Séance du vendredi 18 mars 2022 à 14h
2e législature - 4e année - 9e session - 51e séance

P 2122-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition pour une voie verte plus sûre et plus agréable
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session VII des 27 et 28 janvier 2022.
Rapport de majorité de Mme Christina Meissner (PDC)
Rapport de minorité de M. Sylvain Thévoz (S)

Débat

Le président. A présent, nous traitons la P 2122-A en catégorie II, trente minutes. La parole échoit à Mme Christina Meissner.

Mme Christina Meissner (PDC), rapporteuse de majorité. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, le problème des voies vertes est qu'on veut leur faire jouer tous les rôles sans mesurer leurs conséquences sur l'aménagement et l'espace. La voie verte devrait allier écologie et mobilité douce, soit être à la fois: un corridor biologique accueillant pour la faune, calme, plein de recoins sombres et sauvages, doté d'un revêtement naturel perméable; un cheminement pour les piétons, quelle que soit leur mobilité - enfants, familles, personnes âgées -, bien éclairé et sans parties sombres peu sécurisantes; un axe pour les déplacements tant professionnels que ludiques effectués à vélo, doté d'un revêtement en dur asphalté ou bétonné.

La première voie verte, celle du Léman Express, est aujourd'hui critiquée à raison, car elle ne répond pas de manière satisfaisante à l'ensemble de ces usages. Si l'on veut que la cohabitation soit possible et fonctionnelle entre la faune sauvage, les piétons quels qu'ils soient, les vélos rapides et lents, alors il faut admettre que l'espace préconisé en largeur est insuffisant et qu'il doit être adapté.

La pétition demande notamment une meilleure séparation des flux piétons/cyclistes grâce à la réalisation d'une bande bitumée supplémentaire réservée aux piétons ainsi que l'élargissement de la piste cyclable pour augmenter le confort et la sécurité de son utilisation. La largeur actuelle de la voie verte est de 14 mètres, dont 2 mètres pour les piétons et 2,5 mètres pour les vélos. Pour ces derniers, c'est insuffisant, il leur faudrait au minimum 5 mètres. Ainsi, la largeur totale devrait être portée à 16,5 mètres. Auditionné, le département a indiqué qu'il améliorait autant que possible la signalétique et la sécurisation des carrefours aux abords des écoles, mais qu'il ne pourrait pas répondre à toutes les exigences de la pétition, notamment celle relative à la taille de la voie de circulation dédiée aux vélos.

L'élargissement de la bande bitumée réclamée par les pétitionnaires pose deux problèmes. Si les 2,5 mètres supplémentaires sont pris sur la partie centrale perméable, qui sert actuellement à récolter les eaux de surface, il faudra refaire tout le système d'écoulement des eaux afin de les mettre sous tuyaux, ce qui entre en contradiction totale avec la politique de rétention d'eau à la parcelle, et le prix sera très conséquent. Ou alors il faudra l'étendre d'un côté ou de l'autre des voies de circulation et sacrifier la part dévolue aux milieux naturels. Dans les deux cas, la solution irait à l'encontre du but premier - et imposé - de cet aménagement, c'est-à-dire une compensation écologique aux travaux réalisés sous la forme d'un corridor biologique. Accepter cette pétition entrerait en opposition avec les exigences de la Confédération consistant à recréer des milieux naturels et à préserver le corridor écologique.

En conclusion, il semble qu'en ce qui concerne la voie verte du Léman Express, il soit trop tard pour bien faire sur tous les plans. C'est la conclusion à laquelle est arrivée la majorité de la commission, qui vous propose de déposer cet objet sur le bureau du Grand Conseil. Par contre, il faut tirer des leçons de ce premier tronçon afin de ne pas commettre les mêmes erreurs et tenir compte des critiques pour la construction des futures voies vertes. Si on veut que celles-ci répondent véritablement à tous les usages souhaités tant pour la nature que pour la mobilité, alors il sera nécessaire de les concevoir plus larges, car à l'évidence, 14 mètres ne suffisent pas, ou alors arrêtons de les appeler des voies vertes. Merci.

