avec la population. En effet, sur la zone adjacente se trouvent la piscine, les pompiers, la police municipale, un grand parking public qui pourrait être enterré ainsi qu'une école qui prend beaucoup de surface au sol alors qu'il est maintenant possible de réaliser des bâtiments scolaires sur plusieurs étages, ce qui permet d'optimiser l'espace. Ce périmètre doit être repensé mais la commune ne souhaite pas se lier les mains en acceptant une zone de verdure, car d'une part cela nuirait aux réflexions à mener sur l'entier du périmètre et d'autre part cette parcelle dispose de droits à bâtir qui pourraient être reportés ailleurs pour optimiser le projet à venir.
La commission a également auditionné Mme Zora Masé, riveraine et pétitionnaire. Celle-ci a fait part du souci des riverains quant à des constructions sur cette parcelle, parce que d'une part le PLQ actuel permet la construction d'une salle polyvalente et d'activités commerciales, artisanales ou administratives, et d'autre part les immeubles proches font caisse de résonance. Par ailleurs, le plan directeur communal prévoit des installations éphémères culturelles ou associatives, des chapiteaux pour manifestations, des artistes en résidence. Pour toutes ces raisons, Mme Masé souhaiterait idéalement que la partie actuellement en pré devienne une forêt urbaine, mais cela ne serait pas légalement possible dès lors qu'il n'y a pas d'arbres à ce jour ou du moins pas suffisamment; ainsi elle préfère une zone de verdure pour que le parc reste tel quel. (Brouhaha.)
Le président. Un instant, Madame la rapporteure de majorité. (Le président marque un temps d'arrêt en attendant que le silence se rétablisse.) Poursuivez. Je vous informe que vous passez sur le temps de votre groupe.
Mme Fabienne Monbaron. Merci. Certains membres de la commission, qui ont déposé un rapport de minorité, sont restés perplexes face aux propos de la commune, les trouvant confus entre la construction ou non d'un parking enterré, qui empiéterait ou non sous la parcelle en question, le report ou non de droits à bâtir impliquant une augmentation de la densité qui détériorerait la qualité de vie. D'autres membres de la commission étaient en faveur des explications de la commune mais n'ont pas voulu passer pour des anti-zones de verdure et se sont dès lors abstenus.
Au final, la majorité salue la proposition de motion dans le sens qu'elle soutient la préservation de la zone verte perméable et naturelle qui tient à coeur aux riverains. Elle a cependant choisi de laisser la commune gérer son territoire et avancer dans ses réflexions sur le réaménagement de ce périmètre, la modification en zone de verdure ne garantissant pas que la parcelle ne sera pas imperméabilisée ni qu'elle sera dépourvue de constructions, puisque des bâtiments à destination d'utilité publique pourraient y prendre place, générant ainsi des nuisances plus conséquentes qu'actuellement. Par ailleurs, la commune a bien compris les craintes des riverains et a confirmé que ceux-ci seront associés au projet qui serait lancé sur le périmètre.
Pour toutes ces raisons, la majorité vous recommande de refuser cette proposition de motion.
M. Stéphane Florey (UDC), rapporteur de première minorité. Ce qui a été dit est assez juste sur le fond, mais il faut bien comprendre que cette proposition de motion ne demande qu'une chose: une mise en conformité, ainsi que le veut aussi le droit fédéral. Ce type de motion en découle, puisque vous savez que la Confédération préconise qu'on mette en conformité les zones telles qu'elles sont affectées. C'est là un exemple concret. Ça fait des dizaines d'années que Morillon-Parc est bel et bien un parc public verdoyant - il y a des arbres, de l'herbe, c'est presque une zone de délassement. Il serait juste d'appliquer aujourd'hui ce que demande la Confédération, d'appliquer ce que souhaite une partie des habitants du quartier, et donc de mettre cette parcelle en conformité pour qu'elle devienne un parc public, donc une zone de verdure.
