Séance du
jeudi 17 mars 2011 à
17h
57e
législature -
2e
année -
6e
session -
29e
séance
RD 864
Le président. Nous avons reçu une lettre de M. Marcel Borloz nous informant de sa décision de démissionner de son mandat de député à l'issue de cette séance. Je prie M. le membre du Bureau Charles Selleger de bien vouloir nous lire ce courrier 2964.
Le président. Il est hélas pris acte de cette démission.
Marcel Borloz a siégé au Grand Conseil pendant plus de cinq ans. Elu en 2005 sur la liste du parti libéral, il a été réélu en 2009. Au cours de son mandat, il a participé aux travaux des commissions de grâce, de l'énergie, des droits politiques, des pétitions, de réexamen en matière de naturalisation et enfin de l'environnement et de l'agriculture, commission qu'il a présidée en 2009-2010. En outre, il fut membre du Bureau du Grand Conseil en 2008-2009.
Il est notamment intervenu sur des objets ayant trait au trafic de drogue, aux chiens dangereux, à l'interdiction de fumer, aux tarifs d'électricité et à la circulation. On relèvera également qu'il fut un observateur scrupuleux de l'article 24, puisqu'il s'est toujours abstenu lorsqu'un objet en lien avec sa profession était à l'ordre du jour.
Son départ me prive également d'un expert dans la conduite d'une tonne-pompe, dont je me demande si je ne vais pas bientôt devoir me doter pour maintenir l'ordre, non pas à l'extérieur, mais à l'intérieur de notre salle de séance et dans ses abords immédiats !
Nous formons tous nos voeux pour la suite de ses activités, qui vont se dérouler un peu plus à l'est de notre canton, du côté de Leysin, et nous lui remettons, fidèles à la tradition, un stylo souvenir. (Le président descend de l'estrade et remet le stylo souvenir à M. Marcel Borloz. Longs applaudissements.)
La parole est à M. le député Mauro Poggia.
M. Mauro Poggia (MCG). Monsieur le président, je souhaiterais la lecture du courrier... (Exclamations.) Ah, c'était pour... Veuillez m'excuser !
Le président. On va peut-être, si vous le permettez, aller dans l'ordre.
M. Mauro Poggia. Dans l'ordre, oui !
Le président. La parole est donc à M. Christian Bavarel. Je vous redonnerai le micro plus tard, Monsieur Poggia.
M. Christian Bavarel (Ve). Monsieur le président, ne voulez-vous pas laisser la parole au chef du groupe libéral, s'il le souhaite ?
Le président. Je laisse la parole à qui je veux ! Parlez, Monsieur Bavarel. (Rires.)
M. Christian Bavarel. Merci, Monsieur le président. Je vous reconnais bien là, dans cette manière de présider, à votre guise et avec cet immense plaisir.
Mesdames et Messieurs les députés, sur les bancs de la gauche, lorsque nous avons rencontré Marcel Borloz, nous nous sommes rendu compte que nous avions affaire à quelqu'un qui avait participé à plus de manifestations que nous. (Rires.) Cela a été notre première surprise. De plus, il a participé à des manifestations, mais alors pour toutes les causes possibles et imaginables. Je ne pensais pas que l'on pouvait être aussi féru, à ce point-là, de manifestations. Je me suis rendu compte que, en fait, c'était un professionnel de la manifestation.
Mesdames et Messieurs les députés, je dirai: encore un libéral au service public, au service du public ! Encore un libéral qui trahit les siens, qui s'engage pour la collectivité publique, qui a des convictions réelles et un sens de l'Etat réel ! On finit par être déboussolé sur nos rangs. Vous ne nous aviez pas habitués à ce genre de choses. Voilà une incohérence totale entre le discours et les actes. Donc nous sommes là face à quelqu'un qui est au service public, qui a même fait une carrière de fonctionnaire, mais je ne sais pas si j'ose le dire dans cette enceinte, tellement cela paraît être quelque chose de surprenant.