M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur de minorité. Mesdames et Messieurs les députés, tout d'abord, il faut souligner l'enthousiasme exprimé par les pétitionnaires quant à cette belle voie verte située sur le toit de la tranchée couverte du Léman Express et inaugurée en avril 2018. Ceux-ci se félicitent de la réalisation de cet axe reliant, vous le savez toutes et tous, les Eaux-Vives à Annemasse et saluent l'existence d'une telle voie cyclable et piétonne en site propre. Le but de cette louable pétition est de la perfectionner.

C'est un fait: en raison de son succès, il n'est pas toujours aisé d'y circuler. Son étroitesse la rend dangereuse pour les cyclistes; il est difficile de se croiser et extrêmement périlleux de dépasser. Pour rappel, il y a 4000 vélos au départ des Eaux-Vives simplement à l'aller, dont 43% d'engins électriques. Avant qu'un accident ne survienne, nous devrions étudier toutes les options. En comparaison, l'espace dédié aux piétons est immense et pas toujours employé à plein. Les problèmes de cohabitation sont aujourd'hui avérés, le mélange voulu entre piétons et cyclistes demeure à haut risque.

Cette pétition, Mesdames et Messieurs, est pertinente et importante. Comme vous le savez, la voie verte a déjà subi un certain nombre d'optimisations. Les présentes propositions sont formulées sous forme de pétition, donc il n'y a rien de contraignant, il s'agit simplement d'inviter le Conseil d'Etat, dans sa grande sagesse, à y piocher quelques idées. Cette voie verte, je l'ai indiqué, a déjà été améliorée, il faut continuer à le faire. Il semble par ailleurs judicieux de travailler sur la sécurité, et l'association Pro Vélo qui est porteuse du texte a procédé à un examen minutieux. Je ne citerai pas les cinq suggestions qu'ils nous soumettent, Mme Meissner les a parfaitement rappelées.

Il ne s'agit pas d'entrer dans des éléments trop techniques, de calculer le nombre de mètres, de déterminer si cela peut jouer ou non. C'est une pétition, il faut en saisir l'essence, c'est-à-dire transmettre au Conseil d'Etat la volonté, s'agissant de problématiques identifiées, de rendre la voie verte plus sûre et de l'améliorer. Il faut évidemment continuer à consulter, et le Conseil d'Etat le fait, les associations de piétons, Pro Vélo, les organisations de personnes en situation de handicap afin que les futures voies vertes soient le plus possible aménagées avec l'apport des experts et des usagers eux-mêmes.

Pour toutes ces raisons, Mesdames et Messieurs, nous vous recommandons de voter le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat. L'analyse détaillée de cette voie verte par Pro Vélo et les propositions intelligentes de cette association valent d'être soutenues et relayées au gouvernement, et les plus de 4000 personnes qui, tous les jours, empruntent cet axe dans un sens puis dans l'autre méritent un lieu sûr pour aller au travail, faire tourner notre économie ou amener leurs enfants à l'école. Il s'agit là de bon sens, de raison et d'aménagements tout à fait réalisables à un coût très modéré. Merci beaucoup de votre attention. (Applaudissements.)

M. Jean Batou (EAG). Mesdames et Messieurs, au sein du groupe Ensemble à Gauche, nous avons décidé d'octroyer la liberté de vote, parce que les deux enjeux contradictoires contenus dans cette pétition s'annulent l'un l'autre. Il est très difficile de donner la priorité au maintien d'une véritable voie verte, c'est-à-dire de s'opposer à l'extension du bitumage. Bétonnage pour les cyclistes, passons, mais pour les piétons, on se pose vraiment des questions, notamment eu égard à tous les problèmes d'imperméabilité des sols, de compensation écologique - l'un des buts de la construction de cette voie verte. Pour nous, c'est l'argument qui plaide pour ne pas renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat.

