Séance du vendredi 13 mars 2015 à 17h05
1re législature - 2e année - 3e session - 17e séance

IN 153-C
Rapport de la commission des transports chargée d'étudier l'Initiative populaire 153 : Initiative Cornavin "Pour une extension souterraine de la gare"
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session I des 22, 23 et 29 janvier 2015.
Rapport de M. Pascal Spuhler (MCG)

Débat

Le président. Nous abordons le premier point fixe de notre ordre du jour qui est l'IN 153-C. Je rappelle que nous sommes en catégorie II, soixante minutes. (Un instant s'écoule. Remarque.)

M. Pascal Spuhler (MCG), rapporteur. Mais il ne m'a pas donné la parole !

Le président. Je vous passe la parole, Monsieur le rapporteur.

M. Pascal Spuhler. Merci, Monsieur le président, c'est gentil. J'attendais votre feu vert ! Mesdames et Messieurs les députés, ce n'est pas sans fierté que je présente ce rapport aujourd'hui parce que c'est peut-être la première fois, et il faut le souligner, que s'exprime une unanimité aussi forte s'agissant d'une initiative, surtout dans le domaine des transports ! Vous savez tous à quel point des positions très tranchées opposent les partis ici présents. Or là, ô miracle, nous avons trouvé une harmonie autour de cette initiative déposée par le Collectif 500, qui se bat bec et ongles depuis quelques années pour défendre le quartier des Grottes et le principe d'une extension souterraine de la gare Cornavin. C'est en effet après une audition du Collectif 500 que l'entier de la commission a décidé de soutenir le principe d'inscrire dans la loi l'extension en souterrain de la gare Cornavin. Pourquoi en souterrain et pourquoi cette idée nous a-t-elle plu ? Tout simplement parce qu'en 2050 ou 2070, Mesdames et Messieurs, lorsqu'il faudra étendre la gare encore davantage, il y aura déjà de la place en souterrain et on pourra éventuellement imaginer une annexe en surface s'il n'y en a pas assez alors que si on commence aujourd'hui par un projet en surface, il faudra de toute façon passer à une version souterraine un jour ou l'autre; c'est donc déjà une question de logique.

Maintenant, d'aucuns tiquent sur le coût. Soit, il y a une petite différence de coût s'agissant de ce qui nous est proposé, mais tout est relatif et aléatoire: pour rappel, Mesdames et Messieurs, on nous a vendu le CEVA pour 1 milliard alors qu'on approche largement les 2 milliards à l'heure actuelle ! On peut donc difficilement se baser sur un prix ou un budget de base lors de constructions aussi importantes. Mesdames et Messieurs, l'idée de cette initiative est d'inscrire dans la loi le principe de l'extension, et je voudrais encore une fois saluer l'initiative citoyenne du Collectif 500, qui n'est pas une bande de farfelus comme on aurait pu le croire au départ... (Brouhaha.)

Le président. Monsieur le rapporteur, juste un instant, s'il vous plaît !

M. Pascal Spuhler. Bien sûr, Monsieur le président.

Le président. Puis-je demander à l'assemblée de faire silence ? Merci. Poursuivez, Monsieur Spuhler.

M. Pascal Spuhler. Je disais donc, Monsieur le président, qu'il ne s'agit pas d'une bande de farfelus comme certains voulaient le laisser croire au départ, notamment le mastodonte que représentent les CFF. Il s'agit de citoyens qui, avec une grande volonté, ont démarché, déposé des pétitions - ils ont aussi été soutenus par une motion - et réussi à réunir une grande majorité de ce parlement à plusieurs reprises. Ils ont rendu visite aux partis pour leur présenter le projet et leur expliquer les pourquoi et les comment de cette solution souterraine. Cela a abouti à l'initiative 153 que l'entier de la commission a soutenue, et je demande à ce parlement de voter également à l'unanimité le soutien à cette initiative. Merci, Monsieur le président.

Le président. Je vous remercie, Monsieur le rapporteur. Je salue à la tribune Mme Stéphanie Ruegsegger, ancienne collègue et députée PDC ! (Applaudissements.) La parole revient maintenant à M. le député Bernhard Riedweg.

M. Bernhard Riedweg (UDC). Merci, Monsieur le président. Notre infrastructure ferroviaire saturée doit être adaptée à l'évolution des besoins économiques de notre canton et de sa région. Nous sommes bien conscients que Genève a accumulé un retard de près de trente ans dans ses projets ferroviaires. Au début, les CFF avaient prévu un projet d'extension de la gare Cornavin en surface. Mais avec un coût de construction estimé entre 1,3 et 1,5 milliard, sans compter les frais de réaménagement du quartier - ces chiffres ont été confirmés par une étude neutre de l'EPFL et d'un bureau zurichois - et la destruction de 385 logements à loyer modéré qu'occupent 755 habitants ainsi que des commerces employant 26 collaborateurs, ce projet serait tributaire de nombreuses oppositions retardant le début des travaux.

Finalement, les CFF ont accepté d'étudier la variante d'un agrandissement souterrain de la gare Cornavin proposée par le Collectif 500 au travers d'une initiative populaire cantonale, dont le coût est estimé entre 1 et 1,2 milliard. Cette solution d'une gare souterraine à deux voies permet une cadence des trains plus élevée et évite la construction de deux sauts-de-loup... de deux sauts-de-mouton, pardon ! (Exclamations.) ...très onéreux... (Commentaires.) Deux sauts-de-mouton très onéreux auraient dû être construits si le projet d'extension de la gare en surface avait été retenu. En outre, la variante de la gare souterraine préserve tout un quartier de la démolition et du relogement, engendre peu de nuisances et prévoit la possibilité d'une extension future à l'horizon 2050. Selon le Collectif 500, cette option a le soutien de l'Office fédéral des transports, des CFF, de la Ville de Genève et du Conseil d'Etat. La Confédération est disposée à prendre 1 milliard à sa charge; le solde de cet investissement, soit le préfinancement de 200 millions environ, doit être du ressort de la Ville et du canton. Le projet d'une gare en souterrain a été estimé meilleur marché pour nos collectivités publiques, mais de nouveaux devis plus précis sont en cours d'élaboration.

Faut-il rappeler que le 9 février 2014, les citoyens et citoyennes du canton ont voté à 76% en faveur du projet de financement et d'aménagement de l'infrastructure ferroviaire au niveau suisse ? Le Grand Conseil doit soutenir cette initiative consistant en un agrandissement souterrain de la gare Cornavin, ce qui permettra de conserver les quartiers de Sécheron, des Grottes, de la Servette et de Saint-Jean. Cette initiative permet aux citoyens de prendre part à ce débat important pour Genève et de s'assurer ainsi la gestion de leurs moyens de transport. Mesdames et Messieurs les députés, l'UDC vous demande d'accepter avec enthousiasme l'IN 153, comme cela a été le cas en commission. Il ne s'agit pas de voter un projet technique mais d'adopter un principe. Merci, Monsieur le président.

M. Rémy Pagani (EAG). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, tout le monde se félicite de cette initiative aujourd'hui et j'imagine que l'unanimité va être atteinte dans ce parlement, mais quel combat n'a-t-il pas fallu mener pour en arriver là ! Il s'est d'abord agi de faire prendre conscience aux gens que les CFF ne sont pas les maîtres à Genève en ce qui concerne le transport ferroviaire et que c'est au canton de prendre son avenir en main. On s'est d'ailleurs aperçu que le CEVA, qui est en train d'être construit, ne pourrait pas être cadencé aux quinze minutes. Voilà qui est tout de même incroyable quand on pense à tout l'argent qu'on y met aujourd'hui et qu'on y mettra encore pendant quelques années; personne n'a pensé à donner la possibilité de cadencer aux quinze minutes cette liaison ferroviaire qui nous aura coûté aussi cher ! De plus, si l'Etat avait réellement pris le leadership en ce qui concerne cette infrastructure, colonne vertébrale de notre canton, de notre région, de notre agglomération, nous n'en serions peut-être pas là. C'est le passé, soit.

Je tiens à relever par ailleurs les prises de position d'autres conseillers d'Etat précédant M. Barthassat, qui me traitaient non seulement de «Nein-Sager», mais aussi de mauvaise herbe. J'ai même dû me lever et partir en plein milieu d'une séance pour protester contre ce genre d'attitude lamentable de la part du Conseil d'Etat. Toujours est-il que je me félicite comme vous d'avoir enfin des résultats concrets aujourd'hui, notamment la mise à disposition de fonctionnaires compétents sur ces problématiques ferroviaires, en particulier sur celle de la gare souterraine à Cornavin. Je vous rappelle qu'il était question de raser purement et simplement 380 logements bon marché ! Il n'en est plus question maintenant, et je m'en félicite. Non seulement il n'en est plus question, mais on s'est aperçu au fil des discussions... Je tiens d'ailleurs à remercier vivement le Collectif 500 et ses représentants présents aujourd'hui à la tribune pour les efforts qu'ils ont fournis... (Applaudissements de M. Pierre Vanek.)

