Séance du
jeudi 22 octobre 1998 à
17h
54e
législature -
1re
année -
12e
session -
40e
séance
IU 547
Mme Jacqueline Cogne (S). Mon interpellation urgente s'adresse à Mme Brunschwig Graf, en charge du département de l'instruction publique.
Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, la plupart d'entre vous, du moins je l'espère, ont entendu parler d'un problème qui a fait l'objet d'une émission de télévision, en décembre dernier. Il s'agit d'un sujet touchant les enfants et les adolescents hyperactifs.
Pour ceux qui l'ignoreraient, l'hyperactivité est due à un désordre au niveau des neurotransmetteurs, désordre pouvant être aggravé par une nourriture trop riche en phosphates touchant des personnes plus sensibles que d'autres. Nous sommes donc confrontés à un problème d'origine somatique et pas seulement d'origine psychologique. J'insiste sur ce fait : «pas seulement psychologique», comme pourrait le laisser croire le comportement des enfants et des adolescents atteints. En effet, ce syndrome se présente de la façon suivante : l'enfant a du mal à rester assis quand on le lui demande, il ne sait pas obéir, il est inépuisable mais épuisant pour l'entourage. Il interrompt souvent autrui ou impose sa présence en faisant irruption, par exemple, dans les jeux d'autres enfants. La liste est encore longue de tous les autres comportements.
Je pourrais vous fournir cette liste, Madame Brunschwig Graf, ainsi qu'un dossier très complet par le biais de quelques parents concernés présents dans le public, lesquels parents, dont le docteur Carlsson, vous ont écrit au sujet de leurs enfants ce printemps dernier et n'ont toujours pas obtenu de réponse.
Il faut aussi savoir que ces enfants, dans la majorité des cas, présentent un coefficient intellectuel nettement supérieur à la moyenne et que ces mêmes enfants peuvent devenir des adolescents enclins à l'automutilation, au brigandage, même au meurtre, en tout cas, pour beaucoup, à la délinquance. Je serais curieuse de savoir combien de ces adolescents hyperactifs sont actuellement à La Clairière, voire à Champ-Dollon. Je ne vous parlerai pas des parents qui vivent l'enfer. Cela peut aller de la séparation de couples à la dépression dans les familles monoparentales, et j'en passe.
Les alternatives de traitement qui existent sont, entre autres, un régime alimentaire pauvre en phosphates et la «Ritaline», dont la durée d'action est limitée mais qui, associée au régime alimentaire, accomplit des miracles, tant les résultats sont spectaculaires.
Etant donné la mise en échec scolaire de ces enfants, il me semble important que vous interveniez rapidement, Madame Brunschwig Graf, sur la suite que je vais exposer. Il y a urgence !
Une question : comment se fait-il que les questionnaires de comportement donnés aux enseignants et qu'ils remplissaient quand ils avaient des élèves «à problèmes» ne soient plus remplis, ceci sur l'ordre du SMP - service médico-pédagogique - ralentissant considérablement les chances de guérison de ces enfants en les rendant otages des querelles d'adultes ?
Voici trois requêtes :
1. Pouvez-vous demander au service médico-pédagogique une statistique sur le nombre d'enfants qui reçoivent le traitement adéquat dans leurs institutions, sachant qu'approximativement 30% des enfants dits à problèmes sont des hyperactifs ?
2. Pouvez-vous faire remettre en circulation ces questionnaires qui permettraient à ces enfants si particuliers de ne pas être marginalisés trop longtemps et d'être ainsi pris en charge le plus tôt possible ?
3. Vous serait-il possible aussi de trouver les moyens d'aider financièrement les familles nécessiteuses, de façon à faire suivre une scolarité adéquate à ces enfants dans une école adaptée à leurs particularités, soit une école privée, et d'accorder des dérogations pour le retour dans le système scolaire des enfants hyperactifs «soignés» ?