Séance du vendredi 18 mars 2022 à 14h
2e législature - 4e année - 9e session - 51e séance

P 2117-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : Vernier suffoque, stop au trafic de transit !
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session VII des 27 et 28 janvier 2022.
Rapport de majorité de M. Stéphane Florey (UDC)
Rapport de minorité de M. Sylvain Thévoz (S)

Débat

Le président. C'est après un temps record de vingt minutes consacré aux extraits I que nous entamons le traitement des pétitions. Nous commençons par la P 2117-A, classée en catégorie II, trente minutes, et je cède d'emblée la parole au rapporteur de majorité, M. Stéphane Florey.

M. Stéphane Florey (UDC), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Cette pétition, lancée par les Verts de Vernier, s'inscrit dans leur politique clairement anti-véhicules motorisés - Monsieur Martin, on parle de véhicules motorisés et pas spécifiquement de voitures. Comme je le disais, c'est donc une pétition qui s'inscrit dans cette politique anti-véhicules motorisés; les pétitionnaires se plaignent en particulier du trafic de transit.

Le problème, c'est la situation géographique de la commune de Vernier: malheureusement pour elle, eh bien il va bien falloir qu'à un moment les véhicules puissent se rendre au-delà, de chaque côté de la commune, ce qui fait que Vernier également - comme quasiment la totalité des communes genevoises - subit en effet du trafic de transit ! C'est pour ça que finalement... Et encore, en parlant de trafic de transit, Vernier n'est pas la plus à plaindre, par rapport aux petites communes qui subissent à longueur d'année le trafic, ne serait-ce que transfrontalier: elles subissent réellement des nuisances beaucoup plus importantes. C'est pour ces raisons, évidentes, que la commission des pétitions n'a pas été convaincue par l'utilité d'une telle pétition et qu'elle vous recommande de la déposer sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.

M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur de minorité. Mesdames et Messieurs les députés, pour la minorité, la pétition qui nous est soumise se fait l'écho d'un malaise profond, celui des habitants de la commune de Vernier, qui souffrent du trafic de transit et des niveaux sonores qui détériorent leur santé et leur qualité de vie. Réunis autour d'un «Ras-le-bol des nuisances du trafic de transit ! Vernier n'est pas un hub autoroutier !», les pétitionnaires rappellent que 90% des véhicules motorisés qui entrent dans la commune ne font que la traverser. Si en effet, comme le dit le rapporteur de majorité, Vernier n'est peut-être pas la plus mal lotie, elle est toutefois aussi mal lotie que quantité de communes où les habitants souffrent de niveaux sonores excessifs.

Pour les pétitionnaires, 79,5% de la population verniolane se plaint du bruit excessif des véhicules à moteur alors que le Conseil d'Etat prévoit d'augmenter encore le trafic sur plusieurs grands axes qui traversent leur commune, que ce soit la route de Vernier, la route de Meyrin, l'avenue Louis-Casaï ou l'avenue du Pailly. Sur l'avenue de l'Ain, 20% de trafic supplémentaire est attendu pour atteindre, Mesdames et Messieurs, 60 000 véhicules par jour ! Sur tous ces axes déjà surchargés aujourd'hui, les normes de bruit sont déjà largement dépassées.

La pétition demande deux choses très simples et raisonnables. La première, c'est que les autorités cantonales respectent et appliquent le plan climat cantonal, qui prévoit une réduction de 60% des émissions de CO2 à l'horizon 2030 - tout le monde sera d'accord avec cela vu qu'on l'a également voté. La deuxième chose, c'est que les futurs aménagements sur les routes de Vernier et de Meyrin ainsi que sur les avenues du Pailly, de l'Ain et Louis-Casaï conduisent à une réduction significative de la circulation et du bruit routier. Mesdames et Messieurs, ces deux demandes semblent parfaitement légitimes, raisonnables et modérées à la minorité. Il ne s'agit pas de faire la guerre aux voitures, mais simplement de respecter les lois votées, les orientations politiques qui sont choisies, et de ne pas bafouer les décisions prises ici même.