Le président. Merci, Monsieur Vanek.

M. Rémy Pagani. Grâce à eux, ce projet de gare souterraine est efficace et nous permettra non seulement d'économiser deux sauts-de-mouton mais aussi de cadencer le CEVA aux quinze minutes - on fera d'une pierre deux coups. En 2050, les gens qui seront chargés d'agrandir encore la gare souterraine se diront que les députés de 2015 et le Collectif 500 avaient compris qu'il était essentiel de construire une gare souterraine et de mettre en place les conditions pour qu'elle soit agrandie, ce qui sera le cas. Reste encore en suspens la question de la facture finale; le canton, la Confédération - je parle de l'Office fédéral des transports - la Ville de Genève ainsi que le conseiller d'Etat en charge des transports s'activent pour que cette facture soit la moins élevée possible. Je pense qu'il est tout à fait envisageable de réaliser une gare souterraine dans des conditions qui permettront une extension. Je me félicite comme vous du résultat de ce soir et souhaite encore bon vent - symboliquement, parce qu'il n'y en aura pas beaucoup - à cette gare souterraine. Merci de votre attention.

Mme Lydia Schneider Hausser (S). Mesdames et Messieurs les députés, au sein de ce parlement, beaucoup d'entre vous connaissent tous les éléments techniques de ce dossier; ils ont déjà été mentionnés tout à l'heure, je ne vais pas les répéter. Un peu de lumière en revanche sur le parcours de cette initiative, véritable aventure citoyenne: à Genève, on ne touche pas au jet d'eau, on ne touche pas à la Vieille Ville et on ne touche pas aux Grottes ! Ça, les CFF ne le savaient peut-être pas. Plus sérieusement, ce qui a tout d'abord motivé une grande partie de ce mouvement, hormis les logements qui allaient être rasés - c'était déjà là un bon élément moteur - c'est le manque de considération des CFF vis-à-vis de Genève avec leur projet en surface. Un projet de fin de ligne, un projet qui ne respectait pas la place que Genève doit occuper dans le dispositif ferroviaire. En tant qu'habitants mais également en tant qu'élus, il était difficile d'accepter la réponse des CFF à la question de savoir pourquoi leur solution était la meilleure: «Parce que !» C'était à peu près ça, leur réponse. Pour nous, ce n'était pas une bonne solution, et cela a en tout cas mobilisé les gens décidés à agir pour quelque chose de mieux.

Deuxièmement, le Collectif 500, qui est né en octobre 2011, n'est pas constitué de «Nein-Sager». Après avoir pris position et déclaré qu'il n'était pas possible d'accepter un projet en surface tel que celui-là, le collectif a dû se mettre au travail. Une kyrielle de propositions ont été lancées quant à l'emplacement potentiel d'une extension de la gare: à la Praille, à l'aéroport, dans les airs, sur et sous la place de Cornavin... Partout, partout, partout ! Il y a eu énormément de propositions, mais quand est arrivée l'idée de M. Graf d'une gare en souterrain, c'était évident pour tout le monde qu'il s'agissait du bon projet. C'est pour ça que le collectif mais aussi les techniciens mandatés par les CFF ont très vite pensé: «Oui, ce projet-là portera quelque chose de plus que celui présenté par les CFF.» Ensuite, en mars 2013, le Collectif 500 était partagé. C'était un moment de crise autour de la question: faut-il ou ne faut-il pas lancer une initiative ? Tout parlait en faveur d'une initiative. Mais les politiques et notamment nos représentants à Berne disaient que ce n'était pas le moment: «Une initiative, oui, mais attention !» Il y avait le FAIF, la peur. A ce moment-là, le Collectif 500 s'est octroyé quinze jours de réflexion. Ont eu lieu des discussions, des rencontres, des arguments pour et contre. Tout ceci pour déboucher, le 8 avril, sur le vote à l'unanimité du lancement de l'initiative.

Dernier point: l'initiative lancée, le Collectif 500 a été rattrapé par son succès parce que ce projet est devenu celui des Genevois. Preuve en serait, si elle était là aujourd'hui, la factrice du quartier, qui a dû organiser la façon dont le Collectif 500 allait réceptionner les multiples signatures qui arrivaient chaque jour. Passé 16 000 signatures en deux mois ! Je crois que ce qui doit nous motiver aujourd'hui, c'est l'élan qu'il y a eu à Genève, sans doute pour sauver les Grottes mais surtout pour trouver un bon projet ferroviaire, pour trouver la meilleure solution pour le futur. Acceptons cette initiative pour que Genève ait une gare du futur en souterrain ! Merci beaucoup.

