Séance du
jeudi 25 avril 2013 à
17h
57e
législature -
4e
année -
7e
session -
40e
séance
R 727
Débat
Le président. Nous traitons maintenant la première urgence, soit la R 727, et je cède ma place à M. le vice-président Antoine Droin.
Présidence de M. Antoine Droin, premier vice-président
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, je salue à la tribune M. Yvan Galeotto, ancien député. (Applaudissements.)
Nous entamons à présent le débat, qui est classé en catégorie II - trente minutes. La parole est à M. Eric Stauffer.
M. Eric Stauffer (MCG). Merci, Monsieur le président. Vous auriez pu octroyer une petite pause de cinq minutes après le vote du budget, parce que je vois que... (Brouhaha. Le président agite la cloche.)
Le président. S'il vous plaît, Mesdames et Messieurs ! Monsieur le conseiller d'Etat, un peu de silence, s'il vous plaît, qu'on puisse poursuivre nos travaux ! Je vous remercie. Reprenez, Monsieur Stauffer.
M. Eric Stauffer. Monsieur le président, je demande formellement une petite suspension de séance de cinq minutes, parce que franchement... (Exclamations. Commentaires.) ...les trois quarts des députés ne sont pas là.
Le président. Vous avez la parole, Monsieur Stauffer, et d'habitude vous savez vous faire entendre !
M. Eric Stauffer. Très bien. Mesdames et Messieurs, comme vous le savez, le Mouvement Citoyens Genevois est intervenu de manière assez virulente pour soutenir la remise en circulation sur le pont... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) C'est assez insupportable, donc moi je vous propose, puisque ça n'intéresse personne, de passer directement au vote, et je reprendrai la parole plus tard.
Mme Christina Meissner (UDC). C'est vrai que, après ce moment de travail intense concernant le budget, il est un peu difficile de se remobiliser pour parler de mobilité. Il s'agit en l'occurrence de rétablir un semblant de bon sens - au lieu de sens uniques - au niveau de la rue de l'Ecole-de-Médecine. Bon sens d'autant plus nécessaire au vu du soutien dont on a bénéficié de la fondation Wilsdorf - et Dieu sait si on lui en doit à Genève - et pas seulement pour la réalisation du pont à la place de la passerelle qui, je vous le rappelle, avait été construite par des militaires, en attendant qu'un jour, peut-être, nous nous résolvions à faire un pont... Cette fondation nous en a offert un magnifique. Les travaux à la rue de l'Ecole-de-Médecine pour accompagner ce pont ont été réalisés. Tout allait très bien. Et tout d'un coup, car ça allait trop bien - c'était probablement l'un des seuls endroits où l'on circulait à nouveau à Genève - il a fallu changer les choses et remettre des sens uniques, histoire que les gens tournent dans le quartier, fassent du bruit, embêtent le voisinage et se retrouvent dans les bouchons - comme d'habitude, me direz-vous. Or il n'est pas acceptable de faire miroiter une solution, de la faire tester par des citoyens, pour finalement leur retirer ce moment de bon sens et de bonheur qu'ils avaient connu à la rue de l'Ecole-de-Médecine. La pétition à ce sujet a eu un succès monumental auprès de tout le monde, et je suis sûre que, s'ils ne l'avaient pas déposée, les pétitionnaires auraient réussi à récolter encore plus de signatures.
Il est temps de cesser de faire et de défaire. S'opposer, mettre et remettre des barrières, on ne fait que ça en matière de mobilité à Genève; on n'arrête pas de défaire et de refaire les choses, c'est inacceptable. L'UDC dit qu'il faut d'abord privilégier la mobilité des citoyens genevois qui se trouvent à Genève et dans Genève, au lieu de mettre les priorités et l'argent sur des infrastructures de déplacement qui servent toujours plus à attirer des gens venant de plus en plus loin ou pouvant aussi s'installer de plus en plus loin. Car on claque l'argent et on fait des lignes royales au moyen de trams, de trains, etc., du côté de la France - que ce soit la Haute-Savoie ou le Pays de Gex - mais au niveau de la circulation urbaine des Genevois, eh bien non, pas de traversée de la rade, pas question surtout de faciliter la mobilité à l'intérieur de la ville, et à la rue de l'Ecole-de-Médecine, au secours, ça fonctionnait trop bien, il fallait absolument que ça cesse... Mme la conseillère d'Etat Künzler ainsi que M. Pagani se sont arrangés pour véritablement bien réussir leur coup. Dans ce cas-là, je ne vois qu'une solution, c'est de leur donner un message clair disant que ça ne va plus et de renvoyer ce texte directement au Conseil d'Etat.
