Séance du
vendredi 2 juillet 2021 à
14h
2e
législature -
4e
année -
2e
session -
13e
séance
M 2675-A
Débat
Le président. L'ordre du jour appelle la M 2675-A. La parole est à M. le député Rémy Pagani.
M. Rémy Pagani (EAG). Merci, Monsieur le président. C'est quand même une affaire extrêmement dommageable pour l'ensemble du savoir-faire des petites et moyennes entreprises à Genève. Cette tuilerie de Bardonnex fonctionnait depuis des années. Elle a embelli le patrimoine et, malheureusement, ce rapport fait, si j'ose dire, une croix définitive sur cette production. Nous avons essayé de soutenir la pérennité de cette production, comme le Conseil d'Etat l'a d'ailleurs proposé, en mettant 6 millions sur la table, et certains d'entre nous ont participé à la mise en place d'une coopérative avec les ouvriers. Malheureusement, le propriétaire, M. Despond, pour ne pas le nommer, n'a jamais voulu céder quoi que ce soit; pour un projet peut-être réalisable, mais surtout très productif pour lui, il a refusé systématiquement tout accord, y compris pour deux ans, comme le proposait le Conseil d'Etat. Nous tenons à protester vivement contre cette situation. Le Conseil d'Etat aurait quand même pu menacer toute cette équipe d'expropriation ou en tout cas venir devant notre Grand Conseil pour faire cette proposition et obtenir que ce propriétaire des bâtiments revienne à la raison, parce qu'il faut le dire, l'entrepreneur qui produisait ces tuiles patrimoniales et historiques était, lui, d'accord de faire un pas vers la prise en charge de cette production par la coopérative. Malheureusement, la détermination du propriétaire et ses manigances, si j'ose dire, ont eu raison de tout projet dans ce sens. Toujours est-il que nous ne pouvons que constater cette situation et la déplorer vivement. Je vous remercie de votre attention.
M. Emmanuel Deonna (S). La tuilerie de Bardonnex fait partie de l'histoire du canton depuis les années 30. L'entreprise a d'abord annoncé des licenciements, puis le démantèlement de l'usine et de son four historique, qui est un vrai joyau de notre industrie. Pendant l'année 2020, les travailleurs licenciés ont lutté pour leur emploi, pour la survie de cet outil industriel unique, pour la reconnaissance d'un savoir-faire ancestral. Il faut savoir que ces tuiles confectionnées à Bardonnex sont visibles sur les plus beaux monuments de notre région: au château de Chillon, au château de Ripaille, à la mairie de Genève. C'est vraiment un joyau de notre patrimoine industriel et artisanal genevois et suisse. Comme l'a rappelé mon préopinant, les travailleurs se sont mobilisés, aussi suite au dépôt d'une motion défendue dans notre enceinte. Un comité de soutien et les syndicats ont été extrêmement actifs. La mobilisation continue. Le plan social proposé par l'entreprise Gasser était misérable; il a été entre-temps un peu amélioré.
Une très belle exposition sur le patrimoine des tuileries de Bardonnex a été mise en place. Elle a été mise en valeur par la presse locale - la «Tribune de Genève», «Léman Bleu», «Le Temps» en ont parlé -, les travailleurs ont été reçus par la commune de Bardonnex, par le maire et les conseillers municipaux. Patrimoine suisse a entamé une procédure de classement. Je ne serais donc pas aussi pessimiste que M. Pagani, puisque, tant que cette procédure est pendante, l'usine doit rester en l'état. Mais il est vrai que l'Etat a mis 6 millions sur la table et que le propriétaire n'a pas bronché; comme le disait mon préopinant, il a préféré manigancer. A ce stade, il refuse qu'une coopérative puisse continuer à exploiter la tuilerie aux mêmes conditions que l'entreprise Gasser, mais une lettre signée par 600 personnalités et récemment adressée au Conseil d'Etat demande que la coopérative puisse continuer à exploiter ce site, qui est vraiment un joyau unique de notre patrimoine. Nous espérons donc que le Conseil d'Etat, avec nous, continuera à mettre la pression pour que le propriétaire cède dans cette affaire. Je vous remercie.
M. André Python (MCG). J'aimerais juste rappeler que la tuilerie de Bardonnex est vétuste et que, pour faire fonctionner le four, il faut 800 litres d'huile lourde par jour. La production de tuiles telle qu'elle est demandée représente une demi-journée de travail. Messieurs les Verts, pensez-y: 800 litres d'huile lourde pour faire fonctionner le four ! Merci, Monsieur le président.
Le président. Merci, Monsieur le député.
Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur la motion 2675.