Marcel Borloz, pour nous, aura été quelqu'un d'avant tout intègre. M. le président du Grand Conseil soulignait son respect impeccable de l'article 24. C'est aussi un homme de parole que nous avons rencontré, et un homme de bon sens. A certains moments, dans cette salle, il y a quelques théories fumeuses; vous allez voir Marcel Borloz qui, en deux mots bien sentis, vous assassine les uns et les autres pour dire que, en fait, il suffirait de deux doigts de bon sens pour que l'on trouve une solution, et généralement il l'a.
C'est quelqu'un, je vous l'ai dit, d'une seule parole, et c'est un homme qui a eu quelques passions. J'ai eu la chance d'aller, grâce à lui, découvrir les courses de lévriers. Vous savez que Versoix et le cynodrome lui doivent énormément de choses. C'est aussi quelqu'un qui sait mettre son coeur dans des événements.
Merci, Marcel ! Merci pour tout ce que tu nous auras apporté dans cette salle. (Applaudissements. M. Marcel Borloz serre la main de M. Christian Bavarel.)
Mme Anne-Marie von Arx-Vernon (PDC). Cher Monsieur Borloz, cher Marcel... (L'oratrice cherche M. Marcel Borloz du regard.) Il est là ! Il est là ! Un député libéral humaniste nous quitte ce soir. Nous, les démocrates-chrétiens, te regretterons comme un collègue exemplaire. Exemplaire de rigueur, d'intégrité, de courtoisie et de respect de l'égalité hommes-femmes - cela, je fais exprès de le dire. Mais vraiment, tu nous as témoigné un immense respect, à chacune et chacun d'entre nous. Nous te souhaitons du fond du coeur la plus heureuse des retraites politiques. Et sache, cher Marcel, que tu nous manqueras. Tu nous manqueras beaucoup, certainement plus que nous te manquerons. Mais nous espérons vraiment te revoir, et ce sera toujours avec un immense plaisir. Merci pour tout ce que tu nous as apporté. (Applaudissements. M. Marcel Borloz embrasse Mme Anne-Marie von Arx-Vernon.)
Mme Loly Bolay (S). Marcel le discret. Presque un peu timide. Mais quelqu'un d'extrêmement apprécié. C'est bizarre, parce que les policiers viennent presque tous du Valais, alors je m'attendais à ce que tu partes en Valais ! Or tu ne pars pas en Valais, mais dans le canton de Vaud. Le canton de Vaud, c'est presque une histoire à la Pagnol, cher Marcel ! Seulement, ce n'est pas «Manon des sources», mais c'est toi qui pars aux sources, aux sources de ton canton.
Je serai brève pour te dire que le groupe socialiste te souhaite tout de bon dans ta nouvelle vie. J'espère que, lorsqu'on ira là-haut - je ne sais pas, peut-être aura-t-on un président du Grand Conseil qui vient aussi du canton de Vaud - tu vas nous recevoir comme les Vaudois savent le faire. A ta santé, Marcel ! (Applaudissements. M. Marcel Borloz embrasse Mme Loly Bolay.)
M. Jacques Jeannerat (R). La bonne humeur et le bon sens, voilà deux qualités qui caractérisent Marcel Borloz. La bonne humeur chez lui est bien sûr liée au sens de l'humour. J'ai pu apprécier, en siégeant plusieurs années à côté de lui, son humour un peu piquant. Il commente à voix basse les discours des uns et des autres. Je vous assure que c'est très intéressant. Ceux qui comme moi ont eu la chance de siéger à côté de lui garderont à coup sûr un souvenir de ce politicien genevois atypique, atypique par son magnifique accent vaudois. Il faut quand même le faire: trente-deux ans à Genève pour ne pas réussir à perdre une seule bribe de cet accent vaudois !
Marcel Borloz, bien sûr, n'est pas à classer parmi les députés à grande gueule, c'est sûr, mais son bon sens lui a toujours permis de faire dans ce parlement des interventions précises, sans fioritures, et directes. Ce bon sens lui vient certainement de ses origines montagnardes.
Durant ces prochaines années, Marcel, quand tu seras sur tes Alpes vaudoises et que tu observeras à l'autre bout du lac l'agitation politique, n'oublie pas que tu étais l'un des nôtres. Merci pour tout ce que tu nous as apporté. (Applaudissements. M. Marcel Borloz serre la main de M. Jacques Jeannerat.)