M. Jacques Jeannerat (R). Comme le dit la première invite de cette proposition de résolution, il faut rétablir la circulation automobile dans les deux sens à la rue de l'Ecole-de-Médecine. Il s'agit là certes d'un axe secondaire, mais qui est quand même parallèle à une pénétrante très importante, à savoir la route des Acacias. Mme Meissner l'a dit, on a réalisé un joli pont et maintenant on met cette voie en sens unique, notamment parce qu'il y a un bus qui passe quatre fois par heure. Quatre fois par heure ! J'ai consulté l'horaire des TPG ! Alors je n'ai rien contre la ligne 27, c'est une belle ligne, magnifique, c'est très bien...
En commission des transports, on nous a dit que c'était à titre expérimental et qu'il fallait douze mois pour tirer les conclusions d'une expérience... Mais on n'a même pas attendu sept mois entre l'ouverture du nouveau pont et cette mesure ! Il y a donc deux poids, deux mesures ! Pire encore, on nous a dit qu'on avait fait quinze jours d'étude pour voir si on allait pouvoir aller tout droit ou tourner à droite après la petite rampe qui monte depuis le quai Ernest-Ansermet. Il y a donc deux poids, deux mesures, et j'ai l'impression qu'on se moque un peu du monde ! Madame la conseillère d'Etat, excusez-moi, mais j'ai le sentiment que la DGM a dérapé. Moi je vous demande de remettre de l'ordre dans la maison, car ça ne joue pas.
D'autre part, on nous dit depuis des années - ça fait onze ans et demi que je siège dans ce parlement - qu'il ne faut pas s'inquiéter en matière de circulation, que la Ville de Genève ne peut faire que des recommandations et que c'est l'Etat - la DGM - qui décide... Alors là j'ai l'impression que la DGM s'est mise non pas à genoux, mais à plat ventre devant la Ville ! La Ville demande tout et son contraire, on est contre le pont, pour le pont, etc. C'est la pagaille généralisée, et si le mot «pataquès» n'existait pas, la situation que nous vivons là permettrait de l'inventer ! La pétition, comme l'a dit Mme Meissner, montre qu'il y a un mécontentement non pas seulement des gens qui utilisent cette route le matin, mais également des commerçants et des habitants du quartier.
Le groupe PLR vous invite donc à adopter cette proposition de résolution qui vise à rétablir la circulation à double sens dans cette rue, c'est important !
Des voix. Bravo !
Mme Béatrice Hirsch (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, je ne vais pas répéter ce qu'ont très bien dit mes deux préopinants. Au moins, une chose est sûre, c'est qu'il y a un maximum de mécontents avec cette mesure. Cependant, la commission des transports a déjà étudié en partie l'historique de cette mise en double sens unique sur la rue de l'Ecole-de-Médecine, et le groupe PDC aimerait donc proposer le renvoi de cette proposition de résolution à la commission des transports, afin de pouvoir mener à bien les auditions que nous avons pour l'instant suspendues dans l'attente de cette résolution. Cela nous permettrait de terminer les travaux que nous avons commencés, d'avoir des réponses sur ce qui relève en effet du non-dialogue ou du dialogue de sourds entre la Ville et le canton, et de savoir à quel moment chacun des acteurs de la convention - la Ville, l'Etat et la fondation Hans Wilsdorf - a eu réellement connaissance des plans qui existaient pour le pont et les rues adjacentes. Par conséquent, je vous demande formellement le renvoi à la commission des transports.