Mme Lisa Mazzone (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, c'est avec un enthousiasme intarissable que les Verts apportent aujourd'hui leur soutien à cette initiative, qui présente une véritable vision de Genève: une Genève populaire, vivante, tournée vers la mobilité durable. Nous souhaitons en premier lieu relever l'engouement du Collectif 500 qui a brillamment mené cette démarche citoyenne et créé une belle dynamique de proximité en réunissant habitantes et habitants mais aussi l'ensemble de la population genevoise autour d'un projet de développement souterrain d'une gare et de préservation d'un quartier.

Il y a en effet deux aspects dans cette initiative: d'une part, la nécessité de développer le rail pour permettre d'apporter une vraie offre en transports collectifs de façon durable et extrêmement efficace. Cette initiative appuie cet aspect, et nous tenons à noter le plébiscite populaire en faveur du fonds d'infrastructure ferroviaire en février de l'année dernière, qui va totalement dans le même sens. D'autre part, la préservation d'un quartier populaire emblématique de Genève, qui constitue à la fois notre histoire et notre avenir et qui a vu naître tant d'initiatives citoyennes et associatives. Il va de soi qu'on ne détruit pas des habitations quand il y a d'autres solutions, en tout cas pour nous, à moins qu'on ne tente de faire de la spéculation immobilière - mais je ne me permettrais pas de prêter ce genre d'intentions à l'irréductible PLR qui prendra la parole après moi ! (Rires. Commentaires.) D'accord, il y a le PDC avant, mais il y aura un PLR, je vous le promets. Il viendra, son heure viendra !

Par conséquent, nous tenons à soutenir cette initiative en faveur du maintien d'un quartier et de ses habitations de même qu'à privilégier une solution d'avenir puisqu'on sait que même avec l'ajout de deux voies, la gare sera de toute façon saturée d'ici 2050 et qu'il s'agira de trouver de nouvelles solutions à ce moment-là. Autant dire qu'en surface, ce ne sera pas possible. Opter pour la gare souterraine, c'est donc aussi voir plus loin et c'est, je l'espère, ce que souhaite l'ensemble de notre parlement. Je vous remercie.

M. Bertrand Buchs (PDC). Il est clair que le parti démocrate-chrétien va voter pour cette initiative, comme tous les groupes présents dans cet hémicycle, je pense. C'est quand même une belle histoire parce que quand on a entendu le premier projet défendu par les CFF et qu'on a évoqué la possibilité de construire la gare en souterrain, la réponse des CFF était très claire: «Impossible, inimaginable, complètement idiot !» Le fait que des gens se soient battus pour prouver qu'ils avaient raison est un grand message politique pour nous tous et montre que des solutions peuvent être portées par l'entier des partis politiques et de la société civile. Arrêtons de nous battre sur la mobilité, on peut trouver des projets qui conviennent à tout le monde. On a en partie trouvé un consensus avec le CEVA, on en trouve un aujourd'hui avec la gare Cornavin. D'autres projets peuvent être soutenus, et il faut pour cela écouter la société civile, prendre en compte ce qu'elle dit. En l'occurrence, cela a démontré que le système politique suisse peut bien fonctionner puisqu'il est possible de déposer des initiatives qui font changer d'avis tous les partis politiques. La proposition de gare souterraine était bien défendue, le projet tenait la route et les CFF ont été obligés de l'étudier et de reconnaître que c'était un excellent projet. C'est vraiment une belle histoire et je vous remercie de voter pour cette initiative.

M. Daniel Sormanni (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, ouf ! Genève ne sera plus la seule gare de Suisse ou en tout cas d'importance à ne pas être souterraine. On ne peut que remercier le Collectif 500 d'avoir activé les choses grâce à son initiative, qui a finalement permis de fédérer l'entier de ce Grand Conseil, et cela mérite d'être relevé. Avec cette solution, on épargne aussi près de quatre cents logements à loyer modéré du côté du quartier des Grottes. C'eût été une erreur de devoir les démolir, et je pense que nous allons vers une bonne solution avec cette gare souterraine.

