Séance du
vendredi 5 décembre 2003 à
15h
55e
législature -
3e
année -
2e
session -
7e
séance
PL 8800-A et objet(s) lié(s)
Premier débat
Mme Sylvia Leuenberger (Ve). Ce projet est très important, et je tiens à dire que les Verts sont très satisfaits de pouvoir le voter ce soir.
Il faut en effet rappeler que, s'il y a autant d'inondations de grande envergure au cours de ces dernières années - c'est le cas en ce moment dans le sud de la France - auxquelles on ne peut pas rester insensibles, c'est, entre autres, parce que les hommes sont malheureusement trop intervenus de manière erronée dans l'aménagement des cours d'eau.
Pour une fois, et je le félicite, le Grand Conseil a pris le problème à la source, en réalisant qu'il faut protéger les rives de la rivière, afin qu'elle ait l'espace nécessaire pour s'écouler librement. C'est la seule mesure efficace à prendre, si l'on veut éviter les dangers des inondations en aval. En effet, on sait très bien que si une rivière est canalisée, si ses berges sont bétonnées ou si elle est trop enserrée par des constructions sur ses rives, elle sera complètement bloquée et provoquera des inondations. Si elle est «décanalisée», c'est la rivière qui, lors de l'absorption des crues, filtre les eaux sales; elle devient alors un lieu privilégié pour la flore et la faune. Tout cela naturellement, sans coût pour les humains.
En fait, ce projet de loi de protection des rives de la Versoix, qui correspond à une loi fédérale pour les zones alluviales d'importance nationale, est véritablement très important. Je tenais donc à remercier la commission, le Grand Conseil et le Conseil d'Etat qui ont oeuvré à ce projet de loi.
M. Rémy Pagani (AdG). Contrairement à ce qu'a dit M. Portier, nous allons traiter ce projet, et nous en prenons acte...
Pour faire suite aux paroles de ma préopinante, je dirai que c'est un très beau projet qui a été mené par le département, dont le but est de protéger l'ensemble des rives de la Versoix.
Nous avons eu quelques anicroches, si j'ose dire. En effet, quelques propriétaires ont exprimé leur opposition, car ils n'ont visiblement pas compris l'intérêt, pour eux-mêmes, de mettre ce projet en oeuvre.
Toujours est-il que ce projet de loi inverse encore un peu plus la politique du canton en la matière - elle l'était déjà passablement avec la renaturation des cours d'eau effectuée ces dernières années - et qu'il amplifie cette nouvelle politique du canton, ce dont nous nous réjouissons.
Nous tenons simplement à faire remarquer que, jusqu'à maintenant, l'ensemble des cours d'eau étaient curés pour éviter que d'éventuels troncs d'arbres ne forment un barrage. Il nous a été dit en commission que certains bras de la Versoix devaient être laissés en l'état... Nous émettons tout de même quelques réserves à cet égard puisque, en cas de crue, les risques de barrages sont amplifiés et peuvent provoquer des inondations dévastatrices, comme on a pu le voir ces derniers jours en France.
Ces quelques remarques étant faites, nous estimons que ce projet doit être accepté à l'unanimité, comme cela a été le cas en commission. Nous remercions non seulement le département, mais aussi la commission qui a travaillé pendant deux ans, je crois - ou même quatre - à l'élaboration de ce projet de loi et de ces mesures de protection.
M. Pierre-Louis Portier (PDC). Je prends rapidement la parole, parce que je sais que notre temps est compté... J'aimerais, tout comme ma préopinante, Mme Leuenberger, saluer cet excellent projet de protection des rives de la Versoix. J'aimerais aussi saluer - une fois n'est pas coutume - la large base politique, puisque la commission a voté ce projet à l'unanimité, qui va se manifester ce soir - je l'espère - pour mettre en place une protection extrêmement importante d'un des joyaux environnementaux de notre canton.
Je saluerai également l'excellent travail qui a été fourni, en amont des travaux de la commission, par le département. Il faut dire que si la commission a pu travailler dans de bonnes conditions, c'est essentiellement et grâce à ce travail important - deux ans... Non, quatre, me dit-on...
Enfin, je voudrais dire que la commission s'est permis de faire quelques retouches à ce travail qui va maintenant aboutir. En effet, au travers de nos auditions, il nous a semblé que deux groupes d'opposants émettaient des craintes et des réserves qui pouvaient être retenues. Nous avons donc pu apporter de légères retouches à cet excellent projet, sans le dénaturer.
Ma conclusion sera très simple: le groupe démocrate-chrétien votera avec enthousiasme la protection des rives de la Versoix.
M. Claude Aubert (L). J'aimerais vous parler d'un autre sujet: le rêve...
Le rêve est important, et nous ne sommes pas ici uniquement pour parler de troncs d'arbres, de béton ou d'inondations. Nous devons aussi pouvoir évoquer une de nos fonctions les plus importantes: celle de pouvoir laisser notre esprit vagabonder...
Combien d'adultes, combien d'enfants et d'adolescents ont eu, tout d'un coup, l'occasion de partir dans leur tête en regardant les eaux s'écouler, en regardant les arbres et tout ce que la nature peut nous offrir ! Il me semble important que le Grand Conseil de Genève s'occupe aussi de temps en temps de cette fonction supérieure: la capacité de rêver. Et je me réjouis à l'idée que beaucoup de gens aillent se promener le long de nos rivières, pour laisser leur esprit aller à autre chose qu'à la matière.
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous allons passer au vote sur ces trois objets que je vous soumets successivement.
Les lois 8800 et 8801 sont adoptées en trois débats par article et dans leur ensemble.
Mises aux voix, les conclusions de la commission d'aménagement du canton (dépôt de la pétition 1129 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées.