Séance du
jeudi 9 décembre 2021 à
20h30
2e
législature -
4e
année -
6e
session -
35e
séance
P 2116-A
Débat
Le président. Nous poursuivons avec la P 2116-A, classée en catégorie II, trente minutes. Je cède la parole au rapporteur de majorité, M. Alexis Barbey.
M. Alexis Barbey (PLR), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. La pétition «Vivre ensemble aux Pâquis» a été examinée à six reprises par la commission des pétitions et a été étudiée très en détail, avec cinq auditions. La pétition alerte sur la situation jugée difficile dans le quartier des Pâquis et propose un éventail de mesures structurées dans le temps. La plupart de ces mesures tournent autour d'un renforcement de la police de proximité et d'un soutien accru aux associations locales. Un accent est aussi mis sur le contrôle des débits de boissons.
Les représentants des forces de l'ordre sont venus expliquer les efforts qu'ils développent sur place. La magistrate Marie Barbey-Chappuis est aussi venue détailler le fonctionnement des patrouilles conjointes des polices municipales et cantonales. Elle s'étonne du décalage qui existe entre les statistiques de la criminalité et les impressions des habitants, ces dernières étant beaucoup plus alarmistes que les statistiques ne le sont. On se rend compte que l'énorme majorité des demandes des pétitionnaires sont déjà réalisées, ou en cours de réalisation. S'agissant par exemple du contrôle de la vente d'alcool, la police du commerce effectue déjà de tels contrôles. Quant à la présence policière de proximité et une présence de police à pied, il s'agit d'une priorité et elle est déjà appliquée. Ainsi, ce que demandent les habitants des Pâquis, c'est exactement ce que font les autorités cantonales et communales.
A part cela, un enseignant à la Haute école des sciences appliquées de Zurich a expliqué comment s'était déplacée la scène de la drogue de la Langstrasse et à quel point une étroite collaboration entre les polices et les travailleurs sociaux était nécessaire. C'est une expérience intéressante, mais qui n'entre pas du tout dans le cadre de la pétition dont nous parlons aujourd'hui. Lors de la discussion et du vote, une courte majorité s'est dégagée pour dire que les autorités faisaient déjà leur possible et étaient bien conscientes de la situation aux Pâquis. Il a été décidé de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil et le PLR vous invite à voter dans ce sens. Je vous remercie.
M. Jean Batou (EAG), rapporteur de première minorité. Tout d'abord, il faut partir d'un constat: le quartier des Pâquis est l'un des plus denses de la ville, mais c'est aussi un de ceux où la vie associative est la plus développée. Nous devons donc écouter ses habitants, qui nous posent un certain nombre de questions et qui les ont posées à la Ville de Genève. Ce qu'on nous a dit, c'est que l'installation de la vidéosurveillance n'a fait que contribuer à déplacer la scène de la vente de drogue et que les opérations coup de poing de la police ne servent finalement pas à grand-chose. Il faut donc chercher des solutions au-delà de ces expédients.
En premier lieu, on a constaté qu'à Genève, il n'y a pas de politique de la drogue. On ne sait pas exactement ce qu'on veut: quel est le but ? Quel est l'objectif ? Ensuite, il n'y a pas d'effort de médiation, comme il en existe dans d'autres communes ou dans d'autres cantons, c'est-à-dire aller au contact des vendeurs ainsi que des consommateurs, discuter avec eux et essayer de comprendre sur quel terrain on se déplace et comment on peut le rendre compatible avec les souhaits des habitants. Enfin, il n'y a pas d'effort d'aménagement au sens de l'architecture urbaine qui permette d'améliorer le sentiment de sécurité et la possibilité pour les habitants d'occuper l'espace commun.
A partir de ces constats, il faut analyser ce qui se passe aux Pâquis - ce point était intéressant en commission. Tout d'abord, l'éradication de la scène de la drogue, c'est un rêve qui est entretenu à chaque veille d'élections par quelques partis démagogiques, mais aucune ville au monde - aucune ville au monde ! - ne peut éradiquer la scène de la drogue tant qu'il y a une demande. Le problème n'est pas l'offre, le problème, c'est la demande. Par conséquent, tant qu'il y a une demande, il est absurde de vouloir éradiquer la scène de la drogue. Donc comment faire ? Tout d'abord, il faut comprendre que l'offre dans la rue est totalement minoritaire. L'essentiel du marché de la drogue se passe en dehors de la rue. Les dealers de rue ont un revenu assez réduit, et ce ne sont pas eux qui profitent du commerce de la drogue. De plus, il semble que l'action de la police en uniforme - c'est ce que nous a dit l'intervenant zurichois - ait un impact sur les demandeurs, surtout sur les demandeurs qui ont quelque chose à perdre, parce qu'ils ont un statut social - ils voient des policiers et ne vont donc pas consommer -, mais n'ait aucun impact sur les vendeurs, qui, de toute façon, risquent d'être renvoyés et que d'autres vendeurs viendront ensuite remplacer. L'action de la police est donc utile par rapport aux demandeurs.