La commune avait effectivement fait part de quelques projets, dont celui d'enterrer éventuellement le parking actuellement en surface, qui est principalement dévolu à la piscine voisine de la parcelle. La piscine comprend un restaurant qui attire du monde, et c'est vrai que le parking est souvent rempli. Vu aussi le manque de places de stationnement dans ce quartier, la commune avait pensé l'enterrer et peut-être même l'agrandir. On a prétexté que le fait de mettre la parcelle en zone de verdure pouvait bloquer le projet de parking, ce qui est totalement faux: il faut savoir qu'une zone de verdure n'empêche pas la construction... Et là, on ne parle même pas de construction en surface, puisque ce serait en souterrain. Simplement, le parking mangerait un à deux mètres de verdure. Mais justement, la zone de verdure n'empêche pas ce type de constructions: elles sont considérées comme équipements publics, et le droit permet de construire, par dérogation, certes, des équipements publics sur une zone de verdure classée comme telle. De même, si on devait édifier une crèche sur cette parcelle, la zone de verdure que l'on demande ne l'empêcherait pas. On voit donc bien que la commune ne sait pas quoi faire de cette parcelle; or, si vous regardez les plans annexés au rapport, vous vous apercevrez qu'on ne peut rien en faire d'autre qu'un parc public. La minorité voit mal un bâtiment être érigé en plein milieu de cette parcelle alors que le quartier est déjà largement densifié.
Encore une chose sur les droits à bâtir. La commune nous a fait part d'une volonté d'utiliser potentiellement ces droits à bâtir, mais il n'y a aucun report possible sur le périmètre, donc de toute façon, il n'y a plus, techniquement, de droits à bâtir, puisque vous ne pouvez pas reporter ceux-ci à l'autre bout de la commune. On voit donc bien que le périmètre est verrouillé, il n'y a véritablement plus de possibilité de construction. Quant à l'école, certes, elle est ancienne et devrait être rénovée, mais il faut savoir qu'elle est partiellement classée: démolir et reconstruire plus haut, plus grand, c'est impossible. On voit bien là aussi qu'il n'y a pas de projet véritablement possible.
Nous en restons au fait que cette parcelle doit faire l'objet d'une mise en conformité, devenir un parc public utile pour le quartier et ses habitants. La minorité vous remercie donc de modifier vos conclusions, d'adopter cette motion et de la renvoyer au Conseil d'Etat.
M. Rémy Pagani (EAG), rapporteur de deuxième minorité. Je ne vais pas répéter ce que mes préopinants ont indiqué concernant les faits; je m'exprime sur le fond du problème. Quand la cité d'Onex a été construite, une sorte de pacte social a été établi: il s'agissait de construire des immeubles hauts et de créer pour les habitants des espaces de qualité - j'insiste, de qualité. En l'occurrence, cette parcelle est un espace de qualité; toutes les personnes qui vont voir des parents et amis à Onex se rendent compte que cette cité comporte des espaces de qualité. C'est bien l'un de ses avantages, sans parler des conditions d'habitat, des logements proposés, différents de ceux offerts à la classe ouvrière - je vous rappelle que ceux-ci étaient des logements exigus, comme il en reste non loin de l'ancien village.
J'entends souvent dire aujourd'hui qu'il faut construire une ville dense: c'est bien là l'enjeu de cette affaire. On va vers une ville dense, notamment à Pont-Rouge - je ne parle pas des Pâquis où, je le rappelle, vivent 5000 habitants au kilomètre carré, soit 3,4 d'indice d'utilisation du sol; c'est l'un des quartiers les plus denses en Europe. On se dirige vers ça. En plus, il y a le problème climatique: une augmentation des étés très chauds, des canicules. On a déjà aujourd'hui deux, trois semaines de canicule, un mois, et on va se retrouver dans la même situation que Madrid - d'ailleurs, M. le conseiller d'Etat n'a pas manqué de le rappeler.
En 1980, le Conseil d'Etat, un peu plus intelligent qu'il ne l'est aujourd'hui, disait qu'il fallait déclasser des terrains et en même temps, par des trains de mesures, classer en zones de verdure toute une série d'endroits afin de garantir ce pacte social, ces espaces de qualité. Malheureusement, aujourd'hui, on en est à une situation où on va bourrer ces espaces publics, faire en sorte que les habitants aient de moins en moins d'avantages et n'aient que des inconvénients, en plus de l'augmentation des loyers. C'est pourquoi, Mesdames et Messieurs, Ensemble à Gauche a déposé un rapport de minorité: nous voulons défendre ce pacte social, faire en sorte que la ville ne se construise pas sur la ville, qu'on ne fasse pas des villes denses, mais qu'on mette à disposition des habitants des logements et des espaces publics de qualité dans lesquels ils pourront se retrouver, comme on le voit en Espagne, sortir dans la rue pour au moins prendre l'air en été quand il fera extrêmement chaud. Je vous remercie de votre attention.