Vous le savez, il y a l'enjeu de l'urgence climatique, mais il y a aussi l'enjeu relatif au degré de souffrance des habitants qui tout simplement n'en peuvent plus du bruit et des nuisances causés par le trafic de transit. Il n'est aujourd'hui plus acceptable de renforcer encore et encore des infrastructures routières alors que la santé des habitants est déjà atteinte. La pose de revêtement phonoabsorbant et le développement des voitures électriques - peut-être importants dans l'avenir, certes - ne règlent fondamentalement ni la question des pics de bruit ni celle du climat, encore moins quand les prévisions annoncent de massives augmentations de trafic. En ville, Mesdames et Messieurs, des experts le rappellent, «il faut se déplacer à pied, à vélo ou en transports publics. Nous n'avons aucun besoin d'une voiture spécifique pour la ville. C'est absurde sur le plan environnemental».

Mesdames et Messieurs, nous vous invitons à suivre les habitants de Vernier, à écouter le malaise exprimé par la population de toutes les communes et à soutenir cette pétition, à la renvoyer au Conseil d'Etat: elle est raisonnable, équilibrée et permettra assurément aux habitants de vivre mieux. Merci. (Applaudissements.)

M. Jean Batou (EAG). Mesdames et Messieurs, Vernier pourra bientôt être décrite, ainsi que le faisait Woody Allen pour Los Angeles, comme un ensemble de zones suburbaines connectées par des autoroutes. Finalement, cette commune voit passer le 90% du transit de notre canton, cela a été dit. Elle subit l'aéroport, elle subit l'autoroute, elle subit les citernes; elle est cloisonnée par tous ces axes routiers très fréquentés. Le bruit devient insupportable pour 80% de la population, provoquant des problèmes de sommeil, des problèmes - je vais faire plaisir à M. Dimier - circulatoires, soit liés à la circulation abusive, des problèmes généraux de santé. Et en même temps, on nous annonce une hausse du trafic sur les grands axes puisque la circulation sur l'avenue de l'Ain devrait augmenter de 20% et compter 60 000 véhicules par jour ! Est-ce possible de continuer comme ça ?

Je fais partie de celles et ceux qui, au sein de la commission des pétitions, pensent qu'il faut absolument adresser ce cri de détresse des Verniolans au Conseil d'Etat pour que leurs revendications soient écoutées - mon collègue Thévoz le disait, elles sont plus que raisonnables - et que des mesures soient prises pour aller dans la direction de ce qui est notre aspiration à tous et qui est proclamé comme le programme du gouvernement: une diminution de 60% des émissions de CO2 d'ici 2030. Cela implique par ailleurs, s'agissant du bruit - le CO2, c'est une chose, le bruit c'en est une autre -, une réduction de la vitesse, des aménagements qui permettent de garantir la sécurité, enfin toutes sortes de mesures pour que les Verniolans puissent vivre dans une commune où il fasse bon vivre et non, comme je le disais au départ, dans une collection de «suburbs» connectés par des autoroutes. Merci.

Mme Christina Meissner (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, la pétition demande que les futurs aménagements sur les routes de Vernier et de Meyrin ainsi que sur les avenues du Pailly, de l'Ain et Louis-Casaï conduisent à une réduction significative de la circulation et du bruit routier. Il faut savoir que le plan directeur communal est d'actualité, à Vernier; il inclut bien entendu tout le volet mobilité. C'est à ce niveau de la planification que sont fixés les objectifs en matière de mobilité et les moyens d'y parvenir.

En général, la commission d'aménagement de la commune travaille durant de longues séances sur le contenu du plan directeur communal. Mme Compagnon Kaufmann, qui est pétitionnaire mais également membre du Conseil municipal, n'est bizarrement pas au courant de ces travaux. Auditionné sur le traitement du plan directeur communal à Vernier, le maire répond que les nouveaux élus n'ont pas connaissance des travaux effectués durant la précédente législature. Alors que le document était en passe d'être finalisé, le fait qu'il n'y ait pas de transmission de l'information pourrait-il expliquer la nécessité, pour des conseillers municipaux, de déposer une pétition au Grand Conseil afin de pallier cette lacune ? Mais faut-il nous en mêler ? La réponse est non.