Le président. Vous passez sur le temps de votre groupe.
M. Jean Batou. En revanche, la politique du logement, qui permet de loger des sans-abri, est décisive - on nous l'a dit, ça a été le cas à Zurich - pour empêcher que des gens en difficulté s'adressent au marché de la rue; dès lors qu'ils ont un logement et une certaine sécurité, ils quittent ce terrain de consommation. En somme, la problématique, c'est de fixer un but. Quel est l'objectif du canton et de la Ville en matière de politique de la drogue à Genève ? C'est un élément qui fait totalement défaut pour le moment.
Ensuite, il faut écouter les doléances du quartier, parce qu'on doit commencer par écouter les gens qui ont quelque chose à dire et qui vivent au quotidien ce dont ils parlent. Par ailleurs, il faut être conscient que la police en uniforme ne peut être utile que pour déplacer la scène de la drogue en intimidant les consommateurs, mais que ça n'a aucun impact sur les vendeurs. Il faut faire un effort de médiation, de concertation, on peut discuter avec les vendeurs - ça se fait dans plusieurs cantons ou dans d'autres communes - et on peut trouver des aménagements. En outre, il y a un problème de politique migratoire. Ce n'est pas avec le type d'accueil qu'on offre aujourd'hui aux migrants venus en particulier d'Afrique subsaharienne qu'on peut résoudre le problème de la drogue. Il faut mener une politique d'intégration à l'égard de ces jeunes. Enfin, il faut mener une politique d'aménagement urbain, avec notamment le projet «Croix verte», qui permettrait de traverser d'est en ouest et du sud au nord le quartier des Pâquis avec des sites aménagés pour les habitants.
L'ensemble de cette problématique nous pousse à vous demander de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat pour qu'une réflexion commune et une politique concertée soient menées entre l'Etat et la commune de Genève - puisqu'une même pétition a été renvoyée au Conseil administratif - pour se fixer des objectifs et les réaliser en commun. (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) Genève pâtit d'une situation où les acteurs officiels étatiques de la politique de la drogue sont à la fois la police de proximité, la police-secours, la police municipale, la police judiciaire et les travailleurs sociaux, et où il y a très peu de concertation au sein de l'ensemble de ces unités.
Le président. Merci.
M. Jean Batou. La Ville et le canton pourraient donc y contribuer.
Le président. Il faut conclure.
M. Jean Batou. J'ai fini. Cela fait cinq minutes et cinquante-cinq secondes, d'après mon chronomètre. Merci, Monsieur le président.
M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur de deuxième minorité. Mesdames et Messieurs les députés, les habitants qui ont déposé cette pétition et qui nous l'ont présentée posent un constat sur les Pâquis que, je pense, personne ne peut contester: la tension s'est accrue, de nombreux habitants ont été victimes d'agressions, des personnes - en particulier les personnes âgées, les femmes, les enfants - hésitent à sortir de chez elles à certaines heures; les vendeurs de drogue s'introduisent dans les allées pour s'y réfugier et y cacher de la drogue, etc., etc. Un constat que toutes les personnes qui vivent aux Pâquis ou les fréquentent connaissent, et c'est un fait acquis.
Les pétitionnaires proposent deux temps d'action, l'un à court terme, qui met l'accent sur la police - c'est vrai que cela a pu froisser quelques membres de la commission -, en demandant une présence policière de proximité et à pied accrue; une capacité de la police à répondre rapidement aux sollicitations des habitants; un contrôle systématique des ventes d'alcool; une présence policière plus importante et d'une amplitude horaire plus grande aux abords des écoles. Il me semble, Mesdames et Messieurs, qu'il devrait y avoir une majorité assez large pour soutenir cette première étape de mesures.
