Séance du
jeudi 3 novembre 2005 à
17h
56e
législature -
1re
année -
1re
session -
1re
séance
E 1346
M. Pierre Weiss (L). Je n'ai pas seulement l'honneur mais aussi le grand plaisir de présenter la candidature de note collègue Michel Halpérin à cette haute charge de la République. Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de présenter longuement M. Halpérin, il est député dans cette enceinte depuis 1984, avec une interruption entre 1989 et 1993. Il a été président de nombreuses commissions, dont la commission judiciaire et la commission législative. Il a même créé la commission des Droits de l'Homme - chacun connaît d'ailleurs son engagement dans la cité en faveur des Droits de l'Homme. Il a aussi été membre de la commission fiscale, de la commission de l'économie et de celle de l'aménagement.
Michel Halpérin, nous le savons aussi, est un maître des mots. Il est avocat, ses pairs l'ont fait bâtonnier de leur ordre. En notre enceinte, il est capable de renverser certaines opinions. Nous l'avons connu en certaines circonstances - qui mériteront d'autres développements - nous rappeler l'importance du courage de chacun, y compris lorsqu'il s'adresse aux plus hautes autorités. Cette démonstration de courage peut lui valoir à certains moments des oppositions, elle doit lui valoir en tous moments notre respect. Et notre respect aussi parce que c'est un homme fondamentalement libéral, je dirais même «archéolibéral», car il est attaché aux libertés dans le respect de l'ordre, les unes n'allant pas sans l'autre.
Avec son haut sens de la famille, dont je sais qu'elle est présente dans cette tribune, Michel Halpérin représentera pour notre Grand Conseil un modèle d'aristocratie dans une société démocratique, car nous aurons élu le meilleur d'entre nous. (Applaudissements.)
Mme Michèle Künzler (Ve). Permettez à une prolétaire de prendre la parole... (Applaudissements.) Tout d'abord, pour vous rassurer: non, nous ne briguerons pas cette présidence-là ! Nous avons le respect des usages et nous ne voulons pas causer des tensions supplémentaires, car ce n'est pas de cela que la population a besoin.
Je rappelle toutefois, pour mémoire ou pour ceux qui ignoreraient que cela fait plus de vingt ans que nous siégeons ici, que nous n'avons jamais accédé à la présidence. (Brouhaha.) Mais le respect des usages doit aussi parfois être examiné: il doit être remis en question parce que certaines fonctions symboliques sont accaparées depuis très longtemps par des hommes... Si vous vous référez aux ouvertures de chaque législature depuis que ce Grand Conseil fonctionne, vous verrez que jamais une femme n'a pu présider. Et ce ne sera pas encore pour cette fois ! Peut-être la prochaine ? Je pense que ce moment est enfin venu ! Parce que les femmes ont le droit de vote dans ce canton depuis 1961, c'est-à-dire l'année de ma naissance - et je commence à avoir des cheveux blancs - donc, cela fait un certain temps !
Je crois qu'actuellement certains confondent - et on l'a vu dans la presse - la fonction et le pouvoir. Si la règle de la majorité s'applique, la répartition équitable des fonctions est garante de la démocratie. Et c'est ce que nous voulons pour ce parlement. C'est le tournus qui garantit l'impartialité de la présidence, et nous souhaitons le rappeler.
Nous vous invitons donc à réfléchir à la différence entre pouvoir et fonction et, aussi, à privilégier avant tout l'esprit au service des citoyens et à rechercher l'intérêt public davantage que la gloire personnelle. (Applaudissements.)
M. Alain Charbonnier (S). Petit rappel historique: de 1997 à 2001, la gauche majoritaire dans ce parlement avait décidé de non seulement respecter un certain tournus, mais également d'octroyer la moitié des présidences de ces quatre ans de législature à la droite. Ensuite est venue la législature 2001-2005 où la droite s'est accaparée les quatre années de présidence sous prétexte que, lorsque les Verts ont présenté un candidat, il ne leur correspondait pas à eux, à une caricature d'aristocratie; il n'était en tous cas pas aristocrate pour siéger en tant que président de ce Grand Conseil. Les Verts sont revenus l'année suivante, avec une femme - quelle horreur: lors de la première année d'une législature, c'est du jamais vu ! Donc, cela ne se verra pas cette année.
La candidature de M. Halpérin, plutôt que d'être la caricature de l'aristocratie, sera plutôt la caractéristique de l'arrogance. (Applaudissement et huées.)
La présidente. Il est pris acte de la candidature de M. Michel Halpérin. Je prie les photographes de quitter la salle et les huissiers de bien vouloir distribuer les bulletins de vote. (Les députés remplissent leur bulletin de vote.)
Chacun ayant voté, je prie les huissiers de récolter les bulletins. Je déclare le scrutin clos et prie les scrutateurs de bien vouloir se réunir à la salle Nicolas-Bogueret pour procéder au dépouillement, sous la présidence de la benjamine, Mme Emilie Flamand.
Résultats de l'élection du président du Grand Conseil :
Bulletins distribués: 89
Bulletins retrouvés: 88
Bulletins blancs: 14
Bulletins nuls: 23
Bulletins valables: 51
Majorité absolue: 26
M. Michel Halpérin est élu par 51 suffrages. (Applaudissements. Une gerbe de fleurs est remise au nouveau président.)
(Les deux huissiers, avec la cape rouge et jaune, entrent à nouveau dans la salle et se placent comme précédemment sur la quatrième marche.)
La présidente. Mon cher Michel, j'aimerais te remettre ces quelques fleurs en te cédant le siège que j'ai occupé de manière éphémère. Tu vas l'occuper plus longtemps que moi.
Michel, les bonnes fées se sont penchées sur ton berceau, et tu as su exploiter tous les dons que tu avais reçus. Tu vas maintenant nous en faire profiter. C'est un grand jour pour le groupe libéral et pour tout le parti libéral; je suis très fière d'avoir vécu ce moment. Merci, Michel, de nous faire bénéficier dorénavant de tes capacités, de tes qualités, et de ta très belle voix ! (Applaudissements. La doyenne d'âge et le nouveau président s'embrassent.)
Présidence de M. Michel Halpérin, président