Séance du vendredi 2 juillet 2021 à 14h
2e législature - 4e année - 2e session - 13e séance

P 2112-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition pour la réalisation de cheminements sécurisés et végétalisés dans le quartier des Pâquis « Croix-verte »
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session II des 1er et 2 juillet 2021.
Rapport de M. Sylvain Thévoz (S)

Débat

Le président. L'objet qui nous occupe à présent est la P 2112-A. Nous sommes en catégorie II, trente minutes. Je cède la parole à M. le rapporteur Sylvain Thévoz.

M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, cette pétition émane de l'association Bien vivre aux Pâquis et des habitants des Pâquis, qui font le constat d'un quartier surexposé au trafic automobile de transit, au bruit, à la pollution, à un manque de végétalisation, avec des difficultés de déplacement à pied des habitants, en particulier des enfants et des personnes à mobilité réduite - un quartier, faut-il le rappeler, qui est l'un des plus denses de notre canton.

Comme solution, ils proposent deux axes de cheminement sécurisés, végétalisés, qui permettront de traverser le quartier d'est en ouest et du nord au sud, en reliant les principaux pôles socioculturels - les écoles, la ludothèque, la bibliothèque, la maison de quartier, etc. Ils demandent que ces cheminements soient constitués par les rues piétonnes existantes, des zones de rencontre à 20 km/h, des trottoirs continus, des carrefours surélevés, que ces cheminements soient des poumons de verdure favorisant la sécurité des piétons, la marche, la mobilité douce et la convivialité.

La commission s'est réunie durant quatre séances. Nous avons auditionné les autorités de la Ville et du canton ainsi que les principaux services concernés. Il y a une convergence de vues pour aller dans le sens de cette pétition, qui est déjà en partie mise en oeuvre. Il faut dire que cette proposition de «Croix verte» émane du contrat de quartier des Pâquis, validé par le Conseil administratif en 2015; comme il s'agit de tronçons communaux, le canton n'a guère son mot à dire, si ce n'est que ces tronçons peuvent impacter les quais et les zones pénétrantes.

M. Dal Busco et Mme Perler vont dans le même sens et constatent qu'il y a une nécessité d'aménagements pour les habitants et de réduction du trafic de transit, qui est une vraie plaie dans ce quartier. Tous deux ont montré leur volonté d'avancer dans le sens demandé par la pétition. Nous avons été agréablement touchés par le niveau de compétence des habitants qui connaissent le quartier, qui ont pu identifier les principales problématiques. C'est pourquoi la majorité de la commission vous invite à renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat, pour que les bonnes pratiques soient renforcées et perdurent. Merci beaucoup.

Mme Katia Leonelli (Ve). Mesdames les députées, Messieurs les députés, la demande de cette pétition est simple: améliorer la qualité de vie des habitants et des habitantes du quartier des Pâquis. L'idée est de proposer une alternative au trafic automobile en favorisant les aménagements piétons et la végétalisation des rues. Les piétons sont aujourd'hui encore les parents pauvres de la mobilité en ville et, en 2021, il est grand temps que cela change. Nous avons entendu avec plaisir que ce projet s'inscrivait parfaitement dans la politique du Conseil d'Etat, qui est prêt à s'investir dans celui-ci et qui dialogue déjà avec la Ville de Genève.

L'autre aspect de cette pétition concerne la végétalisation des rues, consistant à planter des arbres et à remplacer les surfaces imperméables par des surfaces perméables. Cette démarche permettrait de renforcer le maillage vert et de tendre vers l'objectif de 10% de canopée en ville d'ici 2050, de lutter contre les îlots de chaleur urbains, de favoriser la biodiversité, de renforcer le captage des eaux de ruissellement et d'améliorer la qualité de vie de toutes et tous. Loin d'être visionnaire, cette proposition devrait servir de modèle pour un grand nombre de quartiers urbains afin que la vie y soit plus supportable dans les années à venir. Car, Mesdames les députées, Messieurs les députés, vous n'êtes pas sans savoir que notre climat se modifie et que nous en sommes les grands responsables. Or la situation est de plus en plus alarmante, en témoignent les derniers chiffres du GIEC notamment. (Commentaires.) Dès lors, nous attendons de la part du Conseil d'Etat de passer de la parole aux actes, de soutenir ce projet et d'en développer d'autres du même type dans l'ensemble du canton. Pour toutes ces raisons, Mesdames et Messieurs les députés, le groupe des Verts renverra cette pétition au Conseil d'Etat. Je vous remercie.