Mesdames et Messieurs, peut-être avons-nous manqué le coche, mais pour développer les transports publics si chers à nos adversaires de l'Alternative, à la place de les mettre en surface, n'aurait-il pas fallu penser à les mettre en sous-sol ? A Lausanne, on a construit un métro; sommes-nous incapables d'en faire autant à Genève ? Je pense que c'est une erreur et que la stratégie consistant à remplir les voies de circulation de transports publics pour empêcher les voitures de passer n'aboutit qu'à la guerre des transports que nous vivons aujourd'hui à Genève et finalement au blocage de la circulation, et c'est une erreur. Réfléchissez à faire davantage de choses en souterrain, c'est possible ! Là, c'est déjà une première étape et j'espère qu'il y en aura d'autres. C'est notamment la raison pour laquelle nous soutiendrons cette initiative.

Une voix. C'est bien !

M. Benoît Genecand (PLR). Mesdames et Messieurs, vous connaissez mon scepticisme quant à tout cet exercice; le concert de louanges et le fait que certains d'entre nous sont déjà en train de couper le ruban avant même d'avoir sinon lancé le premier coup de pioche, du moins gagné le premier franc nécessaire au paiement de cette gare, ne fait que le renforcer. Je suis pour la gare souterraine, le PLR est pour la gare souterraine, le Collectif 500 est pour la gare souterraine. Il n'y en a qu'un seul qui, à mon avis, ne fait pas son travail pour l'instant, c'est ce parlement. S'il était sérieux dans sa volonté de construire une gare souterraine, il aurait dû prendre le temps d'étudier la question de manière approfondie. Or que fait-il ? Il précipite les travaux de commission, ne fait aucune audition et revient en plénière à la hâte parce qu'on est en pleine période électorale et qu'il serait évidemment dommage de passer à côté de l'occasion de se féliciter avec 16 000 signataires !

Il revient donc en plénière mais qu'a-t-il eu dans l'intervalle ? Aucune information supplémentaire. L'année passée déjà, on savait que ce serait plus ou moins 1,2 milliard à 50%, mais on ne sait toujours pas aujourd'hui combien ce sera exactement. Un rapport aurait dû être rendu à la fin de l'année, mais on l'attend encore. Je pense que certains dans cette salle ont déjà vu les projets de rapport, et j'attends d'ailleurs avec impatience que M. Barthassat nous donne des détails sur ce qui se passe. Ma conviction, c'est que ce ne sera pas 1,2 milliard mais beaucoup plus. Ce n'est peut-être pas un problème. Mais je demande quand même ce qu'un parlement comme le nôtre est en train de faire: on n'est pas en train de voter le budget alors qu'il faudrait tout de même en voter un pour construire cette gare. On est en train de dire aux gens qui ont lancé le travail citoyen qu'on va faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réaliser ce projet. Or qu'est-ce qu'on commence par faire ? On n'attend même pas les informations pour se prononcer ! Notre oui n'aurait-il pas davantage de poids si on avait attendu un rapport, lequel nous informerait peut-être qu'il ne s'agit plus de 50% mais de 20% ou de 30% ? Et s'il s'agit au final de 1,6 milliard à 30% et qu'on dit à ce moment-là qu'on va faire tout ce qu'on peut, ça a plus de poids que de le dire la tête dans le sac, Mesdames et Messieurs !

Pourquoi est-ce que je dirais non ? Pas parce que je suis contre la gare souterraine, certainement pas; pas non plus parce que je m'oppose à ce que des citoyens fassent valoir leurs droits, mais tout simplement parce que je pense que nous faisons un travail superficiel, et c'est le cas de le dire: en l'occurrence, ce n'est pas un travail approfondi et cette gare, qui est le projet de la décennie voire du siècle, mérite beaucoup mieux de la part de notre parlement.

Une voix. Bravo ! (Quelques applaudissements.)