Le président. Merci, Madame la députée, je mettrai tout à l'heure aux voix votre proposition. La parole est à M. René Desbaillets, pour une minute.
M. René Desbaillets (L). Alors je vais tâcher de faire vite ! Mais pourquoi une minute ?
Le président. Nous sommes en catégorie II, trente minutes, c'est-à-dire trois minutes par groupe. (Commentaires.)
M. René Desbaillets. Ah, trois minutes par groupe ! Bon, puisqu'on a perdu du temps, il faudra le rattraper, comme dans les matchs de football ! (Brouhaha.)
Pour ceux qui ont lu la presse ces derniers jours, je dirai qu'on a l'impression qu'on a affaire à Calimero-Pagani, à Calimero-DGM, à Calimero-mairie de Carouge et à Calimero-TPG. Ils ont tous voulu bien faire, tellement bien faire qu'ils ont créé une immense gabegie ! Et je crois que, pour les anti-voitures et les anti-mobilité à Genève, ce n'est pas Calimero mais plutôt Pinocchio qu'ils nous ont joué, parce qu'après avoir rétréci la rue des Deux-Ponts, rétréci la route des Acacias et ressenti une certaine jouissance de voir que la passerelle des Vernets allait être démolie, le tour était joué, on pouvait bloquer Genève et empêcher les gens de transiter entre Plainpalais et le futur PAV ! Malheureusement, un généreux petit horloger du coin a décidé de payer une passerelle... Aïe, c'est embêtant, il faut accepter cette passerelle parce qu'en fait ce petit bijoutier, c'est une grande maison qui paie beaucoup d'impôts, qui fournit beaucoup d'emplois et qui fait tourner l'économie genevoise. On doit donc réaliser cette passerelle, mais comment faire pour qu'elle ne soit pas viable ? Eh bien on va déjà rétrécir un peu cette rue de l'Ecole-de-Médecine, en disant qu'il y a trop de bruit dû aux voitures, qu'on a fait des contrôles et qu'il faut donc rétrécir la rue ! Ça, c'est M. Pagani... Cette rue, on la rétrécit, on y fait des terrasses de bistrot et... merde, loupé ! Comme on a interdit de fumer dans les établissements publics, tout le monde est dehors, et voilà donc des pétitions provenant de plein de gens qui disent: «Redonnez-nous des voitures, ça fait bien moins de bruit que les gens qui fument dans la rue ! Et surtout les voitures, elles, vont se coucher à 20h, alors que les autres font du bruit jusqu'à 2h du matin !»
Bon, ça n'a pas l'air de jouer, alors on continue. Ah, ça y est, on a une idée. Maintenant on met moins d'une demi-heure en tram pour aller de Carouge à Cornavin: ça ne va pas, c'est trop rapide ! Il faut changer ça, on ne voit pas la vue ! Mettons donc un bus... Quarante-cinq minutes pour le même prix, profitons ! On visite ainsi le canton de Genève le long de l'Arve. On met donc un bus qui prend quarante-cinq minutes et qui passe sur cette passerelle. Comme on arrive quand même à s'arranger, on va trouver encore une solution: mettons ces deux rues en sens unique, comme ça on est sûr que, quand on vient de Plainpalais et qu'on tourne à droite, on vous renvoie à Plainpalais par la rue des Vieux-Grenadiers, etc. Et quand on vient de l'autre côté - de la région d'Aligros, par exemple, ou de la patinoire des Vernets - on vous oblige à tourner à gauche et vous devez faire le tour. En faisant tourner les gens en rond, c'est comme ça qu'on arrête de polluer à Genève ! On tourne en rond, on n'arrête plus les voitures !
Je crois donc que cette proposition de résolution est le souhait de toute la population genevoise et je vous encourage à la voter - je ne dirai pas à l'unanimité, parce que je ne rêve plus depuis longtemps, mais avec un maximum de voix ! (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. J'ai réuni un peu trop vite le temps de parole des groupes radical et libéral, alors qu'effectivement ils disposaient chacun de trois minutes. Vous me pardonnerez, Monsieur Desbaillets ! La parole est à M. Mauro Poggia.