A moyen terme, on continue avec l'action policière et le contrôle systématique des commerces, et on ouvre vers des patrouilles ou en tout cas une collaboration renforcée entre les travailleurs sociaux hors murs et les correspondants de nuit, un déplacement de la scène de la vente de drogue vers des zones non habitées, bref, on essaie de résoudre le problème d'une manière plus large. On a même une vision à long terme: aménager des zones piétonnes, mettre en place une politique d'accueil cohérente pour les migrants mineurs et une politique du commerce qui favorise le professionnalisme et la diversité.
Nous avons là des habitants qui se mobilisent, qui font signer une pétition et qui proposent une vraie politique pour la ville, une vraie politique avec des options qui sont sur la table. On peut dire «ça, j'aime pas; ça, je veux pas !», mais on doit constater qu'à l'échelle tant du canton que de la Ville, le travail des collectivités n'arrive pas à ce degré de vision et d'action sur le terrain pour résoudre un problème que personne ne peut nier - sauf M. Barbey qui nous dit: «La police nous indique que tout va bien, les statistiques contredisent les habitants des Pâquis, tout roule !» Désolé, mais personne ne peut croire ce discours-là ! Soit les statistiques sont biaisées parce que les gens ne vont pas automatiquement porter plainte, parce qu'il y a des types de délits qui ne conduisent pas automatiquement à des sanctions, soit il y a un décalage énorme entre la population et les forces de police. Ayant entendu les habitants qui sont venus à la commission des pétitions, je suis plutôt d'avis de croire les habitants qui faisaient état de témoignages récurrents de situations violentes, difficiles, invivables. Je demande aux députés aujourd'hui: qui aimerait aller vivre à la rue de Zurich, à la rue de-Monthoux ou à la rue de Berne ? Si des députés parmi nous le souhaitent, qu'ils lèvent la main et qu'ils déménagent pour aller vivre là-bas et on aura un vrai discours et un vrai débat de qualité !
Mme Barbey - que M. Barbey cite - dit que sa police mène très bien l'action, mais c'est la première à réclamer la clôture du préau des Pâquis, parce qu'il est devenu invivable et que quand les enfants arrivent le matin à l'école, ils trouvent urine, drogue et autres types d'incivilités qui rendent tout simplement périlleux pour les habitants le fait d'amener leurs enfants à l'école.
Le président. Vous passez sur le temps de votre groupe.
M. Sylvain Thévoz. Merci, Monsieur le président. Les habitants font le constat quotidien depuis des années de ces problèmes et proposent des solutions. Alors de grâce, ne déposons pas cette pétition sur le bureau du Grand Conseil ! Envoyons ces propositions, qui ne sont peut-être pas toutes réalisables ou parfaites, au Conseil d'Etat, qui y réfléchira et qui essaiera de les pousser, qui essaiera de faire comme Zurich a fait avec la Langstrasse en réussissant à pacifier cette rue - nous avons entendu un expert, M. Herzig, qui est venu nous l'expliquer. Comment ? En étant dans la rue, avec une présence renforcée, en organisant des patrouilles mixtes - travailleurs sociaux, policiers - et en travaillant sur les politiques en amont. Ça marche ! Comme l'ont dit M. Savary et M. Batou, la guerre à la drogue, ça ne marche pas ! Faire croire qu'on va l'éradiquer... Non ! Mais essayer une régulation à certaines heures, à certains moments, afin que les habitants des Pâquis puissent vivre dans leur quartier, oui !
Mesdames et Messieurs, nous vous invitons à soutenir cette pétition, à la renvoyer au Conseil d'Etat. Les habitants des Pâquis et d'autres quartiers en souffrance - notamment Plainpalais - nous regardent et ils ont besoin de solutions pratiques. Il y en a dans ce document. Soutenons-les, améliorons-les et allons de l'avant pour une ville pacifiée ! Merci de votre attention.
Mme Christina Meissner (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, personne ne nie qu'il y a des problèmes aux Pâquis et ce n'est pas la première pétition relative à ce quartier. Nous devons écouter les habitants, car ce sont eux qui vivent au quotidien aux Pâquis et qui nous interpellent. Malgré la présence de la police, malgré les contrôles des dépanneurs, les problèmes de drogue persistent, les habitants sont interpellés dans leurs allées, les préaux des écoles demeurent des places de deal.
La démarche des pétitionnaires n'est pas négative, elle vise une amélioration de la situation qui est complexe et ose explorer toutes les options. Nous nous devons de soutenir des pétitionnaires qui sont des associations de quartier très impliquées dans la vie de quartier, qui cherchent et proposent des solutions pour apaiser leur lieu de vie.