En revanche, l'un des arguments soulevés nous paraît tout à fait fondé, à savoir que l'association Pro Vélo n'est pas suffisamment entendue dans la conception des voies vertes, et la demande que cette entité soit systématiquement consultée lors des réflexions nous paraît justifiée. Notre groupe votera sans doute de manière diverse, parce que c'est oui et non, non et oui, et il est très délicat de donner une réponse univoque à un paquet ficelé de ce type. Merci.

M. Alexis Barbey (PLR). Le grand problème de cette voie verte, c'est tout simplement son succès. Beaucoup de gens l'utilisent, et chacun ne la voudrait que pour soi. Or elle poursuit des buts assez différents pour des publics divers, donc il est difficile de satisfaire tout le monde, et on peut le comprendre.

C'est non seulement un endroit de villégiature où l'on va se promener, un lieu où la faune devrait pouvoir passer sans se faire rouler dessus trop fréquemment, mais également un axe de mobilité économique: les gens vont au bureau le matin en empruntant cette voie et reviennent le soir par le même chemin. Les objectifs de ces multiples utilisateurs, sans même parler de ceux qui y passent à pied, sont extrêmement distincts, ce qui explique qu'il y ait des tiraillements.

Il faut rappeler deux choses. La première, c'est que nous ne sommes pas chez nous: les terrains sur lesquels cette voie verte a été réalisée appartiennent aux CFF, et la régie n'est pas prête à les élargir ne serait-ce que de dix centimètres. Il ne sert à rien de se battre contre les CFF sur ce sujet, nous n'aurons pas gain de cause, nous savons que ce ne sont pas les interlocuteurs les plus faciles à manoeuvrer.

Le deuxième élément que je voulais signaler nous ramène au succès de cette voie verte: c'est un peu comme si on avait demandé aux autorités de construire une autoroute pour desservir la boulangerie du quartier. Alors on peut le faire, mais ça ne marchera jamais. Il est clair qu'après ça, on aura deux groupes de clients mécontents.

Mesdames et Messieurs, le PLR vous invite à déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil et à concentrer plutôt les moyens - qui seraient énormes si on voulait opérer les modifications demandées - sur la prochaine voie verte, dont notre groupe se réjouit de voir l'émergence. Je vous remercie.

M. Romain de Sainte Marie (S). Mesdames et Messieurs les députés, je ne comptais pas intervenir sur ce sujet, mais je dois avouer que les bras m'en tombent. Pourquoi ? Parce que pour moi, il s'agit avant tout d'une question de sécurité. Déjà, je serais intéressé de savoir qui, parmi les députés qui s'opposent au renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat, emprunte cette voie verte. A mon avis, ils ne sont pas beaucoup à l'utiliser. (Commentaires.)

Ensuite, il faut être réaliste. Puisque vous êtes visiblement nombreux à la connaître, vous savez qu'il y a une partie extrêmement large pour les piétons et les piétonnes. Alors c'est très beau, c'est agréable de pouvoir marcher dessus, mais est-ce véritablement utile au vu du nombre de personnes qui s'y promènent ? Pas forcément.

Cette voie verte est un magnifique succès qui doit être prolongé, étendu, c'est indispensable économiquement, on le sait, ainsi que du point de vue des transports, de la qualité de vie. En revanche, l'axe bitumé pour les vélos est bien trop étroit. Il est bien trop étroit ! Aujourd'hui, certains cyclistes roulent au-delà de 25 km/h, il y a énormément de vélos électriques, et tant mieux, c'est un gain en matière de mobilité, mais on y trouve également des trottinettes, sans parler du fait que tous les vélos ne sont pas nécessairement électriques, donc certains d'entre eux circulent nettement moins vite. Je le répète: cette voie est bien trop étroite.