M. Thomas Wenger (S). Mesdames et Messieurs les députés, tout d'abord, je suis assez rassuré d'entendre notre collègue Benoît Genecand parler du projet du siècle; on peut ainsi espérer que la traversée autoroutière du lac ne sera pas construite durant ce siècle, ce qui me paraît déjà une bonne nouvelle ! J'aimerais aussi rappeler, c'est vraiment à souligner, qu'il y a eu une unanimité à la commission des transports, et on félicite encore une fois le Collectif 500 d'avoir réussi à instituer cette unanimité à force de combats, comme l'a rappelé M. Pagani. Cette unanimité est belle parce que l'initiative parle d'un principe, celui d'une gare en souterrain. Nous allons bientôt recevoir le projet de loi du Conseil d'Etat sur le crédit que représentera la part genevoise. Je vous rappelle encore que le 9 février 2014, la population a accepté à 76% le projet de financement et d'aménagement de l'infrastructure ferroviaire - le FAIF - qui permettra d'injecter 790 millions de francs dans l'extension en souterrain de la gare Cornavin. Maintenant, Genève doit aussi apporter sa contribution et j'espère qu'il y aura encore une belle unanimité pour voter les crédits sur cette extension. D'ailleurs, s'agissant de crédits, je remarquerai pour finir, parce que je crois qu'il ne me reste plus beaucoup de temps, que certains PLR, notamment M. Genecand - vous transmettrez, Monsieur le président - prennent beaucoup moins de précautions quand il s'agit des 4 milliards que va nous coûter la fameuse traversée autoroutière du lac ! Merci beaucoup. (Quelques applaudissements.)

M. Serge Hiltpold (PLR). Au nom de mon groupe, j'apporte un petit complément à l'intervention de Benoît Genecand. Nous sommes tous conscients que le CEVA sera la colonne vertébrale des transports ferroviaires à Genève; c'est la même chose pour la gare. Le parlement doit maintenant se poser les bonnes questions et tirer des leçons de son expérience dans le dossier du CEVA, notamment en posant un regard critique sur les coûts. Je partage complètement l'analyse de Benoît Genecand et le regard critique qu'il nous demande d'avoir, surtout dans le cadre de la mise au concours des soumissions, des appels d'offres et du cahier des charges. Il faut donner la possibilité aux entreprises locales, régionales et suisses de travailler sur ces marchés. C'est le rôle de ce parlement de faire en sorte que la manne des grosses infrastructures revienne à la région.

Ce que je suggérerais, c'est d'aller dès le départ dans la direction de ce qui a été fait avec le CEVA, à savoir de constituer directement un comité de pilotage sur ce dossier. En effet, on a vu que ce comité de pilotage avait fait un travail intéressant, et je suis également rassuré de savoir que l'ingénieur cantonal a rejoint les CFF, je pense qu'il a l'expérience requise pour pouvoir mener ces dossiers depuis cette régie fédérale. Ce que je demande avant tout au parlement, c'est d'avoir un regard attentif et pas naïf dans ce dossier. Nous sommes évidemment pour cette gare, mais notre travail consistera à contrôler la mise en soumission et le cahier des charges. On peut imaginer toutes les possibilités qu'on veut, si le cahier des charges n'est pas correct au départ, il y aura forcément des dépassements de crédit et nous serons bien mal de devoir les voter.

Une voix. Bravo !

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à Mme la députée Danièle Magnin... qui n'est pas là. Je la passe donc à M. Bertrand Buchs.

M. Bertrand Buchs (PDC). Merci, Monsieur le président. Juste une remarque: on vient d'entendre que la commission des travaux avait traité ce projet avec précipitation...

Une voix. Des transports !

M. Bertrand Buchs. Pardon, la commission des transports ! Honnêtement, ce n'est pas vrai. S'il a été procédé à peu d'auditions sur cette initiative, c'est parce qu'on avait déjà auditionné tout le monde avant sur une motion et une pétition: on avait entendu les CFF, le département, le Collectif 500, la Ville de Genève, etc. Tout le monde avait donc déjà été entendu, et la commission a simplement décidé de ne pas procéder une nouvelle fois à des auditions qui avaient déjà été menées, sachant que les gens allaient répéter les mêmes choses. C'est du simple bon sens !

Ce soir, on vote un principe, le principe d'avoir une gare en souterrain. Après, il est clair qu'on va devoir se décider sur des crédits, on va devoir les étudier et en discuter. Des commissions vont sans doute encore se réunir et on abordera ces crédits avec sérieux. On est obligé de partir du début et de se demander ce qu'on veut. On veut une gare; on est obligé d'agrandir la gare Cornavin, on n'a pas le choix. Alors qu'est-ce qu'on veut ? Comme l'a très bien relevé M. Spuhler, on doit agrandir cette gare parce qu'il faut que les trains du CEVA puissent circuler, tout comme d'autres trains. Il y aura un développement différent des lignes ferroviaires à Genève, des liaisons vont probablement être établies différemment entre la gare et l'aéroport, peut-être même qu'une voie partira de l'aéroport pour aller directement à Versoix. Tout le trafic ferroviaire va changer à Genève ! Il va donc falloir développer une gare en souterrain et pas à la surface, c'est ce qu'on vote ce soir. Je ne pense pas que nous soyons en train de prendre des décisions rapides, sans réfléchir. Je vous rappelle qu'on vient de voter aux extraits 506 millions pour les EMS, et personne n'a pris la parole. Je vous remercie.