Il faut savoir que le plan directeur communal de Vernier ne remet pas en question l'existence de ces axes, mais simplement l'augmentation du trafic et les nuisances qui l'accompagnent. Il prône même la construction d'immeubles de logements le long de ces axes bruyants, où les valeurs limites sont déjà largement dépassées. Pourquoi les élus Verts à l'origine de cette pétition ne sont-ils pas intervenus plus efficacement pour marquer leur opposition et formuler leurs propositions lors des différentes étapes de la procédure du plan directeur communal ? C'est de leur prérogative, en plus. Et pourquoi n'y ont-ils pas inscrit des mesures fortes pour pallier ces nuisances sonores et polluantes ? C'est incompréhensible.

Le Conseil municipal vient de voter le plan directeur communal de Vernier; c'était à ce niveau - communal - que l'action était nécessaire et c'était aux Verniolans pétitionnaires, et par ailleurs conseillers municipaux, de prendre leurs responsabilités au lieu d'interpeller le Grand Conseil qui, au demeurant, ne se prononce jamais sur les plans directeurs communaux. Dès lors, le groupe PDC suivra la majorité et soutiendra le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.

M. Thierry Cerutti (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, notre collègue Christina Meissner a parfaitement bien résumé la situation à Vernier. Ça fait un certain temps, et vous le savez toutes et tous, que Vernier est dirigé par les socialistes et les Verts, incompétents en la matière puisqu'ils n'ont effectivement pas étudié le plan directeur communal qui, sauf erreur de ma part, a été voté la semaine dernière. Pour votre information, le MCG l'a refusé parce qu'il ne convient effectivement pas aux habitantes et habitants de la commune.

Pourquoi ? Parce que Vernier - et plus largement la commune - est aujourd'hui surchargé de trafic, du fait notamment que la politique cantonale veut à tout prix y installer des entreprises et des dépôts sans valeur ajoutée pour la commune. Ça surcharge énormément le trafic et ce n'est pas avec les mesures que souhaite prendre notre collègue socialiste Thévoz, rapporteur de minorité, pour limiter le trafic et le transit... Parce que, in fine, c'est la population résidente qui va en payer le prix et non les entreprises. Nous suivrons donc la démarche du PDC et du rapporteur de majorité en déposant cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Merci.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je cède la parole à M. le député François Baertschi pour une minute et quarante-quatre secondes.

M. François Baertschi (MCG). Merci, Monsieur le président. On constate ici l'incohérence manifeste de la gauche et des Verts en particulier, qui sont largement représentés au Conseil d'Etat mais passent par notre Grand Conseil pour communiquer avec leurs magistrats du gouvernement ! Comme s'ils ne pouvaient pas leur envoyer directement une lettre ou les rencontrer pour parler de ces problèmes ! Je me dis qu'on vit véritablement dans un monde de fous !

Que souhaite la gauche ? Gesticuler et dire: regardez, on n'a pas réussi à faire ce qu'on voulait; les conditions de vie sont détestables, mais comme on n'arrive pas à y remédier, on lance une pétition ! Comme n'importe quel citoyen ou habitant de ce canton, qui ne siège pas dans un conseil ou n'a pas les moyens d'approcher des représentants du Conseil d'Etat. Je trouve cette démarche assez pitoyable, et je pense qu'il faut déposer la pétition sur le bureau du Grand Conseil et demander aux Verts de faire leur travail, soit au Grand Conseil soit dans les Conseils municipaux. Merci d'accomplir véritablement votre travail au lieu de donner des illusions et de faire de la démagogie ! Merci.

Une voix. Bravo !

M. Raymond Wicky (PLR). Je ne vais pas répéter ce que Mme Meissner a dit, qui a déjà été repris par M. Cerutti. Nous avons effectivement tous été surpris que les pétitionnaires eux-mêmes, elles-mêmes, pardon - c'étaient deux dames, si je me souviens bien -, n'aient pas agi au niveau de leur commune en qualité de conseillères municipales.