Par conséquent, il y a un véritable problème de sécurité. Voilà l'enjeu. Il ne s'agit pas d'attendre en se disant: «Qu'est-ce qu'on va faire pour les prochaines voies vertes ? On tentera de faire mieux.» Non ! Il ne s'agit même pas d'élargir la voie verte, il s'agit juste d'étendre la partie bitumée dédiée aux vélos pour qu'elle devienne plus large et sûre.

Vu qu'il y a beaucoup d'utilisateurs et d'utilisatrices de la voie verte sur les bancs d'en face, je m'étonne encore de certains aspects de sa conception. A côté de la portion pour les vélos, par exemple, qu'est-ce qu'on trouve ? De grosses pierres. Comme ça, si votre vélo part légèrement sur le côté pour esquiver un obstacle devant vous, vous êtes sûrs et certains de tomber sur ces grosses pierres et d'avoir un accident potentiellement grave !

Dès lors, il est impératif de revoir certains petits aménagements, ce n'est absolument pas coûteux et les CFF ne vont certainement pas s'y opposer. Il ne s'agit pas d'élargir la voie verte de façon conséquente, mais simplement de faire preuve de bon sens afin que cet axe si utile à notre canton ne constitue pas un danger pour les cyclistes qui l'empruntent. Je vous invite donc, Mesdames et Messieurs, à renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat. (Applaudissements.)

Mme Adrienne Sordet (Ve). Mesdames les députées, Messieurs les députés, la voie verte est un véritable succès, c'est indéniable, et la présente pétition ne le remet d'ailleurs pas en cause, au contraire: les pétitionnaires nous ont transmis ce texte dans le but d'apporter des améliorations afin qu'elle puisse conserver sa superbe. Il y a principalement des conflits d'usage, que ce soit entre piétons, piétonnes et cyclistes, entre cyclistes et cyclistes ou encore entre cyclistes et automobilistes. Nous disposons d'une certaine latitude quant aux optimisations possibles. Il s'agit de séparer les flux cyclistes/piétons, d'adapter la taille de la piste cyclable, d'y réduire la vitesse de certains vélos et enfin de clarifier la priorité aux intersections à l'aide de feux inversés pour réduire les risques d'accident.

Alors c'est vrai, il faut être réaliste et se rendre compte que toutes ces modifications risquent d'empiéter sur la biodiversité et la vocation initiale de la voie verte en tant que compensation écologique. Il ne sera dès lors pas possible de tout mettre en oeuvre, mais nous estimons tout de même qu'une marge de manoeuvre existe. M. Barbey soutient - vous transmettrez, Monsieur le président - que les CFF sont des partenaires difficiles avec lesquels il est malaisé de discuter; lors des auditions, on a pourtant entendu que la régie était éventuellement prête à entrer en matière.

La dernière invite de la pétition nous intéresse tout particulièrement; elle est importante et ne doit pas être négligée. Aujourd'hui, on le sait, la mobilité telle qu'on la connaît doit changer, non seulement en raison de l'urgence climatique, mais également pour des questions de qualité de vie, de bien-être, de réduction du bruit et de la pollution. Il est ainsi plus que nécessaire de transformer nos axes routiers en un paysage à taille humaine avec des temps de déplacement raisonnables. A cet égard, nous comptons sur le Conseil d'Etat, le temps venu, pour consulter les associations de terrain et régler les conflits que l'on constate actuellement, notamment en prévision des futures voies vertes. C'est pourquoi nous renverrons cette pétition au Conseil d'Etat. Je vous remercie. (Applaudissements.)

M. Stéphane Florey (UDC). Si la droite de cet hémicycle parvient encore à surprendre notre collègue M. de Sainte Marie, cela démontre simplement sa méconnaissance du tissu social qui la compose ! Maintenant, sur le fond, on peut s'étonner quant à la provenance de cette pétition, non pas parce que c'est un ancien député qui l'a déposée, mais parce qu'elle nous a été transmise par l'association Pro Vélo.