Il est temps de remettre de la qualité de vie aux Pâquis, de renforcer la présence policière à l'évidence insuffisante, surtout après 22h. Il faut aussi tester d'autres solutions qui fonctionnent ailleurs, telle la médiation, impliquer des correspondants de nuit ou des travailleurs de rue ou encore instaurer des patrouilles mixtes composées de la police et de travailleurs sociaux. Cette solution mixte fonctionne à Zurich dans un quartier à la typologie similaire aux Pâquis. Alors pourquoi pas ici, à Genève ? Pour ces raisons, le PDC votera le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat. Je vous remercie.
Mme Adrienne Sordet (Ve). Mesdames les députées, Messieurs les députés, la pétition soulève une problématique récurrente dans le quartier des Pâquis et pour laquelle des réponses peinent à être trouvées. Pourtant, des solutions existent, ont été appliquées dans d'autres cantons et sont en partie proposées dans la présente pétition. En partie, car la pétition demande davantage de présence policière, alors que la police, à notre sens, est déjà bien trop présente, ce qui ne permet pas de régler réellement le problème du deal, à part peut-être à très court terme. Toutefois, s'agissant de la demande d'instaurer des correspondants et des correspondantes de nuit, cette mesure est nécessaire, et on se demande bien pourquoi elle n'est pas mise en oeuvre actuellement. Le vivre-ensemble se cultive et ces correspondants et correspondantes de nuit y contribuent. Rappelons aussi qu'un aménagement urbain mieux développé permettant de retrouver une vie de quartier facilite la réappropriation des lieux par les habitants et les habitantes et permet aussi de construire une autre dynamique de quartier.
Outre cela, le deal de rue ne peut être supprimé, pour des raisons évidentes de demande existante. Le travail doit donc être axé en amont sur la prévention, mais aussi sur l'accessibilité encadrée de ces produits. Rappelons ici que le deal de rue n'est qu'une petite part du marché de la consommation et qu'il est principalement utilisé par les personnes dans l'urgence. Ensuite, prévenir vaut mieux que guérir, et il faut se demander pourquoi tant de personnes n'ont d'autre choix que de faire du deal de rue. La politique migratoire trop répressive laisse peu ou aucune marge aux personnes arrivant en Suisse. Il faut donc travailler sur cet aspect afin de leur offrir d'autres perspectives.
Bien d'autres arguments pourraient être avancés pour soutenir cette pétition, car la situation doit effectivement être prise en main. Cela ne justifie toutefois pas d'axer les travaux concrets sur le renforcement de la police et de déplacer le problème ailleurs. Il faut plutôt se donner les moyens de travailler sur les problèmes de fond, tels que la prévention et l'encadrement quant à la consommation de drogue, le dialogue avec les personnes qui effectuent le deal et les «consommateurices», et enfin, mettre en place une politique migratoire et une politique de logement inclusive. Dès lors, le groupe des Verts soutiendra cette pétition et la renverra au Conseil d'Etat, bien que nous émettions une réserve sur les demandes de renforcement de la répression policière. Je vous remercie.
M. Jean-Marie Voumard (MCG). Je suis peut-être un des seuls députés ici qui habite aux Pâquis, je suis donc bien placé pour parler. (Commentaires.) Je crois que cette pétition est quelque peu déplacée. Ce ne sont pas les vendeurs de drogue qui sèment la zizanie aux Pâquis. Je peux vous dire que les alcooliques sont beaucoup plus à l'origine des craintes des habitants des Pâquis. Quand on les voit sur la place de la Navigation la journée, le soir en été, en train de crier, je pense que c'est là qu'il y a un problème, et ce ne sont pas les vendeurs de drogue.
Je voulais juste encore préciser que j'ai été un peu surpris par un député socialiste qui a pris la parole précédemment pour dire que les lieux liés à la drogue devaient se trouver dans des zones non habitées. Je vous rappelle que j'avais déposé il y a déjà quelques années une motion, qui a été refusée, au sujet de Quai 9, qui demandait de déplacer ce lieu qui se trouve derrière la gare et qui est donc très bien placé. Je pense qu'il y a là également un problème.
Nous allons déposer cette pétition, parce que, s'agissant de tous les problèmes énoncés, la police - que ce soit la municipale ou la cantonale - fait son travail, je la vois tous les jours. Le problème ne réside pas là, contrairement à ce que suggère cette pétition. Concernant la politique migratoire et les vendeurs de drogue, vous savez très bien de quoi il s'agit: ce sont des NEM, vous pouvez l'accepter ou non, ils sont refusés en Suisse, vous ne pouvez rien faire contre. Je vous remercie, Monsieur le président.
Le président. Merci, Monsieur le député. Je cède maintenant la parole à M. le député François Baertschi pour une minute et vingt-sept secondes.
M. François Baertschi (MCG). Merci, Monsieur le président. Juste pour compléter ce qu'a dit de manière tout à fait pertinente Jean-Marie Voumard, il faudrait quand même rappeler que des interventions demandant la fermeture des préaux d'école aux dealers avaient été shootées par la gauche. Actuellement, ces préaux d'école leur restent toujours accessibles. On a donc un peu de peine à comprendre ce que veulent les personnes qui demandent que l'on renvoie cette pétition au Conseil d'Etat. Qu'est-ce qu'il faut faire ? Est-ce qu'il faut ouvrir les frontières, accueillir le maximum d'immigrés, le maximum de dealers, comme j'ai cru comprendre en écoutant certains députés ? Avoir davantage de présence policière, moins de présence policière ? Des policiers avec des éducateurs ? Tout cela est très confus. On a pu lire un rapport très intéressant qui nous a donné des réponses tout à fait pertinentes, je crois que c'est très bien. En remerciant les auteurs de cette pétition pour leur travail, nous devons en prendre acte et la déposer sur le bureau du Grand Conseil. Merci, Monsieur le président.
M. Stéphane Florey (UDC). Il convient en effet de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Malheureusement, je constate qu'une majorité se dessine pour la renvoyer au Conseil d'Etat, ce qui est une aberration, puisque à lire et à écouter ce qui était une minorité et qui va devenir une majorité, celle-ci nie totalement le problème ! Vous voulez mettre en place des mesures, mais vous ne voulez pas régler le problème en soi, parce que vous dites que la drogue ne pose pas de problème, alors que c'est faux, puisque, en un sens, les pétitionnaires le disent. Vous ne voulez pas reconnaître que l'immigration pose un problème, alors que ce sont des gens qui s'intègrent très peu pour la plupart; ce sont eux-mêmes qui font du deal de rue, pour une majorité, mais vous refusez de prendre des mesures à leur encontre. Finalement, ce que vous demandez est totalement incompréhensible. Les demandes de la pétition sont quasiment toutes réalisées, puisque les mesures demandées sont déjà en place. Vous ne pouvez pas demander encore une fois que des mesures soient prises et en même temps ne pas vouloir régler le problème. Il faudra donc voir ce que le Conseil d'Etat compte faire de cette pétition, mais je vois mal ce qu'il pourrait faire pour améliorer la situation au vu de ce qu'elle demande. C'est pour cela qu'il faudrait la déposer sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.
Le président. Merci, Monsieur le député. Je passe la parole à M. le député Patrick Lussi pour cinquante-quatre secondes.
M. Patrick Lussi (UDC). Merci, Monsieur le président. Ce sera suffisant. Un député d'Ensemble à Gauche a peut-être dit une vérité. Il a dit: ce ne sont pas les dealers qui créent le problème. Oui, Mesdames et Messieurs les députés, c'est peut-être une phrase qu'on ne désire plus entendre ! Parce que si on supprime les consommateurs, si on remet par exemple les amendes à la consommation, si on la rend plus difficile, si on donne un peu moins d'argent de poche à nos enfants qui consomment shit et consorts... (Exclamation.) ...ne serait-ce pas le moyen de parvenir à... (Commentaires.) Mais évidemment, il est politiquement incorrect de dire cela, et j'entends déjà les indignations s'élever là-bas, vers la gauche ! Merci, Monsieur le président.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole va maintenant à Mme la députée Christina Meissner pour une minute et quarante et une secondes.
Mme Christina Meissner (PDC). Merci, Monsieur le président. Excusez-moi de reprendre la parole, mais là, on est en train de parler de ce que les députés ont dit. Moi j'aimerais juste rappeler ce que les habitants des Pâquis demandent: une présence policière de proximité et à pied accrue; une capacité de la police à répondre rapidement aux sollicitations des habitants; un contrôle systématique des ventes d'alcool en dehors des heures légales par la police du commerce; une présence plus importante et une amplitude horaire plus large de la police municipale aux abords des écoles; la continuité de l'action policière; la continuité des contrôles systématiques des commerces; la mise en place par la Ville de Genève, en s'inspirant de l'exemple existant à Lausanne, de correspondants de nuit et le renforcement du rôle des travailleurs sociaux hors murs, sur le terrain; un soutien aux associations de quartier afin de favoriser la réappropriation de l'espace par les habitants; de poser les bases d'un déplacement de la scène de vente de drogue vers des zones non habitées; d'aménager des zones piétonnes et de réaliser le projet «Croix verte»; de mettre en place une politique d'accueil cohérente et exigeante des migrants, en particulier des migrants mineurs; de mettre en place une politique du commerce favorisant le professionnalisme et la diversité, ainsi que le rétablissement de la brigade de nuit. Voilà ce qu'ils demandent ! (Commentaires.)
M. Mauro Poggia, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je vous remercie pour ce ruissellement de bonnes intentions. J'ai bien compris qu'il va falloir que j'engage du monde pour assurer une présence policière 24 heures sur 24. Je le ferai avec le budget que vous avez refusé de voter tout à l'heure, et comme ça... (Applaudissements.) Ceux qui applaudissent en auront aussi pour leur argent dans quelques secondes ! (Exclamations. Rires.) Il suffit d'attendre ! On nous demande effectivement de mettre en place des médiations, d'aller discuter avec les dealers pour leur faire comprendre que ce qu'ils font, ce n'est pas très bien, qu'ils devraient aller un peu plus loin pour ne pas déranger la population des Pâquis. C'est vrai que c'est un problème, mais il a plusieurs facettes: il y a tout d'abord les consommateurs, et Genève n'a pas attendu - comme cela a été dit dans cette enceinte - pour mettre en place une politique efficace contre l'addiction. Il y a plus de quarante ans, Genève était pionnière en Suisse, je ne vais pas refaire tout l'historique de ce qui a été réalisé dans ce canton pour la prise en charge des personnes toxicomanes, qui sont avant tout des personnes malades. La politique des quatre piliers constitue encore l'un des fondements de notre action dans ce domaine et nous y travaillons. C'est une coordination entre la santé et la sécurité. Le fait que ces deux politiques publiques soient réunies dans un même département permet peut-être un peu plus de fluidité entre les deux impératifs - sanitaire et sécuritaire - qui parfois peuvent paraître contradictoires.
Le travail se fait donc, mais il faut être réaliste, et comme je le disais il y a un instant, celles et ceux que j'ai sur ma gauche largement entendus nous dire qu'il faut trouver des solutions aux problèmes des habitants sont celles et ceux qui déposeront eux-mêmes des textes lorsque nous prendrons des mesures pour faire en sorte que les personnes qui n'ont plus rien à faire sur notre territoire le quittent. Ce sont des personnes déboutées de l'asile, sans titre de séjour, qui ont été condamnées à de multiples reprises, qui sont dans la rue, qui devraient arrêtées et détenues administrativement, puis renvoyées dans leur pays. Or ces personnes, qui sont au nombre d'une centaine - en tout cas s'agissant du noyau dur -, sont dans nos rues et créent, précisément, le désordre que vous allez me demander de régler. Alors que je ne vous entende pas, lorsque des gens seront renvoyés dans leur pays, hurler à la mort dans cet auditoire pour nous dire qu'il faudrait les laisser ici parce que c'est l'humanité qui doit primer !
Il faut donc être conséquent, à droite comme à gauche: à droite, en donnant les moyens pour une politique sécuritaire; à gauche - la gauche qui veut plaire ce soir à la population qui se plaint d'une situation réelle - en nous donnant les moyens de faire en sorte que les personnes qui vivent sur notre territoire respectent nos règles, que celles qui sont déboutées après avoir épuisé toutes les voies de recours quittent notre territoire et, si elles ne le font pas d'elles-mêmes, soient amenées à le faire avec les moyens de droit que nous avons à notre disposition.
Je vous demande donc de ne pas renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, qui empoigne ce problème depuis des années déjà et qui va le faire de manière plus ferme ces prochains mois - vous en entendrez parler, mais ne venez pas vous plaindre ! Je vous remercie.
Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je vous invite à vous prononcer sur les conclusions de la majorité de la commission, à savoir le dépôt sur le bureau du Grand Conseil.
Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 2116 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 44 oui contre 42 non et 2 abstentions.