M. Sébastien Desfayes (PDC). Dans ce monde de brutes - un peu -, le sens de la nuance est important, raison pour laquelle le PDC s'abstiendra sur cette proposition de motion. Nous sommes d'accord avec ce que vient de dire la rapporteure de majorité, mais aussi avec les propos des deux rapporteurs de minorité, à l'exception de l'intelligence prêtée au Conseil d'Etat par M. Pagani, qui regrette les années 80. J'ai aussi à dire au deuxième rapporteur de minorité que je déplore qu'il n'ait pas profité de ses mandats relativement longs en Ville de Genève pour créer des espaces de qualité. Mais je suis d'accord avec la rapporteure de majorité quand elle dit qu'il est important de laisser aux communes une marge de manoeuvre. C'est d'autant plus important dans le cas d'espèce que la commune envisage en effet de créer un parking souterrain, ce qui pourrait d'ailleurs accroître le parc public, parce qu'il existe sur une partie de la parcelle des places de parking en surface.
Et puis, contrairement à ce qu'a dit le premier rapporteur de minorité, dans le cadre d'un PLQ, cette parcelle sera bien entendu comptée dans la répartition des zones à bâtir. Mais je suis d'accord aussi avec lui quand il dit qu'au sens du droit fédéral - en l'occurrence, c'est la LAT qui s'applique -, c'est l'affectation réelle d'un périmètre qui doit être prise en considération: s'agissant d'un parc, il faut considérer qu'il doit être dézoné en zone de verdure.
Je suis même d'accord avec Rémy Pagani - ça ne m'arrive pas très souvent - quand il dit qu'il faut densifier, bien entendu, mais aussi réserver des espaces de qualité à la population du canton.
Pour toutes ces raisons, le groupe PDC s'abstiendra. Merci.
Mme Danièle Magnin (MCG). Nous nous étions abstenus en commission; il y a d'ailleurs une erreur dans le rapport quant à la répartition des votes: c'était une députée Verte qui ne souhaitait pas prendre part au vote, parce qu'elle était élue à Onex. Les deux MCG se sont abstenus, mais ils vont soutenir cette motion, cela pour les raisons suivantes.
Nous avons entendu une personne habitant le bâtiment qui se trouve juste au-dessus de cet espace vert. Elle a dit toute la crainte qu'elle avait et tous les problèmes que cela causerait. Elle ne souhaitait pas qu'on fasse autre chose de cette parcelle qu'une zone verte. Elle se plaignait aussi du bruit fait par les jeunes le soir, etc., mais enfin, il vaut quand même mieux que les gens puissent bénéficier de la nature plutôt que de les voir sur une parcelle qui va devenir on ne sait quoi si on ne la transforme pas en zone de verdure.
Etant donné qu'on peut - cela a été vérifié - construire un parking sous une zone de verdure, celle-ci se trouvant en surface, il n'y a pas de raison de refuser cette motion. C'est pour cela que nous la soutiendrons. Merci.
M. David Martin (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, pour les Verts, cette proposition de motion est une fausse bonne idée. Nous trouvons la démarche de ce texte UDC tout à fait surprenante. Pourquoi ? (Brouhaha.)
Le président. Un instant, Monsieur le député. Nous ne sommes pas en débat libre ! (Le président marque un temps d'arrêt en attendant que le silence se rétablisse.) Poursuivez.
M. David Martin. Merci. Je disais que nous trouvons la démarche surprenante, pourquoi ? Habituellement, l'UDC défend à tout-va l'autonomie communale. Ici, il s'agit d'une parcelle qui appartient à la commune, que nous avons auditionnée. Elle nous a expliqué qu'elle était tout à fait favorable au maintien du parc à cet endroit, un parc cher aux habitants - qui va donc rester là parce que l'exécutif n'a aucune intention de le transformer -, mais qu'elle a des projets de mise à jour des équipements publics dans le périmètre: une école va y être rénovée, on l'a mentionné - j'en profite pour dire que les propos de la rapporteure de majorité étaient extrêmement clairs -, une caserne de pompiers aussi, sauf erreur. Cette commune a des intentions pour créer un projet cohérent dans les années qui viennent.