Il me semble que la voie verte a fait l'objet d'une consultation à la fois au niveau associatif et de la population, donc on peut se demander pourquoi les organisations ne sont pas intervenues à ce moment-là concernant les prétendus problèmes qu'elles décrivent dans le texte. Ç'aurait été la meilleure façon d'agir. Il ne sert à rien de venir longtemps après, une fois que tout est terminé, pour adresser des reproches - «ça ne va pas, les choses n'ont pas été faites dans le bon ordre, la piste n'est pas assez grande» - et formuler toutes les doléances qu'elles ont présentées devant notre commission.

Pour la suite, ça leur donnera l'occasion de travailler bien en amont, mais en ce qui concerne la portion de voie verte qui existe déjà, pour nous, il n'est pas question de revenir dessus. Ce que je constate, c'est que tout le monde, en tout cas dans cette partie de l'hémicycle, est satisfait de ces aménagements, donc pourquoi rouvrir un dossier qui visiblement fonctionne ? C'est pour ces raisons que nous soutiendrons le dépôt de cette pétition, et nous vous invitons à faire de même. Je vous remercie.

M. Patrick Dimier (MCG). Je trouve toujours intéressant ce genre de débat où on vient nous dire qu'il manque de place sur la voie verte - c'est un exemple. J'ai cru comprendre qu'elle mesurait 14 mètres en totalité. Pour rappeler tout le monde aux réalités, une rue sur laquelle on peut mettre des poids lourds jusqu'à 40 tonnes fait 5,5 mètres.

Une voix.  Ça ne fait pas 14 mètres !

Une autre voix. Eh oh, tais-toi !

Le président. S'il vous plaît, respectez la prise de parole de l'intervenant !

Une voix. Tu te crois au bistrot ?

M. Patrick Dimier. Pour ma part, j'emprunte souvent cette voie verte et je la trouve absolument confortable et sûre. Mais elle n'est sûre qu'à une seule condition, c'est que ceux qui l'utilisent sachent un minimum - mais vraiment un minimum ! - comment se conduire sur une route. Je sais que c'est un débat de fond; pour beaucoup, il est inutile d'apprendre à conduire, y compris des vélos ou des trottinettes, mais quand vous êtes confrontés à d'autres, ce minimum de connaissances s'avère tout à fait utile, notamment pour la sécurité.

En ce qui concerne la largeur, je pense que tout a été dit, je ne vais pas y revenir. Quant à la multiplication des voies vertes, je pense qu'on a peut-être trouvé un point de convergence sur lequel on devrait se mettre à travailler, c'est effectivement une bonne solution. Simplement, il est impossible d'installer une voie verte là où il y a d'autres types de trafic. Il y a dès lors des choix à opérer, mais c'est un combat que Pro Vélo et les autres refusent d'engager, puisqu'ils sont arc-boutés sur une priorité absolue: quoi qu'il en coûte, ce sont les vélos et les piétons contre l'automobile. Alors quand on vient nous parler de guerre des transports... Je vous assure que ce n'est pas de ce côté-ci qu'on la génère, mais bien de l'autre. Pour conclure, à force de parler de voie verte de manière inconsidérée, on finit par nous raconter des salades. Merci.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je passe la parole à M. Thomas Bläsi pour une minute.

M. Thomas Bläsi (UDC). Merci, Monsieur le président. Pour répondre à mes collègues de gauche, oui, c'est vraiment un itinéraire que j'emprunte tous les jours - ou tous les deux jours -, en particulier pour faire de la marche. Je retourne sa question au partenaire de gauche: je n'ai personnellement pas de voiture, je ne me déplace qu'en TPG et à pied, est-ce que mes collègues de gauche peuvent en dire autant ?

Une voix. Levez la main !

M. Thomas Bläsi. Oui, levez la main, c'est une bonne idée !

Pour en revenir à la voie verte, en ce qui concerne la largeur, je pourrais vous rejoindre sur le rétrécissement et le bétonnage qui interviennent à la jonction avec la partie française, c'est-à-dire que le piéton qui marchait sur de la terre se retrouve soudain sur du bitume tandis que la piste du vélo, si elle reste en béton, devient effectivement très étroite du côté français: on perd à peu près la moitié par rapport à la portion du côté suisse, en tout cas à la jonction.