M. Mauro Poggia (MCG). Je vous remercie, Monsieur le vice-président. Nous partirons de la prémisse que Mme la cheffe du département sait ce qui se passe à Genève. Si ce n'était pas le cas, ce serait pire encore ! Personnellement, je ne connais pas assez de choses en matière de mobilité pour avoir des idées fausses. Pour moi, la mobilité, c'est d'abord être mobile. Alors c'est vrai que je n'ai pas fait d'études particulières dans ce domaine comme nos ingénieurs de ce service, mais quand on n'est pas mobile, à mon avis, le but n'est pas atteint. Ainsi je crois que, pour la majorité de cette population, la mobilité ça signifie aussi de la fluidité. Or les Verts - que l'on persiste à mettre à la tête de la mobilité de ce canton, comme si l'optimisme prenait le dessus systématiquement sur l'expérience - eh bien ces Verts, qui nous disent qu'ils veulent une fluidité, essaient parallèlement de nous convaincre qu'il faudrait passer par l'enfer pour enfin déboucher - «déboucher», le terme est exact ! - sur le paradis. Et pourtant, ce que l'on voit partout dans cette ville, c'est la création de bouchons, de bouchons systématiques. Or quand on veut essayer d'améliorer la qualité de l'air... Encore une fois, je ne connais pas assez de choses dans ce domaine, mais il me semble qu'un véhicule qui met une demi-heure au lieu de dix minutes pour parcourir trois kilomètres doit polluer davantage ! Donc on aurait tous intérêt à ce que ce soit fluide, tout en rendant évidemment parallèlement nos transports publics attrayants.
Alors - et je le dis à l'intention de ceux qui nous écoutent - si vous voulez que pendant les quatre prochaines années, encore et toujours, Genève soit totalement impraticable, continuez à mettre des Verts au parlement - ces Verts qui n'ont qu'une seule lubie, c'est de bloquer notre canton, parce que c'est à cela que se limite leur programme politique - et vous verrez comment ça ira ! Donc arrêtez de rouspéter quand vous êtes au volant de votre véhicule ou au guidon de votre scooter, parce que vous le voulez bien ! En effet, les gens que vous mettez là et qui font de Genève ce qu'elle est aujourd'hui, c'est vous qui les élisez ! Alors à un moment donné, enlevez le bouchon et qu'on roule ! (Applaudissements.)
M. Hugo Zbinden (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, je pense qu'effectivement à Genève il y a 400 000 spécialistes de la mobilité et probablement aussi 400 000 opinions sur la façon dont il faut résoudre les problèmes dans notre canton. (Brouhaha.) Mais ce n'est pas pour autant que l'on estime qu'il est raisonnable de discuter en plénière du Grand Conseil de la question de savoir si 100 mètres de rue à Genève doivent être en sens unique ou non. Le Grand Conseil est là pour fixer les principes. On a adopté un plan directeur des routes, dans lequel on a déterminé par exemple une hiérarchie entre les routes principales et les routes secondaires. La rue de l'Ecole-de-Médecine n'est pas une route principale, il s'agit donc d'une route secondaire de quartier et il paraît par conséquent assez raisonnable qu'on essaie d'y limiter le transit.
Quoi qu'il en soit, si vous insistez pour faire ce qui est à notre avis une erreur de gouvernance, à savoir discuter de ce genre de choses au Grand Conseil, nous vous proposons de le faire en commission, de manière qu'on puisse auditionner la fondation Wilsdorf. En effet, tout le monde dit que cette fondation va être fâchée, etc., mais ce sont des suppositions ! On n'a aucune...
Des voix. Non ! (Protestations. Le président agite la cloche.)
M. Hugo Zbinden. On va les auditionner et on verra comment ça se passe. Je vous demande donc de renvoyer cette proposition de résolution en commission.
Le président. Merci, Monsieur le député. Cette fois-ci, Messieurs Slatkine et Weiss, les trois minutes du parti libéral ont été épuisées. Mais il reste une minute sur le temps des radicaux ! (Commentaires.)
Une voix. Le MCG leur donne aussi un peu de temps !