Maintenant, on ne conteste pas le constat de M. Thévoz qui dit que le problème existe à Vernier: je crois qu'on est tous d'accord là-dessus. Mais j'aimerais vous rappeler qu'il n'existe pas seulement à Vernier et qu'on oublie un petit peu trop facilement d'autres communes qui nous y rendent attentifs depuis plusieurs années; je pense notamment à des communes de la campagne ! Je prendrai l'exemple de Soral et de Chancy, qui réclament depuis des années des routes de contournement de manière à ne pas subir le trafic transfrontalier notamment aux heures de pointe, et on a l'impression, de ce côté-là, qu'on n'avance pas beaucoup ! Le dernier avant-projet de contournement de Soral que j'ai eu le plaisir de pouvoir consulter est pour moi une véritable catastrophe, parce qu'on ne fait que renvoyer le trafic dans les villages voisins. Par conséquent, on ne fait que déplacer le problème, tout simplement - probablement pour des questions de coûts, parce qu'il faudrait faire des ouvrages souterrains, des infrastructures évidemment beaucoup plus importantes.

En ce qui concerne le PLR, nous soutiendrons donc naturellement le rapport de majorité demandant le dépôt. Et en ce qui me concerne, à titre personnel, j'espère que le magistrat de tutelle consacrera aussi une partie de son temps précieux à régler ces problèmes dans les communes suburbaines et campagnardes, car là - et je peux en témoigner, moi qui habite la Champagne - ça commence vraiment à être parfois un petit peu pénible ! Merci de votre attention.

Mme Marta Julia Macchiavelli (Ve). Messieurs les députés, Mesdames les députées, la présente pétition fait état d'un ras-le-bol général de Vernier. 79,5% de la population de la commune se plaint du bruit excessif de véhicules à moteur. Dans le cadre du développement de la moyenne ceinture routière actuellement à l'étude, le Conseil d'Etat prévoit néanmoins d'augmenter le trafic sur plusieurs grandes routes qui traversent la commune.

Sur tous ces axes, déjà surchargés aujourd'hui, les normes de bruit sont pourtant largement dépassées. Je rappelle l'exemple de l'école de Balexert, qui nous a été donné en commission, où les enfants sont exposés à plus de 70 décibels à cause des voitures, ce qui dépasse les normes au sens de l'ordonnance fédérale sur la protection contre le bruit, OPB 814.41. Des mesures d'assainissement devraient déjà être prises actuellement. Or, cela ne semble pas être dans l'agenda du Conseil d'Etat, bien au contraire !

Le groupe des Verts n'a pas été convaincu par l'audition du département, qui ne semble pas être à l'écoute des doléances des habitants de la commune de Vernier ni mesurer l'ampleur du problème. Nous sommes bien sûr en faveur d'une mobilité cohérente et équilibrée au sens de la LMCE, mais cette loi doit être appliquée dans le respect des quartiers, tant anciens que nouveaux ou futurs. La présentation du département nous a malheureusement démontré que l'Etat a encore une vision très centralisée de l'urbanisation de notre canton, une vision que nous trouvons à bien des égards dépassée et nocive pour le bien-être de nos habitants. Par ailleurs, la solution de la voiture électrique a été évoquée par les commissaires qui ne soutiennent pas cette pétition ainsi que par le département; cette solution ne satisfait aucunement les Verts...

Le président. Merci, il faut conclure.

Mme Marta Julia Macchiavelli. ...puisque le bilan carbone des voitures électriques reste très mauvais, principalement en raison des émissions qui résultent de leur production.

Le président. Merci. C'est terminé, Madame la députée.

Mme Marta Julia Macchiavelli. Le plan climat cantonal prévoit une réduction de 60%...

Le président. Je passe maintenant la parole à M. le député Stéphane Florey.

Mme Marta Julia Macchiavelli. Je ne peux pas continuer ? (Applaudissements.)

Le président. Non, excusez-moi, c'est d'abord... (Remarque.) Oui, oui. Madame, vous êtes arrivée au bout de votre temps de parole. Monsieur le député Thomas Bläsi, vous avez la parole - excusez-moi, Monsieur le rapporteur.