M. Eric Leyvraz (UDC). C'est avec regret que nous assistons au départ de Marcel. J'ai eu la chance d'être souvent à côté de lui à la commission de l'énergie et à la commission de l'environnement et de l'agriculture. Cela a déjà été relevé plusieurs fois, ses remarques étaient lapidaires mais souvent très mordantes. Cela a été aussi souligné, Marcel a une qualité extraordinaire, qui fait du bien dans ce parlement où, parfois, les discussions deviennent absolument fumeuses: en deux coups de cuillère à pot, il remet les choses en place, parce qu'il a une denrée très rare qui lui vient certainement de ses racines paysannes, à savoir le bon sens. Et le bon sens est selon moi la denrée qui devient la plus rare à notre époque.
Marcel, je te souhaite une très heureuse retraite et j'espère que tu viendras de temps en temps regarder si, dans le vignoble genevois, les bouteilles sont toujours au frais. Tu seras toujours le bienvenu. (Applaudissements. M. Marcel Borloz serre la main de M. Eric Leyvraz.)
Le président. Merci, Monsieur le député. Maintenant, à la demande générale, la parole est à M. le député Olivier Jornot.
M. Olivier Jornot (L). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, un député libéral humaniste nous quitte. Il n'en reste plus que dix-neuf ! (Rires. Commentaires.) Mais c'est vrai que... (Remarque.) Provisoirement ! Mais c'est vrai que, au-delà de cela, Marcel Borloz était un député atypique. C'est dire: il venait siéger sur les bancs libéraux avec cette vague de gendarmes qui s'est installée il y a quelques années dans notre parlement. Qui plus est, il le faisait après avoir été membre du comité du syndicat de la gendarmerie. Un député atypique, je vous dis !
Marcel a réussi, en quelques instants, à nous faire oublier cela et à se spécialiser dans des sujets très éloignés, l'environnement, l'énergie, et même ce dont il a fait sa grande spécialité: les chiens. Mais avant tout, Mesdames et Messieurs - avant tout - Marcel Borloz est ce que nous pourrions appeler, si nous étions en France et que nous voulions parler un langage politiquement correct, un Genevois issu de l'immigration. C'est un peu notre Loly Bolay ! (Rires.) Alors bien sûr, pas la «inmigración gallega», mais l'immigration ormonane. (Rires.) Les Ormonts, Mesdames et Messieurs, c'est probablement le coin de Suisse romande qui produit les gens les plus extraordinaires, les plus curieux, les plus bizarres. Imaginez: lorsque le général Brune est venu avec les troupes du Directoire libérer le Pays de Vaud de l'occupation bernoise, les Ormonans ont pris les armes pour défendre les Bernois ! C'est dire s'ils ont la tête dure. (L'orateur se cogne la tête avec le poing.) Pour le Mémorial, vous pouvez noter que l'orateur se cogne la tête ! (Rires.) Eh oui, Marcel Borloz est un Ormonan. Il a la tête dure. Mais il a aussi la main sur le coeur. C'est un homme drôle et généreux. Il a été pour nous un excellent camarade, qui a souvent su nous ramener sur terre avec son bon sens terrien, justement. Il a été un apport très important à notre groupe libéral.
Alors Marcel, maintenant qu'il a passé la barre des quarante ans, prend sa retraite en raison des règles de sa profession ! (Rires.) Nous te souhaitons, cher Marcel, de couler avec ton épouse Susanne des jours très heureux dans votre maison de Cergnat. Si un jour tu t'ennuies, n'hésite pas à redescendre à la grande ville et à passer nous dire bonjour à la buvette du Grand Conseil. En tant qu'Ormonan, il n'y a aucun risque que tu puisses t'en faire exclure ! (Rires.) Merci, Marcel ! (Applaudissements. M. Marcel Borloz serre la main de M. Olivier Jornot.)
Le président. Merci, Monsieur le député. Nous passons au point 5b de notre ordre du jour.