Séance du vendredi 16 mars 2012 à 20h30
57e législature - 3e année - 6e session - 32e séance

M 2026
Proposition de motion de Mmes et MM. François Lefort, Olivier Norer, Anne Mahrer, Emilie Flamand, Sophie Forster Carbonnier, Mathilde Captyn, Roberto Broggini, Brigitte Schneider-Bidaux, Miguel Limpo pour des voies de tramway perméables, engazonnées et fixatrices de carbone

Débat

Le président. Nous passons maintenant à une autre proposition de motion très intéressante, point 38 de notre ordre du jour. La parole est à M. François Lefort.

M. François Lefort (Ve). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, l'engazonnement des voies de tram se développe partout en Europe, en Suisse aussi, mais pas encore à Genève, malgré les timides essais du Bachet-de-Pesay des années quatre-vingts, que vous pouvez encore admirer !

Pourtant, l'engazonnement... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...outre son aspect esthétique, à de nombreux avantages, que voici. Amélioration de la perméabilité des sols, c'est-à-dire suppression du ruissellement sur des surfaces imperméables. Fixation des poussières urbaines. Filtration et dégradation des polluants urbains émis par la circulation automobile. Rafraîchissement de l'air et stabilisation de la température ambiante: ce n'est pas anecdotique, puisque 100 mètres carrés de gazon produisent autant qu'une machine à air conditionné, soit l'équivalent de 70 tonnes d'air conditionné. Amortissement du bruit: avantage non négligeable en milieu urbain, où le bruit est la première des nuisances ressenties par la population. Enfin, l'engazonnement contribue à la fixation de carbone; cette contribution n'est pas anecdotique, puisque cela peut aller jusqu'à 10 000 kilogrammes de CO2 fixés par hectare de gazon. Pour le reste, il faut que la priorité soit donnée aux matériaux recyclés, pour les ballasts et les revêtements perméables. La priorité à l'engazonnement aura aussi des conséquences sur la création d'emplois locaux et durables.

Ces avantages sont certainement supérieurs aux inconvénients, que l'on ne manquera pas d'invoquer - je m'y attends - au nom de la force de l'habitude, pour ne pas dire de la paresse.

Alors, que demande cette humble proposition de motion, Monsieur le président ? Elle demande que priorité soit donnée à l'engazonnement des sites propres des futures lignes de tramway. Dans la situation où cela n'est pas possible, la priorité doit être donnée... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...aux revêtements perméables. L'engazonnement ou les revêtements perméables, lorsque l'engazonnement n'est pas possible, doivent être également privilégiés lors des projets de rénovation de voies de tram en sites propres qui existent déjà.

Cette proposition de motion demande enfin que, dans tous les cas de création de nouvelles voies ou de rénovation de voies de tram, les matériaux recyclés locaux soient absolument privilégiés pour les ballasts et pour les revêtements perméables.

Voilà ce que demande cette petite motion, que nous vous remercions de renvoyer directement au Conseil d'Etat - comme vous venez de le faire pour le bois indigène - sinon à la commission de l'environnement et de l'agriculture.

M. René Desbaillets (L). Chers collègues, «Pour des voies de tramway perméables, engazonnées et fixatrices de carbone»... Avec mes collègues, notamment signataires de cette proposition de motion, membres estimés de la commission de l'environnement et de l'agriculture, nous faisons des travaux constructifs et en intelligence. Là, pourtant, je me demande si cette proposition de motion est vraiment sincère ou s'il s'agit simplement d'une proposition de motion tactique.

Alors, avant de parler de la tactique, je vais parler du sincère, pour vous signaler que - contrairement à ce que nous a dit M. Lefort - au niveau environnement, le gazon, il faut l'arroser, le tondre et y mettre de l'engrais. Il n'y a quasiment rien, dans la nature, de plus polluant que du gazon. D'ailleurs, lors de l'ancienne législature, les Verts nous avaient proposé une motion pour supprimer les gazons dans certains parcs genevois, parce que cela coûtait trop cher en arrosage, en engrais et en tonte; il fallait mettre des jachères florales dans nos parcs, au parc des Eaux-Vives, au Jardin anglais. Un essai a été effectué par les SIG, à Vernier, que l'on a visités. Je n'y suis pas retourné pour voir ce que c'était; à l'heure actuelle, cela doit certainement être de l'herbe toute sèche et toute brune. Donc, cette excuse de carbone et de perméabilité... De toute façon, sous les voies, il faudra mettre du ballast en béton, etc. Ainsi, 20 cm seront perméables, mais, au-dessous, ce sera du béton. Je pense que, là, c'est un peu nous forcer la main.

La vérité de cette proposition de motion est que c'est simplement une tactique - du reste, c'est indiqué dans les considérants. C'est une tactique pour empêcher les scooters, les vélos et les taxis d'utiliser les voies de bus et les lignes pour les trams. C'est là un moyen, malin, de contrer la proposition qui est faite, notamment par notre conseiller national Luc Barthassat, d'autoriser les scooters et motos à utiliser les voies de bus - en effet, si elles sont en herbe, on n'ira évidemment pas dessus avec les scooters ! C'est une petite tactique, que je qualifierai de pernicieuse, pour, encore une fois, empêcher la circulation, pour bloquer la circulation à Genève, pour nous empêcher de circuler et empêcher les taxis, notamment, d'utiliser ces voies rapides, bien évidemment en laissant de la place devant les feux.

Donc, nous, groupe PLR, avons décidé de renvoyer cette proposition de motion - gentiment, pour ne pas faire trop d'histoires - à la commission des travaux. Pour ma part, je ne voterai pas comme mon groupe: je la renvoie, tout court ! Parce que cette proposition de motion n'est pas honnête, c'est nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

M. Serge Dal Busco (PDC). Mesdames et Messieurs, chers collègues, pour notre part, nous ne voyons pas, en tout cas pas à la première lecture de ce texte, de malice, comme notre collègue Desbaillets. Il y a des avantages à la végétalisation. C'est un terme que je préfère à «engazonnement» et je m'étonne d'ailleurs que M. Lefort ait persisté à l'utiliser. Effectivement, le terme d'engazonnement n'évoque pas tellement l'écologie. Il s'agit plutôt de végétalisation ou de verdissement. Il y a des techniques, aujourd'hui, qui permettent de végétaliser des surfaces, des grandes surfaces, sans avoir à y mettre des quantités astronomiques d'eau ou d'engrais. Il y donc des avantages, assurément.

Hier, nous avons presque eu l'occasion d'avoir un débat intéressant sur l'espace public ou les espaces publics. Ce sera pour une autre fois, puisque ce texte, le projet de loi 10499, a été renvoyé en commission. Mais je vois assurément un intérêt tout à fait marqué à ce verdissement, à cette végétalisation, en termes de qualité de l'espace public, lorsque l'on crée des sites propres pour le tram. Je pense tout particulièrement à un site que je connais bien mais qu'on n'a pas encore vu, si ce n'est dans des modélisations et des films en 3D: c'est le prolongement du TCOB du côté de Bernex, dont la demande d'autorisation de construire est en cours actuellement et qui prévoit précisément un verdissement du site central du tram. Je peux vous garantir que, en termes de qualité de l'espace public, c'est vraiment un plus tout à fait remarquable. Ne serait-ce que pour cette raison, pour la qualité des espaces que cela apporte, c'est quelque chose qui mérite vraiment d'être poursuivi.

Maintenant, il est vrai que cela présente un certain nombre de problèmes, et cela peut en poser aussi en matière de dessertes de transports publics. On aura peut-être une difficulté de ce type sur le prolongement de Bernex, dont le verdissement - ou la végétalisation - condamne non seulement le site pour l'utilisation par des cyclistes - mais là, il n'y a pas de problème, il y a des pistes cyclables - par des scooters ou des taxis, mais également par des transports publics sur pneus, pour lesquels cela peut poser un problème. Cela nécessite, lorsque l'on crée un site vert, un site propre, de bien étudier notamment le parcours des autobus, afin de ne pas se retrouver dans une impasse - en quelque sorte - de ce point de vue là.

Voilà, Mesdames et Messieurs les députés, nous ne sommes pas opposés au renvoi de cette motion au Conseil d'Etat, mais, s'il s'avère judicieux de la renvoyer en commission, pour étude, nous ne nous y opposerons pas non plus.

Le président. Merci, Monsieur le député, mais vous n'avez pas précisé la commission qui vous intéresserait.

M. Serge Dal Busco. La commission de l'environnement et de l'agriculture.

Le président. C'est noté. La parole est maintenant à M. Florian Gander.

M. Florian Gander (MCG). Je vous remercie, Monsieur le président. Je vais être assez bref. Concernant l'engazonnement ou la végétalisation des voies de tramway, effectivement, l'idée pourrait paraître bonne, même si je suis, comme certains collègues PLR, un peu dubitatif sur les vraies raisons de cette demande. Voici ce qui me pose un sérieux problème: les voies de tramway sont actuellement utilisées par les véhicules des transports publics, mais peuvent - et elles le sont certainement souvent - être utilisées par les véhicules de secours et d'urgence. Le problème est que, si l'on décide de mettre du gazon sur des voies de tramway, les véhicules d'urgence ne pourront plus les emprunter ! Alors, pour quelques kilomètres de gazon, est-on prêt à mettre des vies en danger ? (Exclamations.) Au MCG, on dira non.

Cette proposition de motion est intéressante, mais elle n'est pas très utile, actuellement. Je pense que ces voies peuvent servir aussi - on me l'a confirmé - pour la déviation, en cas de problèmes de circulation pour les TPG, donc les véhicules à pneus doivent pouvoir les emprunter. Or, tant qu'il y aura du gazon dessus, cela ne sera pas possible. Pour toutes ces raisons, le MCG refusera d'entrer en matière sur cette proposition de motion.

M. Michel Ducret (R). Tout simplement, déjà pour répondre à la dernière intervention qui vient d'être faite, je dirai ceci. Rien n'empêche une ambulance ou un véhicule de pompier, un véhicule d'urgence, de passer sur un site engazonné; il n'y a aucune impossibilité. Ce n'est vraiment pas un bon prétexte pour refuser une telle proposition. Il est vrai, par contre, que, pour un usage ordinaire, la dynamique d'un véhicule monté sur pneus, que ce soit un autobus ou une voiture, n'est pas la même que celle d'un véhicule ferroviaire. Dès lors, il est peu souhaitable, dans la mesure du possible, et surtout en dehors du centre-ville, que les transports publics sur rail partagent des sites avec des transports, publics ou non, sur pneus. En ce sens, la proposition qui est faite là est parfaite, parce qu'elle décourage effectivement les intrusions des véhicules qui n'ont rien à faire sur les voies réservées. Donc, elle garantit le respect de ces voies réservées et permet aux transports publics d'atteindre les vitesses commerciales qui leur sont prescrites par la loi - et qu'ils n'arrivent pas à tenir, parce que les sites qu'on leur réserve ne sont pas suffisamment protégés ! En ce sens, c'est clairement une avancée. Par ailleurs, il est vrai qu'il faut éviter, dans la mesure du possible, de faire partager aux autobus les sites que l'on offre au tramway, si l'on veut vraiment que le tramway soit l'ossature du transport public urbain et suburbain de notre cité.

Je remarquerai simplement une chose. Il ne faut pas s'illusionner, Mesdames et Messieurs, ces sites engazonnés ne sont pas si perméables que cela. Par contre, ils contribuent à la baisse de la température générale, parce qu'ils ne renvoient pas, comme des sols en dur, la chaleur dans l'atmosphère, et ils absorbent beaucoup plus de chaleur. En ce sens-là, ils sont intéressants. Ils sont aussi agréables pour les voisins, pour leurs yeux, et surtout pour un élément que l'on oublie parfois: l'absorption des bruits émis, y compris par les transports publics, car il n'y a pas que les voitures qui font du bruit.

Croyez-moi, en ce sens-là, c'est un progrès. Il est dommage que, jusqu'à présent, à Genève, on n'ait pas réussi à faire plus souvent des sites de ce type. Parce qu'on voulait absolument pouvoir remplacer un tram en panne par des autobus ! Ce qui est une ânerie. Dans toutes les autres villes de Suisse, on a su faire des sites engazonnés qui sont excellents, notamment à Bâle. Je vous invite à aller voir. Je pense que c'est une excellente solution que l'on doit encourager. En ce sens, nous vous invitons à renvoyer cette proposition, non pas à la commission de l'environnement, mais tout bêtement aux travaux, pour examen, approbation définitive et renvoi au Conseil d'Etat, afin qu'il passe aux actes et à la réalisation de sites réservés pour des tramways efficaces. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. Vous avez terminé à la seconde près ! La parole est maintenant à Mme Christina Meissner.

Mme Christina Meissner (UDC). Merci, Monsieur le président. Avec l'engazonnement des rails de tram, on est passé des vastes forêts au ras des pâquerettes. En l'occurrence, c'est une fausse bonne idée. On est là, vraiment, au ras des pâquerettes. Engazonner pour capter le carbone, pour améliorer le microclimat, pour la microfaune... Non. Il me semble qu'il s'agit là plus de cosmétique, d'esthétique, que de véritable contribution en matière de rétention d'eau. En effet, si on veut les garder verts, ces pâturages de milieu de route, il faudra les arroser, ce qui n'est peut-être pas exactement le but recherché ! En ce qui concerne la rétention d'eau, je rappelle que, sous le gazon, entre les lignes de tram, aujourd'hui il y a du béton, du ballast et du solide, donc on est loin des sols perméables.

Aussi ai-je de la peine à comprendre l'ordre des priorités qui sont demandées dans cette proposition. En effet, au lieu de dire que c'est lorsque ce n'est pas possible de faire des revêtements perméables qu'il faut de l'engazonnement, ce qui aurait été logique, vous avez fait l'inverse ! A l'évidence, vous préférez les surfaces imperméables, mais jolies à l'oeil. Donc, je ne comprends pas.

Par ailleurs, en matière d'espace public, il me semble que, vraiment, là où l'on a besoin d'un espace public, ce n'est pas au milieu de la voie. Mais c'est là où les gens peuvent circuler et en profiter véritablement, ainsi que la microfaune, parce qu'il ne faudrait quand même pas que des hérissons s'installent en plein milieu des rails de tram. Ce serait vraiment dommage.

Cette «micromotion», «capillotractée», se base sur l'émotion et ne mérite peut-être, à la rigueur, qu'un renvoi en commission, pour que l'on explique aux commissaires la vraie nature de ces engazonnements et leur vraie contribution au climat et à l'écologie.

Mme Lydia Schneider Hausser (S). Peut-être est-ce une micromotion; il est vrai que cela en a tout l'air, au premier abord. Pourtant, quand vous allez dans des villes suisses alémaniques ou européennes, comme Varsovie, Berlin ou d'autres, vous observez que l'espace urbain, là où circulent les trams, est nettement différent en termes de qualité visuelle, de rues et de transports.

L'avantage de cet engazonnement des surfaces internes entre les rails de tram est que les trams deviennent ou peuvent être plus performants, parce qu'ils sont en site propre - malheureusement, à Genève, on a certes un problème, les rues sont trop étroites - et, pour y parvenir, ce sera difficile au centre-ville. Par contre, avec les nouvelles lignes de tram - on parlait de Bernex, on peut mentionner Meyrin - entre le centre-ville et Meyrin, où il y a des rails de tram en dur, là auraient cependant pu se poser quelques engazonnements qui n'auraient pas été mal accueillis par qui que ce soit.

Egoïstement, on pourrait dire que refuser est une genevoiserie. En effet, il y a des scooters, et, moi-même...(Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...en tant que cycliste, de temps en temps, j'aime bien pouvoir circuler entre les rails du tram, c'est pratique. Mais il faut penser à longue échéance, en termes d'urbanisation. Je pense que cette micromotion a son importance, à plusieurs points de vue, hydraulique, etc., on nous l'a déjà dit.

Les socialistes soutiendront donc cette proposition de motion et, par là, soutiendront aussi le principe de voies de tram en site propre et végétalisé, lequel devrait devenir un but à Genève dès que cela sera possible, que ce soit sur de petits ou de grands tronçons. C'est ainsi que les gens qui utilisent le tram se déplaceront plus vite qu'avec tout autre moyen de transport.

Le président. Merci, Madame la députée. Monsieur Pierre Weiss, votre groupe a épuisé son temps de parole, je regrette. (Commentaires. Le président agite la cloche.) La parole est à M. François Lefort.

M. François Lefort (Ve). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, que dire ? Monsieur le président, vous transmettrez déjà à M. le vigneron de Satigny que, heureusement, cette noble assemblée n'a pas consommé suffisamment...

Le président. Vous vous adressez au président, Monsieur le député !

M. François Lefort. J'ai dit: vous transmettrez, Monsieur le président, à M. le vigneron de Satigny que, heureusement, cette noble assemblée n'a pas consommé suffisamment de son divin nectar - qu'il ne produit, comme le gazon, d'ailleurs pas sans produits chimiques - pour prendre des vessies pour des lanternes ! (Commentaires.) Vous préciserez à M. le vigneron de Satigny que les espèces végétales dont on parle, que j'ai appelées communément «gazon», sont des espèces sélectionnées pour leur rusticité et leur tolérance à la sécheresse, et que, évidemment, elles ne s'apparentent pas au gazon de son jardin, dont il prend soin chaque dimanche ! Et qui est évidemment beaucoup plus fragile !

Quant aux inquiétudes du MCG concernant les véhicules de secours, M. Ducret a déjà répondu: il serait étonnant que ces véhicules ne puissent pas rouler sur du gazon. Revenez à la raison ! Je remercie enfin M. Ducret des précisions qu'il a bien voulu apporter sur l'augmentation de la vitesse commerciale des tramways que pourrait permettre, justement, l'empêchement de l'occupation de ces voies par d'autres véhicules !

Enfin, cela a été mentionné par plusieurs intervenants, ces voies engazonnées ont une valeur esthétique, un avantage esthétique, un esthétisme qui manque en particulier à de nombreux quartiers traversés par les tramways. Aussi, je vous remercie, encore une fois, de renvoyer directement cette motion au Conseil d'Etat, sinon à la commission de l'environnement et de l'agriculture.

M. Mauro Poggia (MCG). Chers collègues, nous avons entendu beaucoup de choses; toutes sont justes. Je pense que nous avons tous à coeur d'avoir une ville verte et agréable, avec le souci de centrer une priorité pour les lieux où l'on déambule, à pied évidemment. Lorsque l'on voit la rue du Marché et la place de Bel-Air, on ne peut qu'avoir des regrets que l'on n'ait pas pensé, dans les générations antérieures, à nous laisser un peu de verdure.

Cela étant, vous avez raison: il faut aussi penser à l'avenir. Si l'on peut ajouter un peu de verdure, il faut le faire. Il ne faut pas le faire n'importe comment non plus; il y a des questions d'entretien, il y a des questions de «carrossabilité» - si vous me passez le terme - de ces voies. Donc, en site propre, cela ne pose pas de problème. Mais évidemment, lorsque les voies doivent pouvoir être empruntées par des véhicules à roues, notamment des véhicules d'urgence, cela peut en poser.

J'atténuerai un peu les propos de mon collègue, M. Gander, qui a mis en avant les risques d'entrer en matière sans autre forme de procédure sur cette motion, en disant: «Allons plus loin dans la réflexion.» Je pense qu'il serait regrettable de passer à côté d'une solution qui soit plus agréable pour les yeux et pour nos poumons.