Mme Christina Meissner (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, tout d'abord, permettez-moi de saluer la qualité du rapport réalisé par M. Thévoz, qui est vraiment très complet et dont le PDC partage évidemment la conclusion, c'est-à-dire le renvoi au Conseil d'Etat de cette pétition. Les habitants du très dense quartier des Pâquis sont particulièrement mobilisés, parce qu'il n'y a pas que les nuisances liées à la mobilité qu'ils subissent, mais bien d'autres. Cela vient souvent du fait que, quand on ferme une route - plusieurs ont déjà été fermées dans ce quartier -, si on la délaisse, si on n'utilise pas cet espace pour en faire autre chose de plus convivial, celui-ci est occupé par des activités bien plus nuisibles - je parle évidemment du trafic de drogue, etc. -, dont les habitants des Pâquis souffrent énormément.

Maintenant - je ne crois pas que cela ait été souligné -, nous avons aussi entendu le canton, qui est venu nous présenter son plan d'arborisation. Nous tenons à souligner la qualité de ce plan cantonal, qui dépeint ce quartier comme en effet extrêmement bétonné, dense, et nécessitant une végétalisation. Certes, cela ne va pas être simple, parce qu'il y a de nombreuses canalisations en sous-sol, mais il ne faut pas oublier non plus la possibilité de faire cela dans des cours intérieures et en végétalisant les murs.

Cela étant, en ce qui concerne cette pétition, on peut comprendre le fait que les habitants aient vraiment envie que cela change et que ce plan d'arborisation prenne du temps. Il n'empêche qu'il nous semble qu'il y a, dans les hangars du service des espaces verts, des tas de pots qui pourraient être utilisés pour végétaliser le quartier avec des plantes qui ne seront pas encore enracinées, mais qui permettront d'apporter de la fraîcheur et d'occuper les lieux d'une manière conviviale. Je pense que cela peut se faire très rapidement: on a vu à quel point on pouvait travailler rapidement en ville de Genève pour embellir un parc, qui était déjà beau, pour d'éminents présidents venant des Etats-Unis et de Russie. Peut-être que les habitants des Pâquis pourraient aussi bénéficier d'une telle rapidité d'action !

M. Pierre Bayenet (EAG), député suppléant. Mesdames les députées, Messieurs les députés, chers collègues, cette pétition est en fait plus qu'une pétition, c'est un projet d'avenir pour le quartier des Pâquis, et cela permet de voir que quand on ne réduit pas les citoyens au rôle d'alibi dans des consultations qui durent une heure, quand on ne les prend pas pour des imbéciles, mais qu'on leur laisse le temps et les moyens d'agir, des choses extraordinaires peuvent sortir de la base, de gens qui connaissent le terrain, qui connaissent extrêmement finement sa géographie, qui ont une compréhension subtile et efficace de leur quartier. Il faut le saluer, parce qu'il est vrai que souvent, quand on reçoit des pétitions, elles proviennent de personnes qui se plaignent de petites choses, souvent dans l'intérêt public, mais qui touchent à leur confort personnel. Or là, on se trouve à l'opposé: un groupe de citoyens qui a une vision pour son quartier, qui veut aller jusqu'au bout et qui réussit, main dans la main avec les autorités, à faire avancer cette vision.

Quand on voit des images de la ville de Genève - et de toutes les villes d'Europe d'ailleurs - datant d'il y a cent ou cent cinquante ans, on est surpris par le fait que la ville, à une certaine époque, n'appartenait pas aux voitures. Nous avons tellement intégré le fait que la ville appartient aux voitures que nous sommes surpris face à ces images anciennes où des enfants jouent dans la rue, où des vélos, des landaus la traversent et où de temps en temps passe un véhicule; mais en fait, c'est cela qu'il faut reconstruire ! (Commentaires.) Nous devons essayer de récupérer la ville, non pas en chassant les voitures, mais en inversant le paradigme et en remettant les voitures à leur place, c'est-à-dire qu'elles doivent bénéficier d'une certaine tolérance, parce que certaines personnes n'ont pas le choix et ne peuvent se déplacer qu'en voiture, en raison de leur âge, d'un handicap, parce qu'elles ont des objets lourds à transporter ou parce qu'elles doivent faire des livraisons. Par conséquent, c'est vrai que la ville sans aucune voiture, ce n'est pas encore pour aujourd'hui, mais la ville dans laquelle les voitures sont simplement tolérées, ça, c'est quelque chose qui peut se faire très rapidement. L'espace public n'a pas été conçu pour les voitures ! Il faut quand même se rappeler que l'espace public, à l'origine, a été conçu pour les gens qui marchaient, qui se rendaient dans le voisinage.