Or, la proposition du texte UDC est que nous, Grand Conseil, parachutés, par en haut, venions modifier l'affectation de la parcelle contre l'avis de la commune. C'est quand même un petit peu étonnant ! Nous, Verts, sommes évidemment favorables à la création de zones de verdure, nous sommes favorables à la végétalisation de tous les espaces publics - vous savez bien qu'on se bat en permanence pour qu'on plante davantage d'arbres dans les espaces publics -, nous sommes pour la lutte contre les îlots de chaleur, comme l'a dit M. Pagani, nous sommes tout à fait d'accord avec lui sur ce sujet. Mais nous ne sommes pas d'accord avec la démarche de cette motion, c'est pourquoi nous nous abstiendrons.
Pour terminer, je dirai que, comme vous le savez bien, on construit à beaucoup d'endroits des immeubles sur la base de plans de quartier, et entre les immeubles se trouvent des parcs, mais ce ne sont pas pour autant des zones de verdure au sens de l'aménagement du territoire. Sauf erreur, M. Pagani, qui a développé de nombreux PLQ en ville de Genève, n'a pas opéré à chaque fois une modification de zone pour faire d'un parc situé entre deux immeubles une zone de verdure ! Il ne faut pas tout mélanger.
Pour résumer, nous sommes pour les parcs, pour le maintien d'un espace de verdure à Morillon-Parc, mais contre la démarche de cette proposition de motion UDC, qui nous semble un petit peu provocatrice vis-à-vis des projets de la commune. Je vous remercie.
Mme Amanda Gavilanes (S). Je vais peut-être répéter un peu ce qu'a dit mon préopinant, mais nous aussi, au parti socialiste, nous trouvons que cette proposition de motion est une fausse bonne idée. Nous sommes également très préoccupés et conscients du fait qu'il est indispensable de garder des zones de verdure, notamment dans des quartiers aussi populaires et denses que ceux d'Onex. Mais compte tenu des auditions auxquelles nous avons procédé en commission, notamment celle de la conseillère administrative chargée de l'aménagement à Onex, Mme Yunus Ebener, il est assez clair, même tout à fait clair, que la commune est favorable au maintien du parc et au fait que les espaces de verdure soient préservés et développés sur son territoire. Elle a évoqué en effet la possibilité de faire de cette parcelle de Morillon-Parc un parking souterrain, mais ce n'est pas la seule chose qu'elle nous ait dite: elle nous a dit que la commune souhaite que nous lui laissions toute la latitude de réaliser des projets collaboratifs et la possibilité d'administrer et de gérer son territoire en accord avec les communiers et les communières. C'est pourquoi le parti socialiste refusera cette proposition de motion: il s'agit à la fois de préserver l'autonomie de la commune en matière d'aménagement et surtout d'encourager une démarche participative qui ne sera plus possible si nous définissons aujourd'hui Morillon-Parc comme une zone de verdure. Merci.
Le président. Merci, Madame la députée. Je passe la parole à M. le député Vincent Subilia pour deux minutes et douze secondes.
M. Vincent Subilia (PLR). Je vous remercie, Monsieur le président. Comme l'a très judicieusement rappelé notre préopinant, le député Martin, les propos de notre rapporteuse de majorité, ma collègue de parti Fabienne Monbaron, étaient excessivement clairs, raison pour laquelle les deux minutes qui me sont octroyées me seront suffisantes pour vous encourager, vous l'aurez compris, à rejeter cette proposition de motion: ainsi que cela a été dit à l'instant, c'est une fausse bonne idée. A mes yeux et aux yeux du PLR, il importe que nous, législatif cantonal, respections ce qui s'inscrit dans l'autonomie communale et travaillions en confiance avec cette cellule de base de notre démocratie helvétique.