Pour terminer, je pense qu'il vaudrait mieux travailler sur la multiplication des voies vertes plutôt que de perdre du temps sur des problèmes qui sont liés au comportement des usagers. Merci, Monsieur le président.

Une voix. Très bien.

Une autre voix. Bravo.

Le président. Je vous remercie. La parole revient à Mme Christina Meissner pour deux minutes et six secondes.

Mme Christina Meissner (PDC), rapporteuse de majorité. Merci, Monsieur le président. J'aimerais juste corriger quelques erreurs que j'ai entendues dans les interventions. La voie verte mesure 14 mètres de large, mais ce ne sont pas 14 mètres de béton. Je l'ai dit: il y a 2 mètres pour les piétons et 2,5 mètres pour les vélos, des portions qui sont effectivement bitumées. Le reste, c'est de la nature. Contrairement à ce que certains ont soutenu, sous les petites pierres qu'il suffirait de déplacer, il y a des herbettes, oui, il y a de la nature. Parce qu'à la base, c'était la vocation de cette voie verte. Et comme il n'y a plus d'espace de part et d'autre - je rappelle qu'il s'agit d'anciennes voies CFF -, eh bien on ne peut pas l'élargir.

Si on veut étendre la voie cyclable, il faudra forcément bétonner la partie verte, laquelle ne sera donc plus aussi verte. Il convient de tirer des leçons de ce qui se passe ici, c'est-à-dire que si on souhaite un corridor biologique pour les hérissons et autres petits animaux... (Exclamations.) Oui, évidemment, je mentionne les hérissons, parce qu'on dit que l'association Pro Vélo n'est pas suffisamment entendue, mais en l'occurrence, aujourd'hui, je dirais que ce sont plutôt les hérissons qui ne le sont pas suffisamment, et avec eux toute la faune sauvage ! Je vous remercie. (Applaudissements.)

Le président. Je vous remercie, Madame, pour ces quelques piques adressées en direction de la salle ! (Rires.) Monsieur le président du Conseil d'Etat Serge Dal Busco, vous avez la parole.

M. Serge Dal Busco, président du Conseil d'Etat. Merci, Monsieur le président du Grand Conseil. Mesdames les députées, Messieurs les députés, je voudrais mettre trois éléments en exergue: d'abord un premier propos sur la consultation des associations, quelles qu'elles soient, puis certains commentaires sur la voie verte dont il est question ici, celle entre les Eaux-Vives et Annemasse - je n'aurai pas grand-chose à ajouter aux arguments très intéressants et justes relevés par la rapporteuse de majorité -, et enfin quelques mots sur les futures voies vertes.

S'agissant des consultations, souvent, lorsqu'on auditionne les gens, ils donnent ensuite l'impression que personne ne les a écoutés ou entendus - je ne parle pas de cette association en particulier -, mais c'est faux. En matière de mobilité, il existe le CODEP, le conseil des déplacements, auquel l'ensemble des usagers participe dans un esprit qui m'étonne d'ailleurs chaque fois, c'est toujours très constructif. On parle pourtant de mobilité ! Je ne sais pas, peut-être pourriez-vous un jour auditionner le CODEP afin de savoir comment font ses membres pour rester si calmes alors qu'ici, les choses sont beaucoup plus difficiles - parenthèse fermée. Des consultations ont donc lieu; spécifiquement sur cette voie verte, dans la mesure où cela remonte tout de même à un certain nombre d'années, je ne peux pas vous l'attester, mais en tout cas, pour tous les nouveaux aménagements, nous le faisons de manière systématique.