M. Thomas Bläsi (UDC). Merci, Monsieur le président. Notre groupe soutiendra bien évidemment la proposition du rapporteur de majorité, mais nous avons quand même une petite question suscitée par la curiosité. Nous ne comprenons pas bien, vu les problèmes relatifs à la circulation importante à Vernier relevés par plus ou moins tout le monde, la décision du Conseil d'Etat d'y implanter, dans ces circonstances, de nouvelles structures administratives. Cela devient incompréhensible, notamment dans le cas de l'OCPM: le centre de biométrie sera déplacé d'Onex à Vernier. Alors il est probable que... Je ne sais pas si ça date de cette magistrature ou si le déplacement était planifié avant - la question va évidemment au département -, mais est-ce que c'est vraiment utile ? Finalement, on crée des contournements, etc., et on déplace les flux d'un côté à l'autre. On voit qu'à Vernier, visiblement, ça ne tient plus et on va pourtant déplacer le centre de biométrie là-bas. J'aimerais donc bien savoir s'il n'y a pas des moyens plus intelligents pour régler le trafic. Merci, Monsieur le président.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je rends la parole à M. le député Jean Batou pour quarante-cinq secondes.

M. Jean Batou (EAG). C'est largement suffisant - merci, Monsieur le président. Je voulais m'adresser à mon collègue du MCG - mais je passerai par vous - qui reproche aux Verts d'avoir été le relais d'une préoccupation de leur commune. La commission des pétitions reçoit des doléances qui sont souvent portées par des partis, et le MCG le sait très bien puisqu'il était derrière la pétition contre la féminisation des rues tout comme l'UDC était derrière celle contre l'extension du Centre islamique. C'est donc un peu l'hôpital qui se fout de la charité ! Merci. (Applaudissements.)

Des voix. Bravo !

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole va à M. le député Patrick Dimier pour trente-deux secondes.

M. Patrick Dimier (MCG). Merci, Monsieur le président, je n'ai pas besoin d'autant. Je voudrais simplement rappeler à cet hémicycle qui nous avons comme adversaires lorsque le MCG propose des textes visant à enrayer la pénétration journalière de plus de 100 000 frontaliers, avec une seule personne à bord d'un tas de tôle - qui ? L'ensemble de cet hémicycle, à part l'UDC ! Il serait donc bon de veiller à mettre de l'ordre dans votre propre écurie. Merci.

Une voix. Bravo !

Le président. Merci, Monsieur le député. Je rends la parole à Mme la députée Christina Meissner pour quarante secondes.

Mme Christina Meissner (PDC). Monsieur le président, je n'avais pas vraiment l'intention de revenir sur le sujet, mais je rappelle juste une chose: contrairement aux noms de rues, le plan directeur communal est de compétence communale et non cantonale - on examine les plans directeurs cantonaux ! Le problème du plan directeur communal de Vernier, c'est qu'à l'évidence il a été bâclé par les... tous les élus Verts, qui sont à tous les niveaux responsables...

Le président. Merci.

Mme Christina Meissner. ...et c'est tout ! (Rires.)

Le président. Merci. Je rends maintenant la parole à M. le rapporteur de minorité, Sylvain Thévoz, pour trois minutes.

M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur de minorité. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, il est dommage que ce débat nous ramène au clivage traditionnel, celui, quand on parle de mobilité... (Remarque.) ...entre pro-bagnoles et anti-bagnoles, comme certains le résument un peu rapidement. Cette pétition permet pourtant d'ouvrir d'autres pistes.

Elle demande simplement - je le rappelle - de respecter le plan climat cantonal qui prévoit une réduction de 60% des émissions de CO2; tout le monde sera d'accord avec ça. (Remarque.) Et puis une diminution significative de la circulation et du bruit routier; de ce qu'on a entendu durant ce débat... (Remarque.) ...tout le monde était à peu près d'accord pour dire que toutes les communes en souffrent et que ça ne sert à rien de résoudre un problème à un endroit pour le déplacer à un autre. Il y a donc un problème structurel, à la fois de circulation et de bruit.

Mesdames et Messieurs, il faut être cohérent ! Cette pétition ne demande que ça - pas de supprimer la voiture, pas de mettre des vélos partout. Elle dit ok au Conseil d'Etat pour les aménagements, mais sans plus de circulation et avec moins de bruit routier. Pour rappel aussi, la pétition est peut-être portée par deux élues Vertes, mais 715 habitantes et habitants l'ont signée; pour des partis qui, traditionnellement, rappellent l'importance de la démocratie et de la voix populaire, je trouve assez dénigrant de ramener ces 715 signatures à celles d'une ou deux personnes d'un parti politique qui ont porté la pétition.