Renvoyons cette proposition de motion devant la commission des transports, puisqu'il nous semble que c'est plutôt une question de savoir si ces voies pourront être utilisées par d'autres véhicules...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député.

M. Mauro Poggia. ...notamment par des véhicules prioritaires.

M. Charles Selleger (R). J'aimerais mettre une toute petite note poétique dans nos débats de ce soir et rappeler un poète qui a écrit - cela nous mettra en garde contre l'engazonnement - ceci:

«[...] Et toutes les fleurs de toute la terre

Soudain se sont mises à pousser

Pousser à tort et à travers

Sur la voie du chemin de fer

Qui ne voulait plus avancer

De peur de les abîmer [...].»

J'espère que l'on n'en arrivera pas là avec la proposition de motion qui nous est présentée ce soir. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est maintenant à Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. (Remarque. Exclamations. Commentaires.) Dix secondes, Monsieur Desbaillets !

M. René Desbaillets (L). Juste en dix secondes, Monsieur le président ! Vous transmettrez à mon collègue Lefort que le Domaine des Abeilles d'Or n'a pas vu la couleur d'un insecticide, d'un acaricide ni d'un gramme d'engrais depuis 1993 !

Des voix. Bravo ! (Applaudissements. Le président agite la cloche.)

Le président. Merci, Monsieur le député, de ces précisions. La parole est à Mme la conseillère d'Etat. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) S'il vous plaît !

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, après ce concours pour savoir qui sera le plus Vert, le plus écologiste, je pense que cette proposition de motion mérite peut-être un petit tour en commission, non pas que j'y sois opposée, ou que le Conseil d'Etat y soit opposé, mais il faut informer pour montrer l'utilité de ces voies qui seraient végétalisées. Effectivement, elles sont un apport très important. Toutes les villes d'Europe ont des voies engazonnées. On a cité Bâle, mais cela peut aussi être Milan. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) On peut en voir un peu partout...

Des voix. Nice !

Mme Michèle Künzler. Nice ! Je crois que chacun d'entre vous s'est rendu dans une ville d'Europe. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Une fois de plus, à Genève, nous sommes là à nous poser des questions que les autres ont résolues depuis cinquante ans ! Maintenant, il faut vraiment aller de l'avant ! A Bernex, on l'a mentionné, il y aura déjà un kilomètre qui sera engazonné dans le nouveau projet. Le tram de Saint-Julien sera en site propre et engazonné sur la plupart du trajet.

Pour le reste, je vous invite aussi à voir les avantages - on l'a dit - la diminution du bruit, la qualité de l'air et l'espace public. Nous avons de magnifiques projets; il y a notamment ce que l'on pourrait réaliser vers Lancy, pour être en continuité du parc - comme on le fait à Bâle - afin de prolonger l'espace public. On ne peut pas forcément y marcher, mais, visuellement, on a un espace de parc beaucoup plus grand. C'est vraiment une bonne mesure qui est éprouvée dans la plupart des villes d'Europe. C'est le moment que l'on s'y mette et que l'on arrête de toujours chercher trente six mille excuses pour ne pas entreprendre ce que les autres font depuis cinquante ans. Je vous invite à renvoyer cet objet en commission, et l'on vous montrera tous les projets qui existent ailleurs et surtout ceux que l'on veut faire à Genève.

Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je vais vous faire voter sur le renvoi à diverses commissions. Dans l'ordre: à l'environnement; ensuite, le cas échéant, aux travaux; et, si j'ai bien compris, aux transports. (Commentaires.) Tout d'abord, je vous soumets le renvoi à la commission de l'environnement. (Brouhaha pendant la procédure de vote. Le président agite la cloche.)

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 2026 à la commission de l'environnement et de l'agriculture est rejeté par 49 non contre 36 oui et 1 abstention.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 2026 à la commission des travaux est adopté par 65 oui contre 12 non et 4 abstentions.