Les auteurs de ce texte ont aussi à coeur la protection du commerce de proximité, il faut bien avoir ça à l'esprit. On pense souvent que l'accès des voitures est nécessaire pour la préservation du commerce, mais en réalité, il tue le commerce de proximité ! La voiture va certes permettre à un acheteur de venir de l'extérieur jusqu'au centre-ville, mais elle va surtout permettre à de nombreux consommateurs de se rendre à l'extérieur du centre-ville pour faire leurs achats.

La construction de la ville sans voitures, c'est donc le projet majeur pour préserver Genève et pour construire une ville qui soit plus agréable à vivre. Je remercie Bien vivre aux Pâquis pour son excellent travail.

M. Stéphane Florey (UDC). Tout d'abord, je vous demanderai de transmettre à M. Dal Busco que les 50 mètres mentionnés tout à l'heure n'étaient bien évidemment pas pour aller à l'écopoint, mais pour rejoindre simplement la route de Jussy, située à ces fameux 50 mètres.

Cela étant dit, aujourd'hui, une fois de plus, nous nous trouvons face à une pétition largement anti-voitures. (Commentaires.) Eh oui, Mesdames et Messieurs, malheureusement, il y a encore des gens dans ce canton qui resteront, quoi qu'il arrive, anti-voitures ! Cette pétition en est un bel exemple, parce que dire ici, comme on l'a entendu, que le quartier des Pâquis subit le trafic de transit... Mais on croit halluciner ! Moi je ne connais personne qui va aux Pâquis pour transiter d'un point à l'autre ! Pour faire quoi ? Vous voulez transiter pour aller où ? (Commentaires.) Non, quand vous faites du transit, vous prenez la rue de Lausanne ou les quais directement ! Vous n'allez pas traverser les Pâquis pour y transiter ! C'est complètement aberrant, c'est un argument totalement fallacieux.

Maintenant, ce que veulent les habitants des Pâquis, on l'a bien compris, c'est créer une vaste zone piétonne et un ghetto, finalement, puisque ce qui risque d'arriver, c'est que les gens iront de moins en moins dans ce quartier pour la simple et bonne raison qu'il n'y aura bientôt plus aucun intérêt à y aller, et tout sera tellement verrouillé que personne n'ira dans les commerces qui s'y trouvent. Ça, très franchement, nous n'en voulons pas, d'autant plus que, si on lit bien la pétition, cela concerne uniquement la Ville de Genève. Les problèmes qui sont relevés là concernent uniquement la Ville. C'est pour ça qu'en commission, j'avais proposé un renvoi de ce texte au Conseil administratif, qui a malheureusement été refusé. Par conséquent, si le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat - c'est la recommandation de la majorité de la commission - est refusé, je reproposerai un renvoi au Conseil administratif de la Ville de Genève. Je vous remercie.

M. Pierre Conne (PLR). Chers collègues, j'aimerais vous dire pour commencer que le groupe PLR rejoint les conclusions de l'UDC, à savoir que cette pétition s'adresse au Conseil administratif de la Ville de Genève. Je rappellerai aussi que ce projet de réalisation de cheminements sécurisés et végétalisés dans le quartier des Pâquis appelé «Croix verte» ne nous a pas attendus et n'a pas attendu les pétitionnaires pour se mettre en oeuvre: il est aujourd'hui quasiment abouti. Il est inscrit dans les projets du Conseil d'Etat et ceux du Conseil administratif.

En revanche - et les députés PLR à la commission des pétitions l'ont bien réalisé -, la finalisation de l'aménagement des extérieurs n'est pas prévue aujourd'hui. Effectivement - et je trouve que les préopinants favorables au renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat ont tout à fait raison -, l'important, c'est de faire en sorte que les habitants de ce quartier puissent se réapproprier les espaces qui vont être mis à disposition, une fois que les aménagements des voiries seront aboutis. Ce n'est pas quelque chose d'évident: vous ne pouvez pas réaliser une végétalisation simplement en allant acheter des plantes vertes dans la grande surface de votre préférence; c'est un très très gros travail, c'est un travail en soi. L'aménagement des parcs publics en vue de les sécuriser pour les enfants, l'aménagement des écoles et de réelles places, toute cette partie-là va véritablement rendre le projet vivant et viable pour les habitants des quartiers, et elle relève de la compétence de la Ville de Genève. Donc s'il vous plaît, Mesdames et Messieurs, si vous voulez vraiment aller dans le sens que souhaitent aujourd'hui les habitants des Pâquis, ne renvoyons pas cette pétition au Conseil d'Etat, mais au Conseil administratif de la Ville de Genève ! Je vous remercie de votre attention.

