Séance du
vendredi 20 mai 2005 à
15h
55e
législature -
4e
année -
8e
session -
45e
séance
M 1461-B
Débat
Mme Sylvia Leuenberger (Ve). Je voulais d'abord remercier le Conseil d'Etat pour son rapport et les mesures concrètes et efficaces qu'il a prises pour traiter notre motion. Je profite de ce rapport - cela ne prendra pas longtemps, rassurez-vous - pour rappeler, par rapport à l'énergie solaire, l'incroyable potentiel qu'elle représente. C'est une énergie 100% renouvelable, intarissable, non polluante, accessible à tous et abondante. Le rayonnement journalier mondial est dix mille fois supérieur à nos besoins énergétiques et, surtout, c'est une énergie qui ne peut pas impliquer de guerre économique ni de spéculation. Les panneaux sont encore chers et pas très performants, c'est le seul handicap. Seule une demande accrue permettra justement d'encourager la recherche afin que des matériaux plus efficaces soient mis au point. Le résultat de cet inventaire des toits des établissements publics, que nous avions demandé, montre que l'on pourrait couvrir 2% de la consommation énergétique du canton, grâce à ces panneaux, ce qui est loin d'être négligeable.
Pour une fois, le canton mise sur le bon cheval, si j'ose dire. Et si nous n'avons pas d'or en Suisse, nous avons au moins à disposition les moyens financiers et les technologies nécessaires pour faire avancer la recherche en matière de panneaux solaires. L'énergie solaire est une énergie d'avenir qui nous permettra de compenser notre forte consommation.
J'encourage le Conseil d'Etat à poursuivre ses travaux dans ce sens et, évidemment, nous prenons acte de ce rapport. Je crois que ma collègue ajoutera encore deux ou trois choses tout à l'heure.
M. Alberto Velasco (S). Notre groupe salue la venue de ce rapport car, à la commission des travaux, nous insistons depuis fort longtemps pour que les toitures, des bâtiments publics notamment, soient utilisées afin de produire de l'énergie photovoltaïque. Néanmoins, dans ce rapport, deux types d'énergies apparaissent utilisables sur ces toitures: les énergies solaires thermiques et les énergies solaires photovoltaïques.
Je regrette qu'il soit indiqué dans ce rapport, de manière assez péremptoire, que l'énergie solaire thermique ne sera pas très exploitée, prétendument parce que l'énergie qui y est produite pendant l'été est peu utilisée dans les bâtiments dont il est question. Cela est regrettable, d'abord parce qu'il aurait fallu faire un véritable bilan. Et je ne suis pas sûr que, durant cette période, les occupants des bâtiments administratifs - à l'exception des écoles - n'utilisent pas d'eau chaude. Je regrette donc que le rapport passe sur ce sujet comme chat sur braise, sans compter que les panneaux destinés à produire de l'énergie solaire thermique coûtent bien moins cher que les panneaux produisant de l'énergie solaire photovoltaïque.
Ma deuxième remarque, Madame la présidente, est relative à une réflexion qui apparaît justement dans le rapport: aujourd'hui, le prix d'achat de l'énergie photovoltaïque est de 85 centimes dans le secteur privé, alors que le prix de production s'élève à 60 centimes. Il y aura donc un problème à court terme, car on ne peut pas subventionner de la sorte - ou avoir des taux de rentabilité financière - des installations qui ne présentent que très peu de risques financiers. Lorsque ce sont les Services industriels de Genève qui installent ces panneaux sur une toiture, cela coûte 60 centimes aux collectivité publique; lorsque ce sont des privés qui les installent, c'est à 85 centimes que revient ce coût puisque la loi stipule que l'on doit acheter ce courant au prix de 85 centimes. Donc, ce différentiel de 25 centimes est financé par la collectivité, et cela risque d'entraîner des retours sur investissements dans ce type d'installations qui sont aujourd'hui démesurés par rapport aux risques techniques et financiers encourus. Le Conseil d'Etat devra se pencher sur ce problème, quitte à revoir la loi un peu plus tard.
Pour le reste, nous ne pouvons que remercier le Conseil d'Etat d'avoir produit ce document.
Mme Morgane Gauthier (Ve). Notre motion a largement été examinée par l'administration, et nous tenons à la remercier ici pour le travail qu'elle a fourni.
Les conclusions de ce rapport montrent qu'il est tout d'abord possible d'aménager les toits des bâtiments publics pour qu'ils puissent recevoir des cellules photovoltaïques afin de produire de l'énergie renouvelable. Certes, ce qu'indique également ce rapport, c'est qu'il faut tenir compte de l'état des toits et ne pas installer de cellules si le toit est à rénover dans les années à venir. Mais cela semble relever de la simple logique: c'est du bon sens !
Nous tenons à rappeler ici que la politique énergétique, ambitieuse, que le Grand Conseil a votée dans la conception générale de l'énergie, demande des moyens. Elle doit être menée en fonction de deux axes: celui de la diminution de la consommation énergétique et celui de la diminution de la consommation électrique de ce canton. Il ne faut pas oublier que la consommation en la matière augmente chaque année, et la première chose à faire consiste à changer nos habitudes et nos modes de consommation. Et l'Etat doit montrer l'exemple à cet égard. La deuxième chose à faire consiste à augmenter la qualité de l'énergie; or cette motion montre qu'il est possible d'augmenter la provenance de l'énergie solaire dans notre réseau genevois.
Il faut donc se donner les moyens d'agir. Des projets de lois sont annoncés par le Conseil d'Etat - en page 9 du rapport - pour rénover des bâtiments. Aussi, Monsieur Moutinot, faites quelque chose pour ces toits ! C'est ce que nous vous demandons à la commission des travaux. Cela représente un investissement pour l'avenir. Par ailleurs, il s'agit aussi de tout un savoir-faire que l'on est en train, à Genève, de mettre en place ! Il nous faut donc continuer, afin de devenir un canton modèle du point de vue de l'énergie, et cela tous ensemble, ici et maintenant.
M. Laurent Moutinot, conseiller d'Etat. Je vous remercie des aimables propos que vous avez tenus à l'égard de l'administration qui, en l'occurrence, les mérite vraiment.
Je reviens sur le seul point de divergence, exprimé par M. le député Velasco. Nous n'allons pas réexaminer l'alternative énergie solaire thermique / énergie solaire photovoltaïque, parce que l'énergie solaire thermique sur les bâtiments publics, sauf exception, n'est en général pas la bonne solution. Non seulement parce que les bâtiments scolaires ne sont que peu ou pas utilisés en été, mais aussi parce que les autres bâtiments de nature administrative n'utilisent pas ou très peu d'eau chaude sanitaire.
Donc, il y a manifestement un intérêt à favoriser l'utilisation de l'énergie solaire photovoltaïque plutôt que celle de l'énergie solaire thermique. C'est le fruit d'une analyse qui a dicté cette politique. Cela n'exclut pas des situations dans lesquelles il serait plus raisonnable d'avoir recours à l'énergie solaire thermique, mais c'est bien dans la direction indiquée par ce rapport que nous entendons nous diriger avec dynamisme et avec les crédits que vous voudrez bien nous voter.
Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.