Enfin, M. Bläsi semblait interroger les possibilités de développement s'il n'y a pas d'accès pour les voitures; mais Monsieur Bläsi, il est possible de développer des zones industrielles en y amenant les gens non avec des véhicules motorisés, non avec des voitures, mais avec d'autres moyens de transport ! (Exclamations. Commentaires.) Et c'est peut-être tout l'enjeu dans le cadre d'un développement équilibré, où personne ne veut supprimer totalement la voiture, mais où il va falloir trouver des aménagements pour que des zones se développent avec des moyens de transport collectifs qui réduiront la circulation. Nous vous invitons donc à renvoyer cette pétition pétrie de bon sens au Conseil d'Etat qui, dans sa sagesse habituelle, saura en faire bon usage. Merci. (Rires. Remarque.)

Le président. Merci, Monsieur le rapporteur de minorité. La parole va maintenant à... (Brouhaha.) Dans un silence un peu plus prononcé, si possible, je rends la parole au rapporteur de majorité, M. Stéphane Florey, pour trois minutes sept.

M. Stéphane Florey (UDC), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Pour la majorité, le plan climat cantonal est largement respecté, surtout qu'il ne dit pas qu'on doit axer toutes les mesures possibles contre les véhicules motorisés - c'est la première chose. Vous transmettrez à Mme Bayrak, et elle saura pourquoi... (Remarque.) Pardon ? (Remarque.)

Des voix. Mme Macchiavelli.

M. Stéphane Florey. Non, non ! Je reprends. (Rires.) Monsieur le président, vous transmettrez à Mme Bayrak, qui saura pourquoi je dis ça: contrairement à ce qu'elle a déclaré dans «Le 12h30», elle a là un bel exemple de gesticulation politique puisque c'est finalement de cela qu'il s'agit. Nous avons bel et bien une pétition qui provient du parti des Verts et non des habitants; ce parti, au niveau communal, n'a visiblement aucune connaissance de ce qui se passe véritablement dans sa commune et il n'y a par ailleurs mené aucune action politique, au Conseil municipal, pour dénoncer le programme en matière de mobilité. Je vous recommande donc une nouvelle fois de suivre les conclusions de la commission des pétitions en déposant cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.

M. Serge Dal Busco, président du Conseil d'Etat. Mesdames les députées, Messieurs les députés, vous en conviendrez, le Conseil d'Etat n'a pas vraiment besoin qu'on lui envoie des pétitions pour faire preuve de sagesse. (Rires.) Dans le cas d'espèce à tout le moins, ce que je viens de dire est parfaitement justifié au vu des objectifs de cette pétition - M. le rapporteur de minorité les a rappelés: diminuer le trafic et le bruit. Eh bien il ne vous aura pas échappé que c'est précisément la politique qu'on essaie de mettre en oeuvre dans ce canton. (Remarque.) Mais oui ! La stratégie du bruit, par exemple, que d'aucuns décrient ou voudraient que l'on n'applique pas - il me semble que des textes déposés dans ce parlement demandent cela -, vise en effet tout simplement à ce que les normes fédérales en matière de protection contre le bruit routier soient respectées. Il y a plus de 120 000 personnes qui, à Genève, vivent dans des endroits où les normes de bruit ne sont pas respectées - pas seulement à Vernier d'ailleurs, mais un peu sur tout le territoire cantonal. Voilà donc la politique du Conseil d'Etat et, vous en conviendrez, les oreilles ne sont ni de gauche ni de droite: elles sont simplement sensibles !

Deuxième élément dans ce secteur du canton: la diminution du trafic. Mais c'est exactement aussi ce qu'on cherche à faire ! Et on le fait de manière intelligente, de manière à favoriser ce qu'on appelle le transfert modal: un projet de bus à haut niveau de service est en cours d'élaboration - et même très avancé - sur l'axe qui depuis le centre-ville va jusqu'à Vernier, jusqu'à la ZIMEYSA. C'est d'ailleurs un des projets qui, comme le tram en direction du Grand-Saconnex, a été repêché dans le cadre du projet d'agglomération 3. Il permet de développer, sur cet axe-là, une offre de transports en commun qui vise à diminuer d'environ 40% le trafic automobile - c'est-à-dire un transfert modal de 40%; il y aurait évidemment des pistes cyclables et des itinéraires de mobilité douce également. Voilà donc la stratégie.