En ce qui concerne la voie verte, elle est effectivement multifonctionnelle. La dimension écologique voulue au départ est très importante, et la fonctionnalité de déplacement - je ne mets pas les deux aspects dans une balance, je ne peux pas dire quel est le poids spécifique de chacun -, lorsqu'elle a été conçue, n'était pas celle qui lui a ensuite été dévolue par l'usage, car un succès considérable a été rencontré dès le premier jour, je pense que tout le monde peut le constater.

Le succès est considérable, et si on ne peut pas dire que c'est un problème, en tout cas personne ne s'attendait à une telle utilisation. Nous avons essayé d'améliorer toute une série d'éléments; d'ailleurs, le rapporteur de minorité en prend acte. La voie a été notablement optimisée à bien des égards. Il y avait notamment des problèmes de sécurité au croisement avec des routes: là, les choses vont mieux. La discipline, pour ainsi dire, ou du moins la bienséance ou le «bien-circuler ensemble» sur la voie verte appelés par certains d'entre vous, que je ne cesse pour ma part jamais de rappeler sur l'ensemble du réseau, se sont instaurés petit à petit. Il faut le relever, il me semble que cela se voit, les choses se passent mieux.

Je rappelle qu'il y avait des considérations patrimoniales dans cette affaire. La fameuse bande de ballast qui sépare la partie non recouverte de bitume et la portion bétonnée, qui est assez large, si elle est destinée à recueillir l'eau qui percole, est surtout là pour des questions patrimoniales - je crois que c'est la CMNS qui avait exigé la mise en place de ce dispositif -, pour rappeler le ballast qui se trouvait sur la voie de chemin de fer. Voilà pourquoi nous l'avons installée. Bon, nous aurions peut-être pu la réduire, gagner quelques centimètres, mais toujours est-il qu'il n'est pas aussi simple que cela de changer les choses, c'est même très difficile, extrêmement coûteux, et il va falloir s'habituer au résultat obtenu. Nous apporterons peut-être quelques améliorations ponctuellement.

Une largeur de 14 mètres. Je ne suis pas allé vérifier personnellement, mais cela me paraît assez juste si on englobe la totalité des fonctions. C'est de loin ce que l'on aura de plus grand eu égard aux futures voies vertes, Mesdames et Messieurs ! En effet, figurez-vous qu'il n'existe pas d'autre endroit analogue où on pourrait recouvrir des voies de chemin de fer; le prolongement de la voie verte en direction de la rive droite se fera sur des gabarits beaucoup plus réduits. Si on pense par exemple aux tronçons entre la gare des Eaux-Vives et Carouge, la traversée le long de l'Arve pour rejoindre la voie verte du côté de Saint-Jean, puis en direction de Vernier, les dimensions seront bien plus restreintes, donc les fonctionnalités seront moins riches que sur cette portion, il faut en être conscient.

C'est la raison pour laquelle, Mesdames et Messieurs les députés, le Conseil d'Etat a déposé un projet de loi devant votre Grand Conseil qui est actuellement à l'étude à la commission des travaux ou des transports - il y a en tout cas un préavis d'une commission pour une autre - afin d'instaurer des axes vélos importants sur une centaine de kilomètres, précisément pour parvenir à soustraire les futures voies vertes - notamment celle en direction de Vernier, mais également celle vers la Champagne - au trafic de vélos qui est en augmentation rapide et qui, lui, devra trouver place sur d'autres infrastructures, d'autres tracés. Voilà, donc je profite aussi de ce débat pour vous appeler à réserver un bon accueil à ce texte du Conseil d'Etat qui propose d'étudier des axes vélos forts précisément pour pouvoir assurer différentes fonctionnalités, peut-être pas sur le même lieu, mais juste à côté. Pour conclure, je vous enjoins de suivre les conclusions de la majorité. Merci de votre attention.

Le président. Merci, Monsieur le président du Conseil d'Etat. J'appelle l'assemblée à se prononcer sur le préavis de la majorité de la commission, à savoir le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 2122 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 47 oui contre 35 non et 2 abstentions (vote nominal).

Vote nominal