M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur. Pour le parti socialiste, il est important de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat. La même pétition a été déposée au Conseil municipal de la Ville de Genève. Il s'agit donc bien évidemment de travailler sur deux axes: au niveau cantonal et au niveau municipal, parce que c'est uniquement comme ça, vous le savez, que les choses pourront un jour avancer à Genève. C'est dans une vision commune que nous interpellons Mme Perler pour la Ville et M. Dal Busco pour le canton. Il faut arrêter de réfléchir séparés en chapelles, la Ville d'un côté, le canton de l'autre, comme certains partis semblent encore aujourd'hui vouloir le faire.

Le président. Vous passez sur le temps de votre groupe.

M. Sylvain Thévoz. S'agissant du trafic de transit, quand un membre de l'UDC soutient qu'il n'y a pas de trafic de transit aux Pâquis et s'oppose donc à une vision de terrain des habitants, je crois qu'il est à côté de la réalité ! Il faut aller à 8h du matin à la rue de Berne ou à la rue des Pâquis pour voir toutes les voitures qui cherchent à rentrer en ville, ne pouvant pas passer sur les quais, qui inondent le quartier... (Commentaires.) ...passent devant les écoles - c'est la réalité ! - et mettent en danger les... (Brouhaha.)

Le président. Un instant, Monsieur le rapporteur ! (Un instant s'écoule.) S'il vous plaît !

M. Sylvain Thévoz. Je peux imaginer que cela fasse mal aux oreilles de certains, mais c'est la réalité, et s'ils ne veulent pas la voir ou l'entendre, qu'ils aillent à la rue de Montchoisy, aux Eaux-Vives, à 8h du matin, où vous avez le même flot de voitures qui ne peuvent pas passer sur le quai Gustave-Ador: la rue des Eaux-Vives est encombrée, elle déborde sur la rue de Montchoisy, les voitures zigzaguent sur la rue du Clos et les habitants en ont simplement assez. Cette pétition est aussi l'expression constructive d'un ras-le-bol de voir des flots de voitures les unes derrière les autres dans des quartiers où elles n'ont rien à faire. C'est ça que nous appelons le trafic de transit. Que les habitants qui vivent dans un quartier puissent parquer leur voiture et aller travailler - que ce soit à Lausanne ou ailleurs - avec leur voiture, soit, mais qu'il y ait un flot matin et soir de voitures qui déborde des axes prioritaires pour arriver dans les quartiers, cela n'est pas acceptable. C'est pour cela que cette pétition doit être renvoyée au Conseil d'Etat: il relève aussi de sa responsabilité de nous expliquer comment il se fait que les axes comme le quai Gustave-Ador, le quai Wilson, le pont du Mont-Blanc, qui devraient magiquement fluidifier le trafic dans cette ceinture de la ville de Genève, n'y parviennent pas. M. Dal Busco a aussi rappelé plusieurs fois que la seule solution finalement, c'est de réduire le trafic motorisé individuel. Il faudra donc travailler de concert, Ville et canton, pour atteindre cet objectif. Ce n'est pas être contre la voiture, c'est être pour les habitants, pour une vie vivable en ville, pour que chacun puisse se déplacer en sécurité et librement. Merci beaucoup.

M. Daniel Sormanni (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, j'entends bien le député Thévoz, vous lui transmettrez, mais je ne suis absolument pas d'accord avec lui. Il faut bien se rendre compte d'une chose, c'est que si les gens avec les voitures essaient de passer dans les petites rues, c'est parce que les grands axes sont bouchés ! On les a à moitié fermés ! On a réduit les voies de circulation ! Et il faut bien que, quand même, les véhicules puissent passer.

Et quand on voit que certaines communes - dont la Ville de Genève, mais pas seulement - s'opposent à la moyenne ceinture, qui était pourtant prévue dans la fameuse LMCE, si je ne me trompe pas, alors qu'elles ont accepté les mesures de restriction en ville - elles les ont même applaudies -, et puis que, maintenant qu'on veut passer à la deuxième étape, à savoir l'installation de la moyenne ceinture, elles disent: «Ah non, ça on n'en veut pas !», il faudrait savoir: on accepte les mesures - mais alors on les accepte toutes - ou pas ! Donc, si on refuse cette moyenne ceinture, on aura bien des difficultés à faire passer un certain nombre de véhicules, or c'est quand même nécessaire pour l'économie et le bien-être des gens, de ceux qui en ont besoin et qui n'ont pas d'autre choix que de se déplacer en voiture. Pour notre part, nous demandons aussi le renvoi de cette pétition au Conseil administratif: elle ne concerne pas directement notre Grand Conseil. Merci.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole va maintenant à Mme la députée Christina Meissner pour trente-deux secondes.

