Séance du
vendredi 20 mai 2005 à
15h
55e
législature -
4e
année -
8e
session -
45e
séance
M 1500-A
Débat
Mme Sylvia Leuenberger (Ve). Je remercie également le Conseil d'Etat pour ce rapport. Il était très intéressant de lire des informations sur le développement de cette centrale et sur ce qu'il en advient actuellement. Si nous nous sommes inquiétés et si nous inquiétons toujours de ce démantèlement, c'est parce qu'il s'agit de matériaux radioactifs très dangereux qui, pendant des centaines voire des milliers d'années, continueront à diffuser une radioactivité mortelle.
Je pense qu'il est important de rappeler cela, parce que chaque fois qu'une nouvelle centrale est construite ou projetée on oublie bien souvent que son temps de vie est court - environ trente ans. Creys-Malville est un exemple flagrant en la matière: sa construction a duré huit ans; cette centrale a fonctionné dix ans et, sur ces dix ans, elle a été active pendant cent septante-quatre jours, c'est-à-dire six mois, alors qu'il faudra vingt-cinq ans pour la démanteler. Par conséquent, pour six mois de vie, je ne sais pas combien de milliards d'euros ont été dépensés. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'erreurs qui coûtent cher à la collectivité. En outre, il restera sur le site 70 000 tonnes de béton radioactif... Par conséquent, ce site sera définitivement fermé à toute activité humaine. Genève n'est pas responsable de cela, bien évidemment, d'ailleurs Genève a même contribué à la fermeture de cette centrale, et nous en sommes très satisfaits. Cependant, ce sont des leçons qu'il nous faut retenir et que nous devons utiliser comme une base de réflexion pour d'éventuels projets qui, à l'avenir, iraient dans ce sens.
Nous acceptons donc ce rapport et nous en prenons acte.
M. François Thion (S). Voilà une bonne motion des Verts sur Creys-Malville et sur l'énergie nucléaire, de même qu'une réponse extrêmement intéressante du Conseil d'Etat. En effet, non seulement on nous donne des informations sur le démantèlement de la centrale de Creys-Malville en nous disant qu'en principe tout devrait être terminé d'ici vingt ans, ce qui est bien long, mais aussi - on est allé un peu plus loin dans ce rapport - on parle d'un projet de réacteur thermonucléaire expérimental européen qui s'appelle ITER et qui pourrait être installé à Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône.
Je cite le rapport du Conseil d'Etat: «Il s'agit d'une énergie renouvelable mais non dénuée de risques pour l'être humain et pour l'environnement. Le tritium, en particulier utilisé pour la fusion, doit être manipulé avec beaucoup de précautions.» C'est donc un projet qu'il faudra donc suivre attentivement, parce que - ce que n'indique pas le rapport du Conseil d'Etat, mais je suis allé chercher d'autres informations ailleurs - la région est située sur une faille sismique. Et tous les spécialistes s'accordent à reconnaître que des tremblements de terre d'une grande puissance pourraient y survenir. Si l'on étudie l'histoire de la région, on constate que des tremblements de terre se sont produits régulièrement au cours des deux cents dernières années. En ce qui concerne ce projet - ce dernier n'est pas certain, mais possible, les Français y tiennent beaucoup et ils y investissent énormément d'argent - je relève qu'il est pharaonique et mobilise des crédits qui seraient considérables, tandis qu'en France les énergies renouvelables bénéficient de crédits quasiment minables...
Parce que cette affaire de réacteur thermonucléaire est importante, j'aimerais citer le lauréat du prix Nobel de physique 2002, un Japonais, Masatoshi Koshiba, qui s'est également intéressé à ce réacteur. Pourquoi ? Parce que le Japon se porte aussi candidat pour y effectuer ses expérimentations scientifiques. Et, selon Masatoshi Koshiba, ITER, qui brûle du tritium, est extrêmement dangereux du point de vue de la sécurité et de la contamination de l'environnement. C'est pourquoi je pense que le Conseil d'Etat, qui siège dans des commissions, devrait suivre de très près l'évolution de ce projet. Pour ma part, je pense que le projet ITER est extrêmement dangereux, voire inacceptable.
En ce qui concerne Creys-Malville, on l'a évoqué, les choses vont assez bien, mais il faudrait tout de même rappeler ce que disaient les experts scientifiques à l'époque où l'on a construit cette centrale, en 1986: ce projet était considéré comme quasiment parfait et l'on pensait qu'il ne présentait aucun risque... Il a fallu l'accident de Tchernobyl pour que, tout à coup, on s'inquiète fortement à propos des centrales nucléaires et que, à Genève notamment, on se soucie de ce qui se passait à Creys-Malville.
Donc, il nous faut continuer de regarder du côté de nos voisins français, car, je le rappelle, la France est pays le plus nucléarisé au monde, par rapport au nombre d'habitants.
Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.