M. Thomas Bläsi (UDC). Messieurs les députés, je voudrais réagir aux propos de M. Wenger. Je siège avec M. Genecand depuis bientôt sept ans; vous n'êtes que très peu qualifié, Monsieur, pour juger de sa prudence. Nous avons besoin de son type de profil et justement de sa prudence pour pouvoir aborder ce genre de dossier. Merci, Monsieur le président.

M. Michel Amaudruz (UDC). Tout a été dit, mais je voudrais juste ajouter quelque chose en prolongement de ce qu'a souligné M. Hiltpold quant à la préparation de ce dossier. Chacun est acquis à l'idée de la gare souterraine, l'historique a été fait, on ne va pas y revenir. Il faut regarder un peu vers l'avant. Mme Doris Leuthard s'amusait beaucoup - comme vous le savez, elle aime bien Genève et il lui plaît de se rendre au Salon de l'auto - des disputes genevoises au sujet de cette gare, ce qui lui permettait d'allouer ses crédits ailleurs. Or dans le cadre de l'étude de ce dossier, il serait important voire primordial de mettre en place une coordination entre notre parlement et les forces politiques genevoises à Berne pour que celles-ci soient toutes présentes le jour des votes et fassent entendre notre point de vue. N'oublions pas que la Confédération intervient malgré tout pour un large montant dans la réalisation de cet ouvrage. Je vous remercie, Monsieur le président.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Roger Deneys pour quarante secondes.

M. Roger Deneys (S). Merci, Monsieur le président. Vous transmettrez aux préopinants PLR et UDC que si cette question semble traitée rapidement par ce Grand Conseil, il faut quand même bien réaliser qu'on se trouvait face à un projet déjà commencé du côté des CFF et qu'il a fallu agir très vite. Rien que pour cette raison, la décision rapide, la plus rapide possible, de ce Grand Conseil est nécessaire, et tant mieux si elle est unanime. Je relèverai simplement, dans la suite des propos de M. Amaudruz, que la première réaction des élus genevois à Berne était de déclarer qu'on voulait une nouvelle gare à Cornavin, mais sans préciser qu'on voulait une gare souterraine !

Le président. Il vous faut conclure.

M. Roger Deneys. C'est aussi ça, le problème, Mesdames et Messieurs les députés: nous n'avons pas été cohérents pour défendre une gare souterraine tout de suite !

Mme Lisa Mazzone (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, par rapport à ce qui a été dit précédemment, je tiens à relever que, pour une fois, nous avons une vision ainsi qu'un projet, et non un seul porte-monnaie à gérer. On nous brandit toujours la menace budgétaire mais, comme vous l'aurez remarqué, c'est une préoccupation à géométrie extrêmement variable. Quand il s'agit de dépenser ou de projeter des milliards - on parle de 5 voire 9 milliards pour la traversée du lac - on n'est pas très regardant sur les finances; par contre, quand il s'agit de mettre en oeuvre un projet ambitieux pour Genève, une nouvelle vision du développement du rail, la préservation d'un quartier et de l'histoire de Genève, on se retrouve soudain à compter nos derniers kopecks. Je vous invite donc à poursuivre cette vision, à être conséquents et à concrétiser cet enthousiasme, dont je me réjouis beaucoup, par un vote des crédits ad hoc afin de réaliser cette gare en souterrain.

M. Pascal Spuhler (MCG), rapporteur. Mesdames et Messieurs les députés, vous l'aurez compris: il y a unanimité. On nous a fait un petit discours sur la partie technique et même historique. D'aucuns montrent maintenant une certaine prudence quant à ce projet. Mais, Mesdames et Messieurs, M. Buchs m'a ôté les mots de la bouche: ce n'est pas le projet que nous votons ce soir, mais le principe législatif de réaliser une extension souterraine. Je vous rassure, Messieurs du PLR, nous serons aussi là pour étudier attentivement le projet des points de vue financier et technique une fois qu'il sera présenté. Aujourd'hui, nous votons sur un principe qui a été porté par le Collectif 500 et a plu à tous les députés ici présents de même qu'à tous les partis de Genève, et je vous demande ce soir de ne pas toucher à mes Grottes et de voter cette initiative 153.