En l'espèce, la commune nous a donné un certain nombre d'assurances s'agissant des projets qu'elle entend pouvoir mener à terme. Elle aura tout loisir de revenir devant notre plénum et les commissions concernées pour nous faire part de ceux-ci. Il nous paraît donc superflu de vouloir légiférer à outrance. Comme vous le savez, nous sommes évidemment très attachés à ce que des espaces de nature conviviaux pour la population voient le jour; on peut regretter d'ailleurs que dans certaines communes, dont la plus grande d'entre elles, la minéralité ait pris le pas sur la végétalisation, mais à nos yeux, ce n'est pas en passant par ce type de texte que nous y parviendrons. Laissons la commune faire le travail qui lui revient et nous statuerons ensuite. Nous vous invitons, vous l'aurez compris, à rejeter cette proposition de motion. Je vous remercie.
Le président. Merci, Monsieur le député. Je rends la parole à M. le rapporteur de seconde minorité pour deux minutes et quarante-cinq secondes.
M. Rémy Pagani (EAG), rapporteur de deuxième minorité. Ce sera suffisant, Monsieur le président. J'aimerais rappeler qu'avant d'être maire de la Ville de Genève et chargé de l'aménagement, j'ai été militant de quartier, et j'ai lancé deux référendums, même trois, contre la volonté communale - je ne vais pas citer de magistrats ou de magistrates de la Ville de Genève - d'installer dans les parcs, notamment à Vermont, au parc Trembley, des infrastructures: un promoteur, notamment, voulait en installer. Chaque fois, chaque fois, on a gagné, la population a dit non, parce qu'elle voulait garantir ce pacte social; elle voulait imposer aux autorités - et heureusement - ce pacte social qui consiste à dire: «Nous habitons dans des logements...» Certains les appellent des cages à lapins, je ne pense pas qu'à Onex ce soit le cas, mais il y en a d'autres. «Nous voulons avoir des espaces de qualité et pouvoir voir depuis la fenêtre de la cuisine nos enfants s'ébattre.»
Malheureusement, j'ai constaté que la municipalité d'Onex était dans les conditions des années 80 en se laissant la possibilité de voir venir, de proposer des projets comme certains en Ville de Genève en ont proposé. Il y a d'ailleurs eu d'autres référendums dans des communes, et les exécutifs se sont fait retoquer. Il s'agit aujourd'hui de donner des garanties; c'est exactement ce qu'il en est et c'est pour ça que je vous invite à voter cette motion, même si elle vient d'un autre bord. Il s'agit de donner la garantie à nos concitoyennes et concitoyens que nous ne ferons pas n'importe quoi pour densifier, pour les mettre dans des situations inextricables du point de vue du climat et de la vie dans ce canton et dans les villes - je vous rappelle que la ville d'Onex est la cinquante-quatrième ville de Suisse.
Je vous invite donc, Mesdames et Messieurs, à voter pour garantir et ratifier ce contrat social que nous avons passé il y a fort longtemps.
Le président. Merci, Monsieur le rapporteur de deuxième minorité. Je rends la parole au rapporteur de première minorité pour cinquante-sept secondes.
M. Stéphane Florey (UDC), rapporteur de première minorité. Merci, Monsieur le président. D'abord, les communes doivent également respecter le droit fédéral et les mises en conformité telles qu'il le demande. Ensuite, oui, la commune dit aujourd'hui qu'elle entend préserver ce parc, mais demain, qu'en sera-t-il quand de nouvelles personnes seront élues à la place de celles qui sont en poste actuellement ? Par ailleurs, la mise en conformité n'empêche pas de faire des événements ponctuels. Enfin, le parking existe déjà, la caserne aussi; pour l'école, on ne pourra rien faire d'autre puisqu'elle est protégée. Refuser cette motion, c'est prendre le risque de voir un jour ce parc disparaître. Ce seront alors les habitants qui seront perdants, ce qui est fort dommage.
Le président. Merci, Monsieur le rapporteur de première minorité. C'est maintenant le tour de Mme la rapporteure de majorité pour cinquante-trois secondes.
