Séance du
vendredi 16 mars 2012 à
17h
57e
législature -
3e
année -
6e
session -
31e
séance
M 1941-B
Débat
Le président. Nous sommes au point 33 de l'ordre du jour. La parole est à M. Christian Dandrès.
M. Christian Dandrès (S). Je vous remercie, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, les socialistes avaient déposé cette proposition de motion peu après le début de la législature. Nous voulions faire le point sur la situation du logement pour participer activement à la lutte contre la pénurie de logements, qui était au programme annoncé lors du discours de Saint-Pierre. Cette démarche avait été appréciée, puisque le parlement l'avait acceptée à l'unanimité, moins 5 abstentions. Après un bref passage en commission - deux mois - le département a pris plus de deux ans avant de rendre un rapport plutôt «soft», vous le constaterez, puisqu'il fait deux pages, à peine.
Par un heureux hasard, toutefois, ce retard nous permet de débattre de cette motion deux semaines après le départ de l'ancien président du DCTI. J'ai le sentiment que cette motion retrouve un nouveau souffle, et j'espère qu'elle pourra inspirer les travaux de nos commissions à l'avenir. En effet, ce rapport marque une petite révolution, Mesdames et Messieurs les députés, puisqu'il indique que le gouvernement accepte enfin d'inscrire dans sa politique d'aménagement du territoire le principe «un emploi, un logement». Et même mieux, le gouvernement nous informe qu'il l'a déjà pris en considération dans le projet de futur plan directeur cantonal. Alors je salue bien bas nos magistrats, mais j'aimerais effectivement relever que notre persévérance a fini par payer, puisque M. Muller nous indiquait il y a deux semaines encore que ce principe n'en était pas un pour lui.
Mais, Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais quand même en appeler à votre vigilance: avec le Conseil d'Etat, ces dernières années, il y a souvent eu un abîme entre le principe et sa réalisation. J'ai donc quelques craintes que le principe «un emploi, un logement» se réalise en réalité en deux temps: d'abord les bureaux et ensuite les logements. Alors j'entends déjà l'Entente qui justifierait cette erreur politique en invoquant que le principe serait un frein à la création d'emploi. Mesdames et Messieurs les députés, il faut rappeler que les promoteurs de bureaux fournissent des murs et non pas des emplois. Or, pour créer des emplois, il est aussi important de créer des logements pour que les personnes puissent vivre que de créer des lieux de travail pour qu'elles puissent travailler. Il est temps que le Conseil d'Etat s'en rende compte et intègre cette réflexion dans les futurs projets de déclassement. C'est la raison pour laquelle nous avons souhaité avoir ce débat sur cette motion ce soir, et que nous vous demandons de prendre acte du rapport.
M. Christophe Aumeunier (L). Sur ce principe «un emploi, un logement», il y a en effet un accord large et dont il faut préciser qu'il s'étend à l'ensemble du territoire du canton de Genève. Il n'est pas opportun, au niveau de l'aménagement du territoire, de se dire que l'on fixe dans tous les périmètres un emploi pour un logement. En effet, les principes de l'aménagement contemporain veulent qu'il y ait une concentration très forte d'emplois proche des transports publics extrêmement puissants. A proximité des gares CEVA, il y aura donc peut-être voire certainement plus d'emplois que de logements. C'est terriblement important pour permettre, en définitive, aux personnes qui travaillent et aux employés de venir travailler puis de rentrer chez eux, et d'avoir en effet un équilibre. Donc nous avons là un accord sur l'ensemble du territoire genevois: «un emploi, un logement».
Mais, pour cela, il faut construire des logements. Il faut construire 50 000 logements d'ici à 2030. Et pour cela, il faut soutenir le projet de plan directeur cantonal, parce que, à défaut, nous n'y arriverons pas. Mais pour cela, il y a une chose à ne pas faire, Monsieur Dandrès - vous qui avez repris, je crois, le titre d'une motion que j'avais déposée. Je l'avais intitulée: «Mais où sont les grues ?», et c'était adressé principalement à M. Cramer, qui avait fait à l'époque des déclarations dans la «Tribune de Genève» en nous disant qu'il y aurait des grues en 2006 à Meyrin, en 2007 à Plan-les-Ouates et en 2009 aux Communaux d'Ambilly. Eh bien la situation est un peu dramatique, soit dit entre nous, parce ce que nous voyons aujourd'hui des grues à Plan-les-Ouates, mais c'est tout. Je vous invite donc, Monsieur Dandrès, à cesser de faire recours contre la construction de logements, puisque, comme je l'ai dit tout à l'heure, je tiens à disposition une liste des recours de l'ASLOCA contre la construction de logements.
J'en ai fini là, Mesdames et Messieurs les députés, et il s'agit de prendre acte du rapport.
Mme Christina Meissner (UDC). Il faut savoir que nous avons déjà 100 000 emplois de plus sur notre territoire que de personnes pouvant effectivement les remplir sur notre territoire. Donc, à ce stade-là, il faudrait même aller encore plus loin et dire que ce n'est pas un emploi pour un logement, mais deux logements pour tout nouvel emploi que l'on ferait. Là, ce serait véritablement ambitieux. Et peut-être que l'on aurait alors, enfin, la possibilité de résorber la crise du logement pour les habitants d'aujourd'hui à Genève.
Mais là n'est pas le propos. J'ai bien entendu notre conseiller d'Etat François Longchamp qui a repris le département ad interim. Il prend en considération les soucis que les communes ont par rapport au plan directeur cantonal. Il prend en considération nos soucis et ceux des habitants. Faisons-lui confiance et prenons acte de ce rapport.
M. Christian Dandrès (S). Je vais être bref et répondre aux attaques que formule M. Aumeunier à mon encontre. (Exclamations. Le président agite la cloche.) S'il vous plaît, je vous demande de vous taire. Je pense qu'il faut rappeler ici, Mesdames et Messieurs les députés... (Brouhaha.) ...si vous voulez bien vous taire, que ces données sont fausses. En effet, j'ai donné tout à l'heure un exemple concernant un immeuble au chemin Doctoresse-Champendal à Malagnou; je vous ai expliqué que ce recours avait permis de construire trois logements au lieu d'un. Je peux vous en donner toute une série d'autres. Mais comme je ne veux pas hypothéquer les débats de notre assemblée, j'invite donc quiconque qui le souhaite à venir constater sur place, en prenant naturellement un rendez-vous avec moi. Ces personnes pourront vérifier que M. Aumeunier a menti.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole n'étant plus demandée, nous nous prononçons sur ce rapport.
Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur la motion 1941.