Le président. Monsieur Slatkine, je vous cède donc la parole pour une minute.
M. Ivan Slatkine (L). Merci, Monsieur le président. Je remercie mes collègues radicaux de m'avoir offert ce temps de parole ! Je serai très rapide, car mon collègue Desbaillets a dit tout ce qu'il fallait, mais j'aimerais juste aussi rappeler qu'il y a un mois nous avons renvoyé une pétition au gouvernement concernant les modifications de trafic au rond-point de Rive et qu'en commission des pétitions on a considéré à une large majorité - une personne s'était abstenue et elle était Verte, bien entendu - qu'il y avait eu un vice de forme puisque la DGM doit consulter le DARES dès qu'on modifie la circulation dans des endroits à zone commerciale. Or qu'est-ce qu'on apprend ? Eh bien que dans le cas de la rue de l'Ecole-de-Médecine, la DGM n'a rien consulté du tout. Donc on ne lit même pas les pétitions qui sont renvoyées au Conseil d'Etat, on s'assied sur la volonté populaire qui est le libre choix des modes de transport et on vient nous dire que, au nom de l'écologie... Mais ceux que vous pénalisez, Mesdames et Messieurs, avec des mesures aussi stupides, ce sont les gens qui sont vos électeurs et qui ont besoin de se déplacer ! J'espère donc, comme l'a expliqué M. Poggia, qu'ils vont prendre conscience de l'aberration de leur vote et que cet automne ils nettoieront ce parlement comme il le faut. (Commentaires.)
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Roberto Broggini, à qui il reste une minute trente.
M. Roberto Broggini (Ve). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais juste rappeler devant ce Conseil que la Ville de Genève a accepté une initiative intitulée «200 rues sont à vous» et que ce qui a été refusé, c'est le crédit de réalisation, mais pas la réalisation de ces 200 rues. Nous devons donc, par respect populaire, trouver des solutions pour réaliser ces 200 rues piétonnes ainsi que pour arrêter la pollution et le bruit, et ça ce sont des obligations fédérales, en plus d'une volonté des citoyens de la Ville. Je tenais à le dire !
Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. J'aimerais commencer brièvement par un petit historique pour remettre les choses en place. Du temps de mon prédécesseur, il y a eu un accord avec la Ville et la fondation Wilsdorf pour qu'il y ait une passerelle mais pas de trafic de transit à cet endroit, et la Ville levait son opposition au sujet du TCOB. Soyons clairs, c'est l'origine de l'accord. Ensuite, il y a deux ans - au moins deux ans, et vous pouvez me faire confiance, je n'ai pas l'habitude de mentir - la Ville a demandé, suite à des réunions, pour lesquelles il existe des PV, cette mesure de circulation et même une disposition supplémentaire, à savoir de mettre à contresens encore une partie du boulevard Carl-Vogt. Nous avons refusé cette mesure, qui était réellement dangereuse, et nous avons dit qu'on pouvait aller de l'avant et effectuer un test pour voir comment limiter le trafic de transit. Sur ce point, tout le monde est d'accord ! Cette rue est une rue inter-quartiers; vous avez voté à l'unanimité le plan du réseau routier ainsi que la hiérarchie, et c'est clairement une rue qui ne doit pas servir au transit. Peut-être qu'une autre mesure serait plus efficace ! Personnellement, je pense qu'elle devrait plutôt se situer vers la rue François-Dussaud, mais en tout cas cela ne doit pas servir à rejoindre l'autoroute par ce biais-là.
Une vraie mesure d'amélioration de la circulation dans ce quartier serait l'élargissement de la route des Acacias, qui aurait deux conséquences très favorables: d'une part de la fluidité pour le tram, qui est actuellement bloqué devant l'université et qui gagnerait quatre minutes - c'est-à-dire, pour M. Riedweg qui aime les chiffres, 500 000 F d'économies annuelles pour les TPG grâce à cette seule mesure - et d'autre part une fluidification des véhicules, car s'il y a des routes secondaires telles que la rue de l'Ecole-de-Médecine, il y a aussi des routes où il faut pouvoir circuler, comme la route des Acacias, qui permet de rejoindre l'autoroute. Qu'est-ce qui empêche de faire cela ? Eh bien la Ville, qui est propriétaire des terrains et des routes, car je rappelle que toutes ces routes sont communales. Ainsi, toutes les mesures de construction qu'on pourrait souhaiter ne sont pas réalisées ! En l'occurrence, cette mesure que la DGM a demandée depuis deux ans est bloquée par le Conseil administratif et le Conseil municipal. Pourtant, cette mesure de fluidification serait une bonne chose, j'invite donc les conseillers municipaux à s'y pencher, car je pense que là on peut trouver une solution. (Brouhaha. Le président agite la cloche.)
Quant à la mesure concernant la rue de l'Ecole-de-Médecine, on pourrait se dire, vu l'agitation, qu'il faut tout de suite la lever, mais je pense qu'il faut agir sereinement et prendre le temps de l'étudier encore un mois ou deux, d'avoir des vrais comptages. Eventuellement, on pourra dire qu'il faut la stopper - comme on l'a fait à Troinex, je vous le rappelle. Il y avait une demande de la part de la commune de fermer quatre routes, puis d'en fermer deux, puis de les rouvrir... Je crois donc que les communes doivent aussi réfléchir posément à ce qu'elles veulent et à ce qu'elles demandent, parce que si on lève la mesure à la rue de l'Ecole-de-Médecine et qu'on entend ensuite, comme dans la commune de Troinex: «Mon Dieu, mais vous avez levé la mesure !»... Mais c'était exactement ce qu'ils nous avaient demandé de faire ! On exécute immédiatement leur demande, et ensuite ils protestent parce qu'on l'a fait...
Je crois donc qu'il faut vraiment regarder les choses posément; il est tout à fait possible de lever la mesure, je n'y tiens pas plus que ça et, personnellement, je ne l'ai pas décidée. On voit qu'il y a une mesure qui est possible et qui est demandée par une commune: si elle fonctionne, tant mieux, si ce n'est pas le cas, on la lève, mais je pense que le principal - et j'aimerais quand même insister sur ce point - c'est que cette rue ne doit pas devenir une rue de transit. Et je rappelle - cerise sur le gâteau - que le bus continuera de circuler, parce qu'il n'a rien à voir avec la mesure de circulation ! (Brouhaha. Le président agite la cloche.)
Donc il faut être posé, il faut réfléchir, et les mesures actuelles sont faites pour que l'on puisse agir sereinement sur des questions de mobilité. J'aimerais rappeler à ceux qui pensent qu'on bloque tout qu'il faut regarder posément les choses ! Il y a des bouchons, effectivement, mais en quatre ans le trafic automobile a augmenté de 10%. (Remarque.) Il y a des frontaliers, mais aussi des gens - comme le disait votre collègue - qui prennent la voiture pour parcourir un kilomètre, même s'ils ne doivent rien transporter ! Effectivement, cela ne va pas pouvoir continuer. Toutes les villes d'Europe ont réalisé des zones piétonnes, toutes les villes d'Europe ont privilégié un centre urbain... (Brouhaha.)
Le président. S'il vous plaît, un peu de silence !
Mme Michèle Künzler. ...qui est réservé aux mobilités douces, aux transports publics, au transport de personnes handicapées ou au transport professionnel. Toutes les villes d'Europe l'ont fait, nous sommes simplement les derniers des Mohicans ! (Commentaires. Le président agite la cloche.) Je crois que si vous ne voulez pas de bouchons, il vous faut aussi renoncer à la voiture lorsque c'est possible. (Applaudissements. Commentaires.)
Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, nous sommes saisis d'une demande de renvoi à la commission des transports, que je vous soumets maintenant.
Mis aux voix, le renvoi de la proposition de résolution 727 à la commission des transports est rejeté par 44 non contre 37 oui.
Le président. Cette demande ayant été refusée, nous votons donc sur la proposition de résolution elle-même.
Mise aux voix, la résolution 727 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 53 oui contre 30 non. (Commentaires pendant la procédure de vote.)