Mme Christina Meissner (PDC). Merci, Monsieur le président. Je voulais juste rajouter une chose: il n'y a, pour le PDC en tout cas, pas de différence entre les habitants des quartiers périurbains ou urbains, le trafic de transit est un problème dans les deux cas. C'est pour cela que nous renvoyons cette pétition au Conseil d'Etat. Au-delà de cela, je rappelle le plan d'arborisation et la nécessité de prioriser un tel quartier extrêmement dense et qui manque de végétation: ça, c'est un plan cantonal, d'où la nécessité de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat.

Le président. Merci. Monsieur Florey, il ne vous reste que seize secondes.

M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président. C'est juste pour vous confirmer - parce qu'on m'a dit qu'il fallait vous le confirmer - le fait que, si le renvoi au Conseil d'Etat est refusé, je demande le renvoi de cette pétition au Conseil administratif de la Ville de Genève. Est-ce que c'est clair comme ça pour vous, Monsieur le président ?

Le président. Merci pour votre aimable confirmation, ça nous est bien utile. Maintenant, pour conclure, Monsieur le conseiller d'Etat Serge Dal Busco, vous avez la parole.

M. Serge Dal Busco, président du Conseil d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames les députées, Messieurs les députés, cet intéressant débat va me permettre de rappeler l'esprit ainsi que la lettre qui nous guident. En l'occurrence - plusieurs d'entre vous y ont fait référence -, comme d'ailleurs dans tous les autres secteurs de la mobilité à Genève, notre feuille de route, c'est la LMCE, la loi pour une mobilité cohérente et équilibrée, adoptée par ce parlement, proclamée urbi et orbi comme étant la concrétisation de la paix des transports, votée par le peuple à 68% en juin 2016. La loi contient des éléments très clairs qui guident l'action du Conseil d'Etat et des communes.

Dans le cas d'espèce, force est de constater que cette idée est parfaitement compatible avec la LMCE, qui vise, pour simplifier, à pacifier les quartiers, à éviter le trafic inutile, qu'il soit de transit ou pas, dans ces secteurs. Ce projet est donc parfaitement compatible avec cet objectif. Il est vrai aussi que le réseau routier aux Pâquis, comme dans tous les quartiers de ce type, fait partie de ce qu'on appelle le réseau de quartier non structurant. Depuis un peu plus d'une année, ce domaine-là relève de la compétence des communes. L'idée selon laquelle une telle pétition doit être renvoyée au Conseil administratif de la Ville n'est pas dénuée de fondement. Mais, comme vous le savez aussi, le Conseil d'Etat, le canton, travaille avec les communes, les accompagne - un certain nombre d'éléments relèvent quand même de sa compétence - dans la concrétisation de leurs projets. In fine, selon que vous renverrez cette pétition au Conseil d'Etat ou au Conseil administratif de la Ville, qui a apparemment été saisi d'un texte analogue, cela ne va pas changer grand-chose fondamentalement.

Certains d'entre vous ont rappelé que la LMCE ne porte pas uniquement sur la pacification des quartiers, mais que, pour réaliser cette pacification, il faut faire en sorte que le trafic qui percole à travers ces quartiers passe ailleurs. Les axes identifiés - on pense par exemple au «U» lacustre, concerné par ce qui se passe aux Pâquis - doivent être fluides; on s'y emploie, et vous pouvez remarquer d'ailleurs que la fluidité - je m'élève un peu contre les propos tenus tout à l'heure - est plutôt de mise sur le «U» lacustre. Il reste évidemment le pont du Mont-Blanc, mais il y a également la moyenne ceinture ou la ceinture urbaine, dont la mise en oeuvre est indispensable. Elle est indispensable du côté de la rive droite, pour qu'on arrive vraiment à pacifier tous ces quartiers, à détourner et à réduire... En effet, c'est l'objectif: si on connaît encore aujourd'hui une certaine densité et des problèmes, c'est qu'il y a un usage excessif des transports individuels motorisés et de la voiture en particulier dans le centre de l'agglomération. On s'emploie à offrir des alternatives - mobilité douce, transports en commun -, mais il faut aussi que cette ceinture urbaine puisse être mise en oeuvre. L'une ne va pas sans l'autre et je me plais à le rappeler ici. Merci de votre attention.

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. J'invite l'assemblée à se prononcer sur les conclusions de la commission.

Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (renvoi de la pétition 2112 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 44 oui contre 39 non.