Maintenant, s'agissant de cet ouvrage, de ce tracé que d'aucuns qualifient d'autoroute - ou même d'élargissement d'autoroute, ai-je entendu tout à l'heure -, on a évoqué des pics de bruit à 170 décibels ! C'est une exagération totale puisqu'on fait plus que doubler les chiffres: en l'occurrence, dans le secteur de l'école de Balexert, ils sont de l'ordre de 70 décibels. Et puis il n'est pas question de doubler la capacité de la ceinture urbaine ou de la moyenne ceinture ! Il y a d'ailleurs peut-être un problème de temporalité avec cette pétition, puisque - on l'avait mentionné lors des auditions et le magistrat verniolan qui était auditionné l'a lui-même indiqué - des discussions ont eu lieu avec la commune de Vernier pour précisément contenir et même stabiliser le trafic, voire le diminuer à terme, sur cette ceinture urbaine. Vous le voyez donc, si les demandes de cette pétition ne sont aujourd'hui pas complètement satisfaites - d'ailleurs la ceinture urbaine n'est pas encore en fonction -, elles coïncident en tout cas avec notre objectif: un objectif de maîtrise, voire de diminution du trafic de manière globale.

D'aucuns ont évoqué des problèmes de bruit et de trafic ailleurs dans le canton, qui sont absolument réels et qui nous préoccupent - on travaille d'ailleurs là-dessus; la globalité du problème provient finalement du fait qu'il y a trop de voitures et trop de trafic individuel motorisé sur l'ensemble du canton. C'est l'évidence même ! Il faut vraiment qu'on arrive à faire ce constat... (Remarque.) Il faut qu'on arrive à faire ce constat: il y a, la plupart du temps, une seule personne dans une voiture et ce n'est pas le fait des seuls véhicules immatriculés en dehors du canton ! C'est pratiquement le fait de tous les véhicules dans ce canton. C'est donc ce qu'il faut... Diminuer par exemple l'impôt sur les véhicules à moteur - le diviser par deux - ne va certainement pas aller dans le bon sens non plus. (Remarque.) Absolument, Monsieur Florey ! Vous prônez effectivement toujours la cohérence, mais malheureusement, lorsqu'on regarde dans le détail, elle est rarement présente dans les propositions que vous faites. (Remarque.)

Le président. S'il vous plaît ! Veillez à ne pas interrompre le conseiller d'Etat pendant sa prise de parole: vous avez largement eu le temps de vous exprimer. Poursuivez, Monsieur le président.

M. Serge Dal Busco. Merci, vous êtes bien aimable, Monsieur le président. En conclusion, Mesdames et Messieurs, j'ai pris un peu du temps qui m'était gracieusement mis à disposition par votre président pour simplement rappeler la politique que nous entendons mener. Elle va parfaitement dans le sens des engagements que le Conseil d'Etat a pris, notamment en lien avec le plan climat, et respecte la loi. La loi fédérale, bien sûr, mais également la loi cantonale, Mesdames et Messieurs, la LMCE...

Des voix. Ah !

M. Serge Dal Busco. ...acceptée à 68% - 68% ! Je m'étonne là aussi que d'aucuns veuillent abroger un texte approuvé il y a six ans à peine par une large majorité; on peut s'interroger sur le respect de la volonté populaire. Bref, vous voyez que le Conseil d'Etat mène une politique cohérente et qu'il n'est nul besoin, vous l'aurez compris, de lui renvoyer cette pétition dans le cas d'espèce; vous en êtes certainement toutes et tous convaincus après les paroles que je viens de vous adresser. Je vous invite donc à suivre la majorité de la commission et à déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Merci.

Le président. Merci, Monsieur le président du Conseil d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, la parole n'étant plus demandée, je vous invite à vous prononcer sur les conclusions de la majorité de la commission des pétitions.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 2117 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 49 oui contre 39 non (vote nominal).

Vote nominal