M. Luc Barthassat, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, cette initiative me rappelle quelques souvenirs car j'avais été invité il y a quelques années déjà à rencontrer le Collectif 500 et les pétitionnaires pour discuter de ce même sujet. Je crois qu'il faut oser dire les choses: à l'époque, dans les rangs de ce Grand Conseil et même au sein du gouvernement, on n'a pas beaucoup écouté ces gens. J'avais eu la chance - je dis bien la chance ! - de rencontrer M. Graf, qui m'avait expliqué sa vision d'une gare en souterrain, et avais donc porté le sujet lors de l'une des séances du Conseil d'Etat avant les sessions de Berne. Déjà bien avant de déposer cette initiative, le souhait du Collectif 500 était de pouvoir rencontrer la Ville, le canton et les CFF en même temps afin de leur exposer cette vision des choses, que certains avaient déjà pu voir au coin d'une table ou sur un bout de papier.

Aujourd'hui, Mesdames et Messieurs, la Ville, le Grand Conseil - du moins je l'espère, mais cela a l'air bien parti puisqu'il y avait unanimité en commission - et bien sûr le Conseil d'Etat soutiennent la version en souterrain. A Berne, tous les conseillers nationaux et aux Etats genevois, de pair avec nos voisins et amis vaudois, s'étaient ralliés autour du projet FAIF afin que la gare de Genève en fasse partie, ce qui avait bien entendu des répercussions sur les gares suisses de Lausanne à Saint-Gall. Par manque d'ouverture d'esprit des uns et des autres, le Collectif 500 avait lancé son initiative, ce qui avait suscité quelques craintes au sein de la députation genevoise à Berne: comme Mme Doris Leuthard allait de toute façon dans le sens d'octroyer ces fameux 800 millions pour la gare de Genève, les parlementaires avaient eu peur qu'on ne crée une genevoiserie de plus. Heureusement, Mesdames et Messieurs, tout le monde a pu s'entendre et se rassembler en commission, comme j'espère que ce sera le cas ici ce soir.

S'agissant de certaines réactions sur l'après de l'acceptation de cette initiative, on nous a demandé d'y porter un regard attentif et non pas naïf. Il est vrai, Monsieur Genecand, Monsieur Hiltpold, que nous devions présenter un rapport lors de la dernière session du mois de décembre de l'année passée; si cela n'a pas été fait, c'est justement parce que les services de la Ville de Genève, notamment ceux de M. Pagani, et les miens, ont le souci de porter un regard attentif sur tout ce qui se passe entre la Ville et le canton, qui - une fois n'est pas coutume, et j'espère qu'on pourra réitérer cette expérience - se sont alliés de manière très forte. Pas plus tard que la semaine passée, nous avons travaillé lors de séances soutenues avec l'OFT et les CFF pour pouvoir vous présenter ce rapport dans le courant de l'été - nous avions parlé du premier semestre. Même si cela devait prendre davantage de temps, nous serions toujours dans les temps pour 2025. Oui, nous sommes toujours dans les temps pour 2025, pour faire démarrer les travaux à temps. Voilà pourquoi je rappelle encore une fois ceci: unis avec M. Pagani, l'OFT et les CFF, nous sommes très attentifs quant à la poigne que nous donnons à ce dossier afin de ne pas nous faire avoir et devoir dépenser de l'argent de manière démesurée.

Pour ma part, Mesdames et Messieurs, je retiens ce soir cette belle unanimité et j'espère qu'elle se poursuivra lors de votre vote. Avec M. Pagani, puisqu'il siège ici aussi comme député, nous ne manquerons pas de revenir vers vous le plus vite possible - il ne faut pas perdre trop de temps - pour vous présenter un rapport et, à ce moment-là, nous aurons les chiffres en notre possession et pourrons vous expliquer tout le processus. A l'heure actuelle, même si je le voulais, je ne pourrais pas vous parler de ces chiffres, tout simplement parce que nous ne les connaissons pas encore. Les discussions sont en cours, les enquêtes que nous avons demandées et les études aussi; le budget sera examiné au plus près de sorte qu'il ne soit pas trop conséquent pour notre canton. Voilà, Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention et souhaite que vous votiez cette initiative à l'unanimité afin de continuer à montrer une belle image de notre canton.

Le président. Je vous remercie, Monsieur le conseiller d'Etat, et ouvre le scrutin.

Mise aux voix, l'initiative 153 est approuvée par 83 oui contre 3 non et 6 abstentions. (Applaudissements.)

Le Grand Conseil prend acte du rapport de commission IN 153-C.