Mme Fabienne Monbaron (PLR), rapporteuse de majorité. Merci, Monsieur le président. J'invite toujours à refuser cette proposition de motion, mais je souhaitais aussi apporter une précision à Mme Magnin quant à l'inexactitude du rapport: vous voudrez bien lui transmettre, Monsieur le président, que, d'une part, j'ai reporté fidèlement la teneur du procès-verbal, qui n'a pas fait l'objet d'une demande de rectification, et que, d'autre part, il est bien mentionné qu'un député, en l'occurrence MCG, n'a pas pris part au vote, pour la simple et bonne raison qu'il ne s'est pas manifesté durant le vote lors de cette séance, qui s'est déroulée en visioconférence.
Le président. Très bien, merci. Je cède la parole à Mme la députée Danièle Magnin pour une minute et quarante secondes.
Mme Danièle Magnin (MCG). Merci, Monsieur le président. C'est juste pour dire que, de mémoire, il s'agissait de Mme Ruth Bänziger, qui a décidé qu'elle ne voulait pas prendre part au vote sur ce point.
Le président. Excusez-moi, Madame la députée, j'aimerais quand même rappeler qu'il y a...
Mme Danièle Magnin. Mais ce n'est pas important, de toute façon !
Le président. ...un certain secret de commission, on ne nomme pas les gens lorsque ce n'est pas dans le rapport !
Mme Danièle Magnin. Mais il y a une erreur...
Le président. Je dois mettre fin à cette discussion, Madame la députée. La parole n'étant plus demandée, je la cède à M. le conseiller d'Etat Antonio Hodgers.
M. Antonio Hodgers, conseiller d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je dois dire que je peine à comprendre la portée de ce débat et l'intérêt de ce texte. Dans les faits, aujourd'hui, tout le monde veut préserver le parc tel qu'il est, en sachant - on l'a dit - qu'il existe quelques constructions, un parking; mais, ma foi, c'est un espace public apprécié par la population, que les autorités municipales ont déclaré vouloir préserver. C'est pourquoi le Conseil d'Etat, suite à cette demande, a procédé à l'abrogation du PLQ existant. Cette décision a été préavisée favorablement par le Conseil municipal d'Onex à une majorité extrêmement large. Depuis août 2021, le PLQ est abrogé.
Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu'on ne peut plus rien construire sur cette parcelle, soit exactement ce que disent les auteurs de la proposition de motion et les opposants. Mais bien sûr que demain, les autorités cantonales, communales, pourraient changer d'avis, comme toujours dans la démocratie, Monsieur Pagani ! Et qu'est-ce qui se passerait à ce moment-là ? La commune devrait lancer une procédure de PLQ. Aujourd'hui, il n'existe aucune intention du canton de construire sur cette parcelle, exactement pour les motifs que vous avez évoqués: c'est un espace de verdure apprécié, nécessaire pour la population. Mais si par impossible, d'ici quelques années, les autorités communales ou cantonales veulent déposer un nouveau PLQ, ma foi, il suivra son cours avec toutes les possibilités d'opposition usuelles dans notre démocratie !
Cette proposition de motion n'a aucune utilité. Nous sommes tous d'accord de maintenir ce parc; demain, si nos successeurs veulent débattre d'autre chose, même si vous adoptez le texte aujourd'hui, la loi s'appliquera et la démocratie fera valoir ses droits. Cette motion doit donc être refusée, parce qu'elle est sans objet et parce que ce que les motionnaires demandent est déjà réalisé, le Conseil d'Etat ayant d'ores et déjà abrogé le PLQ et la situation étant stable.
Le Conseil d'Etat réaffirme sa vision du territoire: une ville compacte pour éviter l'étalement urbain. Par rapport à l'architecture et à l'urbanisme des années 80 glorifiés par M. Pagani, peut-être qu'aujourd'hui, la révision de notre territoire passe par le «débétonnage», la suppression du béton issu de ces années-là, afin de créer beaucoup plus d'îlots de fraîcheur. Prendre en exemple l'urbanisme des années 80, par rapport aux enjeux qui sont les nôtres, c'est vraiment se tromper de siècle et se tromper de combat.
En l'état, Mesdames et Messieurs, le Conseil d'Etat vous invite à suivre la rapporteure de majorité et à refuser cette proposition de motion.
Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. J'invite l'assemblée à se prononcer.
Mise aux voix, la proposition de motion 2695 est rejetée par 36 non contre 27 oui et 15 abstentions (vote nominal).